ils existent ces monuments sacrés de l’antique et auguste douleur des premiers temps ; ces modèles achevés des chants religieux consacrés aux grandes infortunes des puissants de la terre ; et eux seuls vont nous donner l’idée et les règles de l’élégie, non point de cette élégie prétendue, qui Flatte, menace, irrite, apaise une maîtresse ; mais de la véritable, de la plaintive élégie, qui sait, les cheveux épars, gémir sur la tombe des princes ou des héros ; sur celle de Saül et de Jonathas, si tendrement pleurés par David, au second livre des Rois, ch. […] On admire Rousseau, mais on pleure avec Isaïe : on admire l’imitateur, mais on cherche en vain chez lui ce pathétique vrai, ce ton de sensibilité douce qui caractérisent l’original, et que voici : 162« J’ai dit : Au milieu de ma carrière, j’irai au séjour de la mort. […] Les circonstances ont été ce que nous venons de dire ; voyons si le poète justifiera le reste du parallèle : Voyez le triste Hébreu, sur des rives lointaines, Lorsqu’emmené captif chez un peuple inhumain, À l’aspect de l’Euphrate il pleure le Jourdain : Ses temples, ses festins, les beaux jours de sa gloire, Reviennent tour à tour à sa triste mémoire : Et les maux de l’exil et de l’oppression Croissent au souvenir de sa chère Sion. […] Ainsi pleurait l’Hébreu, etc. […] Mais l’azime céleste, et les onctions saintes, Au mourant ont rendu ses facultés éteintes ; Et lui-même, étonné de ses nouveaux accents : « Calmez, dit le vieillard, vos cris attendrissants ; » Prêts à nous séparer que la foi nous soutienne, » Et pleurez en chrétiens, si ma mort est chrétienne, » Pourquoi vivrais-je encore !
M. le duc pleura ; c’était sur Vatel que tournait tout son voyage de Bourgogne. […] Vous n’avez jamais vu Paris comme il est : tout le monde pleure, ou craint de pleurer : l’esprit tourne à la pauvre madame de Nogent1 ; madame de Longueville fait fendre le cœur, à ce qu’on dit : je ne l’ai point vue, mais voici ce que je sais.
Prends, mon fils, laisse-toi fléchir à ma prière ; C’est ta mère, ta vieille, inconsolable mère Qui pleure ; qui jadis te guidait pas à pas, T’asseyait sur son sein, te portait dans ses bras ; Que tu disais aimer, qui t’apprit à le dire ; Qui chantait, et souvent te forçait à sourire Lorsque tes jeunes dents, par de vives douleurs, De tes yeux enfantins faisaient couler des pleurs4. […] La jeune tarentine Pleurez, doux alcyons ! […] pleurez !
Vous pleurez des peines passées, Je pleure des ennuis présents1.
Et vous, Messieurs, eussiez-vous pensé, pendant qu’elle versait tant de larmes en ce lieu, qu’elle dût sitôt vous y rassembler pour la pleurer elle-même ! Princesse, le digne objet de l’admiration de deux grands royaumes, n’était-ce pas assez que l’Angleterre pleurât votre absence, sans être encore réduite à pleurer votre mort ?