Du Beau et des Plaisirs du Goût. […] Le sublime fait naître des sensations trop fortes pour être durables ; celles qui résultent du beau sont susceptibles d’une plus longue durée. […] Le vert, par exemple, peut nous paraître beau, parce qu’il se lie dans notre imagination avec les idées de scènes champêtres, de perspectives, etc. ; le blanc nous retrace l’innocence ; le bleu la sérénité d’un beau ciel Indépendamment de cette association d’idées, tout ce que nous pouvons remarquer de plus, à l’égard des couleurs, c’est que ce sont les plus délicates et non les plus éclatantes, qui passent généralement pour les plus belles. […] Les figures nous présentent le beau sous des formes plus variées et plus compliquées. […] Le mouvement doux appartient seul au beau : violent et rapide, comme serait, par exempte, un torrent, il appartient au sublime.
. — L’Adjectif est un mot que l’on ajoute au nom pour marquer la qualité d’une personne ou d’une chose, comme bon père, bonne mère ; beau livre, belle image : ces mots bon, bonne, beau, belle, sont des adjectifs joints aux noms père, mère, etc. […] Beau et nouveau font au féminin belle, nouvelle, parce qu’au masculin, on dit aussi bel, nouvel, devant une voyelle ou une h muette : bel oiseau, bel homme, nouvel appartement. […] De beaux jardins, de belles fleurs : beaux est du masculin et au pluriel, parce que jardins est du masculin et au pluriel, etc. […] Le positif n’est autre chose que l’adjectif même, comme beau, belle, agréable. […] Pour marquer un comparatif d’égalité, on met aussi devant l’adjectif, comme : la rose est aussi belle que la tulipe.
C’est le beau absolu, c’est la perfection, en un mot, c’est Dieu même, source première de toute poésie. […] Du beau en général. […] Vers le beau convergent toutes les facultés nobles et généreuses de l’homme : c’est le pôle du cœur humain. […] Tel est le beau en général dans les arts ; tel il sera aussi dans la littérature, et principalement dans la poésie ; car la poésie, selon nous, c’est l’émanation même et le parfum de la beauté : il est impossible que ce qui est beau ne soit pas en même temps poétique, et que ce qui est poétique ne soit pas beau. […] On a défini le beau la splendeur du vrai ; on peut définir le sublime la splendeur du beau, car le sublime n’est autre chose que le beau porté à sa plus haute puissance.
Le poète rassemble les plus beaux traits de la même espèce, qu’il voit épars dans la nature, et qui peuvent former un tout parfait en son genre. […] Il observa les plus beaux traits dans différentes belles personnes, les rassembla, en forma un tout, et parvint à montrer sur la toile une beauté dans sa plus grande perfection. […] Actions, sentiments, images, tout doit être tiré du sein de la belle nature. […] C’est ainsi qu’il imite, qu’il exprime la belle nature dans toute sa noblesse, dans toute sa vérité, dans toute sa perfection. […] Mais employés dans le sens figuré, ils peuvent produire un très bel effet en poésie.
Tout cela est sans doute très poétiquement beau. […] nous n’aurons pas l’amour ; Mais l’amitié suffit pour en faire un beau jour. […] Le goût peut se faire illusion, sans doute ; mais comment une belle âme se peut-elle tromper en fait de sentiments ? […] Partout de grandes beautés et de grandes taches de diction ; des vers magnifiques et des vers ridicules ; souvent enfin de belles strophes, et rarement une belle ode. […] C’est dans cette pieuse et belle élégie que se trouvent, au jugement de La Harpe, vingt des plus beaux vers de la langue française.
Je ne veux que ce que je vous ai dit : Belle marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour. […] Ou bien : D’amour mourir me font, belle marquise, vos beaux yeux. Ou bien : Vos yeux beaux d’amour me font, belle marquise, mourir. Ou bien : Mourir vos beaux yeux, belle marquise, d’amour me font. Ou bien : Me font vos beaux yeux, belle marquise, d’amour, mourir.
