De l’Éloquence chez les Grecs. […] Il existait sans doute dès lors une espèce d’éloquence, mais elle tenait plus de l’élan poétique, que de ce que nous appelons aujourd’hui le genre oratoire. […] On peut donc les regarder, avec quelque raison, comme les premiers corrupteurs de l’éloquence. […] Le seul nom de Démosthène rappelle encore aujourd’hui les grandes idées de patrie, de courage et d’éloquence. […] Raisonnements et mouvements, voilà toute l’éloquence de Démosthène.
De l’Éloquence chez les modernes. […] Mais telle est la nature des choses humaines : l’éloquence peut servir, et n’a que trop servi les passions ; mais il faut de l’éloquence pour les combattre : et l’on sait que le bien et le mal se confondent dans tout ce qui est de l’homme. À l’époque dont nous parlons, la religion ranima un moment l’éloquence, et le barreau s’en empara. Mais la vraie éloquence, l’éloquence politique, celle qui, dans les tribunes d’Athènes et de Rome, avait exercé la censure de l’administration publique, cette éloquence, gardienne et protectrice du bien public, était destinée à ne reparaître jamais, ou à faire payer bien cher sa résurrection momentanée. […] Il en est de même de l’éloquence de la chaire.
De l’Éloquence. […] Persuader est le propre de l’éloquence : peindre est le propre de la poésie. […] Voilà la véritable éloquence et ses heureux effets. […] Cela prouverait-il qu’il n’avait pas été intimement persuadé par l’éloquence de son ancien gouverneur ? […] Il n’est pas possible de trouver un plus beau chef d’œuvre d’éloquence dans le genre simple.
De l’Éloquence politique chez les Français. […] Les orateurs n’avaient que le barreau ou la chaire ; et les formes judiciaires modernes n’offraient point à l’éloquence un champ aussi vaste, aussi libre que le barreau d’Athènes et de Rome. […] L’éloquence politique seule était et devait être nulle encore pour nous. […] À peine le Démosthène français eut-il rencontré, dans ce nouvel Eschine, un rival de génie et d’éloquence, que la tribune, presque sans cesse occupée par ces deux illustres antagonistes, présenta le spectacle le plus imposant dont les fastes de l’éloquence française puissent garder la mémoire. […] De Sèze ; son discours est resté, et sera cité par nos neveux, comme un monument des derniers efforts de l’éloquence en faveur de la justice et de la vertu ; et si ses efforts ont été impuissants, c’est qu’il n était pas donné à l’éloquence humaine d’émouvoir alors ce qui n’avait plus rien d’humain.
Combien l’éloquence des Grecs est loin de cette morgue ! […] C’est définir d’un seul mot l’éloquence romaine. […] L’éloquence ? […] Rome est le vrai théâtre de l’éloquence judiciaire, comme Athènes est celui de l’éloquence politique. […] Son éloquence est forte, mais un peu raide d’attitude.
De là vient qu’on a dit : l’éloquence du geste, l’éloquence des yeux, l’éloquence des larmes. […] Les modernes distinguent aujourd’hui cinq genres d’éloquence : l’éloquence sacrée, l’éloquence politique, l’éloquence judiciaire, l’éloquence militaire et l’éloquence académique. […] Par la définition qui précède, on voit que l’éloquence sacrée est entièrement supérieure à l’éloquence profane. […] De la vraie éloquence. […] Supériorité de l’éloquence sacrée.
Telle société, telle éloquence. […] Comment ai-je pu apprécier leur éloquence ? […] — Qu’appelez-vous éloquence, génie de la parole ? […] Voilà bien la véritable éloquence, sœur de la poésie. […] Fénelon, Dialogues de l’Éloquence.
On pourrait confondre l’Éloquence ou le talent de bien dire, avec la Rhétorique ou l’art qui développe ce talent. […] Tout ce que l’on dira alors sera dit avec vivacité, énergie et chaleur ; et point de doute que l’éloquence ne règne dans tout ce que l’on produira. On a dit, et ce n’est pas sans raison, « que l’éloquence n’était jamais que momentanée ; qu’elle ne se faisait sentir que par élan ». […] Ce discours, où respire la plus mâle éloquence, donne une idée de la flexibilité du talent de La Fontaine. […] Aussi Euripide appelait-il l’éloquence la souveraine des âmes.
