Je devins, tu devins, il devint, nous devînmes, vous devîntes, ils devinrent. […] Je devinsse, tu devinsses, il devînt, nous devinssions, vous devinssiez, ils devinssent.
Sainte-Beuve, mais il a préféré être le plus établi des historiens. » On sait que, nommé à l’Académie française en 1836, il devint secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences morales en 1839. […] Par là, l’histoire devient un spectacle plein d’émotions et une science féconde en enseignements, le drame et la leçon de la vie humaine1 (Portraits et notices. […] Leur forte culture est devenue plus nécessaire encore aujourd’hui qu’autrefois, aux hommes publics obligés de faire prévaloir leurs pensées par la parole et de donner les raisons de leurs actes. […] En effet, au bout de quelques générations, ce qui était le génie d’un homme devient le bon sens du genre humain, et une nouveauté hardie se change en usage universel. […] « L’histoire, quand elle est bien enseignée, devient une école de morale pour tous les hommes.
Il faut arriver à l’origine des républiques de la Grèce, pour rencontrer des traces sensibles de l’éloquence, devenue l’art de persuader. […] Ces grands exemples ne pouvaient qu’ajouter à l’ardeur naturelle des Athéniens pour l’éloquence ; elle devint alors un art qui eut ses règles et ses professeurs. […] Il professa la rhétorique avec succès, et eut l’art de concilier deux choses, devenues presque inconciliables depuis, la fortune et la réputation. […] Il pensa, parla et vécut toujours pour la liberté de son pays, et travailla quarante ans à ranimer la fierté d’un peuple devenu, par sa mollesse, le complice de ses tyrans. […] Est-il étonnant que de pareilles harangues soient devenues, entre ses mains, des chefs-d’œuvre de force et de cette véritable énergie que donne et que soutient l’esprit public ?
Ses Causeries du lundi eussent fait les délices de l’épicurien Montaigne, et seraient devenues son Plutarque français. […] Leurs trois noms sont devenus l’idéal de l’art : Platon, Sophocle et Démosthène. […] Des formes nouvelles de talents se produisent chaque jour ; toutes les règles d’après lesquelles on s’était accoutumé à juger les choses mêmes de l’esprit sont déjouées ; l’étonnement est devenu une habitude ; nous marchons de monstres en monstres. […] Les moules, fixés à peine, deviennent aussitôt trop étroits et insuffisants. […] Les marbres sont devenus comme les garants des livres.
C’est un homme qui n’est bon à rien, et qui nous devient fort à charge, parce qu’il ne travaille point pour le couvent. […] Mais, quand le peuple put donner à ses favoris une formidable autorité au dehors, toute la sagesse du sénat devint inutile, et la république fut perdue. […] Il est vrai que les lois de Rome devinrent impuissantes pour gouverner la république ; mais c’est une chose qu’on a vue toujours, que de bonnes lois, qui ont fait qu’une petite république devient grande, lui deviennent à charge lorsqu’elle s’est agrandie : parce qu’elles étaient telles que leur effet naturel était de faire un grand peuple, et non pas de le gouverner. […] Autrefois le bien des particuliers faisait le trésor public ; mais pour lors le trésor public devient le patrimoine des particuliers. […] Lorsque Annibal, devenu préteur, voulut empêcher les magistrats de piller la république, n’allèrent-ils pas l’accuser devant les Romains ?
C’était donc à la religion qu’il appartenait de faire entendre son langage ; et elle devenait le plus magnifique ornement de ce règne, dont elle était la seule barrière. […] Cette voix devint la consécration la plus imposante de toutes les grandes solennités de la mort ; elle s’anima dans ses superbes mépris pour le monde, par le spectacle même d’une cour éclatante et voluptueuse. […] Ce génie devint grave, élégant et poli. […] Quelquefois une idée perdue dans l’antiquité devenait le fondement d’un monument immortel. […] Quand la vérité du jour ou du moment devenait difficile à aborder en face, vous l’avez quelquefois adroitement tournée, et vous avez dû prendre les nuances au lieu de grands traits, sachant faire applaudir même ce que vous ne disiez pas.
Ce trait bien dégagé, cette idée énergiquement conçue devient, en quelque sorte, la séve qui circule jusque dans la moindre feuille, l’âme qui vivifie tout le corps de l’ouvrage, mens agitat molem. […] La pensée se rattache bien à la dernière phrase du § 11 : « Presque toujours devenus les seuls objets de la censure publique, les grands sont les seuls qui l’ignorent ; » mais elle se rattache uniquement à cette phrase, et non pas à l’ensemble du paragraphe. […] Et qu’est donc devenu le Pindare de tout à l’heure, le poëte qui, prenant sa mission au sérieux, luttait contre le Dieu, et ne cédait enfin que pour laisser Apollon lui-même parler par sa voix ? […] Mais ce premier ecueil de la vie humaine devient comme l’écueil privilégié de la vie des grands. […] Rien ne coûte et rien ne s’oppose aux passions des grands : aussi la facilité des passions en devient un nouvel attrait ; devant eux toutes les voies du crime s’aplanissent et tout ce qui plaît est bientôt possible.