Ses études sont inspirées par la passion des livres, l’amour des lettres, l’enthousiasme du beau, et le culte du vrai. […] Que la littérature classique reste donc comme l’exemplaire éternel du beau dans l’art ! […] Ce bien, ce beau, dont les faibles images me ravissent encore sous la forme imparfaite de nos vertus, de notre science, de notre sagesse humaine, il le réduit à un sec intérêt. […] Jamais ils ne tendent de piége à leur lecteur, jamais ils ne le flattent par de belles paroles pour surprendre son âme et y allumer une mauvaise passion ou y introduire une idée fausse. […] Ils aimaient les beaux livres, mais ils les aimaient pour les lire ; ils en paraient leurs esprits, ils en nourrissaient leur cœur.
Mais en quoi consiste cette imitation de la belle nature ? […] Par la belle nature, on entend ces mêmes objets présentés avec toute la perfection dont ils sont susceptibles. […] Voilà une imitation de la belle nature, c’est-à-dire, une représentation fidèle d’un objet aussi parfait que nous pouvons le concevoir. Voilà le beau, qui frappe notre esprit, qui le ravit d’admiration. […] S’il nous représente ce caractère aussi élevé, aussi vertueux qu’il puisse l’être, et comme ayant été le principe des plus grandes et des plus brillantes actions que ce souverain a faites, ou qu’il a pu faire vraisemblablement ; il imitera la belle nature, il nous montrera le beau qui plaira à notre esprit.
Il est vrai qu’il en a été bien vengé depuis par les beaux vers de M. […] Ajoutons à cette première difficulté le mélange, ou plutôt l’accord constant dans ce beau poème, de tout ce que l’antique a de plus simple et de plus beau, avec tout ce que la galanterie moderne offre de plus élégant et de plus raffiné. […] Lebrun et Delille, dont le beau talent naturel dut se ressentir plus ou moins de l’influence des circonstances. […] Il était plus juste et plus simple en même temps de ne voir dans cette traduction qu’un beau poème français, sur le même sujet qui avait inspiré à Virgile un beau poème latin. […] On ne se douterait guère de tout cela, quand on le lit dans la belle traduction de M.
Il est évident que les mots ne font rien ici à la figure, et que cette belle prosopopée subsisterait de quelque manière que Fléchier eût fait parler M. de Montausier. […] Elle est trop célèbre, et les vers d’Hésiode trop beaux, pour que nous puissions nous dispenser de la rapporter ici. […] Quels biens doit renfermer cette boîte si belle ! […] Il faut faire de cette belle figure un usage très sobre dans les compositions en prose. […] Je ne retrouve point Horace dans les vers de Malherbe, et je n’y vois que la paraphrase froide et traînante de l’un des plus beaux morceaux du lyrique romain.
Ses études sont inpirées par la passion des livres, l’amour des lettres, l’enthousiasme du beau, et le culte du vrai. […] Je deviendrais aveugle que j’aurais encore, je le crois, du plaisir à tenir dans mes mains un beau livre. […] Ils n’ont sur nous qu’un avantage, c’est que tous les livres leur sont bons pourvu qu’ils soient beaux, et que, sans savoir un mot de latin ou de grec, ils achètent hardiment un Homère de Clarke ou un Virgile de Heyne. […] Quand un livre n’est pas à notre usage, il a beau être bien brillant, nous soupirons, et nous ne l’achetons pas1. […] Quelles charmantes matinées que celles qu’on passerait, par un beau soleil, dans une allée bien sombre, au milieu de ce bruit des champs, immense, confus, et pourtant si harmonieux et si doux, à relire tantôt une tragédie de Racine, tantôt l’histoire des origines du monde, racontées par Bossuet avec une grâce si majestueuse !
Un auteur a dit : Hypéride a imité Démosthènes en ce qu’il a de beau. […] Si c’est à Hypéride, il faudrait dire : Hypéride, en ce qu’il a de beau, a imité Démosthènes. Si c’est à Démosthènes, il faudrait au contraire : Hypéride a imité Démosthènes, en ce que celui-ci a de beau. […] Marquez la distinction du beau et du sublime. […] Cousin, la différence qui existe entre le beau et le sublime.