L’éloquence judiciaire est devenue éminemment philosophique. […] Histoire de l’éloquence. […] Gorgias fut cependant un professeur distingué d’éloquence. […] Éloquence romaine. […] Éloquence moderne.
D’après la définition que nous avons donnée de l’éloquence, qui n’est autre chose que l’art de raisonner d’une manière persuasive et convaincante, il semblerait que nous rentrons ici dans son véritable domaine ; et qu’en la suivant dans les académies, nous allons avoir sous les yeux ce que l’éloquence a jamais fait entendre de plus beau, et ce que la philosophie a jamais pensé de plus raisonnable. […] ) Ce peu de mots, qui renferment le caractère de toute espèce d’éloquence, prescrivent surtout le ton et indiquent les limites de l’éloquence académique. C’est donc d’après la règle tracée par Cicéron lui-même, que nous allons examiner ici les productions académiques, considérées comme ouvrages d’éloquence ou monuments de philosophie. […] De tels sujets pouvaient ne pas ouvrir une carrière très vaste au génie du poète ou de l’orateur ; mais ils n’offraient pas du moins à leur imagination les écarts dangereux qui devaient bientôt outrager l’éloquence, la langue et la raison. L’influence salutaire de l’académie française ne tarda pas à se faire remarquer ; et les progrès du langage et de l’éloquence sont déjà très sensibles dans Pélisson, le premier orateur digne d’être cité que nous présentent les fastes académiques.
L’éloquence est-elle nécessairement un fruit de la spéculation ? […] Aimer l’éloquence, c’est le commencement de l’éloquence. […] Avez-vous jamais assisté à une grande fête de l’éloquence ? […] L’action est l’éloquence du corps. […] Fénelon, Dialogues sur l’éloquence.
Objet de l’Éloquence de la chaire. […] Sous ce dernier rapport, l’éloquence de la chaire est un art, et un art plus difficile, peut-être, que l’éloquence de la tribune et du barreau. […] L’éloquence profane emploie des armes presque toujours victorieuses, dont l’éloquence sacrée s’interdit sévèrement l’usage. […] L’éloquence sacrée se renferme dans des limites beaucoup plus étroites. […] On peut considérer la chaleur et la gravité comme les deux attributs caractéristiques de l’éloquence qui convient à la chaire : mais il n’est ni commun ni facile de réunir ces deux caractères d’éloquence.
Idée générale de l’Éloquence. […] La Harpe observe avec raison que la beauté touche et que les larmes attendrissent, mais que l’éloquence seule persuade. […] Aussi les anciens ne séparaient-ils point l’éloquence de la philosophie, et les véritables maîtres de l’éloquence furent chez eux des philosophes. […] L’éloquence a non seulement l’opinion, mais les affections, les passions à combattre et à subjuguer. […] Les débats des assemblées populaires ouvrent un vaste champ à ce genre d’éloquence, que la chaire admet également.
Genres de discours chez les modernes. — Éloquence sacrée. […] Examinons donc ici successivement l’éloquence sacrée, l’éloquence du barreau, l’éloquence académique et l’éloquence politique. […] Éloquence du barreau. […] Éloquence délibérative. […] Éloquence académique.
Je vous vois déjà sourire et vous demander, puisque les règles sont inutiles et que l’éloquence ne s’apprend pas, à quoi bon ces Entretiens sur l’éloquence. […] Mais l’éloquence n’est pas la faculté oratoire. […] Voyez-vous maintenant la différence qu’il y a entre l’éloquence et la faculté oratoire ? […] C’est la partie aride et ingrate de ces sortes de causes : l’inspiration s’y sent mal à l’aise et l’éloquence y étouffe. […] Nous ferons ensemble une excursion dans le domaine de l’éloquence, mais nous n’en tracerons pas les limites.
L’objet de l’éloquence du barreau est bien différent de celui que se propose l’éloquence populaire. […] C’est donc à l’entendement que s’adresse spécialement cette espèce d’éloquence. […] Au barreau enfin, le champ de l’éloquence est essentiellement borné. […] L’éloquence du barreau est donc plus restreinte, et renfermée dans des bornes infiniment plus étroites que l’éloquence politique ; et le genre judiciaire des anciens ne peut, sous aucun rapport, se comparer à l’état actuel du barreau moderne, qui ne ressemble en rien à celui des Grecs et des Romains. […] La clarté est une qualité indispensable dans l’éloquence du barreau.
