Jamais la probité d’un citoyen n’a parlé plus brave et plus loyal langage.
Et moi, sans mouvement, muet à ce langage, Je me crois un moment un homme d’un autre âge.
Ses acteurs ont l’âme, les mœurs, l’esprit, le langage de l’époque à laquelle ils appartiennent ; mais ils se gardent de cette érudition archéologique dont on a tant abusé depuis, et qui étouffe l’homme sous le costume, le principal sous l’accessoire.
Un de ses plus remarquables chapitres est celui qui contient les Époques de la nature, chef-d’œuvre de science conjecturale, où il évoque dans un magnifique langage et avec une puissante imagination les spectacles grandioses dont l’homme ne fut pas le temoin. […] Ce défaut est celui des esprits cultivés, mais stériles ; ils ont des mots en abondance3, point d’idées ; ils travaillent donc sur les mots, et s’imaginent avoir combiné des idées, parce qu’ils ont arrangé des phrases, et avoir épuré le langage quand ils l’ont corrompu en détournant les acceptions1.
Saillie singulière, mais que l’on est bien porté à excuser, quand on entend le langage que nous venons de rapporter.
La médisance, ce vice détestable, convertit en poison tout ce que l’innocence la plus pure lui oppose pour le combattre ; à l’imitation de ce peuple furieux et insensé, elle se venge de la lumière qui l’éblouit en décochant une grêle de pierres contre le soleil1 : c’est un monstre à cent visages différents, qui contrefait le langage de l’amitié, de la compassion, de la louange et de la piété même.
Il me semble qu’ils me parlent, comme ceux de Dodone, un langage mystérieux.
C’est un langage épique.
Le langage ainsi analysé devient la peinture vivante de nos idées ; notre esprit se plaît à en saisir les rapports, notre imagination les voit comme sur un tableau, et notre mémoire vient facilement à bout de s’en souvenir.
Que dirai-je de ce personnage4 qui a fait parler si longtemps une envieuse critique et qui l’a fait taire ; qu’on admire malgré soi, qui accable par le grand nombre et par l’éminence de ses talents : orateur, historien, théologien, philosophe, d’une rare érudition, d’une plus rare éloquence, soit dans ses entretiens, soit dans ses écrits, soit dans la chaire ; un défenseur de la religion, une lumière de l’Église, parlons d’avance le langage de la postérité, un Père de l’Église ! […] Gens qui affectent une grande pureté de langage.
Allusion à la répugnance de madame de Glapion pour le langage un peu vulgaire des petits missionnaires de Saint-Lazare que madame de Maiutenon avait donnés comme directeurs aux demoiselles de Saint-Cyr ; elle faisait ainsi la leçon aux vanités, aux prétentions et à l’entêtement du bel esprit.
Permis à vous, monsieur, qui êtes accoutumé au langage naturel et noble de l’antiquité, de trouver ces expressions trop fleuries ou même trop fardées ; mais je n’en sais pas d’assez tristes pour vous peindre l’état de délabrement, de misère et d’opprobre où est tombée cette pauvre Rome que vous avez vue si pompeuse, et de laquelle, à présent, on détruit jusqu’aux ruines.
Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.
Elle se présente, d’ailleurs, si naturellement à l’imagination du poète et de l’orateur ; elle prête au langage de la passion tant de force et d’énergie, qu’il n’est pas surprenant que les exemples en soient aussi multipliés.
Le poème burlesque, mis autrefois à la mode en France par Scarron, est le degré le plus bas et le plus trivial de la poésie ; c’est ordinairement un travestissement de mœurs et de langage, ou la parodie d’un poème sérieux.
puis-je entendre et souffrir ce langage ? […] Chez Boileau, en effet, la faculté qui domine toutes les autres, au point que parfois la sensibilité semble en être émoussée, l’imagination entravée, l’invention amoindrie, cette faculté, c’est la raison : la raison éprise du vrai, et trouvant que le vrai seul est aimable ; la froide raison, jugement, bon sens, ou sens commun, peu importe le nom formulant ses arrêts dans un langage plus ou moins poétique15.
C’est le langage d’un Platon chrétien : l’esprit de poésie anime cette dialectique profonde et lui donne des ailes. C’est de la splendeur de la pensée que son langage se colore.
Libre des opinions vulgaires, et pensant d’une manière qui n’appartient qu’à lui seul, il parle un langage, vrai dans le fond, mais nouveau et singulier, qui blesserait l’oreille des autres hommes ; vaste et profond dans ses vues, et s’élevant toujours par ses notions abstraites et générales, qui sont pour lui comme des livres abrégés, il échappe à tout moment aux regards de la foule, et s’envole fièrement dans les régions supérieures.
Il justifie parfaitement cet éloge de M. de Barante : « Le cardinal de Retz, plus que personne, donna du charme et de la vie à l’histoire écrite avec des impressions personnelles. » Aussi quelques familiarités de langage, propres au genre des mémoires, ne nous ont pas paru devoir empêcher que ce morceau et le suivant, d’une originalité si puissante, trouvassent place dans notre recueil.
