Il y a, en effet, dans l’homme, un sentiment inné qui le pousse incessamment à sortir de la réalité ; poursuivi par un impérieux désir de bonheur, les biens terrestres ne peuvent combler le vide de son cœur.
« Le désir qui t’enflamme à présent de connaître Le sens de ce qu’ici tu viens de voir paraître, Plus il gonfle ton cœur, d’autant mieux il me plaît, Mais avant d’apaiser la soif qui te consume Il te faudra goûter de cette eau sans écume. ». […] Use de sa bienveillance Et lui donne ce plaisir, Qu’elle suive ta vaillance À quelque nouveau désir. […] Charmante Paix, délices de la terre, Fille du ciel, et mère des plaisirs, Tu reviens combler nos désirs ; Tu bannis la terreur et les tristes soupirs, Malheureux enfants de la guerre. […] Le Bonheur des champs Heureux qui, loin du bruit, sans projets, sans affaires, Cultive de ses mains ses champs héréditaires ; Qui, libre de désirs, de soins ambitieux, Garde les simples mœurs de nos sages aïeux ! […] L’ambition déplaît quand elle est assouvie, D’une contraire ardeur son ardeur est suivie ; Et comme notre esprit, jusqu’au dernier soupir, Toujours vers quelque objet pousse quelque désir, Il se ramène en soi, n’ayant plus où se prendre, Et, monté sur le faite, il aspire à descendre.
En un mot l’exorde est défectueux toutes les fois qu’il ne réussit pas à préparer les esprits, en leur inspirant la bienveillance, le désir de se laisser instruire, le besoin de nous écouter. […] Votre but est de vous rendre croyable ; or, n’est-ce pas s’éloigner de ce but que de paraître seulement occupé du désir de briller ? […] Ce grand roi que la victoire avait suivi dès le berceau, et qui comptait ses prospérités par les jours de son règne ; cc roi dont les entreprises toutes seules annonçaient toujours le succès, et qui, jusque-là, n’ayant jamais trouvé d’obstacles, n’avait eu qu’à se défier de ses propres désirs ; ce roi dont tant d’éloges et de trophées publics avaient immortalisé les conquêtes, et qui n’avait jamais eu à craindre que les écueils qui naissent du sein même de la louange et de la gloire ; ce roi, si longtemps maître des événements, les voit, par une révolution subite, tous tournés contre lui. […] Il fait un dénombrement imparfait, car il, oublie que l’homme peut demander le bonheur à la pratique du devoir, à la modération dans les désirs, à la sagesse, à la vertu.
Voilà, dit-on, ce que c’est que l’homme ; et celui qui le dit, c’est un homme ; et cet homme ne s’applique rien, oublieux de sa destinée ; ou s’il passe dans son esprit quelque désir volage de s’y préparer, il dissipe bientôt ces noires idées : et je puis dire que les mortels n’ont pas moins soin d’ensevelir, les pensées de la mort, que d’enterrer les morts eux-mêmes ».
Contente ton désir puisqu’il t’est glorieux ; Offense-toi des pleurs qui coulent de mes yeux.