L’éloquence n’a plus de tribune ! […] Voilà la fausse éloquence qui ressemble à la mauvaise musique. […] Tout entre dans les sujets que l’éloquence doit traiter. […] Voilà la tendresse qui fait une partie de l’éloquence. […] Voilà les idées de saint Augustin sur l’éloquence.
De l’Éloquence chez les Romains. […] Brigands disciplinés, plutôt qu’hommes de génie, ils n’eurent, pendant l’espace de cinq cents ans, ni goût, ni imagination, ni sensibilité, ni éloquence. […] Le règne de la véritable éloquence fut très court chez les Romains ; elle avait pris naissance avec Cicéron, elle expira avec lui. […] C’est là, que la cause du goût et de la raison est plaidée avec une éloquence et une solidité dignes de l’un et de l’autre ; que les limites qui séparent et doivent distinguer la poésie et l’éloquence, sont assignées avec autant de justesse que de sagacité ; que la grande question de la prééminence des anciens sur les modernes est discutée et résolue, de manière à terminer toute espèce de dispute à cet égard. Mais écoutons Messala, l’un des interlocuteurs, assigner et détailler les causes principales auxquelles il attribue la décadence totale de l’éloquence romaine.
Les trois genres d’éloquence entrent dans ces différentes espèces de discours. […] Ce prince de l’éloquence latine excelle dans les trois genres d’écrire. […] Son éloquence magnifique n’est jamais étalée au préjudice du bon goût et du jugement. […] C’est celui qui a le mieux exprimé le caractère de l’éloquence de l’orateur romain. […] Mais l’éloquence du barreau a fait, depuis, de grands progrès parmi nous.
Ainsi le genre (ou l’éloquence) judiciaire, comprend toutes les affaires qui se plaident en justice. […] Cicéron insiste beaucoup sur ce principe, comme sur une des règles de l’éloquence les plus importantes. […] Elle participe donc par quelque côté à la nature des quatre genres d’éloquence. […] Démosthènes faisait autant d’effet par ses gestes que par son éloquence. […] Les genres délibératifs et démonstratifs rentrant souvent l’un dans l’autre ont été supprimés et remplacés par l’éloquence de la tribune ou éloquence politique, comprenant aussi l’éloquence militaire, l’éloquence de la chaire, ou éloquence sacrée ; et enfin l’éloquence académique ou scientifique.
Éloquence : caractères et divisions. […] L’art oratoire fait la supériorité de l’éloquence savante sur l’éloquence instinctive. […] La réponse du vieil Horace est le sublime de cette éloquence. […] C’est mutiler l’éloquence, en lui ôtant la passion. […] Tout entre dans les sujets que l’éloquence doit traiter.
L’éloquence de la chaire demande une étude méditée et suivie des écrivains sacrés. […] Ce n’est pas néanmoins qu’il doive exclure de ses études les bons auteurs profanes ; les pères de l’église les avaient étudiés : ainsi, plus ses connaissances seront multipliées, plus son éloquence sera parfaite. Mais s’il veut porter la conviction dans les esprits, la persuasion dans les cœurs, la consolation dans les âmes, qu’il ouvre les saintes écritures, qu’il se nourrisse, qu’il enrichisse, qu’il fortifie son éloquence de leur lecture : il sera sûr alors de toucher, de persuader et de convaincre. […] Combien de traits de sentiment, de pensées sublimes, de mouvements pathétiques l’éloquence ne leur doit-elle pas ? […] C’est à eux que l’éloquence sacrée doit son origine et ses modèles en même temps : ce nouveau genre d’éloquence était absolument inconnu aux anciens ; et saint Augustin les défie de montrer aucun temple, aucune assemblée, où, par l’ordre et au nom de leurs Dieux, on fît un devoir aux hommes du mépris des richesses, de la fuite des honneurs et de l’horreur du luxe.
Idée de l’Éloquence des Saints-Pères. […] L’éloquence des premiers disciples des apôtres fut simple et sans art. […] Content d’exposer le vrai, saint Justin dédaigna les ressources et le fard de l’éloquence : mais son style rachète, par la force et la précision, le défaut total d’ornements. […] Le caractère dominant de son éloquence est la force, la profondeur des idées, la vivacité du raisonnement, et la noblesse soutenue du style. […] L’éclat et la pompe de son éloquence tournèrent sûr lui tous les regards de l’occident, et le firent admirer comme un prodige.