Cette masse informe, vile et grossière prend toutes les formes les plus diverses, et elle seule devient tour à tour tous les biens que nous lui demandons. Cette boue si sale se transforme en mille beaux objets qui charment les yeux : en une seule année elle devient branches, boutons, feuilles, fleurs, fruits et semences, pour renouveler ses libéralités en faveur des hommes. […] Les marais desséchés deviennent fertiles ; les sables ne couvrent d’ordinaire que la surface de la terre ; et quand le laboureur a la patience d’enfoncer, il trouve un terroir neuf, qui se fertilise à mesure qu’on le remue et qu’on l’expose aux rayons du soleil. […] Tout ce que la terre produit, se corrompant, rentre dans son sein, et devient le germe d’une nouvelle fécondité. […] Jamais homme n’a donné un tour plus heureux que vous à la parole, pour lui faire signifier un beau sens avec brièveté et délicatesse ; les mots deviennent tout nouveaux par l’usage que vous en faites2.
Né à Paris en 1655, ce fut seulement à l’âge de quarante ans que de retour en France, et fixé près de Paris, il songea à devenir auteur. […] Et l’or devient à rien2……… …………… A ce qu’on peut juger de ce discours charmant, Vous voilà donc en grâce avec l’argent comptant, Tant mieux. […] Je veux me poignarder : la vie est un fardeau, Qui pour moi désormais devient insupportable. […] Sa poche est un trésor ; « Sous ses heureuses mains le cuivre devient or », Disiez-vous. […] Cette expression, alors familière, est devenue basse : elle ne serait plus admise.
Agésilas devint un héros et fut le sauveur de son pays. […] Il devint roi après son père et son frère aîné, Alphonse, en 1291. […] L’Espagne devint la proie des Mahométans. […] Son nom est devenu infâme. […] Sa tyrannie devint tellement intolérable qu’une révolte éclata.
envieux, il devient aussitôt incrédule. […] Que le cœur en soit épris ; que l’amour en devienne plus actif, à mesure que la connaissance en devient plus parfaite ; que la mémoire vous redise tous les jours : ceux qui nous l’ont acquise, sensibles au cri de l’honneur, à la voix de l’opinion, savaient braver les dangers. […] Le reste sera payé par la reconnaissance à leurs enfants, devenus dès ce moment les vôtres, devenus les enfants de la république qui les nourrira jusqu’à ce que l’âge leur permette de la défendre, utile récompense pour eux-mêmes, utile objet d’émulation pour ceux qui doivent entrer dans la même lice ; en effet la république qui honore magnifiquement la vertu, doit être aussi la patrie des cœurs vertueux.
) Ainsi s’exprime le philosophe ancien, qui, détrompé des faux biens dont la poursuite lui semble trop pénible ou lui devient fastidieuse, se replie sur lui-même et se renferme dans la nullité de son indolence. […] et le livre précieux que nous venons de parcourir ne deviendrait-il pas nécessairement la théorie du désespoir et le manuel du suicide ? […] Où serait donc le prix de la vertu, et que deviendraient les espérances du juste, si ce triomphe momentané du méchant n’était pas déjà un dédommagement pour l’homme vertueux, qui n’y voit autre chose que la certitude d’un avenir où tout rentrera à sa place ? […] L’auteur de ce dernier ouvrage ne s’est occupé que de la recherche et de la démonstration d’une seule vérité, qui, il est vrai, devient le principe de beaucoup d’autres. […] et que deviendrait la société, si cette étrange philosophie était celle de tous ceux qui peuvent se rendre utiles à leurs semblables ?
Ou n’écrit que pour se faire entendre : il faut donc commencer par se bien entendre soi-même, et l’on deviendra clair et facile pour les autres. […] Ce principe est si naturel, et devient d’une exécution si indispensable, qu’il semblerait presque inutile de le rappeler ici. […] Tantôt on ne dit rien, parce qu’on a voulu trop dire ; tantôt, pour ne pas tout dire, on ne dit pas assez ; et de peur d’être trop simple, on se fait une étude de devenir obscur. […] Elle prête au discours un charme de plus, celui de graver aisément dans la mémoire ou dans le cœur de grandes pensées ou de beaux sentiments : ce qui deviendrait impossible sans son secours. […] Cette précision cependant devient inutile à celui qui a besoin qu’on lui explique ce que l’auteur a voulu dire.
le bon sens de la majorité répond avec Dandin : C’est le laid ; et l’écrivain obscur ne devient jamais populaire. […] Tantôt, c’est l’affectation de la brièveté : J’évite d’être long et je deviens obscur ; ou bien, tout au contraire, la diffusion, les périodes interminables, l’accumulation des parenthèses, des épisodes, des idées accessoires qui embarrassent le lecteur et lui font perdre de vue l’idée principale. […] Le terrain, jadis ingrat pour tous, ne l’est plus aujourd’hui que pour les indolents et les inhabiles, et néologisme devient synonyme de paresse ou d’ignorance. […] Nodier, si bon juge en matière de langue : « Il ne suffit pas de s’abstenir d’inventer des mots, il faut se garder encore de les détourner de leur sens, car un terme déplacé devient souvent un barbarisme dans la phrase où il se glisse. […] Villemain, comparant les formes du xvie siècle à celles du xviie , conclut que de l’un à l’autre notre langue est devenue plus grammaticale et moins française.
