Miroir, peintre et portrait, qui donnes et reçois, Et portes en tous lieux avec toi mon image, Qui peux tout exprimer, excepté le langage, Et pour être animé n’as besoin que de voix : Tu peux seul me montrer, quand chez toi je me vois, Toutes mes passions peintes sur mon visage.
Donc, pour s’exprimer avec éloquence, il faut mettre en action ce précepte de Boileau : « Pour me tirer des pleurs, il faut que vous pleuriez. » c’est-à-dire, qu’il faut sentir vivement [mots manquants] suite.
Bourdaloue disait ailleurs : « De là vient que, par une triste décadence, le terme d’homme dévot, de femme dévote, qui par sa propre signification exprime ce qu’il y a de plus respectable dans le christianisme, porte présentement avec soi comme une tache qui eu obscurcit tout l’éclat et le ternit. » 1.
Si elle l’était, on contracterait une façon de s’exprimer qui paraîtrait étrange non seulement à cause de certains mots qui sont tombés en désuétude, et que l’on emploierait mal à propos, mais aussi pour des tours de phrase qui ont vieilli et ne sauraient plus être de mise aujourd’hui. […] L’ambition de Malherbe et de ses disciples est d’exprimer les idées de tout le monde, de parler le langage des courtisans, même le langage du peuple, et non le langage des érudits, enfin de ne rien dire qui ne puisse être entendu des dames dont ils désirent particulièrement le suffrage. […] C’est de toutes ses tragédies celle qui fit le plus d’effet à la cour, parce qu’à ce moment les sentiments exprimés par les chefs républicains étaient volontiers reçus et passionnément goûtés par des esprits qu’avaient agités les factions du règne de Louis XIII. […] On admira toute l’énergie de Tacite exprimée dans des vers dignes de Virgile, et l’on finit par reconnaître d’un accord unanime que cette pièce était une peinture admirablement Adèle de la cour de Néron. […] D’ailleurs, il reproduit à merveille la solidité, la netteté, la justesse de ses modèles, leur manière fine et vive de s’exprimer, et le tour précis qu’ils savaient donner aux vers.
ce qu’il veut, c’est exprimer une vérité de tous les temps. […] Litote, dit moins pour exprimer plus.
Il nous propose des vertus altières et de grands caractères, dans une langue nerveuse et concise qui exprime par de sublimes accents le triomphe du devoir sur la passion. […] Et, là-dessus, j’ai à vous dire que les lettres sont divisées en voyelles, ainsi dites voyelles, parce qu’elles expriment les voix ; et en consonnes, ainsi appelées consonnes, parce qu’elles sonnent avec les voyelles, et ne font que marquer les diverses articulations des voix. […] Par la raison, monsieur, qu’il n’y a, pour s’exprimer, que la prose ou les vers.
Mais le sentiment de la justice n’était pas tellement éteint encore, qu’il ne se ranimât fréquemment dans les cœurs ; toutes les idées les plus simples n’étaient pas encore arrivées à ce point de renversement total, où rien de ce qui a été ne saurait plus être, où tout se confond, où il faut absolument un nouveau langage, pour exprimer des choses inouïes.
Il s’exprime ici comme un ancien, ou plutôt d’après le souvenir des anciens, qui appellent l’âme : divinæ particulam auræ.
Le mot vaste se prend toujours dans un sens défavorable ; il exprime ici des vues démesurées, que ne règle pas la raison.
Avant le temps où Florian exprimait déjà dans cette fable ses craintes et ses inquiétudes, et combattait les optimistes de 1789, en des jours plus heureux et plus confiants, il partageait ses fables entre les deux moralités que j’ai indiquées, la moralité privée et la moralité politique, faisant dans l’une la leçon aux individus, comme s’il espérait la corriger, et faisant dans l’autre la leçon au gouvernement et à la société, comme s’il espérait les réformer.
Un poëte du XVIe siècle, Tabourot (1549-1596), admirateur de Ronsard, a exprimé les vœux que voici : Sais-tu, mon Chanlecy, comme j’aurois envie De vivre pour passer heureusement la vie ? […] Nos pères composaient avec en tous les verbes qui exprimaient une idée de mouvement, de progrès, de dérangement, ou de métamorphose : s’ensauver, s’en partir, s’endormir, s’entourer, s’en aller, s’en repentir, etc. […] Alors l’émotion personnelle se substitue au lieu commun ; alors nous trouvons les sentiments et les paroles qu’il faut pour exprimer notre douleur.
