Préface Ce choix de morceaux destinés à être lus, médités et appris par cœur vient après mille autres excellents recueils qui l’ont préparé ; s’il se recommande à l’attention, c’est par l’exactitude avec laquelle a été réalisé le programme suivant. […] Le premier soin est de reconnaître par un coup d’œil général le sujet du morceau et de s’en pénétrer assez profondément pour y prendre un véritable intérêt ; l’attention produit une sorte d’excitation réfléchie de l’imagination. […] La clarté ne naît pas du soin de détacher tous les mots et de les prononcer tous avec la même force ; cette uniformité de débit engendre la fatigue et l’ennui, elle émousse toute attention et détruit tout intérêt. […] On ne fait pas attention que l’âne serait par lui-même, et pour nous, le premier, le plus beau, le mieux fait, le plus distingué des animaux, si dans le monde il n’y avait point de cheval ; il est le second au lieu d’être le premier, et par cela seul il semble n’être plus rien : c’est la comparaison qui le dégrade ; on le regarde, on le juge, non pas en lui-même, mais relativement au cheval ; on oublie qu’il est âne, qu’il a toutes les qualités de sa nature, tous les dons attachés à son espèce ; et on ne pense qu’à la figure et aux qualités du cheval, qui lui manquent, et qu’il ne doit pas avoir. […] Mais ces plumes brillantes, qui surpassent en éclat les plus belles couleurs, se flétrissent aussi comme elles, et tombent chaque année ; le paon, comme s’il sentait la honte de sa perte, craint de se faire voir dans cet état humiliant et cherche les retraites les plus sombres pour s’y cacher à tous les yeux, jusqu’à ce qu’un nouveau printemps, lui rendant sa parure accoutumée, le ramène sur la scène pour y jouir des hommages dus à sa beauté : car on prétend qu’il en jouit en effet ; qu’il est sensible à l’admiration ; que le vrai moyen de l’engager à étaler ses belles plumes, c’est de lui donner des regards d’attention et des louanges ; et qu’au contraire, lorsqu’on paraît le regarder froidement et sans beaucoup d’intérêt, il replie tous ses trésors, et les cache à qui ne sait point les admirer.
Son premier abord n’a rien d’imposant, rien qui appelle l’attention, rien qui le fasse distinguer des autres chefs.
Ils parlent des agitations du forum, des événements qui occupent l’attention publique, et, par une pente insensible, arrivent à discuter de l’éloquence.
Préface Les deux volumes de notre cours supérieur ont pour objet principal d’initier sérieusement à la connaissance de l’histoire de la littérature française depuis Malherbe et Pascal ; étude à laquelle il n’a pas encore été fait une assez large part dans le programme des humanités. Ici, comme dans tous nos Cours, le dix-septième siècle domine ; mais il ne figure pas seul. Ne s’attacher qu’à une époque ne serait point enseigner l’histoire littéraire. Ce ne serait pas non plus, croyons-nous, la meilleure manière de former le goût et l’esprit des jeunes gens et de leur inspirer, en les intéressant, l’amour et la passion du beau. À moins d’être de ces hommes enthousiastes outre mesure du dix-septième siècle, qui ne se nourrissent que des livres qu’il a produits, ne peuvent rien goûter hors de là, et se persuadent qu’à de certains génies seuls appartient l’initiative de la pensée humaine ; à moins de porter cette étroitesse d’esprit dans un culte au fond si légitime, on doit bien reconnaître que le privilège du beau et bon style n’appartient pas à l’époque de Louis XIV privativement à tout autre siècle.
Ici, l’esprit n’est pas contraint de se soumettre au joug d’une pénible attention, puisque la langue française est seule employée, et l’on ne saurait accuser cette lecture d’être fastidieuse, rebutante, sous prétexte d’équivoques et d’obscurités.