Ce grand et superbe ouvrage N’est point pour l’homme un langage Obscur et mystérieux : Son admirable structure Est la voix de la nature, Qui se fait entendre aux yeux4.
Montesquieu s’amuse, et parodie le langage de la science.
Ce défaut est celui des esprit cultivés, mais stériles ; ils ont des mots en abondance1, point d’idées ; ils travaillent donc sur les mots, et s’imaginent avoir combiné des idées, parce qu’ils ont arrangé des phrases, et avoir épuré le langage quand ils l’ont corrompu en détourant les acceptions2.
Enfant, j’ai bien souvent, à l’ombre des buissons, Dans le langage humain traduit ces vagues sons, Pauvre écolier rêveur et qu’on disait sauvage, Quand j’émiettais mon pain à l’oiseau du rivage, L’onde semblait me dire : Espère !
Les artifices de son noble langage laissent le cœur indifférent.
La netteté, la justesse, le naturel, l’aisance, un langage limpide, calme et transparent : telles sont ses qualités ordinaires.
Fénelon semble avoir emprunté à ces temps de génie les formes séduisantes de son langage.
N’est-ce pas le langage du cœur ? […] C’est bien là le langage de la passion qui abrège les phrases pour rendre plus vite la pensée. […] La mauvaise foi tient seule un autre langage. […] On voit bien qu’un langage de prédicateur n’est point fait pour ce roi cruel. […] Cet hémistiche renferme un trope fort hardi, mais qui est reçu dans le langage, et dont l’effet est très beau.
Elle accoutume l’esprit et l’oreille à mettre le style de nos grands classiques sur le même rang que le langage méthodique des manuels ; elle efface toute différence entre les éléments de la grammaire française et les imprécations de Camille ou d’Athalie ; Bossuet se dit du même ton que la définition de l’arithmétique. […] C’est là, selon le langage des hommes de guerre, la base d’opération de la religion chrétienne ; c’est sur cette base qu’elle engage la lutte morale et qu’elle entreprend de faire triompher dans l’homme le bien sur le mal et de le sauver en le réformant. […] puis-je entendre et souffrir ce langage ? […] Que leur dirai-je alors qu’ils me demanderont Pourquoi mon bras est lent, quand mon langage est prompt ? […] Mais de tout l’univers quel sera le langage ?
C’est d’après cette appréciation que nous pourrons avec exactitude saisir le langage qui leur est propre, et conformer nos idées aux bienséances qui leur conviennent sons le rapport des temps, des lieux, des personnes. […] puis-je entendre et souffrir ce langage ?
Nous avons dit, en définissant la poésie, que le langage poétique est presque toujours assujetti à une mesure régulière. […] Il est facile de voir que le poème burlesque est l’opposé du poème héroï-comique, puisque celui-ci élève ce qui est commun à la hauteur de l’épopée, tandis que celui-là, par le travestissement des mœurs et du langage, fait descendre les dieux et les héros au niveau de la populace.
Mot que souligne La Bruyère, pour montrer sans doute que c’était là une forme de langage affectionnée par les nouvellistes.
Joachim du Bellay et Henri Estienne ont beaucoup recommandé ce tour, et Amyot l’a souvent imité des auteurs qu’il traduisait ; mais, si l’on excepte quelques écrivains qui ne répudièrent pas l’héritage du seizième siècle, on peut regretter que l’on ait depuis trop peu usé de cette forme qui donne de l’aisance et de la vigueur au langage.
Épicure avec lui m’adresse ce langage : « Cet esprit, ô mortels !
Son langage, naïf et viril, sévère et hardi, trouve la grandeur dans la clarté.
La langue, qui est le principal organe de la parole, a aussi prêté son nom pour désigner l’idiome ou le langage des différentes nations. […] Quand c’est à toi, Catilina, que je parle ainsi, si les sénateurs restent calmes, c’est qu’ils m’approuvent ; s’ils supportent mon langage, c’est qu’ils prononcent contre toi ; s’ils se taisent, c’est qu’ils proclament leur jugement. […] L'imagination se plaît ainsi à grossir les objets, et, selon qu’elle est plus ou moins vive, le langage est aussi plus ou moins hyperbolique. […] Elle habitue les jeunes élèves à se rendre compte des procédés ingénieux du langage ; elle leur révèle des voies mystérieuses dont les grands écrivains avaient seuls le secret ; elle ouvre devant eux un horizon qu’ils aimeront à parcourir, quand leur âme se sera épanouie sous l’influence féconde des études littéraires. Gardons-nous bien de croire que les anciens, et parmi les modernes tant de critiques sérieux, se soient imposé une tâche stérile, en s’appliquant à rechercher et à définir les figures du langage.
2° Ce qu’on aime dans le style épistolaire, c’est la facilité, c’est une douce aisance, une espèce d’abandon de la pensée qui ne va pas jusqu’à l’incorrection, mais qui est l’indice du langage simple et naïf, ennemi de la prétention. C’est ce langage que madame de Sévigné recommande à sa fille, quand elle lui écrit : « Vous me dites plaisamment que vous croiriez m’ôter quelque chose en polissant vos lettres ; gardez-vous bien d’y toucher ; vous en feriez des pièces d’éloquence.
