Dans son premier volume (quoique chaque volume soit indépendant et forme un tout complet), intitulé le Style, l’auteur expose les principes généraux de l’art d’écrire, principes qui sont communs à tous les genres de compositions littéraires.
Mignet sait allier le talent de composer et d’écrire, l’ordre, la gravité soutenue, le relief de l’expression, l’éclat de la forme, une tenue un peu puritaine, mais noble, et qui communique à tous ses écrits un caractère de longue durée.
Voltaire écrivait dans une lettre à un académicien : « Le stoïcisme ne nous a donné qu’un Épictète, et la philosophie chrétienne forme des milliers d’Épictète qui ne savent pas qu’ils le sont, et dont la vertu est poussée jusqu’à ignorer leur vertu même.
Après avoir recueilli les faits intéressants et vrais, dont l’historien doit composer son ouvrage, il les mettra dans l’ordre et l’arrangement les plus convenables : c’est en quoi consiste la forme de l’histoire. […] Dans l’Histoire de l’Académie française par Pellisson, et continuée par l’abbé d’Olivet, on voit comment ce corps littéraire s’est établi ; quels sont ses statuts, les lieux, les jours et la forme de ses assemblées ; ce qui s’y est passé de remarquable ; ce qu’il a fait depuis son institution, et quels sont ceux de ses membres qui se sont le plus distingués.
De plus, il y a eu des pays où les mœurs, la forme du gouvernement et les études ont été plus convenables que celles des autres pays pour faciliter le progrès de la poésie2. […] La lumière grise et terne ou brillante et dorée, le ciel habituellement serein ou orageux, l’aspect riant ou âpre du sol, les formes des plantes, leurs couleurs, toutes ces choses et mille autres encore réagissent sur l’art, contrastent ou s’harmonisent avec ses monuments, en accroissent l’effet ou l’altèrent.