Ce fut là ton seul mal, et le secret fardeau Sous lequel ton beau corps plia comme un roseau. […] Ses plus beaux triomphes furent : Otello, Tancrède, Semiramis, Don Juan, la Gazza Ladra. […] En poésie, en éloquence, en musique, en peinture, en sculpture, en raisonnement même, rien n’est beau que ce qui sort de l’âme ou des entrailles. […] Tout bruit modulé n’est pas un chant, et toutes les voix qui exécutent de beaux airs ne chantent pas. […] Le poëte veut dire l’amour de l’art, du beau, de l’idéal.
Quel avantage n’aura-t-il pas lorsqu’il lui faudra décrire un beau lever ou un magnifique coucher du soleil, une redoutable tempête, une belle campagne couverte de riches moissons, ou une vallée riante située au milieu des Alpes ? […] Rien ne trouble sa fin, c’est le soir d’un beau jour. […] Le voici : L’Europe est la plus belle partie du monde ; La France est le plus beau royaume de l’Europe ; Paris est la plus belle ville de France ; Ma rue est la plus belle rue de Paris ; Ma maison est la plus belle de la rue ; Ma chambre est la plus belle de la maison ; Donc, ma chambre est la plus belle du monde. […] le beau raisonnement ! […] avec quelle furie As-tu tranché le cours d’un si belle vie ?
Plus l’âme est cultivée, plus elle sent sa noblesse, mieux elle comprend Dieu, mieux elle sait goûter ce qui est beau et bon. […] Le goût a donc son origine dans l’amour du beau. […] Il n’est personne qui ne sente une impression de plaisir à l’aspect des magnificences de la nature, qui ne soit ému par un beau tableau, par une musique harmonieuse ; chacun se plaît à une belle représentation dramatique, à la lecture d’un beau livre. […] Dans les arts, un beau talent suppose toujours une vive imagination. […] (Voir, dans la deuxième partie, l’article Beau et sublime.)
L’harmonie en est toujours moins belle que celle des vraies stances. […] Ainsi, eu égard à nous-mêmes, nous divisons les objets naturels en objets laids et en objets beaux ; autrement dit, il y a pour nous une nature laide, et une nature belle ; c’est dans celle-ci qu’il faut prendre nos sujets d’imitation. […] — Non, mais il rassemble les plus beaux traits de la même espèce qu’il voit épars dans la nature, et qui peuvent former un tout parfait en son genre. […] il en observa les plus beaux traits dans plusieurs belles personnes, les rassembla, en forma un tout, et montra ainsi sur la toile cette perfection idéale qu’on désigne par le mot de belle nature 68. Il est donc bien entendu que le poète ne doit pas tout imiter ; et que ce qu’il imite, il l’imite en beau.
Mais le plus beau monument du talent oratoire de Pélisson, celui qui honorera à jamais l’éloquence et l’amitié, ce sont les Mémoires qu’il composa pour la défense du célèbre Fouquet, qui, tombé en un moment du faîte de la puissance dans la disgrâce la plus complète, inspirait, du fond de sa prison, de beaux vers à La Fontaine, et des discours éloquents à Pélisson. […] ) Tout le monde connaît la belle élégie de La Fontaine sur la disgrâce du surintendant : elle se trouve dans tous les recueils. […] Ne croirait-on pas, dans le reste de ce beau morceau, entendre Cicéron lui-même plaidant devant le peuple romain la cause de Milon ? « C’est un beau nom que la chambre de justice ; mais le temple de la clémence, que les Romains élevèrent à cette vertu triomphante en la personne de Jules César, est un plus grand, et un plus beau nom encore. […] C’est là, sire, le digne sujet, la propre et véritable matière, le beau champ de sa clémence et de sa bonté ».
(Du Vrai, du Beau et du Bien. […] Du moins aujourd’hui elle est entièrement développée : on ne la peut concevoir plus belle en son genre ; elle a atteint sa perfection. […] (Du Vrai, du Beau et du Bien. […] Mais ne parlait-il pas naturellement ce beau langage qu’il retrouvait chez les contemporains de Pascal ? […] Voyez notre ouvrage Du Vrai, du Beau et du Bien, leçon x, de l’Art français.
