et Fléchier, en parlant de la mort de Turenne : Des ruisseaux de larmes coulèrent des yeux de tous les habitants. […] L’obsécration ou déprécation est une figure par laquelle on a recours aux prières, aux larmes, pour obtenir une grâce ou détourner un malheur, en présentant à ceux qu’on veut fléchir les motifs les plus capables de les émouvoir et de les attendrir.
Les expositions du théâtre moderne sont généralement moins touchantes, mais elles n’en sont que plus adroites : car une des premières règles de l’art dramatique est que l’intérêt aille en croissant ; et, après une exposition qui arracherait des larmes ou qui saisirait de terreur, il serait difficile durant cinq actes, de graduer les situations. […] Mais pour un monde éclairé, cultivé, et doué d’organes sensibles, le plaisir de l’émotion dépend toujours des moyens qu’on emploie : aussi fera-t-il peu de cas d’un drame qui, avec l’imitation et l’expression triviale de la douleur et de la plainte, avec des objets pitoyables, avec des cris, des larmes, des sanglots, l’aura physiquement ému.
« Au milieu de son travail et de ses conseils, les joues du vieillard se mouillèrent de larmes, ses mains paternelles tremblèrent ; il embrassa son fils, mais, hélas !
L’orateur doit néanmoins présenter rapidement ces tristes images, car nos larmes se tarissent bientôt, surtout dans les peines d’autrui. […] Le père, présent à l’audience, oubliant son rôle, fondait en larmes. […] magistrats, écoutez la voix de la nature, voyez ces larmes, et jugez. » Nous ajouterons quelques autres noms à ceux de ces trois illustres avocats. […] Ainsi ils introduisaient non seulement l’accusé habillé de deuil, mais ils présentaient aux juges sa famille éplorée, ses jeunes enfants, et s’efforçaient d’émouvoir la pitié par leurs cris et leurs larmes. […] Que les larmes de vos auditeurs soient vos louanges.
Elle cherche les malheureux qu’elle pourra soulager, et lorsqu’après les avoir trouvés elle ne peut tarir la source de leurs larmes, elle prend sa part de leur douleur, elle pleure avec eux ; elle n’ignore pas que trop de soins peuvent paraître importuns, elle se repose dès qu’elle n’a plus l’espoir d’être utile. […] Le public ému versait plus de larmes à ces sortes de représentations qu’aux tragédies ; et ce fut bientôt une telle fureur, que l’on fut obligé de faire des lois qui défendirent aux sénateurs de se livrer à l’étude de la pantomime.