/ 295
46. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

Des ruines c’est le génie Qui prend les rênes d’Attila ! […] Seul ainsi avec son génie, il attaquait le despotisme qu’il avait juré de détruire. […] La nouvelle France apparut belle et forte de son unité, et chacun de ses enfants s’élança dans la carrière, certain de s’avancer aussi loin que le porterait son génie. […] Mais ce géant ne liait pas ses destinées à celles de ses contemporains ; son génie appartenait à l’âge moderne et son ambition était des vieux jours. […] Lorsque ce siècle aura réglé sa curiosité et tempéré sa fougue, personne ne peut prévoir sa grandeur, comme rien ne peut arrêter son génie.

47. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVI. des qualités essentielles du style. — clarté, pureté  » pp. 217-229

Or c’est là un des caractères du génie français. […] La mobilité d’imagination et la paresse de jugement, également naturelles à l’homme, ont fait passer, souvent à l’insu de sa volonté, les modifications spontanées ou les altérations successives du langage à l’état d’habitude, et cette habitude, une fois enracinée dans les esprits, est devenue ce qu’on appelle le génie de la langue, c’est-à-dire cette collection d’idiotismes, ces procédés de lexilégie et de construction qui distinguent une langue des autres et lui impriment un cachet particulier. Plus souvent qu’on ne pense, les phénomènes du génie de la langue sont d’accord avec la raison universelle ; mais qu’ils se plient ou résistent à l’analyse, ne les admettez que quand l’usage ou l’autorité les justifie. […] Ecrire purement, c’est donc observer les règles de la grammaire générale, c’est-à-dire de la raison universelle, et surtout celles de la grammaire spéciale, c’est-à-dire du génie de la langue fixé par l’usage ou par l’autorité ; je dis surtout, car, quand il y a lutte entre les deux grammaires, c’est toujours la seconde qui doit triompher. […] Non-seulement le purisme glace toute espèce d’élan, et donne au style une roideur pédantesque, mais souvent il s’oppose au vrai génie de la langue.

48. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Montesquieu. (1689-1755.) » pp. 130-139

Après un livre frivole, où des parties sérieuses portaient l’empreinte des on génie, il s’est immortalisé par plusieurs productions, entre lesquelles se distingue l’Esprit des Lois. […] Il en trouva les premiers moyens dans la grandeur de son génie ; les seconds, dans sa frugalité et son économie particulière ; les troisièmes, dans son immense prodigalité pour les grandes choses. […] Parmi les auteurs qui ont dignement parlé de Montesquieu, on signalera Châteaubriand, Génie du Christianisme, IIIe partie, l. […] Walckenaer : « Seul il eût suffi à la gloire de cet écrivain, et il a donné seul la mesure de la force et de la grandeur de son génie. » Voici en quels termes Rivarol, ce grand improvisateur, a parlé aussi de Montesquieu (voy. la Revue des deux mondes, 1er juin 1849) : « Son regard d’aigle pénètre à fond les objets, et les traverse en y jetant la lumière. Toute autre lecture languit auprès de celle d’un si ferme et si lumineux génie, et je n’ouvre jamais l’Esprit des lois que je n’y puise ou de nouvelles idées ou de hautes leçons de style. » Ajoutons qu’un honneur solide de l’auteur fut de montrer, à une époque égarée par de faux systèmes, que le culte de la philosophie n’avait rien d’inconciliable avec le respect de la religion.

49. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « Introduction » pp. -

Bornons-nous à l’indispensable, et indiquons sommairement les lois qui présidèrent à la formation du vocabulaire primitif que le latin nous a transmis, et que nous avons accommodé à notre génie. […] C’est donc par la poésie que se révèle le génie de notre race, si éminemment douée pour la prose. […] Nous la trouverons enfin dans le génie heureux de Villon (1431-1484), cet initiateur d’une inspiration cordiale, humaine, sincère et toute moderne. […] De beaux génies y puisèrent l’inspiration. […] Outre que les événements suivent un cours irrésistible, gardons-nous de dire que l’indépendance de notre génie national en a souffert, et que les servitudes de l’imitation ont compromis le libre développement de nos instincts natifs.

50. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre II. Des petits Poèmes. »

Elle est, à mon avis, la plus propre à nous faire connaître le vrai génie de ce charmant fabuliste. […] La sensibilité de l’âme doit être aidée d’un génie facile, qui donne une certaine élévation et une certaine délicatesse à ce poète. […] La description de cette guerre, qui paraît d’abord un hors-d’œuvre, est un effet de l’enthousiasme, et la production du vrai génie. […] Né, en 1555, dans un siècle qui sortait à peine de la barbarie, il connut le premier le génie de notre langue, et fut, parmi nous, le père de la haute poésie. […] On y trouve encore toute la chaleur du génie, et un enthousiasme vraiment lyrique, qu’il sut toujours plier avec art aux règles du bon goût et de la raison.

/ 295