L’Académie française ayant élu l’auteur de ce beau monument, sans qu’il sollicitât ses sauffrages, il prouva par son Discours sur le style (1753) qu’il était maître dans l’art de composer et d’écrire : ses préceptes valurent ses exemples. […] L’homme peut donc non-seulement faire servir à ses besoins tous les individus de l’univers, mais, avec le temps, changer, modifier et perfectionner les espèces : c’est le plus beau droit qu’il ait sur la nature. […] Je suis fâché de n’avoir pas de goût pour les beaux embarras ; à tout moment il s’en trouve qui ne finissent point. […] Rien n’est plus opposé au beau naturel que la peine qu’on se donne pour exprimer des choses ordinaires ou communes d’une manière singulière ou pompeuse ; rien ne dégrade plus l’écrivain. […] Rappelez-vous ces beaux vers d’Ovide : ……… Cœlumque tueri Jussit, et erectos ad sidera tollere vultus.
Interprète ému de Platon et de Descartes, il eut le mérite de restaurer leurs doctrines, et de vulgariser par un beau langage les vérités essentielles à l’ordre moral. […] Il a porté dans tous ses écrits ces délicates inquiétudes qui visent à la perfection, ce sentiment du beau, du bien et du vrai qui est l’âme du talent. […] Mais lorsque cette impression est dissipée et qu’on regarde avec attention, on ne trouve plus un seul beau monument dans cette ville si belle. […] Je contemple avec ravissement cette nature inconnue, ce ciel du Nord avec ses étoiles éclatantes, mille fois plus belles que le jour pâle et sombre qui leur succède2. […] Mais ne parlait-il pas naturellement ce beau langage qu’il retrouvait chez les contemporains de Pascal ?
Rien de certain parmi les anciens, rien de beau parmi les modernes. […] Une multitude d’animaux, placés dans ces belles retraites par la main du Créateur, y répandent l’enchantement et la vie. […] N’entends-tu pas la France qui s’écrie : Mon beau ciel pleure une étoile de moins ? […] Une Danse au soleil couchant exprime la fin d’une belle journée. […] Éloigne tes pavots, Morphée, et laisse-moi Contempler ce bel astre, aussi calme que toi.
J’expliquerai ainsi comment je trouve beau de l’être. […] Je voudrais avoir un tombeau où ils pussent venir en troupe, dans un beau temps, dans un beau jour, pour parler ensemble de moi, avec quelque tristesse, s’ils voulaient, mais avec une tristesse douce, et qui n’exclût pas toute joie. […] « Le ciel n’a mis dans mon intelligence que des rayons, et ne m’a donné pour éloquence que de beaux mots. […] « Je suis comme une harpe éolienne, qui rend quelques beaux sons, mais qui n’exécute aucun air. […] « En attendant qu’elle se mette d’accord avec notre cœur, car il faut qu’elle en en arrive là, donnons à nos amis envolés un sanctuaire dans notre âme, et continuons la reconnaissance et l’affection au delà de la tombe en leur faisant plus belle cette région idéale, cette vie renouvelée où nous les plaçons.
Cette faculté est, jusqu’à un certain point, commune à tous les hommes ; et rien de plus général que l’espèce de plaisir qui résulte de tout ce qui est beau, grand, harmonieux, nouveau ou brillant. […] Les principes généraux du goût sont donc profondément gravés dans l’homme, et le sentiment du beau lui est aussi naturel que la faculté de parler et de raisonner. […] C’est ainsi que ces beaux ouvrages ont établi leur autorité, et sont devenus les modèles des compositions poétiques. […] Je me bornerai donc à quelques notions sur les plaisirs du goût en général ; mais j’insisterai particulièrement sur le beau et sur le sublime, dans les ouvrages de l’esprit. […] Mais voulons-nous aller plus loin, et nous rendre compte des causes de cette régularité, de cette variété qui produisent en nous la sensation du beau ?