Il sut allier à l’étendue du savoir une profonde sagesse ; aux charmes de l’éloquence, l’empire de la vertu ; à l’élévation des dignités, un amour aussi éclairé qu’intrépide pour le bien. […] Nous avons, d’après Cicéron et Quintilien, établi pour principe la nécessité d’unir la philosophie à l’éloquence, pour former le parfait orateur, et nous nous sommes expliqués sur cette philosophie. […] » L’étude de la morale et celle de l’éloquence sont nées en même temps, et leur union est aussi ancienne dans le monde que celle de la pensée et de la parole. […] L’orateur se demande ensuite : « D’où sont sortis ces effets surprenans d’une éloquence plus qu’humaine ? […] Mais, bien loin de se laisser éblouir par l’heureux succès d’une éloquence subite, il reprend toujours avec une nouvelle ardeur le pénible travail de la composition.
C’est l’éloquence d’inspiration. […] Voilà l’éloquence naturelle. […] Mais, au fond, l’éloquence artificielle n’est que l’éloquence naturelle, éclairée et réglée dans l’usage de ses moyens. […] Éloquence de la Tribune. […] Éloquence du Barreau.
L’étude de l’éloquence et de la philosophie fut l’occupation de toute sa vie. […] Il paraît que ce plan n’embrassait d’abord que les règles relatives à l’éloquence, et principalement à l’éloquence de la chaire, et que ce fut à la sollicitation des personnes auxquelles il l’avait soumis, qu’il fit un cours complet de rhétorique et de critique. […] Dans ses premières périodes, il était plus favorable à la poésie et à l’éloquence ; il se prête mieux de nos jours à la raison et à la philosophie. […] Ainsi, quoiqu’on puisse avancer que l’écriture suffise à l’instruction, cependant c’est au langage plutôt qu’à l’écriture que nous devons ce que l’éloquence a produit de plus grand et de plus beau. […] Philippe trouvait des difficultés à l’exécution de ses projets, dans le caractère même des Athéniens, et Démosthène, par son éloquence, lui opposait un grand obstacle.
Les grands objets dont s’occupe cette espèce d’éloquence, sont encore une raison de plus pour n’en jamais perdre de vue l’utilité. […] Cela est vrai pour tous les genres d’éloquence ; mais cela est indispensable pour celui dont il s’agit ici. […] Nous sentons bien, et l’on sentira comme nous, que cette dernière qualité exige et suppose plus que de l’éloquence ; qu’elle demande tout le courage de la vertu, toute l’énergie du vrai talent. […] Voilà pourquoi sans doute les anciens, pour qui l’éloquence populaire était si importante, attachaient tant de prix et de mérite à la réunion des grands talents et des grandes vertus. […] Aussi, l’éloquence populaire ne triomphe-t-elle jamais avec plus d’éclat, que lorsqu’elle peut mettre d’accord l’utilité publique et la dignité : c’étaient les deux grands moyens de Démosthène.
L’éloquence n’est pas le spectacle des oisifs et le passe-temps du menu peuple3. […] Disons donc que la vraie éloquence est bien différente de cette causeuse des places publiques, et son style bien éloigné du jargon ambitieux des sophistes grecs. Disons que c’est une éloquence d’affaires et de service ; née au commandement5 et à la souveraineté ; tout efficace et toute pleine de force. […] La souveraine éloquence gouverna ainsi longtemps la plus fine5 partie du genre humain, et présida aux affaires de la Grèce. […] Il faut comparer ce morceau au Gorgias de Platon, à Pascal (Pensées sur l’éloquence), à Fénelon (Dialogue sur l’éloquence), à Buffon (Discours sur le style).
Démosthène défendit par les foudres de son éloquence, la liberté de sa patrie, contre la politique et les armes de Philippe. […] Des ambassadeurs Athéniens s’y étant rendus pour une affaire particulière, tous les jeunes Romains qui les entendirent, furent ravis de leur éloquence. […] Pline le jeune consacra le talent de l’éloquence, à louer un des plus parfaits modèles des bons souverains. […] Patru, le Maistre, et Gautier commençaient alors à introduire la vraie éloquence dans le barreau. […] Bourdaloue, Bossuet, Massillon, Fléchier, donnèrent à l’éloquence sacrée autant de force, d’agréments et de majesté, que Démosthène et Cicéron en avaient donné à l’éloquence profane.
