En passant par son imagination, elles ont reçu, pour ainsi dire, une nouvelle création, et ont pris la couleur de son style. […] Ce que fait le peintre par les couleurs, l’orateur le fait par l’élocution.
Si vous voulez toucher le cœur, parlez à la partie sensible de l’âme humaine, peignez les objets réels de manière que l’auditeur croie les voir de ses propres yeux, et s’il s’agit de raisonnements ou d’idées, que tout prenne dans votre bouche un corps, une âme, un visage et de brillantes couleurs. […] Efforcez-vous d’orner le style à la manière de Bossuet ; empruntez à l’imagination les couleurs qu’elle fournit d’elle-même, appliquez-les à grands coups de pinceau, et surtout tenez-vous en garde contre les antithèses, les jeux de mots et autres figures banales et rebattues qui se trouvent partout. […] Il n’y a plus d’ombre pour faire briller les couleurs, et on a si bien tout relevé qu’il n’y a rien de saillant. […] L’éloge est une couronne ; ornez-la de fleurs et même de diamants, si vous le pouvez ; mais que tout ne soit pas également riche et fleuri : il faut des ombres pour faire mieux paraître les couleurs du tableau. […] C’est au juge de chercher la vérité, mais c’est à l’avocat de la montrer ; il est un faussaire s’il la déguise, un fourbe s’il donne au mensonge des couleurs capables de tromper et de séduire.
C’est Caton l’ancien qui le cite, dans ce petit traité si précieux, si philosophique, où la vieillesse est peinte de couleurs si aimables et si intéressantes !
La comédie en se servant du ridicule, doit se garder de jamais abuser de cette arme terrible pour attaquer les personnes ou les choses dignes de respect, et encore moins pour les représenter sous une couleur fausse ; la malignité publique aime à se repaître-du mal et à tout critiquer, même le bien ; l’auteur qui flatte ce penchant est coupable.
Tout est découverte pour lui, chaque essai de ses forces lui donne une jouissance : l’univers en mouvement claie à ses yeux, surpris le mélange des couleurs les plus riches et les plus variées.