Tout enfant, il lisait avec une curiosité passionnée la Vie des saints ou le récit des travaux apostoliques des jésuites, et poursuivi par le souvenir de ses lectures, il cherchait naïvement aux alentours de la ville une Thébaïde où il pût passer ses jours dans la prière et la contemplation.
Toutefois je ne trouve pas fort étrange qu’un esprit grand et généreux comme le vôtre ne se puisse accommoder à ces contraintes serviles auxquelles on est obligé dans la cour ; et puisque vous m’assurez tout de bon que Dieu vous a inspiré de quitter le monde, je croirais pécher contre le Saint-Esprit si je tâchais à vous détourner d’une si sainte résolution1 ; même vous devez pardonner à mon zèle, si je vous convie de choisir Amsterdam pour votre retraite, et de préférer cette ville, je ne dirai pas seulement à tous les couvents des capucins et des chartreux, mais aussi à toutes les plus belles demeures de France et d’Italie2.
C’est, qu’en effet, le culte chrétien n’était, surtout à cette époque de foi naïve et sincère, qu’un long et divin spectacle ; les cérémonies de l’église, surtout celles des jours de fêtes, étaient, pour les fidèles, autant de drames pieux où se déroulait, sous une forme saisissante, l’histoire des saintes croyances qui remplissaient leur âme. […] Les premiers drames chrétiens, qui furent ainsi joués après le sermon, par les prêtres assistés de quelques laïques, portaient les noms de mystères ou de miracles, suivant qu’ils étaient tirés des Écritures ou de la vie des saints. […] Aux approches de la Renaissance, la foi des premiers âges diminua, et avec elle disparut peu à peu l’intérêt qui s’attachait naguère aux drames tirés des Saintes Écritures. […] Tour à tour adversaire de Philippe et d’Alexandre, à lui seul, il les tient en échec et leur suscite de toutes parts des ennemis par sa parole ardente et inspirée ; il n’hésite pas à engager, dans cette guerre sainte, jusqu’à son honneur même, et reçoit l’or du roi de Perse pour combattre l’or de Philippe. […] Sa mémoire reste donc pure et glorieuse, et Bossuet le compare aux saints pénitents qui ont mérité et obtenu la divine miséricorde.
Or bien, sans crier davantage13 Rapportons-nous, dit-elle, à Raminagrobis1 C’était un chat vivant comme un dévot ermite, Un chat faisant la chattemitte2 Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras, Arbitre expert sur tous les cas. […] — Tantôt plus, tantôt moins : le mal est que toujours (Et sans cela nos gains seraient assez honnêtes)2 Le mal est que dans l’an s’entremêlent des jours Qu’il faut chômer ; on nous ruine en fêtes : L’une fait tort à l’autre, et monsieur le curé De quelque nouveau saint charge toujours son prône. » Le financier, riant de sa naïveté, Lui dit : « Je veux vous mettre aujourd’hui sur le trône. […] Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples mâtins, Au dire de chacun, étaient de petits saints.
Mais, sans vouloir excuser ce qu’il a si hautement condamné lui-même, disons, pour n’en parler jamais, que, comme dans la gloire éternelle, les fautes des saints pénitents, couvertes de ce qu’ils ont fait pour les réparer, et de l’éclat infini de la divine miséricorde, ne paraissent plus ; ainsi, dans des fautes si sincèrement reconnues, et dans la suite si glorieusement réparées par de fidèles services, il ne faut plus regarder que l’humble reconnaissance du prince qui s’en repentit, et la clémence du grand roi qui les oublia ».