L’Éloquence est le talent de bien parler. […] La Rhétorique est la fille de l’Éloquence. […] Qu’est-ce que l’Éloquence ? […] Ils ont créé quatre genres d’éloquence, qui embrassent les discours de toute nature, savoir : l’éloquence sacrée, l’éloquence politique, l’éloquence judiciaire et l’éloquence académique. […] L’éloquence sacrée a des ressources inconnues aux autres genres d’éloquence.
Leurs sectes ont fait place à son Eglise et leurs dogmes à ses commandements : toute la raison, toute l’éloquence d’Athènes lui a cédé. […] Distinction de la vraie et de la fausse éloquence. […] La vraie éloquence est bien différente de cette causeuse des places publiques, et son style est bien éloigné du jargon ambitieux des sophistes grecs. Disons que c’est une éloquence d’affaires et de service, née pour le commandement et la souveraineté, tout efficace et toute pleine de force. […] « L’éloquence, a dit Nicole (Pensées diverses), ne doit pas seulement causer un sentiment de plaisir, mais elle doit laisser le dard dans le cœur. » Il ajoute avec raison qu’un discours dont on ne retient rien est un mauvais discours.
Les règles de l’éloquence, de la poésie et des autres arts ayant été prises dans la nature du cœur humain, ont toujours été et seront toujours aussi invariables que la raison même. […] Elles sont l’une et l’autre d’un littérateur philosophe, qui n’ignorait rien de ce qui est essentiel à l’éloquence et à la poésie, et qui en avait approfondi toutes les parties. […] Il est admirable par la justesse et la sagesse des réflexions, les agréments et l’éloquence du style. […] -C, fut l’ennemi déclaré du mauvais goût, qui, de son temps, commençait à s’introduire dans l’éloquence et dans la poésie. […] Cet ouvrage et celui de Cicéron, bien dignes de servir à jamais de modèles en ce genre, doivent être sans cesse lus et médités par tous ceux qui se destinent à courir la carrière de l’éloquence.
L’éloquence a donc précédé la rhétorique, comme les langues ont précédé la grammaire. […] Éloquence de la chaire, — de la tribune. […] Plaidoyers, — Mémoires, — Éloquence du barreau. […] Les passions sont l’âme même de l’éloquence. […] « Elle est la mitraille de l’éloquence », a dit spirituellement P.
Or c’est dans l’argumentation que réside toute l’adresse et la force de l’éloquence judiciaire, d’une grande partie du genre délibératif, de la polémique, de la plupart des écrits philosophiques et didactiques. […] Et quelque ridicule que l’on ait attaché à ce nom, les discours des Royer-Collard et des Guizot auront, par la supériorité de leurs généralisations, une place à part dans l’éloquence parlementaire. […] Quintilien, au commencement du septième livre, développe minutieusement cette idée dans ses rapports avec l’éloquence du barreau. […] Quelques-uns divisent l’éloquence en divers genres d’après les lieux où elle s’exerce, la tribune, le barreau, la chaire, l’académie. […] Aristote, et après lui la plupart des traités de rhétorique, divisent l’éloquence en trois genres, le délibératif, le démonstratif et le judiciaire.
Son éloquence porte, dans la défense de la religion, cette angoisse et cette haute mélancolie que d’autres ont rencontrées dans le doute. […] L’éloquence L’éloquence continue ennuie. L’éloquence est un art de dire les choses de telle façon que ceux à qui l’on parle puissent les entendre sans peine et avec plaisir, ou qu’ils s’y sentent intéressés, en sorte que l’amour-propre les porte plus volontiers à y faire réflexion. […] La vraie éloquence se moque de l’éloquence ; la vraie morale se moque de la morale3. […] Joubert disait : « Pour faire aisément de beaux discours, il faut opérer sur soi-même, comme on veut opérer sur son auditeur. » Et ailleurs : « Toute l’éloquence doit venir d’émotion, et toute émotion donne naturellement l’éloquence.
L’éloquence de la chaire donne plus de liberté dans l’usage des passions. […] Telle est la véritable éloquence, l’éloquence des passions. […] … Qu’est devenue, ô mon ami, qu’est devenue ton éloquence ? […] Elle est à l’éloquence ce que le coloris est à la peinture. […] La véritable éloquence n’a rien d’enflé ni d’ambitieux.