Et qui vuet povre fame prendre, A norrir la l’estuet entendre, Et à vestir et à chaucier ; Et se tant se cuide essaucier Qu’il la prengne riche forment, A soffrir la a grand torment ; Tant la trueve orguilleuse et fière, Et sorcuidée et bobancière, Que son mari ne prisera Riens, et par tout desprisera Ses parents et tout son lignage Par son outrecuidé langage. […] Si j’avais cru Théophraste, — jamais je n’eusse pris femme ; — il ne regarde pas comme homme sage — celui qui prend une femme en mariage. — Celui-là a une vie trop lourde, — pleine de travail et de peine, — et de contestations et de disputes, — à cause de l’orgueil des femmes sottes, — et des dangers et des reproches — qu’elles font et disent par leur bouche, — et des réclamations et des plaintes — qu’elles inventent en mainte occasion. — Il y a même en outre grand peine à les tenir, — pour s’opposer à leurs folles volontés. — Et qui veut prendre une femme pauvre, — il lui faut songer à la nourrir — et à la vêtir et à la chausser : — et s’il pense à s’élever tellement — qu’il la prenne fortement riche, — il a grand tourment à la supporter ; — il la trouve si orgueilleuse et fière — et outrecuidante et fanfaronne, — qu’elle n’estimera son mari — nullement, et partout dépréciera — ses parents et toute sa lignée — par son langage orgueilleux.
Cet exorde est sublime dans sa simplicité ; c’est le langage de la vérité et de l’innocence ; l’invocation aux Dieux, qui le commence et le termine, devait produire le plus grand effet auprès d’un peuple qui comptait pour quelque chose le respect des choses respectables, et qui ne pensait pas que l’on pût se jouer impunément de la majesté des Dieux.
Anacréon et Horace offrent, il est vrai, quelques exemples de ce procédé, et je le crois fort admissible dans les œuvres de peu d’importance, dans les badinages, dans les caprices de la fantaisie, dans ces poésies que j’appellerais, par un emprunt au langage ascétique, poésies jaculatoires.
Tout le monde sait ce que l’on entend par ironie ; j’en ai déjà parlé, à propos de la réfutation, et le mot, comme la chose, appartient au langage usuel.
L’inIversion est admise en poésie bien plus souvent qu’en prose ; elle est un des caractères essentiels et une des beautés du langage poétique ; elle lui donne de la grâce et de la vigueur.
C’est l’heure où la nature, un moment recueillie, Entre la nuit qui tombe et le jour qui s’enfuit, S’élève au créateur du jour et de la nuit, Et semble offrir à Dieu, dans son brillant langage.
Tableau des figures II Les rhéteurs ont analysé les lois du langage avec autant de soin que celles du raisonnement.
Il semble en effet que ce langage convient mieux à la religion que la parole. […] Je tiendrai à Votre Majesté le même langage que j’ai tenu à l’empereur Alexandre deux jours avant la bataille d’Austerlitz. […] Le langage métaphysique de Buffon a manqué parfois de précision, parce que sa pensée sur ce point n’était pas complètement nette et libre. […] Je vois d’abord que le langage du genre humain ne s’accorde guère avec celui d’Helvétius. […] Or le langage humain, c’est l’humanité même.
Toi, doué de tant de lumières, tenir un pareil langage ! […] Le front, les yeux, le visage mentent très-souvent, et le langage plus souvent encore. […] XXIV Nous avons vu à l’article des adverbes que les Latins, à l’imitation des Grecs, aimaient à introduire dans le langage certains adverbes qui ne sont point nécessaires au sens de la phrase.
C’est avec un pareil langage que l’on touche, que l’on pénètre les cœurs les plus indifférents, et que l’on porte la persuasion dans les moins disposés à se laisser persuader ; parce qu’avec un léger retour sur soi-même, il est impossible qu’on ne trouve passa conscience d’accord avec l’orateur, et que l’on ne se rende pas à sa voix.
La Harpe n’approuve pas cette répétition : « J’apporte à la cendre de Marc-Aurèle, etc. » J’ose être ici d’un avis moins sévère que ce grand critique ; et je trouve, au contraire, que cette formule répétée, qui confond tous les vœux, tous les cœurs, tous les sentiments, en un seul et même sentiment, qui n’a et ne doit plus avoir qu’un langage, est peut-être ce qu’il y a de plus heureusement imaginé dans cette scène, d’ailleurs si intéressante.
Enfin, outre les qualités essentielles et accidentelles, il est, avons-nous dit, certaines formes de langage qui ajoutent beaucoup à la grâce ou à l’énergie du style.
Si vous lisez de sang-froid les discours des Danton, des Isnard, des Saint-Just et de tant d’autres orateurs de la Législative et de la Convention, l’emphase vous paraît portée au delà de toutes les bornes ; mais transportez-vous par la pensée dans cette atmosphère de sang, assistez à ces terribles parties où chacun avait sa tête, pour enjeu, mettez-vous à la place de ces gladiateurs désespérés luttant à mort avec le glaive de la parole, et l’hyperbole ne sera plus pour vous que le langage naturel.