Les uns la regardaient sans pouvoir en détourner les yeux, d’autres mettaient leurs beaux habits, comme s’ils avaient été au moment de descendre ; il y en avait qui parlaient tout seuls, et d’autres qui pleuraient.
M. le Duc pleura ; c’était sur Vatel que tournait tout son voyage de Bourgogne465 . […] Vous n’avez jamais vu Paris comme il est ; tout le monde pleure, ou craint de pleurer ! […] C’est alors que, se ramassant en soi-même, on apprend à se soumettre à Dieu tout entier, et à pleurer ses égarements. […] Et certainement, Sire, il n’y a point de plus juste sujet de pleurer que de sentir qu’on a engagé à la créature un cœur que Dieu veut avoir. […] Il fait peur, il fait pitié ; il pleure comme un enfant, il rugit812 comme un lion.
Son précepteur, placé auprès de lui, devait l’avertir quand il faudrait pleurer. Et en effet, au moment le plus pathétique du discours, l’enfant joua son rôle à merveille : « Voyez, juges, s’écrie aussitôt l’orateur, il pleure, et pourquoi pleure-t-il ?
Pour me tirer des pleurs, il faut que vous pleuriez. […] Presse, pleure, gémis ; peins-lui Phèdre mourante. […] Elle pleure ! […] ne pleura pas longtemps ; Plaintive, elle mourut en priant pour sa mère. […] Les deux femmes, alors, se croisant sous l’abside, Échangent un coup d’œil aussitôt détourné ; Et — merveilleux retour qu’inspire la prière — La jeune mère pleure en regardant la bière, La femme qui pleurait sourit au nouveau-né !
Les lettres de condoléance exigent un style sérieux, simple et grave, mais non négligé, et un ton conforme à celui de la personne qui pleure.
» je ne sais quoi lui répond et fait qu’elle s’apaise à peu près comme quand un enfant pleure et qu’il voit sa mère.
Pour me tirer des pleurs, il faut que vous pleuriez.
Je me sentis pleurer, et ce fut un prodige3, Un mouvement honteux ; mais bientôt l’étouffant : « Nous nous sommes conduits comme il fallait, lui dis-je, Adieu donc, mon enfant !
Pour moi, je pleurais de joie, lorsque je lisais ces pages ; je ne passais point de nuit sans parler à Alcibiade, Agésilas et autres ; j’allais dans la place de Rome, pour haranguer avec les Gracques, et pour défendre Caton, quand on lui jetait des pierres4.
Il sied mal d’en verser où l’on voit tant d’honneurs ; On pleure injustement des pertes domestiques Quand on en voit sortir des victoires publiques. […] vous me pleureriez, mourant pour mon pays ? […] « On en gémit, on en pleure ; voilà ce que peut la terre pour une reine si chérie ; voilà ce que nous avons à lui donner, des pleurs, des cris inutiles. […] Et, pleurés du vieillard, il grava sur leur marbre Ce que je viens de raconter. […] La Gradation ou Progression, qui dispose les mots suivant leur force relative : Presse, pleure, gémis : peins-lui Phèdre mourante.
la voix doit être forte et le ton irrité ; la nature elle-même nous guide en ces occasions, et nous ferions un contre-sens cruel si nous allions rire quand un autre pleure, déplacé si nous soupirions quand il gronde. […] que n’ai-je du pain, / mon fils, / pour te nourrir, Mais Dieu le veut ainsi : — nous devons nous soumettre, — Ne pleure, pas en me quittant ; — Porte au seuil des palais un visage content. — Parfois mon souvenir t’affligera, / peut-être ; — Pour distraire le riche, i1 faut chanter pourtant. […] Mais le soleil tombait des montagnes prochaines, Et la mère avait dit : « Il faut nous séparer, » Et l’enfant s’en allait à travers les grands chênes, Se tournant quelquefois / et n’osant pas pleurer.
Mais ce qui n’est, dans le poète italien, qu’une beauté de diction, qu’un simple ornement poétique, devient, dans Virgile, une beauté de sentiment, par ce contraste imposant et sublime du repos que la nuit donne à tout ce qui respire, avec la situation douloureuse de la reine de Carthage, qui veille et pleure, tandis que tout jouit autour d’elle des douceurs du sommeil.
