On a demandé, par exemple, que le premier acte fît connaître tous les acteurs et une partie de leurs caractères, ou que le nœud y fût commencé et le dénouement préparé d’une manière insensible149. […] Mairet, Rotrou, préparaient le débrouillement du chaos ; mais nous y serions encore si Corneille, par la force de son génie, et sa pièce du Cid, représentée en 1636, n’eût dissipé les nuages et nettoyé l’horizon.
Terme métaphorique parfaitement amené par celui de moisson, qui prépare et forme avec lui un beau contraste.
Il ôte aux uns la volonté, aux autres les moyens de nuire ; et, profitant de toutes ces conjonctures importantes, qui préparent les grands et glorieux événements, il ne laisse rien à la fortune de ce que le conseil et la prudence humaine lui peuvent ôter.
Dieu soit béni cependant pour le secours qu’il nous prépare encore dans cet instant : nos paroles seront incertaines, nos yeux ne verront plus la lumière, nos réflexions, qui s’enchaînaient avec clarté, erreront isolées sur de confuses traces ; mais l’enthousiasme ne nous abandonnera pas, ses ailes brillantes planeront sur notre lit funèbre ; il soulèvera les voiles de la mort, il nous rappellera ces moments où, pleins d’énergie, nous avions senti que notre cœur était impérissable, et nos derniers soupirs seront peut-être comme une noble pensée qui remonte vers le ciel.
En effet, puisque, dans les principes de toute religion, il est incontestable que la divinité règle et dirige tous les événements, serait-ce dégrader la majesté de notre Dieu, que de supposer, non seulement qu’il a préparé une action vraiment grande, vraiment importante que fait un héros vertueux, mais encore qu’il suit l’exécution de cette action par les ministres de ses ordres et de ses volontés ? […] On appelle ainsi cette partie de l’exposition dans laquelle le poète, se supposant exaucé, prépare le lecteur en lui montrant la situation des personnages au moment où le poème commence, en lui faisant connaître les circonstances nécessaires pour l’intelligence plus complète de l’action, et en plaçant sous ses yeux le tableau des intérêts opposés dont la complication va former le nœud de l’intrigue.
Ils conduisent un général par la main ; et, après l’avoir loué de mille sottises qu’il n’a pas faites, ils lui en préparent mille autres qu’il ne fera pas.
De plus, les arbres et les plantes, en laissant tomber leurs fruits ou leurs graines, se préparent autour d’eux une nombreuse postérité1.
En créant les hautes mathématiques, il a préparé les voies à Newton.
Ce préambule adroit n’était pas sans mystère ; Et ces nouveaux serments qu’il nous a fallu faire Montraient bien dans votre âme un tel choix préparé. […] à son malheur dois-je la préparer ? […] Calchas, dit-on, prépare un pompeux sacrifice ? […] Il s’en repentit bientôt, et supprima le plus d’exemplaires qu’il put de cette ébauche précipitée, afin d’en préparer une édition plus digne de lui. […] André Chénier, élève et émule des Grecs de la meilleure époque, retrouve les accents de la vraie poésie, de la poésie de l’âme, et prépare la rénovation, la résurrection de la poésie.
Il faut vous préparer une arrière-saison tranquille, heureuse, indépendante. […] Il disait dans une autre lettre : « Il faut qu’un homme de lettres se prépare à passer sa vie entre la calomnie et les sifflets.
« Il n’est pas temps de se préparer, dit-il, trois mois avant que de faire un discours public : ces préparations particulières, quelque pénibles qu’elles soient, sont nécessairement très-imparfaites, et un habile homme eu remarque bientôt le faible ; il faut avoir passé plusieurs années à se faire un fond abondant.
L’abbé Maury, dans son Essai sur l’éloquence de la chaire, fait assez bien ressortir la diversité d’action produite sur notre âme, d’un côté par un trait brusque et inattendu qui la surprend et la frappe, et de l’autre, par un coup non moins décisif, mais préparé de longue main, qui lui laisse une profonde et durable impression.
Tantôt l’idée ou le fait serait mal établi, si les preuves préalables n’en préparaient d’abord la vraisemblance, si nous ne conduisions insensiblement et d’une manière détournée jusqu’à la vérité ; alors la confirmation prend le premier rang.
Il évitera aussi ces bons mots préparés, médités longtemps, et qu’on apporte tout faits ; la plupart sont froids et insipides.
Wey, étant préparé de longue main et tout tracé par les situations dont il ressort, comme l’effet ressort de la cause, l’auteur, s’il a disposé avec art les fils de son drame, n’a rien à chercher quand il en arrive là.
Je ne dis rien des poëtes ; car il ne s’agit pas ici de poésie, et je n’admets pas le style poétique en prose ; la lecture des poëtes est excellente pour préparer à écrire, pour mettre en train, en quelque sorte.