On ne mettrait plus le aujourd’hui pour représenter un participe non exprimé ; mais au dix-septième siècle ce tour libre et rapide était autorisé par l’usage.
Ceux-là font de leurs mains courir ce char léger Que roule un seul coursier sur une double roue ; Ceux-ci,sur un théâtre où leur mémoire échoue En bouffons apprentis défigurent ces vers Où Molière, prophète, exprima leurs travers ; Par d’autres, avec art, une paume lancée Va, revient tour à tour pousée et repoussée.
qui exprime l’étonnement.
comment exprimer l’émotion profonde Que je sentis en moi se gonfler comme une onde, En montant ses degrés, en rentrant dans ce lieu Dont Corneille était roi, dont Homère était dieu !
Ces coups de pinceau sont d’un artiste adroit, qui saisit, qui exprime l’impalpable.
L’héroïsme est le principal ressort de son théâtre, où il nous propose des vertus altières et de grands caractères, dans une langue nerveuse et concise qui exprime par de sublimes accents le triomphe du devoir sur la passion.
Il renferme les semences de tous les déréglements, depuis les plus légers jusqu’aux plus détestables. » Massillon exprime la même idée avec plus d’éclat : « Nous qui ne sommes qu’un atome imperceptible au milieu de ce vaste univers, nous voudrions en faire mouvoir la machine au gré de nos seul désirs ; que tous les événements s’accommodassent à nos vues ; que le soleil ne se levât et ne se couchât que pour nous seuls.
On le conçoit dès lors, par cela même qu’elles décrivent la nature générique des choses et leurs spécifiques, comme s’exprime l’École, elles renferment la division des matières et les préceptes de l’art.
À ce sujet, la seule règle possible, c’est de mettre l’accent d’accord avec l’impression morale que produisent les idées exprimées par l’auteur. […] qui peut exprimer tes grandeurs immortelles, Toi qui bien au-dessus des sphères éternelles, Si loin de mes regards, sièges au haut des cieux ? […] Ils ornent leurs chapeaux de fleurs odoriférantes ; leur manteau est drapé d’une manière pittoresque, comme celui des statues antiques ; leur langage est figuré et plein de feu ; leurs traits expriment toutes les passions, et, en effet, ils sont susceptibles de l’amour le plus impétueux, de la colère la plus bouillante. […] Quand son esprit se portait sur les affaires de l’intérieur, il exprimait pour l’ordre social, surtout pour la propriété, première base de l’ordre social, les plus vives alarmes, ne se faisant aucune illusion sur la valeur de ses succès contre l’anarchie, et sachant bien que, s’il avait arrêté la ruine de l’ordre, il n’avait pas assuré sa victoire : « J’ai les ailes coupées, disait-il ; je suis bien malade, mais le pays est encore plus malade que moi. » Le pays suivait avec anxiété les progrès de cette maladie qui le menaçait de retomber lui-même dans tout son mal. […] Cet enfant, qui déjà s’exprime avec aisance, Et dont le pied plus sûr marque un peu mieux ses pas, Cherche avec ses pareils de folâtres ébats ; Sa colère naît vite, elle est bientôt passée, Et chaque instant qui fuit voit changer sa pensée.
Rien n’est plus opposé au beau naturel que la peine qu’on se donne pour exprimer des choses ordinaires ou communes d’une manière singulière ou pompeuse ; rien ne dégrade plus l’écrivain. […] N’espérez pas exprimer les passions par le seul effort de la voix ; beaucoup de gens, en criant et eu s’agitant, ne font qu’étourdir.
Arrêter se prenait alors comme verbe neutre pour s’arrêter ; et c’était assez, ce semble, l’usage de nos aïeux que d’exprimer ou de supprimer arbitrairement le pronom des verbes réfléchis.
À ce sujet, la seule règle possible, c’est de mettre l’accent d’accord avec l’impression morale que produisent les idées exprimées par l’auteur. […] Le prologue dont elle est précédée, ouvrage de quelque clerc d’origine franque, montre à nu tout ce qu’il y avait de violent, de rude, d’informe, si l’on peut s’exprimer ainsi, dans l’esprit des hommes de cette nation qui s’étaient adonnés aux lettres.
C’est une poétique périphrase pour exprimer le mot tisane.