Sur un rocher désert, l’effroi de la nature, Dont l’aride sommet semble toucher les cieux, Circé, pâle, interdite, et la mort dans les yeux5, Pleurait sa funeste aventure6.
Rappelons ces beaux vers de M. de Lamartine sur le chant du cygne : Les poëtes ont dit qu’avant sa dernière heure En sons harmonieux le doux cygne se pleure ; Amis, n’en croyez rien ; l’oiseau mélodieux D’un plus sublime instinct fut doué par les dieux.
Niobé, allusion au célèbre groupe de Praxitèle représentant Niobé qui pleure la mort de ses enfants.
Le salut du matin qui renouvelle en quelque sorte le plaisir de la première arrivée ; le déjeuner, repas dans lequel on fête immédiatement le bonheur de s’être retrouvés ; la promenade qui suit, sorte de salut et d’adoration que nous allons rendre à la nature ; notre rentrée et notre clôture dans une chambre toute lambrissée à l’antique, donnant sur la mer, inaccessible au bruit du ménage, en un mot, vrai sanctuaire du travail ; le dîner qui nous est annoncé, non par le son de la cloche qui rappelle trop le collége ou la grande maison, mais par une voix douce ; la gaieté, les vives plaisanteries, les causeries ondoyantes qui flottent sans cesse durant le repas ; le feu pétillant de branches sèches autour duquel nous pressons nos chaises ; les douces choses qui se disent à la chaleur de la flamme qui bruit tandis que nous causons ; et, s’il fait soleil, la promenade au bord de la mer qui voit venir à elle une mère, son enfant dans les bras ; les lèvres roses de la petite fille qui parlent en même temps que les flots ; quelquefois les larmes qu’elle verse, et les cris de sa douleur enfantine sur le rivage de la mer ; nos pensées à nous, en considérant la mère et l’enfant qui se sourient, ou l’enfant qui pleure et la mère qui tâche de l’apaiser avec la douceur de ses caresses et de sa voix ; l’Océan qui va toujours roulant son train de vagues et de bruits ; les branches mortes que nous coupons en nous en allant çà et là dans le taillis, pour allumer au retour un feu prompt et vif ; ce petit travail de bûcheron qui nous rapproche de la nature et nous rappelle l’ardeur singulière de M.
La Sacountala du théâtre indien, les auteurs des Ghazel arabes, des Rosiers persans, des Guzla illyriques, les prophètes d’Israël, les bardes scandinaves, les chefs des tribus mexicaines ou canadiennes, ne chantent, ne pleurent, ne racontent, ne louent et ne maudissent qu’avec une inépuisable profusion de figures.
Dans Corneille, ce vers si connu : Soyons amis, Cinna, c’est moi qui t’en convie, qui faisait pleurer le grand Condé.
Qu’est-ce que ce conquérant qui est pleuré de tous les peuples qu’il a soumis ?
Des malheureux, dépouillés de tout, pleurent sur des cadavres, ou cherchent leurs parents sous des ruines.
Qui ne pleure ou des frères, ou des fils morts dans les plaines de la Thessalie ? […] Combien n’y en a-t-il pas dans cette nombreuse assemblée qui pleurent eux aussi des enfants ayant succombé dans le cours de cette guerre ! […] Au contraire, j’étais le bienfaiteur de ceux qui discutaient avec moi, puisque je leur enseignais avec un entier désintéressement tout ce que je savais de bon et d’utile. » Puis, se tournant vers ses disciples et ses amis qui ne pouvaient s’empêcher de pleurer : « Pourquoi versez-vous des larmes ? […] qu’il pleure, en voyant le genre humain jouissant désormais de la sécurité ! […] César, que nous pleurons tous.
Arcas, éveillé par son roi, lui demande quel besoin lui a fait devancer l’aurore, quels malheurs lui arrachent les larmes qu’il verse, s’il pleure Clytemnestre ou bien Iphigénie.
Ma conviction est sortie du cœur ; j’ai pleuré et j’ai cru. » 1.
L’ivoire pleure dans les temples (Virgile).
En voici un exemple dans ce quatrain de Gombaud : Colas est mort de maladie : Tu veux que j’en pleure le sort. […] Quelque insensé chantera peut-être ses victoires : mais les provinces, les villes, les campagnes en pleureront.
Les lettres de condoléance exigent un style sérieux, grave et négligé, un ton conforme à celui de la personne qui pleure.
