L’homme en qui n’est pas développé le goût littéraire, a comme un sens de moins : il ne peut participer aux plus douces et aux plus pures jouissances de la vie intellectuelle.
Cestuy cy ne faict rien qu’en faveur et consideration de la vertu et de la justice, et s’employe hardyment pour la deffense et tuition8 de l’innocence opprimée ou que l’on veult opprimer : l’or et l’argent ne luy commandent poinct ; toutes les grandeurs et puissances ne le sçauroient destourner du vray honneur qui ne s’acquiert qu’en bien faisant… Au contraire le brouillon9, avec son ignorance, qui lui faict escorte perpetuelle, estime pure vanité tout l’honneur qui est sans profict et contribution pecuniaire ; n’ayme que playe et bosse, seme des noises10, querelles et procez partout où il se trouve, afin d’avoir de la pratique aux despends de qui que ce soit.
Quant à moy, i’avoy plus de six ans, avant que j’entendisse non plus de françois ou de perigordin que d’arabesque ; et sans art, sans livre, sans grammaire ou precepte, sans fouet, et sans larmes, i’avois apprins du latin tout aussi pur que mon maistre d’eschole le sçavoit : car je ne le pouvois avoir meslé ny altéré. […] C’est à mon gré, entre toutes, la matière à laquelle nos esprits s’appliquent de plus diverse mesure : i’ai leu en Tite Live cent choses que tel n’y a pas leu ; Plutarque y en a leu cent, oultre ce que i’y ay sceu lire, et à l’adventure oultre ce que l’aucteur y avoit mis : à d’aulcuns, c’est un pur estude grammairien ; à d’aultres, l’anatomie de la philosophie, par laquelle les plus abstruses parties de nostre nature se pénètrent. […] Qu’ils estaient hardiment leur eloquence et leur discours, qu’ils iugent à leur poste : mais qu’ils nous laissent aussi de quoy iuger apres eulx ; et qu’ils n’alterent ny dispensent, par leurs raccourciments et par leur chois, rien sur le corps de la matiere, ains qu’ils nous la r’envoyent pure et entiere en toutes ses dimensions. […] C’est une vierge pure et chaste, non pas seulement de corps, mais de main et de toutes aultres parties. […] Et ainsi encore je pensai que, pour ce que nous avons tous été enfans avant que d’être hommes, et qu’il nous a fallu longtemps être gouvernés par nos appétits et nos précepteurs, qui étoient souvent contraires les uns aux autres, et qui, ni les uns ni les autres, ne nous conseilloient peut-être pas toujours le meilleur, il est presque impossible que nos jugemens soient si purs ni si solides qu’ils auroient été si nous avions eu l’usage entier de notre raison dès le point de notre naissance, et que nous n’eussions jamais été conduits que par elle.
Il peint en racontant : sa poésie est soignée, sa diction pure, ses expressions toujours choisies. […] Une vie agréable et tranquille, des mœurs simples et innocentes, des plaisirs purs, des passions douces doivent être l’objet ou la matière de la poésie pastorale. […] On a dû juger qu’il faut que les mœurs des personnages soient simples, pures et exemptes de crimes. […] Connaissant peu la basse jalousie, De la licence ennemis généreux, Ils ne mêlaient aucun fiel dangereux, Aucun poison, à la pure ambroisie ; Et les zéphirs225 de ces brillants coteaux, Accoutumés au doux son des guitares, Par des accords infâmes ou barbares, N’avaient jamais réveillé les échos ; Quand évoqués par le crime et l’envie, Du fond du Styx226 deux monstres abhorrés, L’obscénité, la noire calomnie, Osant entrer dans ces lieux révérés, Vinrent tenter des accents ignorés. […] Ses pensées sont toujours naturelles, ses expressions justes, ses tours vifs et aisés, son style pur et élégant, ses vers harmonieux, faits avec soin et jamais vides d’idées.
On donne le nom de petits épisodes à des incidents moins étendus et qui sont de pur agrément. […] Enfin, la religion et surtout la religion catholique, voilà la source abondante et pure, où le poète peut aller puiser les sujets les plus intéressants et les plus élevés. […] Après avoir exposé le sujet, le poète, qui ne peut pas savoir pur lui-même les causes surnaturelles de l’événement qu’il va raconter, effrayé d’ailleurs de la grandeur de l’entreprise et de la longueur de la carrière ouverte devant lui, le poète adresse une prière à la divinité ou à quelque agent surnaturel, pour être éclairé et soutenu dans sa marche : c’est l’invocation.