C’est le plus sûr moyen d’en faire sentir la vraie justesse, l’importante nécessité, les grands avantages qu’en retire le génie ; de former même le jugement et le goût de ceux à qui il donne ses leçons. […] C’est ce que l’on doit discerner avec finesse ; et ce discernement est l’effet d’un jugement droit, d’un goût pur et sain, qui suppose toujours de grandes connaissances, mais que ces connaissances ne supposent pas toujours. […] Si ce dernier ouvrage se trouvait réellement peu digne des suffrages des connaisseurs, on pourrait bien alors dire au critique : Voilà de vos arrêts, messieurs les gens de goût. […] Je crois devoir indiquer ici aux jeunes gens qui ont du goût pour les belles-lettres latines, le guide le plus sûr qu’ils puissent choisir pour cette étude : c’est le Ratio discendi et docendi du P.
Le goût est pour lui une sorte de conscience morale, et ses jugements nous font comprendre les relations nécessaires qui unissent le bien dire au bien penser. […] M. de Sacy a dit ailleurs : « Le goût des livres, quand il n’est pas la passion d’une âme honnête, élevée délicate, est le plus vain et le plus puéril de tous les goûts.
C’est que la nature leur a donné du goût et du sentiment pour l’harmonie. […] On commence à faire de petites glaces dans le goût de Venise. […] Rien ne doit échapper à la promptitude du discernement ; et c’est encore une ressemblance de ce goût intellectuel, de ce goût des arts, avec le goût sensuel : car le gourmet sent et reconnaît promptement le mélange de deux liqueurs ; l’homme de goût, le connaisseur, verra d’un coup d’œil prompt le mélange de deux styles, il verra un défaut à côté d’un agrément. […] Mais le goût intellectuel demande plus de temps pour se former. […] C’est la fantaisie plutôt que le goût qui produit tant de modes nouvelles.
Vous me demandez des conseils ; il ne vous en faut point d’autre que votre goût. L’étude que vous avez faite de la langue italienne doit encore fortifier ce goût avec lequel vous êtes née, et que personne ne peut donner. […] On n’a de maître que son plaisir et son goût. […] Rapprochez ce passage de Fénelon : « Le goût exquis craint le trop en tout, sans en excepter l’esprit même. […] Voltaire, comme au plupart des vieillards, croyait, volontiers à la fin du monde c’est-à-dire se lamentait souvent sur la décadence du goût, de l’esprit et des arts.
Ainsi, les mêmes fruits ont dans chaque climat une saveur particulière ; c’est le goût du terroir, dont un habile connaisseur saisit toutes les nuances. […] Relisez cette belle description du cheval : C’est partout une harmonie soutenue, un choix d’expressions où préside le goût le plus pur. […] C’est le goût qui doit guider ici comme partout ; et le goût, ainsi que le sentiment de l’harmonie, s’acquiert par l’étude des bons modèles. […] Si la périphrase vient au secours d’un goût délicat, il ne faut pourtant pas trop éviter le mot propre : on risquerait de tomber dans l’affectation. […] Les transitions varient autant que les genres et les circonstances : c’est la nécessité qui les amène, et le goût qui les choisit.