On peint les faits : par exemple, le combat des Horaces et des Curiaces ; mais alors on évite les figures oratoires et véhémentes, parce que ces figures sont faites pour exprimer les passions. […] Il a exprimé d’une manière bien vraie et bien naïve sa soumission pour le public, à l’occasion d’une de ses pièces qui avait pour titre : l’Île de la raison ou les Petits hommes, et qui fut traitée par le parterre avec la rigueur la plus inexorable.
Massillon s’exprime presque dans les mêmes termes : « Les grands, placés si haut par la nature, ne sauraient plus trouver de gloire qu’en s’abaissant ; ils n’ont plus de distinction à se donner du côté du rang et de la naissance ; ils ne peuvent s’en donner que par l’affabilité ; et s’il est encore un orgueil qui puisse leur être permis, c’est celui de se rendre humains et accessibles, etc. »(Petit Carême, 5e sermon). […] On lit, dans les Mémoires historiques de Louis XIV : « La moindre marque de mépris qu’un prince donne d’un particulier fait au cœur de cet homme une plaie incurable. » Bossuet exprime la même idée : « Que votre puissance ne vous emporte pas à des moqueries insolentes.
Fénelon 128 a fait des Dialogues sur l’éloquence, où tout est sagement pensé, exprimé avec la plus belle simplicité, et ramené à l’instruction.
Il faut, dans ces lettres d’excuse, une manière de s’exprimer franche et naturelle, qui soit un sûr garant des sentiments du cœur.
Il les avait harangués : « La nuict j’y avois revassé, et ay eu ce don de Dieu, encore que je ne sois pas grand clerc, de me sçavoir bien exprimer quand j’en ay eu besoin. » 5.
On est en droit d’exiger un bel éloge de l’écrivain qui s’exprime ainsi et sans doute il va dire des choses admirables. […] Il aura ri sans doute de cette pensée banale exprimée trivialement : Nous ne saurions où vous mettre, ni nous aussi. […] On ne pouvait exprimer mieux et en moins de mots les effets de la chose définie. […] Si le genre n’est pas nominativement exprimé, on peut dire qu’il se fait voir partout, et on reconnaît l’action d’une faculté ! […] Accablé sous le poids de la douleur, sa langue éloquente ne trouva plus de sons pour l’exprimer.
S’il pense noblement, il s’exprimera de même.
Villemain, des époques d’enthousiasme, de mœurs naïves et de vertus guerrières, qui ne peuvent s’exprimer et se peindre que dans une épopée.
Cette pensée est fréquemment exprimée chez les Grecs.
Accoutumé à la clarté de ses propres idées, il devinait avec peine ce qui était fin et enveloppé, et l’on était étonné qu’un homme qui concevait et qui s’exprimait si nettement ne pût guère aller plus loin que sa première idée et sa première vue.
La langue française est de toutes les langues celle qui exprime avec le plus de facilité, de netteté et de délicatesse, tous les objets de la conversation des honnêtes gens ; et par là elle contribue dans toute l’Europe à un des plus grands agréments de la vie. » 1.
Tout est peint dans un détail de circonstances affreuses : l’image du danger est exprimée dans chaque parole de l’historien ; et jamais tableau n’a paru plus fini dans l’histoire, ni touché de plus fortes couleurs et avec de plus grands traits. […] Il pense fortement, et s’exprime toujours de même.
Non : l’art exprime le beau ; il ne doit pas se faire prédicateur de morale. […] Fénelon exprime ici des idées qui de son temps étaient toutes neuves, et depuis sont devenues familières à la critique.
Je vous expliquerai ce détail en temps et lieu ; mais je ne vous puis exprimer la consternation qui parut dans Paris, le premier quart d’heure de l’enlèvement de Broussel, et le mouvement qui s’y fit dès le second.
» Voilà ce qu’on trouve partout, ce que l’on cite, ce que l’on fait admirer aux jeunes gens comme un modèle de figure : mais ce qui suit, mais ce tableau où le désordre de la douleur est si bien exprimé, était-il donc moins digne d’être cité, et moins fait pour exciter l’admiration ?
Alors il deviendra pathétique, parce qu’il sera vrai ; ses moyens seront victorieux, parce qu’ils seront naturels, et que l’on n’attaque jamais en vain le cœur des autres, quand on est fortement pénétré soi-même du sentiment que l’on exprime.
