Prenez les plus connus de nos gens de lettres actuels, et transportez-les dans le milieu où vivaient la-Bruyère chez le prince de Conti, Racine à Versailles, Voltaire à Ferney ; qu’ils respirent le même air, qu’ils soient accueillis et fêtés du même monde, vous verrez bien que ce n’est pas le talent qui manque et l’esprit qui a baissé.
Suppléer, est actif, suivant l’Académie, lorsqu’il signifie ajouter ce qui manque, fournir ce qu’il faut de surplus : = ce sac doit être de mille francs : vous suppléerez ce qu’il y aura de moins ; vous suppléerez le reste. […] Toujours redoutée, il ne lui manquait (à la France) que d’être aimée. […] Ainsi l’on dira bien : un honnête homme ne peut manquer à sa parole, sans se déshonorer, parce que l’infinitif déshonorer se rapporte à honnête homme, qui est le sujet.
Les asiles manquent à la foule des malheureux. […] Le voilà parti, et nous le voyons successivement en butte à plusieurs aventures malheureuses, dans lesquelles il manque à chaque instant de trouver la mort.
Le premier hémistiche est complet, mais, dans le second, le mot où manque de son compagnon, là ; « sans songer où, dans quel endroit, je vais, je me sauve là où je puis. » Mais, en vérité, toutes ces formes sont-elles autre chose que des idiotismes que l’on rencontre à chaque ligne et qui relèvent uniquement du génie de la langue ?
Avoir à dire signifie manquer de. « Il faisait parade d’un visage remarquable par de grandes plaies et par un œil qu’il avait à dire. » (Balzac.)