La loi n’était pas pour eux un objet aussi strictement sévère que pour nous ; et du temps de Démosthène et de Cicéron, les lois municipales étaient simples, générales, et surtout en petit nombre. […] Au rapport de Cicéron lui-même, trois mois suffisaient pour l’étude du droit ; il était reçu même que l’on pouvait briller au barreau, sans études préliminaires de la jurisprudence. […] Socrate, jugé par une cour dont l’histoire ne nous a pas appris le nom, eut contre lui deux cent quatre-vingts juges : dans la cause de Milon, Cicéron parlait à cinquante-un juges ; et le succès de ces causes ne dépendait point en général de quelques juges versés dans la connaissance des lois, mais d’une assemblée de citoyens romains. […] Cicéron est un modèle parfait en ce genre, comme dans toutes les autres parties de l’art oratoire.
Parmi les orateurs, Cicéron offre plus de beautés que Démosthène, qu’emportaient l’énergie et la véhémence de son génie. […] Cicéron nous apprend qu’il s’était élevé une contestation entre Roscius et lui : il s’agissait de savoir si Cicéron rendrait la même pensée par un plus grand nombre de phrases diverses que Roscius n’emploierait de gestes clairs et intelligibles pour l’exprimer. […] Cependant Cicéron nous prouve qu’il existe entre eux une différence bien sensible. […] Cicéron, en ce genre de mérite, surpasse tous les écrivains anciens et modernes. […] Cicéron et Quintilien nous en fournissent à chaque instant la preuve.
La parole appartient aux plus dignes, à Crassus, par exemple, à Antoine ou à Cicéron. […] Le préjugé romain n’empêchait pas Cicéron de consulter le grand acteur Roscius. […] N’est-ce pas à l’école de Platon que s’inspira l’éloquence de Démosthène et de Cicéron ? […] Cicéron nous dit qu’on ne parlait le pur latin qu’à Rome, et dans certains quartiers de Rome. […] Cicéron, De Oratore.
— Qu’ont écrit, à Rome, sur cet art, Cicéron et Quintilien ? […] Telle est l’idée que Cicéron et Quintilien nous donnent de l’élocution. […] Voici les principaux caractères par lesquels Cicéron distingue ce genre des deux autres. […] — Quelle idée Cicéron et Quintilien nous donnent-ils de l’élocution ? […] — Quel est l’homme éloquent, suivant Cicéron ?
Comparez le Catilina de Salluste et celui de Cicéron ; Condé et Turenne, dans le cardinal de Retz, dans Bossuet et dans Mme de Sévigné. […] Que de phrases creuses ou fausses débitées depuis qu’il y a des critiques et des jugements sur Eschyle et Corneille, Sophocle et Racine, Démosthène et Cicéron, Raphaël et Michel-Ange ! […] Après la lecture de Platon, si vous ne partagez pas son opinion, vous savez du moins à quoi vous en tenir sur sa doctrine ; après celle de Cicéron sur l’art oratoire, vous avez de l’éloquence une idée plus précise et plus lumineuse. […] « L’amplification, dit Cicéron, est une énergique exposition des choses, qui, en remuant l’âme, détermine la persuasion. » Et ailleurs : « C’est une manière de dire véhémente qui, par la force des paroles et l’énumération des circonstances, démontre ou la dignité et la grandeur, ou l’indignité et l’atrocité d’une action. » Et c’est en conséquence de cette double vertu qu’il distingue, avec Aristote, deux espèces d’amplification, celle qui agrandit et élève, et celle qui abaisse et atténue, quod valet, non solum ad augendum aliquid et tollendum allius dicendo, sed etiam ad extenuandum atque abjiciendum. […] Dans Cicéron, dans Bossuet, dans Massillon, dans Rousseau, dans Bernardin de Saint-Pierre, dans Chateaubriand, elle s’adresse plutôt au sentiment ou à l’imagination.