Dans les allées de nos jardins publics, sur les quais qui bordent ce palais, qui ne l’a entendu des heures entières prodiguer les idées, les expressions, les mouvements qui auraient fait la fortune d’un discours préparé ?
Il faut que ce que l’on dit prépare à ce que l’on va dire, et que le poème forme un tout qui excite l’intérêt et satisfasse la curiosité.
Cette âme, ce rayon de la divinité, Dans le calme des sens, médite en liberté, Sonde ses profondeurs, cherche au fond d’elle-même, Les trésors qu’en son sein cacha l’Être suprême, S’échauffe par degrés, prépare ce moment, Où saisi tout à coup d’un saint frémissement, Sur des ailes de feu l’esprit vole et s’élance, Et des lieux et des temps franchit l’espace immense ; Ramène tour à tour son vol audacieux, Et des cieux à la terre et de la terre aux cieux. […] Avec quelle adresse ce désordre est préparé ! […] Chantez, nous disaient ces tyrans, Les hymnes préparés pour vos fêtes publiques ; Chantez ; et que vos conquérants Admirent de Sion311 les sublimes cantiques Ah !
Sans doute l’éloge est prodigué à César dans cette harangue : mais il fallait préparer le chemin aux vérités qui la terminent ; et peut-être y eut-il autant de mérite et de hardiesse à adresser de pareilles vérités à un maître (et César l’était), qu’il y avait eu de courage autrefois à dénoncer, à convaincre Catilina, et à faire punir ses complices.
Il reçut d’abord cette première éducation à laquelle vos ancêtres ont toujours mis un si grand prix, et qui prépare à l’âme un corps robuste et sain.
Sans reproduire le bourgeois de la conversation ordinaire, qu’il évite toute forme antipathique au langage commun, toute emphase, toute fleur de diction, principalement tout ce qui peut sembler préparé, convenu, uniquement destiné à amener la replique.
Ils croiraient ne pas bien écrire, s’ils ne terminaient pas chaque article par un irait ou par une maxime, es, dès la première ligne, on voit qu’ils préparent le mot par lequel ils veulent finir.
Ainsi vous direz : le philosophe, pour Platon ; le poëte, pour Homère ; le Carthaginois, pour Annibal ; ou, au contraire, un Caton, pour un sage ; un Mécène, pour un protecteur des arts ; un Aristarque ou un Zoïle, pour un critique impartial ou odieusement envieux ; Aux Saumaises futurs préparer des tortures.
Le sonnet est un petit poème destiné à renfermer une pensée intéressante, profonde ou gracieuse, qui se prépare dans les onze premiers vers, et qui se manifeste dans les trois derniers, en présentant quelque chose de frappant et de relevé.
La Bruyère a dit : « Il n’y a pas de chemin trop long à qui marche lentement, et sans se presser il n’y a point d’avantages trop éloignés à qui s’y prépare par la patience » 5. […] Le poëte prépare ici son dénoûment.
Mais pour ce que j’oserai appeler la véhémence préparée, pour celle de l’historien, du poëte, du dramatiste, il n’en est plus de même.
Il doit préparer les auditeurs à la connaissance du sujet, et en même temps provoquer leur attention et leur bienveillance.
Ce n’est pas vous qui devez faire ce coup ; voilà la main qui le prépare.
Prépara (paravit).
Préparons-lui des lèvres pures, Un œil chaste, un front sans souillures, Comme, aux approches du saint lieu, Des enfants, des vierges voilées, Jonchent de roses effeuillées La roule où va passer un Dieu !
Comme ce début grave et solennel s’empare d’abord de l’attention, et répand dans l’âme je ne sais quelle religieuse terreur qui la prépare à quelque chose d’extraordinaire !
Ce prince, dont les vertus sublimes et le mérite rare ne furent connus qu’après sa mort, et qui, dans tout le cours de sa vie, fut constamment attaché aux pratiques d’une dévotion vraie, solide et non moins aimable, voulut avoir un livre particulier, pour se préparer à recevoir dignement le sacrement de l’Eucharistie ; et le jésuite remplit les vues du dauphin, par la composition d’un petit ouvrage, intitulé : Exercices de piété pour la communion : c’est un chef-d’œuvre.
3° Considéré dans les moyens, le pathétique doit être 1° exprimé en style simple et exempt de toute figure ambitieuse ; 2° être préparé ; personne ne se passionne sans raison préalable et légitime ; 3° ne point être interrompu, soit par des transitions visibles soit par tout autre froid artifice ; 4° enfin, ne peut être prolongé, car les mouvements violents fatiguent le cœur et les pleurs se tarissent vite.