Sa vanité l’a fait honnête homme, l’a mis au-dessus de lui-même, l’a fait devenir ce qu’il n’était pas. […] L’homme d’esprit, de mérite, ou de valeur, devient en un instant un génie de premier ordre, un héros, un demi-dieu. […] Vous me trouverez sur les livres de Platon qui traitent de la spiritualité de l’âme et de sa distinction avec les corps, ou la plume à la main pour calculer les distances de Saturne et de Jupiter ; j’admire Dieu dans ses ouvrages, et je cherche, par la connaissance de la vérité, à régler mon esprit et à devenir meilleur. […] Que deviendront ces modes quand le temps même aura disparu ? […] Quant à Giton ruiné, ne croyez pas non plus qu’il devienne, du jour au lendemain, le Phédon de La Bruyère, “qu’il parle brièvement et froidement, qu’il ne se fasse pas écouter” ; il a beaucoup gardé de ses anciennes habitudes.
Massillon 1663-1742 [Notice] Né à Hyères, en Provence, dans une contrée qui fut la patrie de poëtes ou d’orateurs distingués ; entré en 1681 dans la savante congrégation de l’Oratoire ; devenu professeur de rhétorique au séminaire de Saint-Magloire ; plus effrayé qu’enhardi par ses premiers succès, Massillon parut quand Bourdaloue terminait sa carrière. […] Le royaume devint ensuite l’héritage de leurs successeurs ; mais ils le durent originairement au consentement libre des sujets. […] Les passions, les volontés injustes, les désirs excessifs et ambitieux que les princes mêlent à l’autorité, loin de l’étendre, l’affaiblissent ; ils deviennent moins puissants dès qu’ils veulent l’être plus que les lois ; ils perdent en croyant gagner : tout ce qui rend l’autorité injuste et odieuse l’énerve et la diminue1. […] Le temps, ce dépôt précieux que le Seigneur nous a confié, est donc devenu pour nous un fardeau qui nous pèse et nous fatigue : nous craignons, comme le dernier des malheurs, qu’on ne nous en prive pour toujours ; et nous craignons presque comme un malheur égal d’en porter l’ennui et la durée : c’est un trésor que nous voudrions pouvoir éternellement retenir, et que nous ne pouvons souffrir entre nos mains. […] Si l’on est maître de son sort, c’est la crainte du monde et de ses jugements qui en décide ; en un âge tendre, on regarde comme une loi la volonté de ceux de qui l’on tient la vie ; on n’ose produire des désirs qui contrediraient leurs desseins : on étouffe des répugnances qui deviendraient bientôt des crimes.
Il s’attache donc essentiellement à tout ce qui peut devenir dans l’homme le mobile d’une action ; il parle aux passions ; il cherche à toucher le cœur, autant qu’à convaincre le jugement. […] Quant à l’espèce de verbosité dont il est question ici, les jeunes praticiens peuvent s’en garantir, en se formant de bonne heure l’habitude d’un style précis et correct, qui deviendra leur manière naturelle de s’exprimer, quand la multitude des affaires les forcera de travailler avec une précipitation involontaire. S’ils contractent, au contraire, l’habitude d’un style lâche, diffus et incorrect, il leur deviendra impossible de s’énoncer jamais avec élégance et énergie, quand les circonstances l’exigeront. […] Mais si la narration exige ici plus de concision, l’argumentation, devient nécessairement plus diffuse.
L’éloquence est devenue entre nos mains une véritable escrime, dont les leçons permettent à l’élève de vaincre son propre maître. […] Quelquefois ils remplacent la narration par le débat contradictoire des faits et des preuves ; quelquefois, bien conduite, elle devient entre leurs mains la plus forte et la plus convaincante de toutes les preuves. […] Son émotion qu’il ne peut contenir déborde en images saisissantes : son argumentation prend un corps et ses preuves deviennent des tableaux. […] Dans l’état actuel de nos mœurs judiciaires, de pareilles mésaventures sont devenues impossibles. […] Un combat devient un juge qui tient dans ses mains le sort de deux peuples ; la loi une mère qui rappelle au devoir ses fils égarés.