… Fléchier veut exprimer l’active capacité de M. le Tellier ; il dira ce qu’il n’était pas, pour mieux expliquer ce qu’il était, et cette ombre fera en même temps ressortir les jours de son tableau.
Ier, qui expriment des idées analogues à celles de cette pièce.
On doit s’en tenir aux choses que l’on a à dire, quand elles sont convenablement et clairement exprimées.
. — On me blâmera sans doute ; mais est-il en mon pouvoir d’exprimer autre chose que ce que j’éprouve3 ?
— En premier lieu, on peut prendre les pensées d’un auteur en adoptant d’autres expressions, d’autres tournures, pour les exprimer. — On imite encore en appliquant avec habileté à d’autres sujets des traits empruntés à une autre langue, comme l’a fait Voltaire pour le Te, dulcis conjux… — Enfin, une autre manière, appelée méthode de reproduction, consiste à lire plusieurs fois avec attention un morceau intéressant, à le reproduire librement et à le comparer avec le modèle.
Heureux Ronsard s’il avait su pratiquer ce qu’en un jour de clairvoyance, où sa vanité blessée par le triomphe inattendu de Du Bartas lui avait ouvert les yeux, avait si bien exprimé dans quelques-uns de ses meilleurs vers : Je n’aime point les Vers qui rampent sur la terre, Ny ces vers ampoullez, dont le rude tonnerre S’envole outre les airs : les uns font mal au cœur Des liseurs dégoustez, les autres leur font peur : Ny trop haut, ny trop bas, c’est le souverain style ; Tel fut celuy d’Homere et celuy de Virgile. […] Il n’avait pas eu dans sa première veine les élans de Ronsard, malgré les nobles aspirations qu’il exprimait en beaux vers : J’aime mieux en soucis et pensers élevés Estre un aigle abattu d’un grand coup de tonnerre, Qu’un cygne vieillissant ès jardins cultivés. […] Si je fay quelque songe J’en suis espouvanté, Car mesme son mensonge Exprime de mes maux la triste vérité… Toute paix, toute joye A prins de moy congé, Laissant mon ame en proye A cent mille soucis dont mon cœur est rongé.
Parmi les rejetons qu’on aurait pu épargner avec avantage, signalons presque au hasard, nonchaloir, désaccoutumance, biendisance, esjouissance, ombreux, herbageux, naufrageux, tempestueux, rosayant, défeuiller, apolironir, desconforter, enjalouser, feuillir, esbaudir, œillader, enfiévrer, guirlander, patoiser, s’amignarder, désaimer, envieillir, enamourer, et surtout sereiner, qui était d’un puissant effet dans cette phrase de Montaigne : « La phizophie doit sereiner les tempestes de l’âme. » Jamais les mots haine, animosité ou violence n’égaleront non plus l’intensité du mot rancœur, qui exprimait si bien l’indélébile et juste ressentiment d’un outrage. — Qui pourrait préférer orgueil ou fierté au sens que nos pères donnaient à ce noble substantif la superbe ? […] Elle n’exprimait pas d’idées générales, ou, si parfois elle l’essaya, la mémoire et non la conscience en fit seule les frais.
Dans ces vers où Boileau distingue, comme on le voit, celui qui invente et dispose, l’auteur, de celui qui exprime et formule, l’écrivain, il distingue aussi, d’après Cicéron, entre les diverses fautes de langue.
Ce jugement porté sur Isocrate, qu’un ingénieux helléniste appelait « la plus nette perle du langage attique », peut paraître trop sévère ; mais l’opinion exprimée ensuite sur Démosthène est d’une grande vérité.
Ceux qui ont le raisonnement le plus fort, et qui digèrent le mieux leurs pensées afin de les rendre claires et intelligibles, peuvent toujours le mieux persuader ce qu’ils proposent, encore qu’ils ne parlassent que bas breton ou qu’ils n’eussent jamais appris de rhétorique ; et ceux qui ont les inventions les plus agréables, ou qui les savent exprimer avec le plus d’ornement et de douceur, ne laisseraient pas d’être les meilleurs poëtes, encore que l’art poétique leur fût inconnu.
Les arbres qui s’isolent, soit par leur position, soit par la grandeur de leur taille, présentent des physionomies, des caractères, je dirais presque des visages qui semblent exprimer comme les passions muettes et les choses inconnues qui se passent peut-être sous l’écorce de ces êtres immobiles. » (Voir l’édition Didier.)