Dans la Henriade, lorsque Henri IV raconte à Élisabeth les troubles de la France, après lui avoir parlé de la sécurité fatale dans laquelle vivaient les protestants, et lui avoir exprimé la douleur qu’il ressentit a la mort de sa mère Jeanne d’Albret, il passe de là au récit de la mort de Coligny ; il amène ce sanglant épisode par deux vers, qui préparent le lecteur à cette scène dramatique : Ma mère enfin mourut, pardonnez à des pleurs Qu’un souvenir si tendre arrache à mes douleurs.
Réduire notre choix à quelques passages qui pussent, entre l’une et l’autre de ces deux classes, graver le mieux dans les esprits l’impression qu’ils en avaient déjà reçue et préparer l’étude qu’ils en devaient achever. […] La Renaissance française dont l’essor fut déterminé par l’arrivée des Grecs de Constantinople dans l’Occident, par la recherche et la découverte des manuscrits grecs et latins, par l’Invention de l’imprimerie, par l’exemple de l’Italie, s’était préparée lentement et sourdement.
L’Orateur développera ensuite son dessein d’une manière délicate, qui laisse à peine apercevoir qu’il prépare sa division. […] Mais il possède au même degré que lui les qualités qui regardent le fond de l’éloquence ; le dessein, l’ordre, l’économie du discours, la division, la manière de préparer les esprits, en un mot tout ce qui est de l’invention.
Voltaire se sert de cette figure lorsqu’Égisthe, fils de Mérope, attaque Polyphonie au pied de l’autel où ce tyran allait épouser sa mère : Dans l’enceinte sacrée en ce moment s’avance Un jeune homme, un héros, semblable aux immortels ; Il court… C’était Égisthe ; il s’élance aux autels ; Il monte, il y saisit, d’une main assurée, Pour les fêtes des Dieux la bâche préparée. […] Dans la plupart des hommes, les changements se font peu à peu, et la mort les prépare ordinairement à son dernier coup.
Un suc toujours égal est préparé pour eux ; Leur pied touche aux enfers, leur cime est dans les cieux ; Leur tronc inébranlable, et leur pompeuse tête, Résiste, en se touchant, aux coups de la tempête.
Il faut vous préparer une arrière-saison tranquille, heureuse, indépendante.
Et vous savez qu’afin que leur esprit soit aussi plus pur, on observe encore de donner les heures du matin à ces fonctions : tant on apporte de soin pour les préparer à une action si grande, où ils tiennent la place de Dieu, dont ils sont les ministres, pour ne condamner que ceux qu’il condamne lui-même.
Grâce encore à cette précaution, les jeunes gens, préparés à toutes les surprises, ne se trouveront pas désorientés, dans ces luttes solennelles où l’on prend à tâche de tirer les sujets de composition des sources les moins connues.
(Il était prisonnier, et à peine échappé au bûcher préparé pour lui).
L’aurore L’aurore1 brillante et vermeille2 Prépare le chemin au soleil qui la suit ; Tout est aux premiers traits1 du jour qui se réveille : Retirez-vous, démons, qui volez dans la nuit.
Académicien en 1726, il se prépara par des voyages en Allemagne, en Italie et en Angleterre, à recueillir les éléments des œuvres qu’il méditait.
Elle s’est laissée aller à des irritations qu’on a calculées et préparées avec art.
Rien n’est plus simple que de donner à chacune la place qui lui convient, de telle sorte que la première prépare la seconde, et que celles qui leur succèdent forment un enchaînement naturel.
Mais lorsqu’elles auront à préparer un discours par lequel elles se proposeront de convaincre des juges, ou de produire un grand effet sur une assemblée, je leur conseille de mettre de côté les lieux communs, pour se livrer à une profonde méditation de leur sujet. […] Il commence par hasarder ses raisons les plus faibles ; il en produit successivement de plus solides, et ne déploie toute sa force qu’à la fin de son discours, lorsqu’il est sûr d’avoir bien préparé ses auditeurs à recevoir l’impression qu’il veut leur donner. […] En effet, tout ce que vous pouvez me dire pour me démontrer qu’il est de mon devoir, qu’il est raisonnable et convenable que je sois ému, peut me disposer ou me préparer à éprouver une émotion, mais non pas la faire naître. […] peut-être quelques espèces de discours, comme ceux de la chaire, que l’on peut préparer d’avance, et dont souvent on a le temps d’étudier le style, supporteraient-ils plus aisément un tel plagiat que ceux que l’on est censé improviser. […] L’historien qui veut intéresser doit savoir à propos resserrer ou développer son style, passer avec rapidité sur les événements de peu d’importance, et s’appesantir sur ceux qui, par eux-mêmes, ou par leurs conséquences, méritent un examen sérieux ; il doit y préparer d’avance notre attention, et les exposer ensuite dans tout leur jour.
Il sera dans une chapelle en dépôt, en attendant qu’on prépare la chapelle. […] Elle donna du temps pour s’y préparer, et, durant ce temps, on peut croire que les tailleurs, les couturières et les brodeurs ne furent pas sans occupation....