Cependant, comme la propriété et la beauté du langage sont susceptibles d’être perfectionnées, la connaissance des principes d’où ces qualités dépendent, des raisons qui rendent une figure ou une expression préférable à toute autre, ne peut manquer de nous être utile pour diriger notre choix, et pour apprécier avec justesse le mérite d’un écrivain. […] L’art des transitions, que Despréaux regardait comme le chef-d’œuvre de l’art d’écrire, est l’écueil des écrivains qui n’ont pas assez étudié et mûri leur sujet, ou qui manquent de la justesse et de la pénétration nécessaire pour saisir les rapports qui unissent les pensées.
Où le sang a manqué si la vertu l’acquiert, Où le sang l’a donné le vice aussi le perd.
En étudiant les caractères de la poésie, nous avons nommé des prosateurs auxquels il n’a manqué que d’écrire en vers pour être salués au premier rang des plus grands poëtes. […] Le xviiie siècle cite avec orgueil Voltaire et La Harpe ; le xixe ne manque pas de noms illustres après eux. […] Il est arrivé à Corneille de manquer à la précision par surabondance, à la manière des tragiques grecs : Trois sceptres à son trône attachés par mon bras, Parleront au lieu d’elle, et ne se tairont pas.
Délicat, élégant, poli, gracieux, il ne lui manque que la force comique, que les Romains désiraient en effet chez lui171.
6º Enfin, les tropes enrichissent une langue, en multipliant l’emploi et la signification d’un même terme, soit en l’unissant avec d’autres mots, auxquels il ne peut se joindre dans le sens propre ; soit en lui donnant une extension ou une ressemblance qui supplée aux termes qui manquent dans la langue.