De quelques autres figures qui appartiennent plus particulièrement à l’éloquence oratoire. […] C’est un des grands moyens de l’éloquence du barreau et de celle de la chaire. […] Mais Bossuet n’est pas le seul de nos orateurs qui ait fait, de ce grand moyen oratoire, l’un des ressorts principaux de son éloquence : Massillon, Bourdaloue, et M. le cardinal lui-même, l’ont fréquemment employé avec succès. […] Allons donc à l’économie des moments, et hâtons-nous d’arriver à l’éloquence elle-même : nous n’avons fait jusqu’ici que préparer les sentiers qui y conduisent. […] (M. le cardinal Maury, Essai sur l’Éloquence).
Il était impossible qu’un homme d’un génie aussi supérieur à son siècle et à ses contemporains, n’eût pas fréquemment de ces beaux mouvements de l’éloquence que les circonstances inspirent, et dont nous avons cité et admiré déjà plusieurs traits. […] Le Deutéronome, qui nous a fourni le morceau qu’on vient de lire, contient plusieurs autres monuments de l’éloquence de Moïse. […] Si on leur racontait, par exemple, que le plus bel exorde que l’on connaisse, et qui a produit le plus beau mouvement oratoire que l’on puisse citer, a été fourni par le hasard à un malheureux que l’on traînait au tribunal assemblé pour le condamner ; si l’on.ajoutait que ce tribunal était l’Aréopage, et que sa sagesse fut étonnée, confondue par l’éloquence de l’orateur, avec quel empressement on attendrait, avec quel enthousiasme ne lirait-on pas le discours suivant ? […] à qui nous avons cru plus utile encore de donner des leçons de morale, que de citer des modèles d’éloquence, apprenez de bonne heure et n’oubliez jamais, que l’esprit est essentiellement faux, le goût essentiellement dépravé, quand le cœur est corrompu ; et le cœur est corrompu, quand rien de bon ou d’utile n’y a germé dans l’enfance, ou que ces germes précieux ont été tristement étouffés, dans la suite, par la séduction des mauvais exemples et l’empire des mauvaises habitudes. Nous avons tâché de vous prouver, dans le cours de cet ouvrage, que les progrès du goût et de l’éloquence étaient nécessairement attachés à ceux de la morale, et que la ruine de l’une entraînait la décadence inévitable de l’autre : nous vous avons montré que les plus beaux morceaux, que l’on pût offrir à votre admiration, étaient ceux où respire le sentiment de la vertu, la haine du vice ou l’amour éclairé de la patrie ; que tout ce qui ne porte pas ces grands caractères du vrai beau, ne peut qu’être froid, languissant, inanimé ; et qu’enfin, en tout genre comme en tout sens, dans la conduite, comme dans les ouvrages, L’esprit se sent toujours des bassesses du cœur.
Ses Dialogues sur l’éloquence sont d’un maître qui enseigne avec l’autorité de son expérience et de ses exemples. […] L’Éloquence doit, sans doute, entrer dans le même dessein. […] L’éloquence de ces pages est une sorte de mépris irrité contre le vice que Fénelon voudrait extirper jusqu’en ses racines. […] L’Éloquence. […] (Maury Essai sur l’éloquence, c. 59.)
Il ne peut être que fort dangereux pour moi, sans doute, de me trouver, en fait d’éloquence, d’un autre avis que M. le cardinal Maury : mais il ne me paraît pas avoir rendu à ce Panégyrique et à l’Éloge funèbre des officiers, toute la justice que méritent ces deux productions. Le président Hénault trouvait le panégyriste de Louis XV d’autant plus éloquent, qu’il paraît ne pas prétendre à l’éloquence, et cela est vrai. Cette manière simple et franche de louer était nouvelle, sans doute, et n’en doit avoir que plus de prix aux yeux des jeunes orateurs, trop naturellement portés à prendre l’exagéré pour le vrai, et l’emphase pour la véritable éloquence. Familiarisé avec les mouvements de la grande éloquence, et avec l’action impétueuse de la tribune politique, M. le cardinal a dû moins goûter l’éloquence tranquille du cabinet, et trouver froid, par conséquent, ce qui n’est que simple et médiocrement orné.
