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30. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VIII. Des Figures en général. »

C’est ainsi que Vulcain se prend pour le feu, Neptune pour la mer et les eaux en général, Mars pour la guerre, etc. […] Jamais ont-ils franchi, pour piller mes domaines, Et les mers et les monts qui séparent nos plaines ? […] Qui ne serait pas frappé, au premier coup d’œil, de l’espèce de grandeur que présente cette pensée de Pitcairn, au sujet de la Hollande conquise sur la mer ? […] Quel rapport entre les Dieux créant le monde, et les Belges opposant un rempart à la mer, et la repoussant dans ses limites ? […] J’entends déjà frémir les deux mers étonnées De voir leurs flots unis aux pieds des Pyrénées.

31. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — De Laprade Né en 1812 » pp. 576-582

Les souples moissonneurs, sur le chaume accroupis, Sont cachés tout entiers, comme un nageur sous l’onde ; Leur front noir reparaît parfois sur la mer blonde. […] J’ai passé une demi-heure à contempler cela, et à me figurer la mer, surface verte et bondissante. » Elle disait encore ailleurs : Le 9. — Premier jour des moissons. […] Pour peu que le vent souffle, ces épis, coulant l’un sur l’autre, font de loin l’effet des vagues ; le grand champ du nord est une mer jaune.

32. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre II. Des différentes Espèces de Style, et des Figures de Pensées. » pp. 238-278

« Quel plaisir d’être assis, à la pointe du jour, sur le bord de la mer ! […] Sur le bord de la mer, avant les premières lueurs de l’aurore, l’air est plus pur et plus frais : là, plus que partout ailleurs, il porte une nouvelle vie dans les sens, et régénère toutes les facultés de l’âme. […] Un lac épais et sulfureuxa, vaste comme une mer, prit la place de ces fertiles campagnes. […] Ils environnaient le char d’Amphitritec, traîné par des chevaux marins plus blancs que la neige, et qui fendant l’onde salée, laissaient loin derrière eux un vaste sillon dans la mer. […] La grotte de la Déesse était sur le penchant d’une colline : de-là on découvrait la mer quelquefois claire et unie comme une glace, quelquefois follement irritée contre les rochers où elle se brisait en mugissant, et élevant ses vagues comme des montagnes.

33. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXIII. des figures. — tropes d’invention et tropes d’usage  » pp. 323-338

Ainsi : Métonymies de la cause pour l’effet ou l’instrument : Bacchus, Cérès, pour vin et blé ; André Chénier a osé dire : Allez sonder les flancs du plus lointain Nérée… Une Cybèle neuve et cent mondes divers, Aux yeux de nos Jasons sortis du sein des mers ; Homère, pour la collection des œuvres de ce poëte ; Athalie, pour la tragédie dont cette reine est l’héroïne ; un Rubens, pour un tableau de Rubens ; Je l’ai vu cette nuit ce malheureux Sévère, La vengeance à la main… pour l’épée, instrument de vengeance. […] Quand Voltaire, à propos de la Saint-Barthélemy, va jusqu’à dire : Et des fleuves français les eaux ensanglantées Ne portaient que des morts aux mers épouvantées, l’idée que nous nous faisons de l’exécrable nuit de 1572 nous empêche de voir aucune exagération dans cette image exagérée. […] C’est le Pont-Euxin, la mer hospitalière, parce qu’elle était la plus orageuse de toutes les mers connues ; ce sont les Euménides, comme qui dirait les bienveillantes, pour les Furies.

34. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Chateaubriand, 1768-1848 » pp. 409-427

Ne voyons que le poëte, né au milieu des orages d’une révolution, rejeté par elle au delà des mers, y grandissant librement, en dehors de toute imitation, n’écoutant que la muse intérieure, et devenu, à l’école des malheurs publics et domestiques, l’éloquent interprète de tous les regrets et de toutes les espérances, l’instrument prédestiné d’une restauration littéraire, morale et religieuse. […] Nous étions assis sur quatre pierres rongées de mousse ; un torrent coulait à nos pieds ; le chevreuil paissait à quelque distance parmi les débris d’une tour, et le vent des mers sifflait sur la bruyère de Cona. […] Dans une savane, de l’autre côté de la rivière, la clarté de la lune dormait sans mouvement sur les gazons : des bouleaux agités par les brises, et dispersés çà et là, formaient des îles d’ombres flottantes sur cette mer immobile de lumière. […] Mais la grâce est toujours unie à la magnificence dans les scènes de la nature ; et, tandis que le courant du milieu entraîne vers la mer les débris des pins et des chênes, on voit, sur les deux courants latéraux, remonter, le long des rivages, des îles flottantes de pistia et de nénuphar, dont les roses jaunes s’élèvent comme de petits pavillons. […] sommes-nous aux mers de Délos, où nous voyons voguer une théorie ?

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