Le succès de ses biographies fut un des événements du siècle.
Il n’imaginait point et n’inventait point ; il allait aux routes battues, et se laissait porter sans résistance au cours capricieux des événements ; mais il suivait avec célérité le fil des choses, et exécutait avec prudence tout ce qui ne demandait qu’un sens droit et une habitude ordinaire des affaires.
Tantôt les événements sont bizarres et impossibles ; tantôt les caractères sont exagérés et faux ; ce sont des aventures qu’on ne rencontre jamais, des vertus qui ne sont pas de ce monde, et des vices aussi extraordinaires que les vertus.
» Libre et hardi dans les choses naturelles, et pensant toujours d’après lui-même ; flatté depuis longtemps par le plaisir délicat de goûter les vérités claires et lumineuses qu’il voyait sortir, comme autant de rayons, de sa propre substance, ce roi des sciences humaines se révolte aisément contre cette autorité, qui veut captiver toute intelligence sous le joug de la foi, et qui ordonne aux philosophes mêmes, à bien des égards, de redevenir enfants : il voudrait porter dans un nouvel ordre d’objets sa manière de penser ordinaire : il voudrait encore ici marcher de principe en principe, et former de toute la religion une chaîne d’idées générales et précises que l’on pût saisir d’un coup d’œil ; il voudrait trouver, en réfléchissant, en creusant en lui-même, en interrogeant la nature, des vérités que la raison ne saurait révéler, et que Dieu avait cachées dans les abîmes de sa sagesse ; il voudrait même ôter, pour ainsi dire, aux événements leur propre nature, et que des choses dont l’histoire seule et la tradition peuvent être les garants, fussent revêtues d’une espèce d’évidence dont elles ne sont point susceptibles ; de cette évidence toute rayonnante de lumière qui brille à l’aspect d’une idée, pénètre tout d’un coup l’esprit, et l’enlève rapidement.
Quand l’on vit que le cardinal avait arrêté celui qui, cinq ou six semaines devant, avait ramené le roi à Paris avec un faste inconcevable, l’imagination de tous les hommes fut saisie d’un étonnement respectueux ; et je me souviens que Chapelain, qui enfin avait de l’esprit2, ne pouvait se lasser d’admirer ce grand événement.
Dans l’intervalle de tranquillité qui suivit la paix de Nimègue (1678), Louis XIV avait agréé le projet d’un ouvrage où les événements mémorables de la guerre que cette paix venait de terminer seraient représentés dans une suite d’estampes dessinées et gravées par les premiers artistes.
Comme il n’est rien tel que de prophétiser des choses éloignées, en attendant l’événement, il n’est rien tel aussi que de débiter des fables en attendant l’allégorie.
Il serait plus beau de les rapporter à Dieu qui est le maître de toutes grâces ; mais cette abnégation entière de soi-même, et ce haut sentiment de l’intervention divine dans les événements de ce monde, ne sont pas donnés à tous les hommes.
Publié entre 1749 et 1788, cet ouvrage compta parmi les événements du siècle.
Si nous jouons à la renommée, que ce soit en joueurs superbes ou railleurs, toujours au-dessus de la fortune, bonne ou mauvaise, en gardant un éclat de rire à tout événement.
Le dénouement est un événement particulier qui met fin à l’action, et qui en est le complément. […] L’un et l’autre événement sont possibles, et seroient vraisemblables : voilà ce qui soutient l’incertitude du spectateur : voilà ce qui soutient l’intérêt. […] L’esprit doit être ici la victime du goût, qui veut que le poëte ait assez de jugement pour s’arrêter où il faut, et assez de courage pour sacrifier les meilleures choses, lorsqu’elles sont déplacées, afin de ne point perdre de vue le terme de l’événement, qui est son objet. […] Un acteur parle seul dans un monologue : mais ce n’est point pour raconter un événement, et pour dire ce qui arrivera. […] Ce n’est pas que chaque scène doive présenter un événement ; mais chaque scène doit être ou un nouvel effort qui fasse marcher l’action vers son terme, ou un nouvel obstacle qui l’arrête, et qu’il faille surmonter.