) Si l’on entend, avec Platon, par diction poétique, l’expression fidèle et l’image sensible de la pensée, présentée pour ainsi dire en relief, il est certain que cette manière d’écrire appartient à l’éloquence, comme à tous les autres genres de poésie ou de littérature. Mais si, en restreignant ce mot au sens où il se prend pour l’ordinaire, on l’abandonne exclusivement à la poésie proprement dite, on ne concevra plus ce qu’il peut avoir de commun avec l’éloquence de la chaire, par exemple, ou avec celle du barreau. Il faut donc nous en tenir à l’idée du philosophe grec ; et, en la renfermant dans ses bornes naturelles, nous verrons que Platon n’a rien dit de trop, et que cette diction presque poétique est le plus ordinairement celle du genre d’éloquence qui nous occupe pour le moment ; et c’est Platon lui-même qui va nous le prouver. […] Après quelques mots d’étonnement sur le nombre de suffrages en sa faveur, et sur lesquels il était loin de compter ; après une courte récapitulation de sa vie privée et publique, il adresse à ses juges ces paroles remarquables, où respire cette belle et noble simplicité de la belle éloquence : « Athéniens ! […] Qu’ils sont petits, froids et mesquins, en comparaison de ces grands traits de la véritable éloquence, louant des vertus réelles, les éloges trop vantés et si peu lus d’Isocrate !
Poésie, éloquence, littérature. […] Les ouvrages en prose, écrits et discours, sont aussi réunis, moins absolument, mais au moins quelquefois, sous le nom d’éloquence de telle ou telle nation. Ainsi, un cours d’éloquence grecque, un cours d’éloquence française, font entendre l’étude de tous les ouvrages en prose, grecs ou français. […] Nous dirons plus tard comment se divisent les poèmes ; quant aux ouvrages en prose, par lesquels nous commençons, nous parlerons : 1º des discours oratoires, ou de l’éloquence parlée ; 2º des lettres, ou de ce qu’on nomme le genre épistolaire ; 5º des ouvrages didactiques ; 4º des ouvrages historiques ; 5º des contes et romans 2.
Éloquence et mission de saint Paul3. […] On a remarqué avec raison que, dans les traits par lesquels est caractérisée l’éloquence de ce grand apôtre, il y en a plus d’un que l’on pourrait appliquer justement à celle de Bossuet. « Jamais éloquence ne fut en effet, comme l’a écrit M. de Barante, plus dégagée de tout artifice, de tout calcul. […] Il est curieux de comparer à ce passage ce que dit Fénelon sur l’éloquence de saint Paul dans ses Dialogues sur l’éloquence, au commencement du dialogue III. […] Vinet dans sa Chrestomathie française, n’est pas seulement un orateur sublime et un magnifique historien : il est le premier dans l’éloquence didactique, où les Français sont les premiers.
Parmi les Latins, Cicéron, après avoir offert dans ses discours les plus beaux exemples de la véritable éloquence, a montré, dans son traité intitulé Orator, le vrai modèle de l’orateur. […] -C, fut l’ennemi déclaré du mauvais goût qui, de son temps, commençait à s’introduire dans l’éloquence et dans la poésie. […] Celui qui ne mettrait sous les yeux du lecteur que les vers négligés d’une pièce de poésie, ou les morceaux peu saillants d’une pièce d’éloquence, lui donnerait une bien fausse idée du poète ou de l’orateur, et serait injuste envers ces deux écrivains. […] Il s’agit de deux traités qui parurent à peu près dans le même temps, et dont l’un est resté plus célèbre que l’autre : le Traité des études de Rollin, et les Règles de l’éloquence, de Gibert. […] Il s’est donc déterminé à imprimer les Règles de l’éloquence, livre qui n’a rien de commun avec un autre ouvrage du même auteur, publié en 1703, sous le titre de la Véritable éloquence, et qui commença à établir sa réputation.
Nous avons dit, au commencement de cet article, pourquoi, et démontré comment les formes actuelles de notre jurisprudence avaient dû changer nécessairement celles de l’éloquence judiciaire : de là, cette différence entre les avocats anciens, qui étaient et devaient être de vrais orateurs, et les nôtres, qui ne peuvent guère être que des avocats. […] Mais ce qui contribua le plus à effacer la réputation de Patru, et à le reléguer dans la classe des écrivains estimés, mais peu lus, ce fut le célèbre Cochin, à qui il semblait réservé d’offrir aux Français le modèle le plus accompli de l’éloquence du barreau, et l’exemple, en même temps, de toutes les vertus qui doivent constituer l’avocat. […] Le premier redoutable, mais suspect à ses juges, qui, à force de le croire habile, le regardaient comme dangereux : le second, précédé au barreau par cette réputation d’honnête homme, qui est la plus forte recommandation d’une cause, la première qualité de l’avocat, et peut-être la première éloquence de l’orateur. […] Une dame de qualité lui disait un jour : Vous êtes si supérieur aux autres hommes, que, si l’on était dans le temps du paganisme, je vous adorerais comme le dieu de l’éloquence. — Dans la vérité du christianisme, répondit le sage orateur, l’homme n’a rien dont il puisse s’approprier la gloire.
