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33. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

On plaît par la bonne idée que l’on donne de soi-même, par des images vraies, agréables, touchantes, par des ornemens choisis et bien placés, par une élégance naturelle et soutenue. […] Toucher, c’est éveiller, exciter, augmenter et soutenir la sensibilité des autres pour ou contre la chose ou la personne dont on parle. […] On soutient qu’ils ont jugé la contestation ou qu’ils la préjugent. […] Si tu n’étais qu’un citoyen vulgaire, » Je te dirais : Va, sers, sois tyran sous ton père, » Écrase cet état que tu dois soutenir ; » Rome aura désormais deux traîtres à punir. […] Vif, ardent, impétueux, il arrache la victoire des mains de l’adversaire, et vient fondre avec tant de violence, qu’on n’en peut soutenir l’effort. » (Orat., n°. 128.)

34. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

Dès lors il se livra à l’étude avec une constance qu’il soutint jusqu’à ses derniers moments. […] Qui voudrait, en effet, soutenir sérieusement que le goût d’un Hottentot ou d’un Lapon soit aussi délicat et aussi pur que celui de Longin et d’Addison. […] Si quelqu’un voulait soutenir que le sucre est amer, et que le tabac est doux, aucun raisonnement ne pourrait prouver le contraire. […] Qui voudra soutenir, par exemple, que la description de la tempête, dans le premier livre de Virgile, soit l’imitation d’une tempête ? […] Nous sommes trop indolents pour soutenir un semblable travail.

35. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre I. Du style. » pp. 181-236

La période doit aussi présenter à l’esprit une suite d’idées enchaînées sans la moindre contrainte, qui enchérissent les unes sur les autres, et qui, dans leur marche soutenue, dans leurs gradations, tendent toutes à la chute commune et finale. […] « Il fallait opposer à tant d’ennemis un homme d’un courage ferme et assuré, d’une capacité étendue, d’une expérience consommée ; qui soutînt la réputation, et qui ménageât les forces du royaume ; qui ne fît rien de superflu ; qui sût, selon les occasions, profiter de ses avantages ou se relever de ses pertes ; qui fût tantôt le bouclier, tantôt l’épée de son pays ; capable d’exécuter les ordres qu’il aurait reçus, et de prendre conseil de lui-même dans les rencontres. » On sent la différence de l’harmonie dans ces deux périodes. […] C’est à cette variété que l’écrivain doit s’attacher, pour se faire lire avec un plaisir et un intérêt qui se soutiennent jusqu’à la fin. […] Fracassées plient encore sous l’effort des vents, et que tu manques de cordages, pour soutenir la violence et l’impétuosité des flots ? […] Le discours qu’Hermione tient à Pyrrhus dans l’Andromaque du même Poète, act. 4, scen. 5, est aussi une ironie soutenue.

36. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre second. Définition et devoir de la Rhétorique. — Histoire abrégée de l’Éloquence chez les anciens et chez les modernes. — Chapitre II. De l’Éloquence chez les Grecs. »

Ses harangues n’ont d’autre mérite que celui de cette éloquence de diction, de cette pureté soutenue, mais trop étudiée, d’un style qui fatigue, parce qu’il est trop uniformément beau. […] Est-il étonnant que de pareilles harangues soient devenues, entre ses mains, des chefs-d’œuvre de force et de cette véritable énergie que donne et que soutient l’esprit public ?

37. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre II. De l’Éloquence. » pp. 318-338

Mais il est constant que l’étude de ces règles, en développant et perfectionnant le jugement, la raison et le goût, donne cette éloquence qui met du choix, de l’ordre, de l’intérêt, de la variété dans les choses qu’on doit dire ; qui flatte l’esprit par les charmes d’une élocution belle et soutenue, s’ouvre avec douceur l’entrée de nos cœurs, et leur cause une émotion délicieuse et durable. […] Mais si de vos flatteurs vous suivez la maxime, Il vous faudra, Seigneur, courir de crime en crime ; Soutenir vos rigueurs par d’autres cruautés, Et laver dans le sang vos bras ensanglantés. […] Tous les trois y sont réunis, et s’y soutiennent l’un par l’autre.

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