/ 177
88. (1873) Principes de rhétorique française

Ce que je demande, c’est un naturel assoupli, dompté par la culture, comme un champ sur lequel on fait passer et repasser plusieurs fois la charrue pour lui faire produire une récolte plus belle et plus abondante. […] La Fontaine éveille l’amour du calme des champs quand il dit : Je voudrais inspirer l’amour de la retraite, Elle offre à ses amants des biens sans embarras, Biens purs, présents du ciel qui naissent sous les pas. […] que j’aime bien mieux cet autour plein d’adresse Qui sans faire d’abord de si haute promesse, Me dit d’un ton aisé, doux, simple, harmonieux : Je chante tes combats et cet homme pieux Qui des bords phrygiens conduit dans l’Ausonie, Aborda le premier les champs de Lavinie. […] Bossuet dans le style élevé fait un bel et touchant emploi de l’incise : Madame a passé du matin au soir, ainsi que l’herbe des champs ; le matin elle fleurissait, avec quelles grâces ! […] Que penser d’un poëte qui, à propos du mouvement d’une fête des champs trouve de pareils vers : Les arbres à leur tour prennent part à la fête, Ne le pouvant des pieds, ils dansent de la tête.

89. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Origine et principe des beaux-arts »

Si le versificateur décrit un objet avec cet art, ce coloris qui nous fait prendre l’image de l’objet pour l’objet même ; si, par exemple, en nous traçant les agréments de la campagne, il nous en fait une description si vive et si animée, que nous croyions être transportés au milieu des champs, voir de nos propres yeux les beautés que la nature y étale, et partager même, avec ceux qui les habitent, les plaisirs purs qu’ils y goûtent, ce versificateur sera vraiment poète.

90. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gresset. (1709-1777.) » pp. 291-296

Son horizon était sans doute restreint ; mais si le champ de sa pensée n’était pas très-vaste, il pouvait s’y jouer du moins avec beaucoup de facilité et de grâce.

91. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Descartes, 1596-1650 » pp. 9-14

Quelque accomplie que puisse être une maison des champs, il y manque toujours une infinité de commodités qui ne se trouvent que dans les villes ; et la solitude même qu’on y espère ne s’y renccontre jamais toute parfaite.

92. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

Le champ de l’éloquence est sans limites. […] On ne voit point régner à la campagne les débauches, les vices et tous ces désordres s si communs dans nos villes : il semble que le séjour des champs soit l’asile de la simplicité et des mœurs. » Il y a des sujets, des pièces de vers qui demandent, du début à la fin, un style simple : le goût consiste à ne pas s’y méprendre. […] iv, sc. 2) : Ces végétaux puissants qu’en Perse on voit éclore, Bienfaits nés, dans ses champs, de l’astre qu’elle adore. […] L’impie Achab détruit et de son sang trempé Le champ que par le meurtre il avait usurpé ? Près de ce champ fatal, Jésabel immolée, Sous les pieds des chevaux cette reine foulée, Dans son sang inhumain les chiens désaltérés Et de son corps hideux les membres déchirés ?

/ 177