Ne se soutenant que d’apparence, et n’étant animée que de couleur, elle agit principalement sur l’esprit du peuple, parce que le peuple a tout son esprit dans les yeux et dans les oreilles3 ; et, faute de raisons et d’autorité, elle use de charmes et de flatterie : elle est creuse et vide de choses essentielles, bien qu’elle soit claire et résonnante de tons agréables.
Les particules pas et point pouvaient de même s’abstenir d’escorter la négation : « Je n’ay soucy de… — Ne bougez… — Ne touchez à… » Entre ne et sinon, le mot rien (qui est affirmatif et vient de rem) n’était nullement de nécessité : Je ne suis à tes yeux sinon Qu’un fétu sans force et sans non. […] Des formes archaïques et de l’orthographe au XVIe siècle S’il est utile de pratiquer nos modèles antiques, pour apprendre d’eux le parler franc, énergique, pittoresque et coloré, il serait puéril de faire dévier cette étude vers un pastiche artificiel qui étonnerait l’oreille ou les yeux, sans profit pour l’expression ou le sentiment.
De ces faibles Romains les premières alarmes Font parler seulement les soupirs et les larmes ; Et n’ont, pour accuser la vengeance des dieux, Que ce muet discours et du cœur et des yeux.
Quoi qu’on puisse dire en faveur des logogriphes philosophiques ou sociaux, un écrivain obscur sera toujours, à mes yeux, un écrivain incomplet.
« Dans toutes les langues, dit Voltaire, le cœur brûle, le courage s’allume, les yeux étincellent ; l’esprit est accablé, il se partage, il s’épuise ; le sang se glace, la tête se renverse ; on est enflé d’orgueil, enivré de vengeance, etc. » A ce penchant à l’imitation et à l’association, première source du style figuré, ajoutez la puissante influence qu’une imagination encore vierge et des passions libres et naïves exerçaient sur l’homme primitif.