L’écrivain, tout en évitant de laisser languir le récit, suivant ces paroles : Semper ad eventum festinat , s’efforcera donc de le suspendre, en intéressant vivement le lecteur, et en le tenant continuellement comme partagé entre la crainte et l’espérance, jusqu’à ce qu’une surprise agréable, une impression profonde ou une catastrophe inattendue vienne graver dans son esprit le fait ou la leçon morale qu’il faut retenir. […] Sénèque, Pascal, Bossuet et beaucoup d’autres, ont donné cette forme à des traités de philosophie, de religion, de morale, de politique ou de littérature.
Cette humiliation de Dorante, obligé d’en appeler à son valet, c’est là une belle leçon morale qui ressort de cette comédie.
Mais le champ fertile et vaste qui lui est ouvert, c’est la morale. […] La morale doit naître de la narration des faits, sans l’interrompre, sans l’étouffer sous un amas de réflexions triviales qui se présentent assez d’elles-mêmes à tous les auditeurs. Un juste mélange d’éloges et de morale fait la perfection du panégyrique. […] Les opérations de la volonté sont du ressort de la morale, nous en parlerons lorsque nous traiterons des passions ; celles de l’entendement appartiennent à la logique. […] Elle renferme ordinairement un axiome de morale, de droit, de politique, ou une opinion qu’on établit comme règle.
Assurément, de tous les événements dont l’univers a été le théâtre, il n’en est aucun qui soit aussi frappant, aussi digne de notre attention, aussi grand, aussi utile aux hommes, que l’établissement et la perpétuité du christianisme ; mais comme l’écrivain y est abandonné à lui-même, qu’il n’a de ressources que dans ses connaissances et ses talents pour distinguer le vrai et le faire connaître aux autres, il faut qu’il soit profondément instruit des mystères, de la morale de la religion et du droit canonique ; qu’il fasse connaître le véritable esprit des lois, des règles, des décisions, des usages, des privilèges de l’Église ; ses oracles, ses dogmes, sa foi, son autorité, l’étendue et les bornes de sa juridiction.
Il convient à l’ode sacrée, à l’ode héroïque, souvent à l’ode morale et philosophique, au dithyrambe, à la cantate, à la grande épopée, au poème héroïque, à la tragédie et à l’opéra.