Tu te tais, et prétends que ce sont des matières Dont tu dois nous cacher les savantes lumières, Et que ces beaux secrets, à tes travaux vendus, Te coûtent un peu trop pour être répandus; Mais ton pinceau s’explique et trahit ton silence : Malgré toi, de ton art il nous fait confidence ; Et dans ses beaux efforts, à nos yeux étalés, Les mystères profonds nous en sont révélés. […] Tu me vois enragé d’une assez belle chasse Qu’un fat… C’est un récit qu’il faut que je te fasse. […] c’est un cheval aussi bon qu’il est beau, Et que ces jours passés j’achetai de Gaveau. […] Génin. — Signalons enfin les beaux vers par lesquels Boileau honora dans sa VIIe épître la mémoire de cet homme illustre, tout en s’efforçant de soutenir le courage de Racine contre les dégoûts dont l’abreuvaient ses ennemis. […] La pièce, à quelques jours de là, fut donnée à Fontainebleau, avec la nouvelle scène « dont le roi, dit Molière, lui avait suggéré l’idée, et qui fut trouvée partout le plus beau morceau de l’ouvrage ».
Rien ne trouble sa fin ; c’est le soir d’un beau jour. […] Celle qu’il fit sur la mort de Tibulle, son ami, est très belle. […] Non : il revient au voyage du roi, et lui promet la victoire par ce beau trait d’imagination. […] Notre langue n’offre peut-être rien de plus beau. […] Il doit y présenter de grandes vérités, de belles et solides maximes.
que cela est beau ! […] les belles choses ! les belles choses ! […] Ou bien ; D’amour mourir me font, belle marquise, vos beaux yeux. Ou bien : Vos yeux beaux d’amour me font, belle marquise, mourir.
Charles IX, dans de beaux vers, inclina son diadème de roi devant la couronne du poète ; dans ses voyages il s’en faisait accompagner et le logeait sous son toit. […] C’est moins qu’il n’ambitionnait, mais c’est assez pour lui assurer une belle place dans les gloires poétiques de la France. […] Chaque œuvre est une page, et d’elle chaque effet Est un beau caractere en tous sens très parfet. […] qu’il est en son cœur content et satisfait, Quand il tient un beau fruict du fruictier qu’il a fait432 ! […] Au soir, à son retour, il conte à la maison Au prix de quelle peine il eut sa venaison, Qu’il met lors sur la table, prenant sa douce gloire A montrer le beau fruict de sa belle victoire.
Le sermon de Massillon sur le triomphe de la Religion en fournit un bien bel exemple. […] C’est un des plus beaux morceaux de poésie que nous ayons en notre langue. […] En voici un bien bel exemple que nous fournit La Bruyère. […] Bougeant, dans sa belle Histoire du traité de Westphalie. […] Ce bois semblait couronner ces belles prairies, et formait une nuit que les rayons du soleil ne pouvaient percer.
Les poètes anciens ont beau tout remplir de leur Jupiter, Jovis omnia plena, l’idée de l’immensité les accable, et leur génie étonné s’y perd. […] Il a fait sentir pourquoi Homère et les prophètes ne sont jamais plus différents que lorsqu’ils semblent le plus se rapprocher par le fond ou les détails du sujet qu’ils traitent ; et nous ne saurions trop inviter les maîtres et les disciples à se pénétrer de l’esprit qui a dicté le Génie du Christianisme, le plus beau trophée que le génie de la sensibilité et l’enthousiasme du vrai beau aient élevé depuis longtemps à la morale et à la religion. […] De là ces contrastes nombreux, ces contradictions perpétuelles qui défigurent plus ou moins tout ce qui est de l’homme, et dont Homère et Virgile ne sont pas exempts eux-mêmes, parce que tout ce qui ne porte pas l’empreinte de la vérité première, tout ce qui n’émane pas directement de la source unique du beau, ne saurait l’être ni longtemps, ni constamment. […] Quelle sera donc la supériorité de son mérite, si le climat heureux de la Grèce, si le beau ciel de l’Italie n’ont rien inspiré qui surpasse, rien qui égale les accords des chantres de Sion, soit qu’ils soupirent ses revers, soit qu’ils célèbrent ses triomphes ! […] « Le Seigneur a tendu son arc ; il a appuyé sa main, comme l’ennemi qui attaque : il a tué tout ce qu’il y avait de beau dans le sanctuaire de la fille de Sion, et sa colère s’est répandue comme un feu dévorant ».
La belle découverte ! […] Cette sorte d’ellipse est très belle et d’un usage fréquent. […] Il y a à Anvers de beaux Rubens, pour de beaux tableaux de Rubens. Cet écrivain a une belle main, pour dire que son écriture est belle. […] belle périphrase du mot Dieu !