Ingénieur, artilleur, bon officier de troupes, il deviendra en outre géographe, et non géographe vulgaire, qui sait sous quel rocher naissent le Rhin ou le Danube, et dans quel bassin ils tombent, mais géographe profond, qui est plein de la carte, de son dessin, de ses lignes, de leurs rapports, de leur valeur. Il faut qu’il ait ensuite des connaissances exactes sur la force, les intérêts et le caractère des peuples, qu’il sache leur histoire politique, et particulièrement leur histoire militaire ; il faut surtout qu’il connaisse les hommes, car les hommes à la guerre ne sont pas des machines ; au contraire, ils y deviennent plus sensibles, plus irritables qu’ailleurs, et l’art de les manier, d’une main délicate et ferme, fut toujours une partie importante de l’art des grands capitaines. […] Tout cela peut sans doute se faire médiocrement, comme toute chose, d’ailleurs ; car on est poëte, savant, orateur médiocre aussi ; mais si le génie s’en mêle, on devient sublime. […] Le soldat anglais, bien nourri, bien dressé, tirant avec une remarquable justesse, cheminant lentement parce qu’il est peu formé à la marche, et manque d’ardeur propre, est solide, presque invincible dans certaines positions où la nature des lieux seconde son caractère résistant ; mais il devient faible si on le force à marcher, à attaquer, à vaincre de ces difficultés qu’on ne surmonte qu’avec de la vivacité, de l’audace et de l’enthousiasme.
Plaideur par nécessité dans un procès contre les héritiers de Paris Duverney, il y trouve prétexte à jouer un rôle retentissant : cette mince affaire de quelques louis devient par son adresse une question de liberté publique et d’intérêt général. […] Un valet de comédie, un aventurier devint un tribun qui proclama les droits ou les prétentions du tiers état. […] Nul n’a mis en circulation plus d’épigrammes devenues proverbes. […] Lorsque, craignant l’emportement des plaideurs, les tribunaux ont toléré qu’on appelât des tiers, ils n’ont pas entendu que ces défenseurs modérés deviendraient impunément des insolents privilégiés. […] Il désigne ici le premier président Nicolaï ; cette réticence envers un nom respecté devient un nouveau trait d’éloquence.
Que deviendront alors, répondez, grands du monde, Que deviendront ces biens où votre espoir se fonde, Et dont vous étalez l’orgueilleuse moisson ? Sujets, amis, parents, tout deviendra stérile5 ; Et, dans ce jour fatal, l’homme à l’homme inutile Ne paîra point à Dieu le prix de sa rançon. […] Là s’anéantiront ces titres magnifiques, Ce pouvoir usurpé, ces ressorts politiques, Dont le juste autrefois sentit le poids fatal : Ce qui fit leur bonheur deviendra leur torture ; Et Dieu, de sa justice apaisant le murmure5, Livrera ces méchants au pouvoir infernal. […] « Ce triste cœur, devenu ta victime, Chérit encor l’amour qui l’a surpris : Amour fatal !
L’éloquence elle-même, appliquée à la science et aux affaires, doit tendre à se dégager des ornements inutiles, pour devenir le langage de la raison et du bon sens. […] A mesure que les langues firent des progrès, elles devinrent plus abondantes, et se dépouillèrent en partie de ces expressions figurées. […] O institutions sacrées, qu’êtes-vous devenues ? […] que serait devenu ce mouvement oratoire, si Antoine avait eu l’habitude de lire ses plaidoyers ? […] Telle matière, stérile et bornée pour un esprit léger, devient inépuisable pour celui qui réfléchit.
Elles veulent écrire et devenir auteurs. […] Tu as de l’esprit : que vas-tu devenir ? […] mon père, dit-il, si je reçois tout de vous, que deviendra ensuite mon frère ? […] Nous avons d’abord le nôtre, qui est celui que nous recevons de la nature, celui qui nous sert à raisonner, suivant le degré qu’il a, qui devient ce qu’il peut, et qui ne sait rien qu’avec le temps. […] Ce vice est parmi nous devenu général ; Il est dans tous les rangs.
Cela fait qu’une lettre à écrire devient un fardeau pour vous. […] Vous avez passé votre jeunesse3, vous deviendrez bientôt vieux et infirme ; voilà à quoi il faut que vous songiez. […] Que deviendrez-vous quand vous serez malade et abandonné ? […] L’agitation, la fièvre du travail et du plaisir lui devint un besoin, une seconde nature. […] Voltaire en devint seigneur, et y résida vingt ans.
Composée de sons âpres et rudes, elle n’eut d’abord ni variété ni précision : elle devint ensuite régulière et majestueuse ; mais elle manqua toujours de cette simplicité expressive, de cette heureuse flexibilité qui se plie sans efforts à tous les genres de composition. […] Né dans un rang obscur, on sait qu’il devint, par son génie, l’égal de Pompée, de César ou de Caton. […] Les critiques de tous les temps ont beaucoup parlé, beaucoup écrit sur le mérite respectif de Démosthène et de Cicéron ; et le parallèle de ces deux grands orateurs est devenu l’un de ces lieux communs où le contraste puéril des mots et la manie des oppositions remplacent souvent la justesse des idées. […] Rien de moins surprenant : la liberté n’était plus, et l’empire romain devenait la proie d’une longue suite de tyrans, l’opprobre tour à tour ou l’effroi, et toujours le fléau de l’humanité.
