Ils y courent en foule, et, jaloux l’un de l’autre, Désertent leur pays pour inonder le nôtre.
En dramatisant ainsi la religion, d’ailleurs, le clergé avait un double but : instruire une foule grossière, en présentant à ses yeux ce que son intelligence eût dédaigné ; diriger vers les choses saintes le goût des représentations païennes, qui était resté très vif chez nos pères et se traduisait tous les ans, à l’époque des saturnales antiques, par une invasion fort irrespectueuse de l’église, comme dans la fête des sous-diacres et dans celle des fous. […] Il y est dit « que notre langue, déjà plus parfaite que pas une des autres vivantes, pourrait bien enfin succéder à la latine, comme la latine succéda à la grecque, si on prenait plus de soin qu’on n’avait fait jusqu’ici de l’élocution ; » qu’il fallait donc tirer du nombre des langues barbares cette langue que nous parlons, et que, pour cela, les académiciens devraient s’appliquer « à la nettoyer des ordures qu’elle avait contractées, ou dans la bouche du peuple, ou dans la foule du palais, ou par les mauvais usages des courtisans ignorants, ou par l’abus de ceux qui la corrompent en récrivant, etc. » Cette tâche difficile et glorieuse, l’Académie sut la mener à bien. […] Nous ne saurions donc admettre que la critique ait pour effet d’affaiblir l’émotion que les œuvres de l’art nous communiquent ; car, ce serait mettre l’admiration confuse, vague, inconsciente de la foule, qui devine et sent le beau bien plutôt qu’elle ne peut le voir ou le comprendre, au-dessus de l’admiration éclairée et motivée des connaisseurs ; et si telle est l’opinion de La Bruyère, s’il croit, comme Rousseau le dira plus tard, que « dès que l’homme commence à raisonner, il cesse de sentir », nous ne pouvons que nous inscrire en faux contre l’arrêt sévère par lequel il semble condamner la critique. […] On affirme qu’une foule de gens se trouvaient encore à la porte quand on a commencé, et qu’on n’a pu leur trouver aucune place.
Ainsi il y a une faute dans ces vers de Voltaire : Leur orgueil foule aux pieds l’orgueil du diadème : Ils ont brisé le joug, pour l’imposer eux-même. […] Ainsi il y a une faute dans cette phrase de Voltaire : une foule d’écrivains occidentaux a prétendu que les Mahométans niaient la providence .
Cette accumulation d’une foule d’idées en un petit nombre de mots est de nature à saisir vivement l’esprit, et à produire sur l’âme une impression profonde.
Mais il l’a défigurée par une foule d’oracles menteurs et de contes puérils : c’est ce qui lui a fait donner aussi le nom de Père du mensonge.