j’étouffe en mon cœur la raison qui m’éclaire ; J’assassine à regret un roi que je révère ; Je viole en un jour les droits des souverains, Ceux des ambassadeurs, et tous ceux des humains, Ceux même des autels où ma fureur l’assiège ; Je deviens parricide, assassin, sacrilége : Pour qui ?
Rappelez-vous Horace disant de l’enfant : Iras colligil, ac ponit temere. « Sa colère s’élève, et tombe sans raison. » 4.
Toutefois, je voudrais que mon cher comte ne prît aux événements que cette sorte de part que, dans sa position, le devoir commande, ou que peut avouer, une raison aussi droite et aussi ferme que la sienne.
C’est ainsi, mon très-cher ami, que nous sommes avertis à chaque pas de notre néant ; l’homme cherche au dehors des raisons pour s’en convaincre, il va sur les ruines des empires, il oublie qu’il est lui-même une ruine encore plus chancelante, et qu’il sera tombé avant ces débris1 Ce qui achève de rendre notre vie le songe d’une ombre 2, c’est que nous ne pouvons pas même espérer de vivre longtemps dans le souvenir de nos amis, puisque leur cœur, où s’est gravée notre image, est comme l’objet dont il retient les traits, une argile sujette à se dissoudre.
L’estimable et laborieux écrivain à qui nous devons la traduction de presque tous les orateurs anciens, l’abbé Auger, remarque avec raison qu’il y a, entre les harangues des historiens grecs et celles des historiens latins, une différence qui tourne tout entière à l’avantage des premiers.