Et que sont devenues les rênes de l’administration, confiées un moment à ces nouveaux Phaétons, dont la chute n’eût été que ridicule, si elle n’avait entraîné et brisé avec elle le char qu’ils avaient entrepris de conduire ? […] « Homme de lettres, si tu as de l’ambition, ta pensée devient esclave, et ton âme n’est plus à toi. […] Il fallait, pour ainsi dire, défaire son âme et la refaire. — Tant de difficultés n’effrayèrent point Descartes : il examine tous les tableaux de son imagination, et les compare avec les objets réels : il descend dans l’intérieur de ses perceptions qu’il analyse. — Son entendement, peuplé auparavant d’opinions et d’idées, devient un désert immense ». […] Cette manière d’écrire était devenue si habituelle dans Thomas, que les choses les plus indifférentes ne sortaient de sa plume qu’affublées de ce ridicule accoutrement.
Sans manifester, comme l’orateur, des passions ardentes, sans sortir de la dignité, de la modération qui convient à l’histoire, il nous communiquera les émotions généreuses de son cœur, il flétrira le vice, et prendra hautement la défense de la vertu : c’est ainsi seulement que l’histoire peut devenir une école de morale. […] Sans amener continuellement des réflexions philosophiques et morales, l’historien doit donner aux faits leur vrai caractère, et montrer partout l’expression d’une âme honnête et vertueuse ; le récit n’en devient que plus sympathique et plus intéressant : c’est là ce qui fait de Tacite un historien admirable et complet. […] Présentée avec cet ensemble et cette unité, l’histoire devient une vaste épopée où circulent la vie et l’intérêt, et elle attache d’autant plus fortement l’esprit que l’intérêt repose sur la vérité. […] Mais il faut faire un choix dans les détails, et ne rien mettre d’inutile. — Sans cette sobriété, qui dépend du tact et du goût de l’historien, la narration devient prolixe et diffuse : tout ce qui ne va pas droit au but doit être mis de côté.
Le Blésois est devenu le département de Loir-et-Cher. […] Que vais-je devenir ? […] Devenu proverbial. […] Le style va changer ; de familier, il va devenir grave, oratoire. […] Le ton devient épique.
Vous me trouverez sur les livres de Platon qui traitent de la spiritualité de l’âme et de sa distinction avec les corps, ou la plume à la main pour calculer les distances de Saturne et de Jupiter ; j’admire Dieu dans ses ouvrages, et je cherche, par la connaissance de la vérité, à régler mon esprit et à devenir meilleur. […] Que sont devenus ces importants personnages qui méprisaient Homère, qui ne songeaient dans la place qu’à l’éviter, qui ne lui rendaient pas le salut, ou qui le saluaient par son nom, qui ne daignaient pas l’associer4 à leur table, qui le regardaient comme un homme qui n’était pas riche, et qui faisait un livre ? Que deviendront les Fauconnets 5 ? […] Sa vanité l’a fait honnête homme, l’a mis au-dessus de lui-même, l’a fait devenir ce qu’il n’était pas. […] L’homme d’esprit, de mérite, ou de valeur, devient en un instant un génie de premier ordre, un héros, un demi-dieu.
Ce fait devient un quatrième terme à l’appui de la conclusion. […] Le voilà devenu mon plus grand adversaire ! […] On peut, à force de bon sens et d’attention à veiller sur soi-même, devenir simple, naturel, aisé même dans le style comme dans les manières ; on ne devient pas naïf. […] Le style constamment périodique deviendrait monotone. […] Sa prose devenait une langue nouvelle, flexible, mélodieuse, colorée comme les plus beaux vers.
., la voyelle qui précède devient commune. […] Une voyelle brève devient longue, quand elle est suivie de deux consonnes, dont l’une finit un mot, et l’autre commence le mot suivant. […] Dans ce vers, a, dernière voyelle de agricolam, qui est brève de sa nature, devient longue par position, parce qu’elle est suivie de deux consonnes, m et l.
Massillon 1643-1743 [Notice] Né à Hyères, en Provence, dans une contrée qui fut la patrie de poëtes et d’orateurs distingués, admis en 1681 dans la savante congrégation et l’Oratoire ; devenu professeur de rhétorique au séminaire de Saint-Magloire ; plus effrayé qu’enhardi par ses premiers succès, Massillon parut quand Bourdaloue terminait sa carrière. […] On cherche des amis utiles ; ils sont dignes de notre amitié dès qu’ils deviennent nécessaires à nos plaisirs ou à notre fortune ; l’intérêt est un grand attrait pour la plupart des cœurs ; les titres qui nous rendent puissants se changent bientôt en des qualités qui nous font paraître aimables ; et l’on ne manque jamais d’amis, quand on peut payer l’amitié de ceux qui nous aiment. […] Le royaume devint ensuite l’héritage de leurs successeurs ; mais ils le durent originairement au consentement libre des sujets. […] Les passions, les volontés injustes, les désirs excessifs et ambitieux que les princes mêlent à l’autorité, loin de l’étendre, l’affaiblissent ; ils deviennent moins puissants dès qu’ils veulent l’être plus que les lois ; ils perdent en croyant gagner : tout ce qui rend l’autorité injuste et odieuse l’énerve et la diminue1.
