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36. (1867) Rhétorique nouvelle « Deuxième partie. L’éloquence du barreau » pp. 146-

Ces maîtres de la parole ont montré qu’ils excellaient dans l’art de remuer les passions, comme dans tous les autres arts où s’est exercé leur merveilleux génie. […] Devant de pareilles foules, un véritable orateur, à qui on eût laissé pleine carrière, eût été le maître des consciences ; il eût tenu dans ses mains la vie et la fortune de ses concitoyens ; il eût disposé de la justice. […] Tous les hommes distingués qui vinrent dans cette ville, depuis le consulat de Scévola jusqu’à la fin de la dictature de Sylla, furent ses maîtres : Phédrus, dont il fait tant d’éloges dans sa correspondance, Philon l’académicien, Molon le rhéteur, Diodote le géomètre, qui lui enseigna la dialectique. […] De là il passe en Asie, retrouve à Rhodes Apollonius Molon, son ancien maître, qui lui prédit ses grandes destinées. […] D’ailleurs le maître nous a révélé les secrets de son art.

37. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Nisard Né en 1806 » pp. 296-300

Aussi est-il un maître dans toute la force du mot : par l’accent et l’autorité de ses doctrines, nul n’est plus propre à diriger, à féconder sûrement les esprits ; nul ne forme plus sûrement le goût par la ferveur de ses convictions persuasives. […] Mais si, dans cet orgueil de la vie, il en est un qui, par désœuvrement ou par fatigue des plaisirs, ouvre le livre dédaigné, quelle n’est pas sa surprise en se retrouvant parmi ces animaux auxquels il s’était intéressé enfant, de reconnaître par sa propre réflexion, non plus sur la parole du maître ou du père, la ressemblance de leurs aventures avec la vie, et la vérité des leçons que le fabuliste en a tirées ! […] Unissons-nous tous, maîtres, élèves, parents, pour les conjurer.

38. (1862) Cours complet et gradué de versions latines adaptées à la méthode de M. Burnouf… à l’usage des classes de grammaire (sixième, cinquième, quatrième) pp. -368

Soit que les maîtres insistent, dans leurs corrections verbales, sur les paragraphes auxquels nos chiffres renvoient les traducteurs ; soit qu’ils obligent ces derniers à formuler par écrit les applications qu’ils en auront faites, ils exerceront le jugement de leurs classes, ils habitueront en même temps les esprits à cette précieuse netteté de raisonnement, qui distingue surtout l’auteur de la nouvelle méthode. […] Les maîtres des colléges de province, auxquels manquent, la plupart du temps, les ressources littéraires que la capitale fournit en abondance, et qui attendaient un recueil de cette nature, y trouveront, outre les matériaux dont ils ont besoin, un terme de comparaison, qui excitera, ce nous semble, la curiosité et l’émulation de leurs élèves. […] Les maîtres s’en passeront bien ; souvent d’ailleurs, elles seraient un peu compliquées, un certain nombre de ces matières étant extraites à la fois de plusieurs écrivains et de plusieurs ouvrages.

39. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXVI. des figures. — figures par mutation et inversion  » pp. 370-387

Jourdain : « Belle marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour. » Le maître de philosophie, après avoir retourné cette phrase de quatre ou cinq façons, lui dit bien que de toutes ces façons la meilleure est celle qu’il a employée tout du premier coup ; mais il ne lui dit pas pourquoi. […] « Seulement, ajoute-t-il, nous ne sommes pas les maîtres, nous autres auteurs, de tailler les mots et de les polir pour les lier convenablement ensemble ; nous sommes forcés de les prendre tels qu’ils sont et de leur choisir une bonne place ; et l’un des moyens les plus efficaces pour rendre la phrase nombreuse, gracieuse, énergique, c’est de savoir intervertir à propos l’ordre des mots, nec aliud potest sermonem facere numerosum quam opportuna ordinis mutatio 121. » Naturellement les langues transpositives se prêtent beaucoup mieux à ces inversions que les langues analogues. […] Les maîtres l’ont tenté, souvent avec bonheur, toujours avec science et réserve. D’autres sont venus ensuite, qui n’étaient pas des maîtres, et qui ont voulu aller plus loin. […] Le type, sous ce rapport, est l’auteur d’un roman fameux, il y a quelque trente ans, le Solitaire ; dans ce livre, comme dans le Renégat, dans la Mort et l’Amour, etc., du même écrivain, on trouve des constructions fabuleuses et des inversions que le maître même de M.

40. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « Étude littéraire et philologique sur la langue du XVIe siècle » pp. -

Ces éloquentes satires ne réussirent pas moins contre l’Italie que la Ménippée contre l’Espagne ; et les Alpes, comme les Pyrénées, virent bientôt battre en retraite ces étrangers qui voulaient être maîtres chez-nous. […] Et pourtant, bien que ces maîtres ne nous trompent pas, ils peuvent égarer aussi ceux qui, prenant la lettre pour l’esprit, et transformant les dieux en idoles, font dégénérer le culte en superstition. […] Sa raison, comme son humeur, alla donc par une sorte d’irrésistible entraînement vers les maîtres de toute poésie, de toute éloquence, de toute spéculation indépendante. […] Que serait-ce donc si nous pouvions analyser ici le style des maîtres, et goûter la saveur de leur plus pure substance ? […] Dans cette œuvre logique, les maîtres du grand siècle eurent une part de collaboration efficace.

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