Aimé Martin, Andromaque est une femme ambitieuse ; dans Virgile, c’est une femme qui pleure son mari ; dans Racine, c’est une mère qui veut sauver son fils, et l’amour maternel la rapproche de nos mœurs, sans que les mœurs antiques soient jamais blessées. » 1.
Pour arracher des pleurs, il faut pleurer soi-même.
Voltaire se jugeait peut-être lui-même en disant : « Je suis comme les petits ruisseaux : ils sont transparents, parce qu’ils sont peu profonds1. » Paris Je crois voir à la fois Athène et Sybaris2 Transportés dans les murs embellis par la Seine : Un peuple aimable et vain, que son plaisir entraîne, Impétueux, léger, et surtout inconstant, Qui vole au moindre bruit, et qui tourne à tout vent, Y juge les guerriers, les ministres, les princes ; Rit des calamités dont pleurent les provinces ; Clabaude le matin contre un édit du roi, Le soir, s’en va siffler quelque moderne, ou moi ; Et regrette, à souper, dans ses turlupinades3, Les divertissements du jour des barricades4.
Un enfant voit arriver sur la table un mets délicieux, et il se prend à pleurer : Qu’avez-vous ? […] Tandis qu’en vos palais tout flatte votre envie, À genoux sur le seuil, j’y pleure bien souvent. […] Qui changera mes yeux en deux sources de larmes Pour pleurer ton malheur ? […] arraché de la terre, Je vais d’où l’on ne revient pas ; Mes vallons, ma propre demeure, Et cet œil même qui me pleure Ne reverront jamais mes pas. […] L’ode est appelée à nous faire imiter les héros célèbres par leurs vertus ; l’épopée à nous rappeler les grands principes de la morale et du gouvernement des hommes ; la tragédie à nous inspirer de l’horreur pour le crime ; la comédie à nous corriger de nos travers ; l’élégie nous fait pleurer sur la perte des hommes vertueux ; l’églogue nous rappelle la simplicité des mœurs primitives ; l’épître jette des fleurs sur les préceptes pour en cacher l’aridité, et la satire doit épurer le goût et corriger les mœurs.
. : nous le pleurons pour il est mort ; à la première hirondelle pour aux premiers jours du printemps. […] Pleurer avec ceux qui pleurent, leur présenter les consolations de la religion, bannir du style toutes les fleurs du langage, le rendre, au contraire, simple et naturel, exempt de toute philosophie, tel est le secret de faire une bonne lettre de con doléance, quand les douleurs sont extrêmes ; mais s’il s’agit de pertes peu graves, on peut chercher des consolations dans le présent et dans l’avenir.
Mais sa douleur nous touche, parce qu’il pleure des êtres vertueux ; et ses espérances nous enflamment, ses idées d’immortalité nous transportent, parce que ses espérances et ses idées sont fondées, comme les nôtres, sur l’évidence de la morale évangélique, et que cette morale et cette évidence-là ne laissent lieu ni au doute, ni au désespoir qui le suit nécessairement.
Oui, madame, vous pleurerez avec eux, vous élèverez leur enfance, cultiverez leur jeunesse ; vous leur parlerez de leur père, de votre douleur, de la perte qu’ils ont faite, de celle qu’a faite la République.
D’où vient que l’on rit si librement au théâtre, et que l’on a honte d’y pleurer ? […] Elle est plus grande dans un ris inmodéré que dans la plus amère douleur ; et l’on détourne son visage pour rire comme pour pleurer en la présence des grands et de tous ceux que l'on respecte. […] Comme donc ce n’est point une chose bizarre d’entendre s’élever de tout un amphithéâtre un ris universel sur quelque endroit d’une comédie, et que cela suppose au contraire qu’il est plaisant et très-naïvement exécuté, aussi l’extrême violence que chacun se fait à contraindre ses larmes, et le mauvais ris dont on veut les couvrir, prouvent clairement que l’effet naturel du grand tragique serait de pleurer tout franchement et de concert à la vue l’un de l’autre, et sans autre embarras que d’essuyer ses larmes ; outre qu’après être convenu de s’y abandonner, on éprouverait encore qu’il y a souvent moins lieu de craindre de pleurer au théâtre que de s’y morfondre. […] Cicéron rapporte que les ennemis mêmes de Gracchus 11e purent s’empêcher de pleurer lorsqu’il prononça ces paroles : Misérable ! […] Le Capitale est le lieu où l’on a répandu le sang de mon frère ; ma maison est un lien où je verrais ma mère pleurer de douleur.