Le cœur Je ne croirai jamais que le cœur s’use, et je sens tous les jours qu’il devient plus fort, plus tendre, plus séparé des liens du corps, à mesure que la vie et la réflexion détruisent l’enveloppe où il est étouffé. […] Le soir, on éteignait la lumière de bonne heure par économie, et le pauvre écolier devenait ce qu’il pouvait ; heureux lorsque la lune favorisait par un éclat plus vif la prolongation de sa veillée. […] Là où la vie publique est établie, tout homme riche est patricien, ou peut le devenir. […] Drouot (1774-1847), d’abord lieutenant d’artillerie, se distingua en Égypte, et devint major général de l’artillerie en 1808.
Tourmenté par une imagination ombrageuse, il finit par tomber dans une noire misanthropie qui devint son supplice, et hâta la fin d’une existence solitaire et farouche que consumaient des craintes sans cause, et un orgueil sans bornes. […] Là, tous les airs de la ville seraient oubliés ; et, devenus villageois au village nous nous trouverions livrés à des amusements divers, qui ne pour le lendemain. […] Contre vous, toute puissance est faiblesse ; avec vous, toute faiblesse devient puissance. […] Rousseau devient sentimental, comme on l’était sous Louis XIV. […] Rousseau, devenu homme, eut la rancune terrible et invétérée.
Que deviendront alors, répondez, grands du monde, Que deviendront ces biens où votre espoir se fonde, Et dont vous étalez l’orgueilleuse moisson ? Sujets, amis, parents, tout deviendra stérile ; Et dans ce jour fatal l’homme à l’homme inutile Ne paîra point à Dieu le prix de sa rançon…. […] eussiez-vous dit, que sont devenus ces toits de chaume et ces foyers rustiques qu’habitaient jadis la modération et la vertu ? […] Je crois voir de ta main tomber l’urne terrible ; Je crois te voir cherchant un supplice nouveau, Toi-même de ton sang devenir le bourreau. […] Rarement à courir le monde On devient plus homme de bien.
Si on les enchaîne5 étroitement, si on les serre, le style devient ferme, nerveux et concis ; si on les laisse se succéder lentement, et ne se joindre qu’à la faveur des mots, quelque élégants qu’ils soient, le style sera diffus, lâche et traînant. […] Aussi, plus on mettra de cet esprit mince et brillant dans un écrit, moins il aura de nerf, de lumière, de chaleur et de style ; à moins que cet esprit ne soit lui-même le fond du sujet, et que l’écrivain n’ait pas eu d’autre objet que la plaisanterie ; alors l’art de dire de petites choses devient peut-être plus difficile que l’art d’en dire de grandes. […] Lettre à M. de la Condamine1 lors de sa réception a l’Académie française Du génie pour les sciences, du goût pour la littérature, du talent pour écrire, de l’ardeur pour entreprendre, du courage pour exécuter, de la constance pour achever, de l’amitié pour vos rivaux, du zèle pour vos amis, de l’enthousiasme pour l’humanité : voilà ce que vous connaît un ancien ami, un confrère de trente ans, qui se félicite aujourd’hui de le devenir pour la seconde fois. […] Il faut à la vérité qu’ils soient toujours graves et modestes ; il faut même qu’ils deviennent puissants et pathétiques dans les endroits où le discours s’élève et s’échauffe. […] Le bruit et le vol des oiseaux devenaient rares, l’air s’agitait à travers un feuillage moins épais ; peu à peu même les arbres s’enfuyaient au-dessous de nous dans une perspective lointaine, et un gazon sans fleurs nous restait comme un dernier vestige de grâce et de fécondité.
Mais quel est l’avocat, en lui supposant encore quelque sentiment d’honneur et de probité, qui voulût se charger ainsi d’une haine étrangère, se rendre l’instrument méprisable du ressentiment de son client, et devenir à son gré, violent, emporté, sans d’autre motif que celui de servir, pour un vil intérêt, la passion d’un ennemi qui n’a ni les moyens, ni le courage de se venger lui-même ? […] Sans cela, en effet, l’éloquence, qui est le plus beau don que la nature ait fait à l’homme, deviendrait pour lui le présent le plus funeste, et l’arme la plus dangereuse. […] Si, dans le cours de l’affaire, un examen plus approfondi des pièces lui démontre que la cause qu’il croyait bonne est injuste ou douteuse, il veut que l’avocat lui-même conseille à sa partie de ne pas poursuivre plus longtemps un procès dont le gain même ne lui peut devenir que très funeste.
Il faut remarquer encore que les invectives de la Comtesse deviennent plus fortes à mesure qu’elle parle. […] Un papillon sculpté sur une tombe rappelle l’idée de la résurrection des corps ; chacun sait que ce genre d’insecte devient tour à tour ver, chrysalide et papillon, et qu’ainsi il ne meurt qu’apparemment. […] Quelque flatteuse que soit une vérité, elle devient ainsi une louange délicate qui ne blesse point la modestie. […] Est-ce seulement de posséder les qualités de l’historien, de devenir correct dans son style et juste dans ses appréciations ? […] Cette comparaison est si rebattue qu’elle est devenue triviale ; mais Châteaubriand le sait, et il va lui donner une de ces formes colossales qui la feront admirer.