Les hommes, placés en présence les uns des autres, n’avaient d’abord songé qu’à se communiquer leurs idées, au moyen de mots ou de sons qu’ils faisaient entendre ; mais plus tard ils cherchèrent à rendre durable l’expression de leurs pensées, afin de conserver intact le souvenir des événements importants ; ils inventèrent donc un langage nouveau, et créèrent des signes ou caractères propres à rendre la parole visible : c’est ce que nous appelons l’écriture. […] On assure qu’au moyen de ces peintures historiques, les Mexicains avaient consacré la mémoire des principaux événements de leur histoire. Mais ces annales devaient être bien inexactes et bien incomplètes ; car la peinture est impuissante à exprimer les causes invisibles des événements ; elle ne peut rendre ni les sons fugitifs qui s’échappent des lèvres de l’homme, ni les pensées secrètes qui déterminent ses actions ; elle ne peut retracer que les faits matériels ; encore est-elle obligée d’en choisir la partie la plus saillante, et de renoncer à presque tous les détails. […] Qu’ils apprennent, dans les ouvrages historiques, à connaître les événements et les hommes qui les ont précédés sur la terre. […] Cependant l’événement semble se décider : Les bataillons ennemis enfoncés demandent quartier.
Beaucoup d’autres poètes ont embelli du coloris de l’imagination ou des grâces du sentiment, les choses les plus simples et les événements les plus communs. 11 n’est presque point d’objet qui ne puisse servir de matière à l’épître. […] Le conte est le récit d’une action fabuleuse, d’aventures imaginaires et merveilleuses, ou l’exposé d’un événement plaisant vrai ou supposé, dont le modèle est pris dans la vie commune, et que l’on fait dans le but d’amuser et en même temps d’instruire.
Probablement ces moyens furent bientôt employés pour informer ses amis, quoique d’une manière imparfaite, de ce qui s’était passé pendant l’absence, ou pour se rappeler les événements dont on voulait conserver le souvenir. […] Ces peintures ne pouvaient retracer que des événements visibles, et n’étaient propres à indiquer ni l’ordre de ces événements, ni les circonstances particulières sur lesquelles la vue ne peut se porter, ni les transactions politiques, ni les mots dans lesquels elles avaient été rédigées. […] It rains [il pleut], it thunders [il tonne], it is light [il fait jour], it is agreeable [il convient], et autres semblables ; c’est en effet la forme la plus simple, c’est celle qui ne fait qu’affirmer l’existence d’un événement ou d’une situation de choses. […] Les événements passés sont plus ou moins accomplis, et l’avenir est plus ou moins éloigné de nous : voilà pourquoi presque toutes les langues ont admis une si grande variété de temps. […] Quoiqu’il s’agisse ici d’une succession rapide d’événements, comme César cherche cependant à montrer en combien d’endroits l’ennemi se trouvait dispersé au même instant, le redoublement de la conjonction produit un effet fort heureux, et exprime d’une manière plus frappante que chacun de ces endroits est bien distinct.
Il faut bien faire connaître les personnages, leurs actions, leurs caractères ; n’omettre aucune des circonstances de lieu, de temps, de moyen, qui expliquent les causes, les effets et rendent les événements naturels. […] Ornements de la Narration Parmi les ornements que l’on peut faire entrer avec succès dans une narration, on peut nommer les portraits des personnages dont on s’occupe, les descriptions des lieux où les événements se passent, les réflexions de celui qui raconte, et certaines sentences de morale qui frappent l’esprit par leur justesse.
Gazetier perpétuel, il entretenait chaque jour le public des événements de la veille. […] Les accidents de la fortune se réparent aisément : on ne peut pas parer à des événements qui naissent continuellement de la nature des choses.
La Rochefoucauld a encore laissé, sur les événements de la Fronde, des Mémoires, qui pâlissent à côté de ceux du cardinal de Retz. […] Ne croyez pas que je vous menace du changement de votre fortune : l’événement en est casuel747 ; mais ce que je veux dire n’est pas douteux. […] A ces mots, trente-cinq des conviés890 se mirent en mouvement pour recevoir ce nouveau convié..., et l’audacieux Termes, ayant bu la première honte de cet événement, s’y prenait d’une manière à boire tout le vin de la noce, si son maître ne se fût levé de table comme on ôtait vingt-quatre potages pour servir autant d’entrées. […] Les accidents de la fortune se réparent aisément ; mais comment parer à des événements qui naissent continuellement de la nature des choses ? […] Le prince héréditaire de Brunswick1133 assiégeait Vésel1134, dont la prise eût porté la guerre sur le bas Rhin et dans le Brabant ; cet événement eût pu engager les Hollandais à se déclarer contre nous (15 octobre 1758).
