/ 201
103. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre IV. Du genre dramatique. » pp. 252-332

On vit sur le théâtre les plus grands intérêts du cœur humain combinés et mis en balance, les caractères opposés et développés l’un par l’autre, les penchants divers combattus et s’irritant contre les obstacles, l’homme aux prises avec la fortune, la vertu couronnée au bord du tombeau, et le crime précipité du faîte du bonheur dans un abîme de calamités. […] La fortune des personnages intéressés dans l’intrigue est, durant le cours de l’action, comme un vaisseau battu par la tempête : on le vaisseau fait naufrage, ou il arrive au port : voilà le dénouement. […] Il ne faut point de longs discours, de froide raisonnements, de vain étalage d’esprit ou de génie, au milieu de ces événements imposants et tragiques qui terminent les grandes révolutions de la fortune et de la vie humaine : c’est là, plus qu’ailleurs, que le poète doit se montrer simple, grave, pathétique, et ne parler que le langage de la nature. […] Le dénoûment peut se faire de deux manières : par reconnaissance, lorsqu’un personnage, ou ne se connaît pas lui-même, ou ne connaît pas celui avec lequel il se trouve ; ou par péripétie, mot qui signifie révolution, lorsqu’il se produit un changement soudain de fortune. […] L’épopée demande que le passage d’un état de fortune à l’autre, ou, si l’on veut, de la cause à l’effet, soit progressif et assez lent pour donner aux incidents le temps de se développer.

104. (1883) Poétique et Rhétorique (trad. Ruelle)

Mais, généralement, les avantages qui nous viennent de la fortune sont de nature à provoquer l’envie. […] Maintenant, discourons sur les mœurs et voyons dans quels divers états d’esprit on se trouve suivant les passions, les habitudes, les âges et la bonne ou mauvaise fortune. […] J’appelle « fortune » : la noblesse, la richesse, les facultés, leurs contraires et, généralement, le bonheur et le malheur. […] Parlons maintenant des biens procurés par la fortune ; voyons quelle influence ils exercent sur les mœurs des hommes qui en sont pourvus, II. […] Nous avons parlé des mœurs dans leurs rapports avec l’âge et avec la fortune.

105. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Mignet Né en 1796 » pp. 261-264

C’est par là, en effet, qu’elle montre les fautes suivies de leurs inévitables châtiments, les desseins longuement préparés et sagement accomplis, couronnés de succès infaillibles ; c’est par là qu’elle élève l’âme au récit des choses mémorables, qu’elle fait servir les grands hommes à en former d’autres, qu’elle communique aux générations vivantes l’expérience acquise aux dépens des générations éteintes, qu’elle expose dans ce qui arrive la part de la fortune et celle de l’homme, c’est-à-dire l’action des lois générales et les limites des volontés particulières ; en un mot, monsieur, c’est par là que, devenue, comme vous le désirez, une science avec une méthode exacte et un but moral, elle peut avoir la haute ambition d’expliquer la conduite des peuples et d’éclairer la marche du genre humain 1.

106. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre II. — Division de la rhétorique : Invention, Disposition, Élocution »

Ce n’est pas qu’il manquât de génie : ses lumières égalaient son courage ; mais il n’avait jamais été instruit par la mauvaise fortune ; ses maîtres avaient empoisonné par la flatterie son beau naturel. […] La Fontaine, dans Philémon et Baucis, voulant prouver que ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux, met en opposition le sort de l’ambitieux et celui du sage : Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux : Ces deux divinités n’accordent à nos vœux Que des biens peu certains, qu’un plaisir peu tranquille ; Des soucis dévorants c’est l’éternel asile, Véritables vautours que le fils de Japet Représente, enchaîné sur son triste sommet, L’humble toit est exempt d’un tribut si funeste, Le sage y vit en paix et méprise le reste ; Content de ces douceurs errant parmi les bois, Il regarde à ses pieds les favoris des rois ; Il lit au front de ceux qu’un vain luxe environne Que la fortune vend ce qu’on croit qu’elle donne. […] 10° Dévouement Le Dévouement est un mouvement de l’âme qui nous fait tout sacrifier, fortune, honneurs, notre vie même, au bien de nos parents, de nos amis, de nos concitoyens et de l’humanité en général.

107. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « Étude littéraire et philologique sur la langue du XVIe siècle » pp. -

Nisard, de ressembler « à ces nouveaux enrichis qui couvent leurs trésors, et sont possédés par leur fortune, au lieu de la posséder ». […] Allons plutôt à cette classe d’adjectifs composés, qui auraient eu meilleure fortune s’ils ne s’étaient produits que sous le patronage de Montaigne, comme doux fleurant, qui eut bien autant de droit à survivre que clairvoyant et ses semblables. […] Elle ne sera donc jamais fixée définitivement, n’en déplaise aux doléances d’un goût trop exigeant qui n’accepte, dans la fortune littéraire d’une nation, qu’un siècle, et dans ce siècle, qu’un petit nombre d’élus.

/ 201