Le vers, de tétramètre qu’il était, devint trimètre. […] Puisqu’une tragédie, pour avoir toute sa perfection possible, doit être implexe et non simple, et être l’imitation du terrible et du pitoyable (car c’est le propre de ce genre d’imitation), il s’ensuit d’abord qu’elle ne doit point présenter des personnages vertueux, qui d’heureux deviendraient malheureux ; car cela ne serait ni pitoyable, ni terrible, mais odieux : ni des personnages méchants, qui de malheureux deviendraient heureux ; car c’est ce qu’il y a de moins tragique. […] La joie que cette espèce de dénouement produit appartient au comique et non au tragique, car dans le comique, les plus grands ennemis, fussent-ce Oreste et Égisthe, deviennent amis au dénouement ; et personne n’y donne la mort ni ne la reçoit. […] Le poète doit tâcher de réussir dans ces quatre espèces, ou du moins dans le plus d’espèces qu’il lui sera possible, et dans les plus importantes : cela est nécessaire, aujourd’hui surtout que le public est devenu difficile. […] Que deviendrait l’Œdipe si l’on en faisait un poème. épique ?
L’épopée est morte ; la tragédie antique, hôtesse des palais et des cours, est descendue dans la rue, elle a échangé sa pourpre pour les haillons du drame populaire ; la chanson a pris les ailes de l’ode ; la fable, cessant d’être une simple leçon de morale, s’est armée de l’aiguillon de l’abeille et s’est transformée en drame satirique ; le roman, fleur obscure chez les anciens et presque inaperçue, est devenu chez nous un arbre immense qui couvre tout de son ombre, mœurs, histoire, politique, sciences, arts, et qui menace d’absorber tous les autres genres ; l’éloquence a quitté l’ample toge, la vaste tribune, les horizons de la place publique, les grands mouvements des grandes multitudes ; elle s’est enfermée dans d’étroites enceintes, elle a pris le frac noir, les gestes sobres et mesurés, la convenance digne et froide des . […] On peut donc apprendre l’art de l’éloquence comme on apprend le métier de la guerre, et le proverbe ancien n’a pas tort qui dit : « On naît poëte et on devient orateur. » Mais comment le devient-on ? […] Paris, comme on dit, ne s’est pas bâti en un jour ; on ne monte pas d’un saut, à pieds joints, de l’école au Panthéon, et il faut avoir perdu vingt causes pour devenir un bon avocat, comme il faut avoir tué au moins vingt malades pour devenir un bon praticien.
L’éloquence judiciaire est devenue éminemment philosophique. […] La clarté devint le principal objet de l’attention. […] Si vous passez ce point, vous devenez extravagant. […] Ici nous nous élevons davantage, et la prosopopée devient sensible. […] C’est alors que la concision et la lucidité deviennent des conditions essentielles.
Si on le met avant des mots d’une toute autre espèce, ces mots deviennent alors de véritables substantifs. […] Je remarquerai ici que les verbes devenir, paraître, sembler, etc., servant à ce même usage que le verbe être, sont aussi regardés comme des verbes substantifs. […] je devins ; tu devins ; il devint ; nous devînmes ; vous devîntes ; ils devinrent. […] je devinsse ; tu devinsses ; il devînt ; nous devinssions ; vous devinssiez ; ils devinssent. […] Il sert aussi à conjuguer les temps composés de quelques verbes neutres, tels que aller, arriver, choir, déchoir, échoir, décéder, descendre, entrer, monter, mourir, naître, partir, rester, sortir, tomber, venir, et ses composés devenir, intervenir, parvenir, revenir et survenir ; mais subvenir prend toujours avoir ; = vous avez subvenu à votre ami dans ses besoins.
Que vouliez-vous qu’il y devînt sans vous et sans moi ? […] L’expression devenus a un mérite particulier. […] Il était bien naturel que Delille, devenu aveugle et pauvre, parlât de ses infortunes. […] Les désirs ne lui semblent permis que pour devenir à son profit des occasions de bienfaits. […] Que sont devenues l’Assyrie, la Grèce, Rome et Carthage ?
C’est à dater de Voltaire seulement, que les discours de réception des académiciens devinrent des ouvrages vraiment utiles et vraiment éloquents. […] Leurs tours naturels et hardis deviennent familiers ; les hommes, qui sont tous nés imitateurs, prennent insensiblement la manière de s’exprimer et même de penser des premiers dont l’imagination a subjugué celle des autres ». […] » Un de leurs contemporains, incapable peut-être du sublime qui élève l’âme, et du sentiment qui l’attendrit, mais fait pour éclairer ceux à qui la nature accorda l’un et l’autre ; laborieux, sévère, pur, harmonieux, il devint le poète de la raison : — il égala et surpassa peut-être Horace dans la morale et dans l’art poétique. […] Les idées se succéderont aisément, et le style sera naturel et facile ; la chaleur naîtra de ce plaisir, se répandra partout, et donnera la vie à chaque expression : tout s’animera de plus en plus ; le ton s’élèvera, les objets prendront de la couleur ; et le sentiment, se joignant à la lumière, l’augmentera, la portera plus loin, la fera passer de ce qu’on dit à ce qu’on va dire, et le style deviendra intéressant et lumineux ».