L’autorité est belle, et te voilà bien appuyé ! […] — Je n’ai, dit-il, jamais joui de ce bel objet, et je ne m’en puis former aucune idée. […] combien de belles choses se sont rencontrées ensemble inopinément ! […] C’est, dira-t-on, un beau défaut, c’est un défaut rare, c’est un défaut merveilleux. […] Afin qu’un ouvrage soit véritablement beau, il faut que l’auteur s’y oublie et me permette de l’oublier.
En quoi consiste le plaisir que nous font éprouver ces beaux vers ? […] Le sublime dans le style est une élévation de pensée, de sentiment ou d’expression qui dépasse les limites ordinaires du beau humain, et nous donne comme une révélation du beau infini. […] Les figures sont la richesse et la parure du style ; elles donnent à la poésie son plus beau coloris, à l’éloquence ses plus beaux mouvements ; sans elles, le style est nu, froid et languissant. […] Rien ne trouble sa fin ; c’est le soir d’un beau jour. […] On l’emploie surtout en poésie-, mais la prose en tire aussi de beaux effets.
Quel siècle d’ignorance, en beaux faits plus stérile, Que cet âge nommé siècle de la raison ? […] Sans doute le respect des antiques modèles Eût au vrai ramené les muses infidèles : Eux seuls, de la nature imitateurs constants, Toujours lus avec fruit, sont beaux dans tous les temps. […] Qu’il est beau de le voir de dînés en dînés, Officieux lecteur de ses vers nouveau-nés, Promener chez les grands sa muse bien nourrie ! […] Ce fut à l’Hôtel-Dieu, et huit jours avant de mourir, que Gilbert, réalisant en quelque sorte la charmante fiction de l’antiquité sur la voix du cygne, composa ces strophes, son dernier et son plus bel ouvrage, où l’on aperçoit les traces de l’imitation de plusieurs psaumes. […] On peut encore rapprocher de ces beaux vers la méditation poétique de M. de Lamartine, intitulée l’Immortalité.
Il y a là des pages qui rappellent Poussin et Lucrèce, mais un Lucrèce chrétien, comme l’attestent ses Poëmes évangéliques où abondent les beaux vers animés par le souffle de la foi. […] L’expression est belle et hardie. […] Je lis dans Eugénie de Guérin : « Entre autres beaux effets du vent à la campagne, il n’en est pas qui soient beaux comme la vue d’un champ de blé tout agité, bouillonnant, ondulant sous ces grands souffles qui passent en abaissant et en soulevant si vite les épis par monceaux. […] A tout moment tu verrais papa à la fenêtre de la salle, contemplant sa belle récolte. […] Roméo représente ici l’idéal de la jeunesse enthousiaste du beau.
L’art du dix-septième siècle reflète souvent un certain beau de convention plutôt que le beau en soi. […] Tout beau, tout beau, Carlos ! […] Le beau nom ! […] Tout beau ! […] La belle cour !
Tout ce qui n’est que beau, agréable ou élégant, en est naturellement exclu. […] Quelle magnifique réunion d’idées sublimes, dans ce beau passage du psaume 11, où les prodiges de la création sont décrits avec une pompe digne du sujet ! […] Voyons maintenant ce que ce beau morceau a pu perdre ou gagner entre les mains de deux fameux traducteurs, Boileau et Pope. […] Bornons-nous, pour le moment, à cette belle description de Satan, qui se montre, après sa chute, à la tête de son armée infernale. […] Le même défaut se fait sentir dans cette exposition de la mort de Pompée, si belle et si imposante d’ailleurs.
Allez, Rome n’a pas besoin de beaux avocats et de phrases élégantes, mais de braves soldats et de lois sages et utiles. […] Elle a mollement trempé cette âme si belle et si richement ornée. […] Les discours de Cicéron sont de belles pièces d’éloquence, mais ne sont pas, comme ceux de Démosthène, des actes. […] Son discours est beau, mais ce n’est pas avec des larmes qu’on obtient des décrets. […] Les voyez-vous ces beaux garçons, bien peignés, bien parfumés ; les uns n’ayant pas encore de barbe au menton, les autres la portant si belle : les voyez-vous traînant leurs longues manches et leurs tuniques flottantes, et n’ayant pour toges que des voiles transparents ?