On est bien aise, longtemps même après l’événement, de savoir de quoi il a dépendu, et de connaître tôt ou tard les hommes qui ont justifié ou trompé notre confiance.
Puis, quand vous l’avez dégagé de tout ce qui n’est pas lui, attachez-vous, obstinez-vous à sa contemplation, de façon que rien ne vous en puisse distraire, qu’il absorbe toutes vos facultés, qu’il devienne une de ces pensées dominantes, produites parfois en nous, soit par une passion, soit par un événement qui met en jeu notre existence ou nos plus chers intérêts : on ne sait pas assez ce que peut cette habitude de s’identifier avec un sujet.
quel événement attendez-vous ?
D’autres fois, le poète se cache, et ne fait paraître que ses bergers qui se racontent l’événement, comme dans la troisième églogue de Virgile : alors l’églogue est dramatique.
Vous supposerez qu’étant encore à Domrémy, Jeanne d’Arc eut, une nuit, un songe où elle entrevit vaguement et comme dans un brouillard confus, les futurs et principaux événements de sa vie. […] Washington raconte à Lafayette revenu en Europe, les événements qui ont suivi son départ (1781) et qui ont précédé la paix signée avec l’Angleterre. […] Un jeune officier français, témoin oculaire, a pris part aux événements de la campagne de Russie ; il est resté en correspondance avec un ami, à qui il écrit à de rares intervalles. […] – A quels événements et à quels hommes la Suède a-t-elle du sa prépondérance dans le Nord jusque vers 1660 ? […] – Quels sont les événements qui, en Angleterre, ont préparé l’avènement de Guillaume III ?
Mais il n’est guère possible qu’on la trouve cette matière, dans les événements qui se passent entre les habitants de nos campagnes. […] Mille autres poètes ont embelli du coloris de l’imagination, ou des grâces du sentiment, les choses les plus simples et les événements les plus communs. […] L’avenir faisant son étude De cette vaste multitude D’incroyables événements, Dans leurs vérités authentiques, Des fables les plus fantastiques Retrouvera les fondements.
. — Dès qu’une infirmité fâcheuse menace votre vie, qu’un événement inattendu met vos biens et votre fortune en péril, qu’une mort prochaine est sur le point de vous enlever une personne ou chère ou nécessaire ; alors vous levez les mains au ciel, vous y faites monter des gémissements et des prières ; vous vous adressez au Dieu qui frappe et qui guérit ; vous savez prier alors ; vous n’allez pas chercher hors de votre cœur des leçons et des règles pour apprendre à lui exposer votre peine, ni consulter des maîtres habiles pour savoir ce qu’il faut lui dire ; vous n’avez besoin que de votre douleur : vos maux tout seuls ont su vous instruire. — Si vous priez rarement, le Seigneur sera toujours pour vous un Dieu étranger et inconnu, pour ainsi dire, devant qui vous serez dans une espèce de gêne et de contrainte ; avec qui vous n’aurez jamais ces effusions de cœur, cette douce confiance, cette sainte liberté que la familiarité toute seule donne, et qui fait tout le plaisir de ce commerce divin.
Au milieu des horreurs de la guerre, dans la fermentation des esprits, dans le tumulte des armes, on devait s’attendre que la république, agitée par de violentes secousses, quel que fût l’événement, perdrait beaucoup de sa splendeur, de sa stabilité et de sa force : on devait s’attendre que les deux chefs, les armes à la main, se permettraient bien des excès qu’ils auraient condamnés au sein de la paix.
Ce qui fournit ordinairement la matière des chansons satiriques ou vaudevilles, ce sont les actions répréhensibles, les mœurs irrégulières et les événements remarquables par leur singularité ou par leur importance.
Heureux encore quand une expérience de soixante-quatre ans et demi ne lui aurait pas appris à parler, que cet événement lui apprît au moins à se taire !
