Le lien qui les unit est donc bien fragile et tout l’art des chefs est employé à le renouer sans cesse. […] Il ne condamne pas les gratifications ; il n’en est ni l’adversaire ni le partisan ; il ne veut ni flatter les riches en s’y opposant ni se faire bien venir des pauvres en les appuyant ; ce qu’il demande (et il supplie ses auditeurs de ne pas l’interrompre avant de l’avoir entendu), ce qu’il demande, c’est que ces largesses ne soient pas perdues pour l’État, c’est qu’elles cessent d’être la prime de l’oisiveté, c’est qu’elles deviennent le salaire de services rendus à la cause publique12. […] « Athéniens, dit Démosthène, vous délibérez quand il faudrait agir, » et comme il est plein de cette pensée amère, il ne peut la contenir, elle remonte sans cesse de son cœur à ses lèvres. […] L’éloquence sans principes cesse d’être un art utile ; elle devient un jeu d’esprit, et la tribune une sorte de théâtre où les plus habiles luttent entre eux pour le pouvoir, comme les acteurs pour les applaudissements.
L’action doit eu être tantôt vive, animée, et tantôt tranquille ; tantôt même cesser absolument, lorsque le discours est calme, ou dans l’extrémité contraire, lorsque la passion est portée au plus haut point.
« Nous mourons tous », disait cette femme dont l’Ecriture a loué la prudence au second livre des Rois3 , « et nous allons sans cesse au tombeau, ainsi que des eaux qui se perdent sans retour. » En effet, nous ressemblons tous à des eaux courantes. […] Leurs années se poussent successivement comme des flots : ils ne cessent de s’écouler, tant qu’enfin, après avoir fait un peu plus de bruit et traversé un peu plus de pays les uns que les autres, ils vont tous ensemble se confondre dans un abîme où l’on ne reconnaît plus ni princes, ni rois, ni toutes ces autres qualités superbes qui distinguent les hommes ; de même que ces fleuves tant vantés demeurent sans nom et sans gloire, mêlés dans l’Océan avec les rivières les plus inconnues… Mais voyons ce dernier combat1, en nous affermissant toutefois, pour ne point déshonorer par nos larmes une si belle victoire.
Monsieur, puisque vous le voulez, je vous dirai franchement qu’on se moque partout de vous, qu’on nous jette de tous côtés cent brocards3 à votre sujet, et que l’on n’est point plus ravi que de faire sans cesse des contes de votre lésine4. […] Molière dit ailleurs d’un faux bel esprit : Il est guindé sans cesse, et dans tous ses propos On voit qu’il se travaille à dire de bons mots, Depuis que dans la tête il s’est mis d’être habile, Rien ne touche son goût tant il est difficile.
Quand, faible et menacée, il fallait qu’au début Elle vainquît sans cesse au prix de son salut, Alors, il était bon qu’une forte puissance Aux insubordonnés2 apprît l’obéissance, Et, pour mieux faire face au péril imminent, Doublât la résistance en la disciplinant3. […] Il fallait être sans cesse sous les armes.