Adieu, beau ciel, il faut mourir ! […] La plus belle est celle de Circé. […] C’est dans la Bible qu’on trouve les plus beaux modèles de la poésie lyrique élevée. […] Qu’il est beau de courroux lorsque sa bouche immense Vomit leurs flots étincelants ! […] Mais des flots fût-il la victime, Ainsi que le Vengeur il est beau de périr : Il est beau, quand le sort vous plonge dans l’abîme, De paraître le conquérir.
— Tu verras, si demain le cercueil me dévore, Un soleil aussi beau luire à ton désespoir, Et les mêmes oiseaux chanter la même aurore, Sur mon tombeau muet et noir2 ! […] Il est roi, le bel enfant ! […] Ce trait est simplement sublime, et les vers du poëte sont aussi beaux que la magnanimité de son père. […] Racine n’aurait pas trouvé cette belle strophe. […] Nicole, était si étendu ; qui était le centre de tant de choses ; que d’affaires, que de desseins, que de projets, que de secrets, que d’intérêts à démêler, que de guerres commencées, que d’intrigues, que de beaux coups d’échecs à faire et à conduire !
si jamais vous vengez la patrie, Dieu, mes enfants, vous donne un beau trépas ! […] Dieu, mes enfants, vous donne un beau trépas ! […] Dieu, mes enfants, vous donne un beau trépas ! […] — Quel beau jour pour vous, grand’mère ! Quel beau jour pour vous !
Ses harangues n’ont d’autre mérite que celui de cette éloquence de diction, de cette pureté soutenue, mais trop étudiée, d’un style qui fatigue, parce qu’il est trop uniformément beau. Ce fut lui qui introduisit le premier la méthode de composer ces périodes régulières et harmonieusement cadencées, dont Cicéron fait un si bel éloge, et pour lesquelles il eut lui-même tant de propension. […] Jamais orateur n’eut un champ plus vaste et plus beau que Démosthène dans ses Olynthiennes et dans ses Philippiques. Ces beaux discours doivent, sans doute, une partie de leur mérite à l’importance du sujet et à l’intégrité de l’esprit public qui y respire d’un bout à l’autre. […] Nous reviendrons sur ce beau morceau, et nous nous y arrêterons avec l’étendue convenable, à l’article des Éloges funèbres.
Il est question, ma belle, qu’il ne faut point que vous passiez l’hiver en Bretagne, à quelque prix que ce soit. […] Il faut venir dès qu’il fera beau. […] Que de sujets féconds et intéressants pour de jeunes esprits qui aiment naturellement ce qui est juste, beau et bon ! […] Mademoiselle de Coigny fut plus heureuse que Chénier ; elle échappa à la hache révolutionnaire ; son beau voyage s’est prolongé jusqu’à nos jours. […] Ainsi, triste et captif, ma lyre… C’est une ellipse poétique d’un bel effet.
C’est cette belle simplicité qui le fit applaudir à la cour de Louis XIV. […] Ne prétendez pas réussir, en nous flattant l’oreille par un bel étalage de fins mots. […] Cette partie est une des plus belles, mais des plus difficiles de l’Oraison funèbre. […] La péroraison surtout est belle et touchante. […] Il y a de très beaux morceaux dans leurs plaidoyers, qui ont été imprimés.
Son beau corps a roulé sous la vague marine. […] Pourquoi, belle Chrysé, t’abandonnant aux voiles, T’éloigner de nos bords sur la foi des étoiles ? […] Mon beau voyage encore est si loin de sa fin ! […] Les enfants qui suivaient ses ébats dans la plaine, Les vierges aux belles couleurs Qui le baisaient en foule, et sur sa blanche laine Entrelaçaient rubans et fleurs, Sans plus penser à lui, le mangent, s’il est tendre. […] C’est pur et beau comme un marbre de Paros sculpté par Phidias.
