L’accent est la modification du son qui résulte de l’émotion même du lecteur ; il est la conséquence naturelle des sentiments et des dispositions de l’âme. […] Tant de parties si bien arrangées et si propres aux usages pour lesquels elles sont faites : la disposition des valvules, le battement du cœur et des artères, la délicatesse des parties du cerveau et la variété de ses mouvements, d’où dépendent tous les autres, la distribution du sang et des esprits, les effets différents de la respiration, qui ont un si grand usage dans les corps ; tout cela est d’une économie, et, s’il est permis d’user de ce mot, d’une mécanique si admirable, qu’on ne la peut voir sans ravissement, ni assez admirer la sagesse qui en a établi les règles.
Nous y allons pour être émus par la représentation vive de ces sentiments de l’âme, et quelque habileté que le poète ait déployée dans la disposition de son sujet, quelque morales que puissent être ses intentions, quoique élégance qu’il ait mise dans son style, s’il échoue dans la peinture des passions, tout son mérite est perdu ; sa pièce nous laisse froids et mécontents.
Dans la disposition des morceaux, nous n’avons apporté d’autre ordre que celui qui semblait indiqué par la nature des idées, selon que leur simplicité et leur clarté plus parfaites les rendaient plus faciles à saisir. […] C’était la disposition du parlement, dont la plupart au commencement n’avaient point d’amour pour les nouveautés ; mais parce que l’expérience des affaires du monde leur manquait, ils étaient bien aises d’être commis pour régler des abus qui s’étaient glissés dans l’administration de l’État, et de se voir médiateurs entre la cour et le peuple. […] Rien n’accuse davantage une extrême faiblesse d’esprit que de ne pas connaître quel est le malheur d’un homme sans Dieu ; rien ne marque davantage une mauvaise disposition du cœur que de ne pas souhaiter la vérité des promesses éternelles ; rien n’est plus lâche que de faire le brave contre Dieu90. […] Si ce quelque chose n’est pas Dieu, qu’on me dise ce que c’est… En un mot, je pense ; donc Dieu existe254 : car ce qui pense en moi, je ne le dois point à moi-même, parce qu’il n’a pas plus dépendu de moi de me le donner une première fois qu’il dépend encore de moi de me le conserver un seul instant ; je ne le dois point à un être qui soit au-dessus de moi, et qui soit matière, puisqu’il est impossible que la matière soit au-dessus de ce qui pense : je le dois donc à un être qui est au-dessus de moi et qui n’est point matière ; et c’est Dieu… Je ne sais point si le chien choisit, s’il se ressouvient, s’il affectionne, s’il craint, s’il imagine, s’il pense : quand donc l’on me dit que toutes ces choses ne sont en lui ni passion ni sentiment, mais l’effet naturel et nécessaire de la disposition de sa machine préparée par le divers arrangement des parties de la matière255, je puis au moins acquiescer à cette doctrine.
Il est donc bon, selon nous, que l’élève, en même temps qu’il explique ces textes qui le déroutent un peu et le mènent à l’aventure, en ait à sa disposition un autre qui le conduise comme par la main, et dans lequel il retrouve jour par jour l’enseignement de sa classe.
Il ne se réglait point sur la disposition actuelle des choses, mais sur un certain modèle qu’il avait pris : encore le suivit-il très mal.