Réflexions sur les récits d’événements qui ont précédé l’action représentée, et sur les dénouements merveilleux dont le théâtre ancien nous offre de nombreux exemples. […] Telle était l’assiette de la cour, lorsque des événements rompant cette union, si nécessaire à l’État, lui causèrent des maux très funestes. […] Les plus forts de ceux-là, ou les plus politiques, les yeux fichés à terre, et reclus en des coins, méditaient profondément aux suites d’un événement aussi peu attendu, et bien davantage sur eux-mêmes. […] Ceux qui déjà regardaient cet événement comme favorable avaient beau pousser la gravité jusqu’au maintien chagrin et austère, le tout n’était qu’un voile clair, qui n’empêchait pas de bons yeux de remarquer et de distinguer tous leurs traits. […] Mais malgré ces lumières de la tradition écrite, si l’on remonte à quelques siècles, que d’incertitudes dans les faits, que d’erreurs sur les causes des événements, et quelle obscurité profonde n’environne pas les temps antérieurs à cette tradition !
Elle raconte un fait particulier, un événement, une tempête, une bataille, un incendie, etc. ; mais avec tant de feu, avec des couleurs si vives et si animées, qu’on croit voir sous ses yeux l’objet même que décrit le Poète ou l’Orateur. […] « Malgré les portraits odieux que des Auteurs contemporains ont faits du cardinal de Richelieu, on admire aujourd’hui en lui toutes les qualités qui concourent à former un grand ministre, un génie vaste et supérieur qui ne concevait que de grands desseins, des vues profondes qu’on ne pénétrait qu’après l’événement, un grand discernement dans le choix des moyens, une fermeté inébranlable dans l’exécution, une habileté extrême à écarter ou à surmonter les obstacles.
Style rapide, destiné à peindre l’effet d’un grand événement.
Ces écrivains passionnent toute chose, et l’intérêt tout personnel qu’ils semblent prendre aux moindres événements qu’ils racontent, aux moindres principes qu’ils établissent, leur donne des ressources infinies pour les développer en y intéressant aussi le lecteur.
Il passe le Rhin5 et trompe la vigilance d’un général habile et prévoyant6 ; il observe les mouvements des ennemis ; il relève le courage des alliés ; il ménage la foi suspecte et chancelante des voisins ; il ôte aux uns la volonté, aux autres les moyens de nuire ; et, profitant de toutes ces conjonctures importantes qui préparent les grands et glorieux événements, il ne laisse rien à la fortune de ce que le conseil et la prudence humaine lui peuvent ôter.