Chez elle un beau désordre est un effet de l’art. […] Quels sont les plus beaux poèmes lyriques de l’Écriture ? […] Quelles sont les plus belles odes héroïques ? […] Où se trouvent les plus beaux modèles de poésie élégiaque ? […] Quelles sont les plus belles élégies modernes ?
Voyez ces beaux vers de Racine, dans son Idylle sur la paix. […] Un des plus beaux modèles à suivre pour la coupe des périodes, est Fléchier. […] Si c’est à Démosthène, l’auteur aurait dû dire : Hypéride a imitée Démosthène en ce que celui-ci a de beau. […] Voyez le bel effet que produit cette figure dans cet endroit de la tragédie de Zaïre par Voltaire. […] L’Ode suivante d’Horace en est un bien bel exemple.
Il faut qu’avec l’auteur de l’excellent Essai sur le beau (le P. André, jésuite), il sache distinguer dans toutes les productions de l’esprit le beau naturel, et le beau arbitraire. […] Elle ne peut se dispenser d’apporter en preuves de son jugement, et les beaux, et les médiocres, et les faibles endroits de l’ouvrage qu’elle a pesé dans sa balance. […] Cependant on a vu des critiques, qui faisant un parallèle entre les deux maîtres de notre scène, n’ont pas craint de ne citer que les endroits médiocrement beaux de Corneille ; de citer les plus beaux qu’ils avaient pu trouver dans Racine, et de se prévaloir de ces exemples, pour donner la préférence à ce dernier. […] Parmi les Latins, Cicéron, après avoir offert dans ses discours, les plus beaux exemples de la véritable éloquence, en donna les préceptes dans son livre de l’Orateur, que l’abbé Colin a fort bien traduit.
J’ai fait pourtant un beau réveil. […] Le 24. — Je vois un beau soleil qui du dehors vient resplendir dans ma chambrette. […] Jamais je n’eus plus belle chambre. […] Ce matin j’ai vu un beau ciel, le marronnier verdoyant, et entendu chanter les petits oiseaux. […] Ce serait un beau moment de poésie, et je regrette de n’en avoir aucune en train.
les beaux ciels ! […] Ses nuits sont aussi touchantes que ses jours sont beaux ; ses ports sont aussi beaux que ses morceaux d’imagination sont piquants. […] Du reste, de belles mains bien modelées, excepté la gauche, qui n’est pas dessinée. […] Il enseignait les belles façons. […] Il faut toujours qu’une belle œuvre d’art lui serve à autre chose… » (Lettre du 7 août 1797.)
Nul n’a plus contribué à former les connaisseurs délicats, à élargir le temple du goût, en sorte qu’il devienne une église universelle, où se rencontrent tous les croyants de cœur sincère qui ont adoré le beau dans tous les temps, sans distinction de frontières et de patrie. […] Un tel classique a pu être un moment révolutionnaire, il a pu le paraître du moins, mais il ne l’est pas ; il n’a fait d’abord main basse autour de lui ; il n’a renversé ce qui le gênait que pour rétablir bien vite l’équilibre au profit de l’ordre et du beau. […] « Il y a plus d’une demeure dans la maison de mon père » ; que cela soit vrai du royaume du beau ici-bas non moins que du royaume des cieux. […] Que l’admiration de nous à eux, des modernes aux vrais Anciens, à ceux qui ont le mieux connu le beau, s’entretienne de phare en phare, de colline en colline, et ne s’éteigne pas ; que l’enthousiasme de ce côté n’aille pas mourir, — ce serait une diminution du génie humain lui-même ; — non un enthousiasme crédule, aveugle et indigne d’eux comme de nous, mais un enthousiasme léger, clairvoyant, intelligent, divinateur et réparateur, qui n’est que l’émotion la plus délicate et la plus vivé en face de tant de belles choses, accomplies une fois en leur juste cercle et à jamais disparues1. […] Il est une belle page du docteur Arnold que je veux soumettre à la réflexion.
Nous distinguons le beau naturel du beau intellectuel et du beau moral. […] Cherchons donc ailleurs les principes du beau. […] Un ruisseau qui coule doucement est un objet vraiment beau ; s’il croît et devient un torrent, le beau se change en sublime. […] Ce genre de figure est un bel ornement du discours. […] Il ne cherche pas le beau ; il le fait sans y penser.