Son éloquence porte dans la défense de la religion cette angoisse et cette haute mélancolie que d’autres ont rencontrées dans le doute. […] L’éloquence L’éloquence continue ennuie. […] L’éloquence est une peinture de la pensée, et ainsi ceux qui, après avoir peint, ajoutent encore, font un tableau au lieu d’un portrait2. […] La vraie éloquence se moque de l’éloquence ; la vraie morale se moque de la morale4. […] Joubert disait : « Pour faire aisément de beaux discours, il faut opérer sur soi-même, comme ou veut opérer sur son auditeur. » Et ailleurs : « Toute éloquence doit venir d’émotion, et toute émotion donne naturellement l’éloquence.
L’Académie comprend, sous le nom de belles-lettres, la poésie, l’éloquence, et aussi la grammaire dont la connaissance approfondie est nécessaire pour le succès des œuvres littéraires. […] Celui dont le cœur est dur ou manque de délicatesse, qui ne sait point admirer ce qui est grand et généreux, qui ne partage point les sentiments doux et tendres, sentira toujours faiblement les beautés les plus sublimes de l’éloquence et de la poésie. […] D’autres observateurs les firent, et ainsi on en a fait de siècle en siècle, à mesure que le génie de l’homme a perfectionné l’éloquence, la poésie et l’art de l’écrivain. […] Les belles-lettres ornent la mémoire, développent l’intelligence et l’imagination, enrichissent l’esprit et l’occupent agréablement, lui donne cette justesse de pensée, cette fleur d’éloquence et d’élocution, cette finesse de goût qu’on ne trouve point chez ceux qui ne les ont point cultivées, et ce qui vaut mieux encore, élèvent le cœur en ennoblissant les sentiments et en perfectionnant toutes les facultés de l’homme. […] Comme la poésie a précédé l’éloquence, on en fera ensuite connaître les règles spéciales.
Rien de plus propre, selon moi, à mettre dans tout leur jour les vices de l’éloquence moderne, que l’excellent esprit et le style vraiment éloquent qui distinguent le discours du P. […] Il développe ensuite sa proposition, et c’est là que commence à se déployer avec avantage le rare talent de l’écrivain pour prêter aux discussions philosophiques le charme de l’éloquence et l’intérêt du style. […] Quel morceau, par exemple, que celui-ci, sur l’accord de la philosophie avec la la poésie et l’éloquence ! […] Quelle perle pour l’éloquence, que le silence d’un homme qui s’était annoncé avec un aussi grand talent, et quel effet il eût produit, de quelle réputation il eût joui dans le siècle des Pascal, des Bossuet et des Bourdaloue ! […] Guénard fut couronné par l’académie française, en 1755, c’est-à-dire, quatre ans avant l’éloge du maréchal de Saxe, duquel date la révolution opérée dans l’éloquence académique.
) Un vice essentiel, et très ordinaire cependant dans ces orateurs prétendus qui prennent le bavardage pour de l’éloquence, c’est de fonder leurs exordes sur des lieux communs qui n’ont pas le moindre rapport avec l’objet dont il est question. […] Dans l’éloquence de la chaire, l’explication du sujet que l’on va traiter, remplace la narration judiciaire, et exige à peu près les mêmes qualités : clarté et précision dans les choses, élégance et correction dans le style. […] Mais c’est dans l’éloquence de la tribune et dans celle de la chaire, où le but principal est d’intéresser et d’émouvoir, que la péroraison est la partie essentielle du discours. […] Une péroraison pathétique n’est indigne de l’éloquence, que dans le cas où l’on s’en servirait pour faire triompher le crime ou le mensonge. […] ) Mais si la nature de la cause donne lieu à une éloquence véhémente, le résumé doit être suivi d’un mouvement oratoire, qui sera ou d’indignation ou de commisération.