Si vous prenez cette correspondance par son côté domestique et familier, madame de Sévigné n’est pas plus naturelle et plus aimable ; elle ne fait pas partager avec plus de simplicité à ceux qui la lisent les émotions de son cœur, les bons ou mauvais événements de sa vie, ses petits triomphes et ses grandes douleurs.
. ; soit pour transmettre à la postérité la mémoire de quelque événement, soit pour faire connaître aux passants un fait, une personne ou une chose.
Il leur est impossible de laisser arriver les événements et d’attendre la maturité des choses ; ils voudraient hâter le cours de la providence et avancer ses effets ; ils voudraient conduire à leur plaisir ses mouvements et ses périodes ; ils voudraient la mener et non pas la suivre, et que ce fût leur providence, et non pas celle de Dieu. […] Je m’assure que, si cet événement ne vous fait pas devenir bon Français, au moins vous aurez dépit de vous être affectionné à des gens qui ont si peu de vigueur et qui savent si mal se servir de leur avantage. […] Ne croyez pas que je vous menace du changement de votre fortune : l’événement en est casuel ; mais ce que je veux dire n’est pas douteux. […] Rappelez seulement les victoires, les prises de places, les traités glorieux, les magnificences, les événements pompeux des premières années de ce règne. […] Ce qu’il y a de plus étrange, c’est que dans quelques-uns de ses prologues, comme pour affaiblir l’intérêt qu’il veut inspirer, il nous prévient sur la plupart des événements qui doivent exciter notre surprise426.
un événement, ou la nécessité sans doute ? […] Assignez donc aux personnes des caractères et des motifs qui répondent à leurs actions, et n’omettez aucune des circonstances de lieu, de temps, de moyens, qui expliquent les causes, les effets, et rendent un événement naturel. […] Observez néanmoins que les meilleurs moyens ne sont pas toujours ceux qui par eux-mêmes sont les plus forts, mais ceux qui, relativement aux temps, aux lieux, aux événements, aux opinions même et aux préjugés, peuvent frapper davantage et pénétrer plus avant dans l’esprit. […] Cette comète n’a aucune liaison physique avec ces malheurs ; cependant le peuple regarde la comète comme la cause de l’événement : post hoc, ergo propter hoc. […] Énée remarque, en racontant ses malheurs, que, si l’on avait été attentif à un certain événement, Troie n’aurait pas été prise : Trojaque, nunc stares, Priamique arx alta, maneres.
Cet événement date de l’année même où il partit pour ce voyage de Suisse et d’Italie pendant lequel messieurs de Bordeaux l’élurent maire de cette ville, charge qu’il finit par accepter, « parce qu’elle n’a ni loyer, ni gain, autre que l’honneur ».
Les révolutions de l’esprit, les changements du goût, les chefs-d’œuvre en sont les événements ; les écrivains en sont les héros.
Sans complication d’événements, sans intrigue recherchée, sans aucun effort, elle présente des beautés sublimes et des traits de grandeur dont il n’y a nulle part d’exempte. […] Son action est surtout dans le mouvement et dans le combat des passions, et l’on n’y trouve point de ces narrations importunes d’événements arrivés avant l’action même.
Né avec des instincts chevaleresques, auxquels les événements infligèrent de cruelles déceptions, galant homme, modèle de politesse, de bravoure et de probité, la Rochefoucauld réfuta lui-même ses Maximes par son caractère ; au lieu de juger l’homme d’après le philosophe, il est plus sûr de s’en rapporter au témoignage de madame de Sévigné qui lui prouva son estime par son amitié. […] c’est la maladie qui se joue, comme il lui plaît, de nos corps, que le péché a donné en proie à ses cruelles bizarreries ; et la fortune, pour être également ombrageuse, ne se rend pas moins féconde en événements fâcheux. […] Il ne faut point raisonner avec le maître des événements, en disant que les rois qu’il paraît abandonner sont pieux, et que nos ennemis sont la plupart hérétiques. […] Ce fut l’événement décisif de sa vie ; car son entrée dans une maison princière lui permit d’assister de près au spectacle de la comédie humaine, où figuraient les originaux de la cour et de la ville. […] Phèdon ou le pauvre Phédon743 a les yeux creux, le teint échauffé, le corps sec et le visage maigre : il dort peu, et d’un sommeil fort léger : il est abstrait, rêveur, et il a, avec de l’esprit, l’air d’un stupide ; il oublie de dire ce qu’il sait ou de parler d’événements qui lui sont connus, et, s’il le fait quelquefois, il s’en tire mal ; il croit peser à ceux à qui il parle ; il conte brièvement, mais froidement ; il ne se fait pas écouter, il ne fait point rire ; il applaudit, il sourit à ce que les autres lui disent, il est de leur avis, il court, il vole pour leur rendre de petits services ; il est complaisant, flatteur, empressé ; il est mystérieux sur ses affaires, quelquefois menteur ; il est superstitieux, scrupuleux, timide ; il marche doucement et légèrement, il semble craindre de fouler la terre744 ; il marche les yeux baissés, et il n’ose les lever sur ceux qui passent.