Il devient réellement insupportable de converser avec des hommes qui n’ont, dans le cerveau, que des cases où tout est pris, et où rien d’extérieur ne peut entrer. […] Sainte-Beuve : « Je le comparerais volontiers à ces arbres dont il faut choisir les fruits ; mais craignez de vous asseoir sous leur ombre. » D’Argenson disait en parlant de Voltaire, âgé de quarante ans (1734) : « Plaise au ciel que la magie de son style n’accrédite pas de fausses opinions et des idées dangereuses ; qu’il ne déshonore pas ce style charmant en prose et en vers, en le faisant servir à des ouvrages dont les sujets soient indignes et du peintre et du coloris ; que ce grand écrivain ne produise pas une foule de mauvais copistes, et qu’il ne devienne pas le chef d’une secte à qui il arrivera, comme à bien d’autres, que les sectateurs se tromperont sur les intentions de leur patriarche ! […] Grâce à Voltaire, Ferney, simple village, dénué de tout, devint une petite cité riante et prospère. […] Il devient réellement insupportable de converser avec des hommes qui n’ont, dans le cerveau, que des cases où tout est pris, et où rien d’extérieur ne peut entrer. […] Il devint président de l’Assemblée législative, ministre de l’intérieur en 1797, puis sénateur sous l’Empire ; mais il serait inconnu s’il n’avait cultivé les lettres.
Cette imitation est même devenue un de leurs arts. […] Bien plus, l’on a poussé si loin l’art du langage, qu’il est devenu l’instrument du luxe le plus recherché. […] Ce que l’on devait au besoin fut conservé par l’usage, et devint même un ornement. […] Le style devint plus concis, et par conséquent plus simple. […] La phrase devient équivoque, et il est impossible d’y retrouver la pensée de l’auteur.
On sait que, nommé à l’Académie française en 1836, il devint secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales en 1839 ; c’est à ce titre qu’il a prononcé de nombreux éloges, qui sont autant de pages accomplies. […] C’est par là, en effet, qu’elle montre les fautes suivies de leurs inévitables châtiments, les desseins longuement préparés et sagement accomplis, couronnés de succès infaillibles ; c’est par là qu’elle élève l’âme au récit des choses mémorables, qu’elle fait servir les grands hommes à en former d’autres, qu’elle communique aux générations vivantes l’expérience acquise aux dépens des générations éteintes, qu’elle expose dans ce qui arrive la part de la fortune et celle de l’homme, c’est-à-dire l’action des lois générales et les limites des volontés particulières ; en un mot, monsieur, c’est par là que, devenue, comme vous le désirez, une science avec une méthode exacte et un but moral, elle peut avoir la haute ambition d’expliquer la conduite des peuples et d’éclairer la marche du genre humain 1. […] Leur forte culture est devenue plus nécessaire aujourd’hui qu’autrefois, aux hommes publics obligés de faire prévaloir leurs pensées par la parole, et de donner les raisons de leurs actes.
Amyot 1513-1593 [Notice] Né à Melun, de parents très-pauvres, qui, chaque semaine, lui envoyaient son pain au collége de Montaigu, où il fut réduit à servir de domestique à de riches écoliers, et à travailler, dit-on, la nuit, à la lueur de charbons embrasés, Amyot devint maître ès-arts à l’âge de dix-neuf ans, et dut à la protection de Jacques Colin, lecteur du roi, une chaire de grec à l’université de Bourges. […] Voilà comment Alcander fut chastié12 par Lycurgus, et la punition qu’il en receut : c’est que de mal conditionné jouvenceau13, oultrageulx et temeraire qu’il estoit au paravant, il devint homme tres sage et tres modéré. […] utilité des ennemis Ce qui est en l’inimitié le plus dommageable pourra devenir le plus profitable, qui7 y voudra bien prendre garde. […] D’abord habité par des potiers, il devint ensuite un cimetière pour les soldats morts au champs d’honneur, enfin on le divisa en deux parties, l’une au delà des murs, où se trouvait l’Académie, l’autre en deçà, ou était la Grande place.
À ce rare talent de s’exprimer ainsi, l’auteur joint dans ce discours un mérite qui est devenu l’un de ses caractères distinctifs, l’art de donner de grandes leçons de morale ou d’humanité, et de les donner sans ce faste ridicule, sans cette morgue arrogante qui les décréditent d’avance, et qui n’en imposent depuis longtemps à personne. […] Les ennemis prisonniers et blessés devenaient nos compatriotes, nos frères. […] Que la fonction si souvent pénible de louer, devient douce et consolante, quand l’orateur peut se dire avec Voltaire, en terminant son discours : « Dans tout ce qu’on vient de dire, a-t-on avancé un seul fait que la malignité puisse seulement couvrir du moindre doute ?