L’insinuation, parce qu’il avait à ménager, soit dans le sénat, soit devant le peuple, soit dans les tribunaux, une foule de convenances étrangères à Démosthène : l’ornement, parce que la politesse du style était une sorte d’attrait qui se faisait sentir plus vivement à Rome, à mesure que tous les arts du goût et du luxe y étaient plus accrédités. […] Mais, persuadé que, si je le condamnois à la mort qu’il n’avait que trop méritée, avant que vous eussiez tous la conviction de son crime, je soulevais contre moi une foule de gens intéressés à m’empêcher de poursuivre ses complices, j’ai voulu amener les choses au point que vous pussiez combattre un ennemi ouvertement déclaré ». […] Il me serait facile de citer une foule de rois et de peuples que le ressentiment ou une pitié mal entendue ont entraînés dans de fausses démarches ; mais je choisis de préférence les exemples où nos ancêtres ont su triompher de leurs propres penchants, pour n’écouter et ne suivre que la voix de la raison.
Une foule d’objets terribles sont en effet sublimes, et l’idée de la grandeur n’exclut pas celle dit danger.
Aussi des débris épars de la tyrannie qui venait de succomber, vit-on se former, sur tous les points de l’Europe, une foule de petits états, tous gouvernés par de petits despotes, uniquement occupés du soin de se détruire mutuellement, et d’opprimer des peuples devenus assez stupides pour ne pas même s’apercevoir qu’ils avaient changé de joug et de maître.
Voici deux exemples très beaux de cette figure : Sitôt que de ce jour La trompette sacrée annonçait le retour, Du temple, orné partout de festons magnifiques, Le peuple saint en foule inondait les portiques. […] Cette figure fait tourner à la gloire de l’orateur ou de l’écrivain toutes les pensées qu’il n’exprime pas, et qui naissent en foule dans l’esprit de ceux qui l’écoutent ou le lisent ; mais elle doit être employée avec sobriété, et amenée par la violence de la passion, par l’impétuosité du sentiment, ou par un motif de respect ou de bienveillance. […] — Mais j’ai des biens en foule, et je puis m’en passer. […] C’est de ce genre d’harmonie que Longin entend parler, dans le passage suivant : L’harmonie du discours ne frappe pas seulement l’oreille, mais l’esprit ; elle y réveille une foule d’idées, de sentiments, d’images, et parle de près à notre âme par le rapport des sons avec les pensées. […] L’ordre grammatical qui veut le substantif avant l’adjectif, le sujet avant le verbe, n’est pas observé ; mais outre que la suspension légère produite par l’inversion fait sortir de la foule les mots les plus frappants, elle donne encore à la phrase un ton plus vif, comme on peut le voir en la comparant à la construction ordinaire.
L’Écriture, ainsi que la poésie profane, nous offre une foule d’exemples en ce genre. […] Homère, Virgile et les grands écrivains français nous offrent une foule de tableaux de la dernière vigueur et de la plus grande vérité. […] Il faut donc admettre toutes les circonstances nécessaires ou utiles au sujet, tous les détails intéressants ; mais rejeter toutes les particularités qui ne vont pas droit au but qu’on se propose, tous les incidents superflus, et ne pas noyer dans une foule d’expressions ce qui peut être renfermé dans quelques mots, d’après ce principe : Soyez vif et pressé dans vos narrations. […] Où courent ces guerriers Dont la foule à longs flots roule et se précipite ? […] Il s’avance aux pieds des aigles, le silence règne parmi la foule ; Eudore prend la coupe, les évêques se voilent la tête de leurs robes, les confesseurs poussent un cri, la coupe tombe des mains d’Eudore ; il renverse les aigles, et se tournant vers les martyrs, il dit : Je suis chrétien !