Partout, à côté du sens littéral, se présente le sens mystique ; et ce voile allégorique est partout si facile à percer, les événements obscurément indiqués ou clairement prédits ont si complètement justifié le prophète, ou plutôt le génie qui l’inspirait, qu’il ne reste pas plus de doute sur le fond même des choses, que sur la manière sublime dont elles sont annoncées.
Que de cris de douleur le temple retentisse : De leur hymen fatal troublons l’événement ; Et qu’ils ne soient unis, s’il se peut, qu’un moment.
Tous les temps, tous les aspects du monde physique et moral, l’histoire et la spéculation, la méditation intime et le fracas des événements, les délices du foyer et les préoccupations de la politique, le gigantesque, l’imperceptible, le rationnel et le fantastique, le beau et le difforme se donnent rendez-vous dans ses vers.
Je m’assure que, si cet événement ne vous fait pas devenir bon Français, au moins vous aurez dépit de vous être affectionné à des gens qui ont si peu de vigueur et qui savent si mal se servir de leur avantage.
J’appelle le principe de ces grands exploits, cette ardeur martiale, qui, sans témérité ni emportement, lui faisait tout oser et tout entreprendre ; ce feu qui, dans l’exécution lui rendait tout possible et tout facile ; cette fermeté d’âme que jamais nul obstacle n’arrêta, que jamais nul péril n’épouvanta, que jamais nulle résistance ne lassa ni ne rebuta ; cette vigilance que rien ne surprenait ; cette prévoyance à laquelle rien n’échappait ; cette étendue de pénétration, avec laquelle dans les plus hasardeuses occasions, il envisageait d’abord tout ce qui pouvait ou troubler, ou favoriser l’événement des choses, semblable à un aigle, dont la vue perçante fait en un moment la découverte de tout un vaste pays ; cette promptitude à prendre son parti, qu’on n’accusa jamais en lui de précipitation, et qui, sans avoir les inconvénients de la lenteur des autres, en avait toute la maturité ; cette science qu’il pratiquait si bien, et qui le rendait habile à profiter des conjonctures, à prévenir les desseins des ennemis presque avant qu’ils fussent conçus, et à ne pas perdre en vaines délibérations, ces moments heureux qui décident du sort des armes ; cette activité que rien ne pouvait égarer, et qui, dans un jour de bataille, le partageant, pour ainsi dire, et le multipliant, faisait qu’il se trouvait partout, qu’il suppléait à tout, qu’il ralliait tout, qu’il maintenait tout, soldat et général tout à la fois, et par sa présence, inspirant à tout un corps d’armée, et jusqu’aux plus vils membres qui le composaient, son courage et sa valeur ; ce sang-froid qu’il savait si bien conserver dans la chaleur du combat ; cette tranquillisé dont il n’était jamais plus sûr, que quand on en venait aux mains et dans l’horreur de la mêlée ; cette modération et cette douceur pour les siens, qui redoublait à mesure que sa fierté contre l’ennemi était émue : cet inflexible oubli de sa personne, qui n’écouta jamais la remontrance, et auquel constamment déterminé, il se fit toujours un devoir de prodiguer sa vie, et un jeu de braver la mort : car tout cela est le vif portrait que chacun de vous se fait, au moment que je parle, du Prince que nous avons perdu ; et voilà ce qui fait les Héros. […] La nature de ces discours varie suivant les temps, les circonstances, les affaires, les événements.