Il faut se montrer plein de compassion et pleurer avec ceux qui pleurent.
Tels sont : dolere, s’affliger ; lugere, porter le deuil, être dans l’affliction ; flere, pleurer ; gemere, gémir ; et d’autres que l’usage apprendra. […] Ils pleuraient la mort de leur frère.
vous me pleureriez mourant pour mon pays !
Rappelons ces beaux vers de M. de Lamartine sur le chant du cygne : Les poëtes ont dit qu’avant sa dernière heure En sons harmonieux le doux cygne se pleure ; Amis, n’en croyez rien ; l’oiseau mélodieux D’un plus sublime instinct fut doué par les dieux Du riant Eurotas près de quitter la rive, L’âme, de ce beau corps à demi fugitive.
Tous les peuples avaient à célébrer leurs dieux, leurs héros et leurs illustres ancêtres, à chanter leurs exploits et leurs victoires, à pleurer leurs malheurs, à regretter leurs pertes ; et la même ardeur, le même enthousiasme, la même irrégularité se retrouvent dans toutes ces compositions informes, mais pleines de feu. […] C’est déjà une assez grande recommandation pour un état, que de n’y avoir pas d’autres maux à pleurer. […] Comme dans ce livre le prophète pleure sur la destruction du temple et de la cité sainte, et sur la chute de l’empire, il a réuni toutes les images touchantes que pouvait inspirer un sujet aussi triste.
Ils pleuraient la mort de leur frère. […] Cesse de pleurer. […] Pourquoi pleurez-vous ?
Gaston pleure toujours ses véritables parents ; mais il se montre docile envers ceux dont il croit être le fils, affectueux envers les enfants qu’il croit ses frères et sœurs, poli et obligeant envers tout le monde. […] Les Français, qui, en le combattant, avaient appris à l’estimer, pleurèrent sa mort, qui produisit la plus vive sensation en Europe. […] Il va se confiner dans un monastère pour y pleurer son crime. […] Alors André parait vivement ému ; il pleure, il sanglote, et, élevant tout à coup la voix, il supplie M.
Il vise également à se faire des patrons et des créatures : il est médiateur, confident, entremetteur ; il veut gouverner ; il a une ferveur de novice pour toutes les petites pratiques de cour ; il sait où il faut se placer pour être vu ; il sait vous embrasser, prendre part à votre joie, vous faire coup sur coup des questions empressées sur votre santé, sur vos affaires ; et, pendant que vous lui répondez, il perd le fil de sa curiosité, vous interrompt, entame un autre sujet ; ou, s’il survient quelqu’un à qui il doive un discours tout différent, il sait, en achevant de vous congratuler, lui faire un compliment de condoléance ; il pleure d’un œil, et il rit de l’autre.
Mais on dit que bientôt sur les gazons funèbres, Il revint pleurer seul, hélas !
Elle est contenue dans ce vers de Boileau : Pour me tirer des pleurs, il faut que vous pleuriez.
Les concetti foisonnèrent : Il n’y eut roc qui n’entendît leurs voix : Leurs piteux vers firent cent mille fois Pleurer les monts, les plaines et les bois.
(Ulysse) entend le cithariste ; il se souvient et pleure ; de là, reconnaissance. […] Voilà pourquoi Amasis ne pleura pas sur son fils que l’on conduisait à la mort, et pleura sur son ami qui demandait l’aumône.
Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera.
Cocyte, un des cinq fleuves des Enfers, selon la fable, et formé des larmes d’une multitude de malheureux, qui n’ayant point reçu de sépulture après leur mort, errent pendant cent ans sur ses rives, où ils ne cessent de pleurer.
On a prétendu que mon mari lui avait manqué de respect dans son impertinent ouvrage, où personne n’a jamais rien compris… — Madame, ai-je dit, si votre mari avait été citoyen de Berg-op-Zoom, M. le chevalier de Beauteville lui aurait très-mal fait passer son temps ; mais, s’il est citoyen de Genève, et s’il a écrit des sottises, soyez très-persuadée que M. l’ambassadeur de France n’en sait rien, qu’il ne lit point ces pauvretés, ou qu’il ne s’en souvient plus. » Alors elle s’est remise à pleurer. « Ah !