Diderot dit ailleurs de Vernet : « Ce qu’il y a d’étonnant, c’est que l’artiste se rappelle ces effets à deux cents lieues de la nature, et qu’il n’a de modèle présent que dans son imagination ; c’est qu’il peint avec une vitesse incroyable ; c’est qu’il dit : Que la lumière se fasse, et la lumière est faite ; que la nuit succède au jour, et le jour aux ténèbres, et il fait nuit, et il fait jour ; c’est que son imagination, aussi juste que féconde, lui fournit toutes ces vérités ; c’est qu’elles sont telles, que celui qui en fut spectateur froid et tranquille au bord de la mer en est émerveillé sur la toile ; c’est qu’en effet ces compositions prêchent plus fortement la grandeur, la puissance, la majesté de la nature, que la nature même.
D’ailleurs, dévoré de besoins, mécontent du présent, il s’avançait vers un avenir inconnu, faisant tout supposer de ses talents, de son ambition, de ses vices, du mauvais état de sa fortune, et autorisant, par le cynisme de ses propos, tous les soupçons et toutes les calomnies. » 1.
Le temps présent est toujours chargé des misères de notre nature ; le passé nous transmet surtout ce qu’elle a de noble et de fort, car c’est ce qui résiste à l’épreuve des siècles.
Ils ne songent point à vaincre : ils ne songent qu’à finir la guerre et à sortir des incommodités présentes, voire par leur défaite, voire par leur mort. […] le présent ne nous touche plus guère126. Mais la jeunesse, qui ne songe pas que rien lui soit encore échappé, qui sent sa vigueur entière et présente, ne songe aussi qu’au présent, et y attache toutes ses pensées. Dites-moi, je vous prie, celui qui croit avoir le présent tellement à soi, quand est-ce qu’il s’adonnera aux pensées sérieuses de l’avenir ? […] Il est temps que vous montriez au monde une maturité et une vigueur d’esprit proportionnées au besoin présent.
L’hypotypose est le trope qui met au présent ce qui devrait être au passé. […] Elle unit le présent au temps passé, car il lui faut un point d’appui déjà connu. […] L’Hypotypose agit et parle au temps présent, On pourrait la nommer : trope du mouvement. […] Pleurer avec ceux qui pleurent, leur présenter les consolations de la religion, bannir du style toutes les fleurs du langage, le rendre, au contraire, simple et naturel, exempt de toute philosophie, tel est le secret de faire une bonne lettre de con doléance, quand les douleurs sont extrêmes ; mais s’il s’agit de pertes peu graves, on peut chercher des consolations dans le présent et dans l’avenir.