Démosthène retourna cette accusation contre lui et contre les traîtres comme lui, agents corrupteurs du Macédonien ; il prouva, vous savez avec quelle éloquence, que tous ses actes avaient été conformes à l’honneur d’Athènes et à ses véritables intérêts ; qu’elle n’aurait pu trahir la cause de l’indépendance commune, sans manquer à son devoir et aux traditions des ancêtres ; que ce qu’elle avait fait, elle aurait dû le faire, même quand les événements auraient pu être prévus, même quand la défaite aurait paru certaine : « Non, Athéniens, non, vous n’avez pas failli, quand vous vous êtes exposés pour la liberté et le salut le tous, j’en jure par nos ancêtres les combattants de Marathon et de Platée, les glorieux marins de Salamine et d’Artémise, etc. » Les Athéniens applaudirent à ces belles paroles, comme à une revanche de Chéronée. […] Certes, voilà bien des siècles que s’est éteinte cette grande voix, la plus forte peut-être qui ait jamais remué les entrailles humaines ; il ne reste plus des passions qui l’ont inspirée qu’un écho vague et lointain ; et cependant, tel est l’empire de la vraie éloquence, qu’aujourd’hui même où ces événements sont si loin de nous, nous ne pouvons lire sans une émotion profonde ce sublime plaidoyer.
Heureux qui regarde d’un œil tranquille tous ces grands événements du meilleur des mondes possibles !
Le goût de la tragédie ayant été réveillé par le talent de mademoiselle Rachel, le poëte profita des applaudissements donnés à l’artiste, et toutes ces causes concoururent à un légitime succès qui prit les proportions d’un événement.
Si cette explication nous paraît contestable ou incomplète, si Vico, Herder et notre siècle cherchent ailleurs la clé des événements, l’idée de Bossuet, parfaitement en harmonie d’ailleurs avec l’opinion de son époque, était en même temps éminemment propre à donner à son livre l’unité littéraire.
c’est la maladie qui se joue, comme il lui plaît, de nos corps, que le péché a donnés en proie à ses cruelles bizarreries ; et la fortune, pour être également ombrageuse, ne se rend pas moins féconde en événements fâcheux.
Villemain juge ainsi cet ouvrage : « Montesquieu a adopté, dans les Considérations sur les causes de la grandeur et de la décadence des Romains, le plan tracé par Bossuet, et se charge de le remplir sans y jeter d’autre intérêt que celui des événements et des caractères.
La campagne passée montre assez que l’équilibre de l’Europe n’est pas menacé par la France, et les événements de tous les jours prouvent qu’il l’est par la puissance anglaise, qui s’est tellement emparée du commerce du monde et de l’empire des mers, qu’elle peut seule aujourd’hui résister à la marine réunie des Russes, des Danois, des Suédois, des Français, des Espagnols et des Bataves.
La peinture, ou image de l’objet dont on voulait faire naitre l’idée, fut sans doute la première tentative faite pour écrire : on présentait aux yeux l’événement qu’on voulait retracer ; c’était le seul genre d’écriture connu à Mexico lors de la découverte de l’Amérique. […] Smith pense que la première forme du verbe fut l’impersonnel, il pleut, il tonne, etc., ce fut sa forme radicale, parce qu’elle sert simplement à affirmer un événement, un état de choses. […] Il existe encore une autre espèce de figure propre à animer la composition ; c’est celle qui consiste à peindre à nos yeux comme présent un événement passé. […] Elle consiste dans une exagération artificielle des circonstances d’un événement que nous voulons représenter sous des couleurs très vives soit en bien soit en mal. […] Nonobstant cet avantage, je crois que dans un moment de danger, ou de quelque grand événement national qui éveillerait sérieusement l’attention publique, une harangue dans le style et dans le genre de celles de Démosthène aurait plus de poids et produirait un plus puissant effet qu’un discours écrit comme ceux de Cicéron.
. — Invitez les Perses et nos alliés à se réunir autour de mon tombeau, pour me féliciter tous ensemble de ce que je serai désormais dans un état sûr, à l’abri de tout événement fâcheux.
Le style coupé convient particulièrement aux narrations, aux sujets agréables, pour reproduire rapidement une suite d’événements, ou pour exprimer des sentiments vifs et précipités.