Ainsi notre âme aime à connaître et à voir, à se ressouvenir de ce qu’elle a vu et à en conclure par l’imagination ce qu’elle verra ; le désordre et la confusion laissent en elle un sentiment de fatigue et d’inanité, et c’est d’après cette constitution de notre intelligence que nous venons de demander l’unité de l’ensemble et l’enchaînement rationnel des idées. […] Il est des auteurs qui, emportés par une première fougue, ou s’abandonnant par intervalles aux écarts de leur imagination, laissent prendre soit aux idées qui s’offrent d’abord, soit à celles qui leur sourient davantage, un développement auquel le reste ne correspond pas. […] Arrière, sans doute, le compagnon de voyage qui ne me laisse pas respirer un moment, et marche à son but avec une roideur toujours inflexible ! mais en lui permettant les délassements et la curiosité, je n’admets pas qu’il s’écarte à tout propos de la route, qu’il s’arrête pour étudier ici une fleur, là une ruine, au point d’oublier le terme et de se laisser surprendre à la nuit. […] Peu content de laisser le gai et le sérieux, le tragique et le comique se mouvoir chacun dans sa sphère, il prétendit les mêler et les croiser sans cesse.
La méthode ou l’art nous enseigne comment on doit s’y prendre pour embrasser un sujet tout entier, et n’en laisser échapper aucune partie essentielle. […] Ce gentilhomme, qui le regardait toujours, ne le voit point tomber : le cheval l’emporte où il avait laissé le petit d’Elbeuf ; il était penché le nez sur l’arçon. […] Après la bataille d’Issus, il laisse fuir Darius, et ne s’occupe qu’à affermir et à régler ses conquêtes ; après la bataille d’Arbelles, il le suit de si près qu’il ne lui laisse aucune retraite dans son empire. […] C’est que vous laissez la cupidité régler chez vous le nécessaire. […] Ils croiront que je suis un méchant, un brutal, que je te laisse manquer de tout, que je le bats, que je l’assomme.
Avez-vous donc laissé toute votre sensibilité sur un théâtre ? […] Il faut toujours se préoccuper de faire sur l’esprit une impression finale plus marquée et de laisser un souvenir qui puisse être durable. […] Laissez-moi dans son temple adorer l’Éternel. […] Va-t’en, monstre exécrable ; Va, laisse-moi le soin de mon sort déplorable. […] Hélas quel miel jamais n’a laissé de dégoût.
Quoiqu’il n’y ait personne d’entièrement privé de cette heureuse faculté, tous ne la possèdent cependant pas au même degré ; dans les uns, le goût ne laisse échapper que de légères étincelles : les beautés les plus communes sont celles qui les affectent le plus agréablement ; encore n’en conservent-ils qu’une impression légère, une idée confuse : dans les autres, au contraire, le goût s’élève au discernement le plus fin, et sa délicatesse n’est pleinement satisfaite, que de ce genre de beauté qui ne laisse rien à désirer. […] Celui dont le goût est sur, ne s’en laisse jamais imposer par des beautés factices ; il a sans cesse devant les yeux la règle invariable du bon sens, qui doit le guider dans tout ce qu’il veut juger ; il apprécie exactement le mérite relatif des diverses beautés que lui offrent les ouvrages du génie ; il les classe avec ordre, assigne, autant qu’il est possible de le faire, les sources d’où elles tirent le pouvoir de nous charmer, et n’en est lui-même touché que précisément autant qu’il le doit être. […] Mais si la cause première de ces sensations est obscure pour nous, leur cause finale est généralement assez facile à saisir, et c’est une consolation : c’est le cas de remarquer ici l’idée sublime que les pouvoirs du goût et de l’imagination doivent nous laisser de la bienveillance du créateur.
Sur mon mauvais accent, ils m’ont laissé aller. […] coquins, je vous apprendrai à laisser M. […] Laissons cela. […] Non, laissons cela. […] voulez-vous donc qu’on vous laisse errer ?