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117. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Fénelon, 1651-1715 » pp. 178-204

L’harmonie qui ne va qu’à flatter l’oreille n’est qu’un amusement de gens faibles et oisifs ; elle est indigne d’une république bien policée. […] Nous ne sommes point ce maître : il est vrai que nous parlons souvent sans lui, et plus haut que lui ; mais alors nous nous trompons, nous bégayons, nous ne nous entendons pas nous-mêmes ; nous craignons même de voir que nous nous sommes trompés, et nous fermons l’oreille de peur d’être humiliés par ses corrections.

118. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre VI. Analyse du discours sur l’esprit philosophique, par le P. Guénard. »

Libre des opinions vulgaires, et pensant d’une manière qui n’appartient qu’à lui seul, il parle un langage, vrai dans le fond, mais nouveau et singulier, qui blesserait l’oreille des autres hommes ; vaste et profond dans ses vues, et s’élevant toujours par ses notions abstraites et générales, qui sont pour lui comme des livres abrégés, il échappe à tout moment aux regards de la foule, et s’envole fièrement dans les régions supérieures.

119. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre quatrième. De la disposition oratoire, ou de l’Ordre mécanique du discours. — Chapitre premier. »

Il est alors si important d’être entendu, que la prononciation même doit être soignée de manière à ne rien faire perdre à l’oreille du juge.

120. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Montesquieu 1666-1755 » pp. 148-157

Il a beau me crier aux oreilles, pour me ranimer, qu’ils sont dorés sur tranche, ornés de filets d’or, et de la bonne édition ; me nommer les meilleurs l’un après l’autre, dire que sa galerie est remplie, à quelques endroits près qui sont peints de manière qu’on les prend pour de vrais livres arrangés sur des tablettes, et que l’œil s’y trompe ; ajouter qu’il ne lit jamais, qu’il ne met pas le pied dans cette galerie, qu’il y viendra pour me faire plaisir : je le remercie de sa complaisance, et ne veux, non plus que lui, voir sa tannerie, qu’il appelle sa bibliothèque. » 2.

121. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Alfred de Musset 1810-1857 » pp. 564-575

ô douces voix chères à mon oreille !

122. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

On peut dire de Montaigne : il pense, il voit, et la parole suit ; et cette parole, le lecteur, à son tour, la voit autant qu’il la comprend, C’est une fête continue des yeux et des oreilles que ce défilé d’images, toutes de franche venue, et cette bonne sonorité de mots bien trébuchants, relevés au besoin d’un accent gascon : « Que le gascon y arrive, a-t-il dit, si le françois n’y peut aller. » On ne se sent nulle envie en le lisant de le degasconner, comme le voulait faire Malherbe de la langue discordante de Ronsard. […] Il m’a esté comme ma conscience, et m’a dicté à l’oreille beaucoup de bonnes honnestetez et maximes excellentes pour ma conduite et pour le gouvernement des affaires. […] Discours au roi de Navarre263 … Un soir, Armagnac avoit tiré le rideau du lict où son maistre (le Roi) trembloit d’une fièvre éphémère : comme ces deux264 avoyent l’oreille prés du chevet de leur maistre, ils l’entendirent soupirer, et puis plus attentivement ouyrent qu’il achevoit de chanter le Pseaume lxxxviii au couplet qui desplore l’esloignement des fidèles amis : Armagnac pressa l’autre de prendre ce temps pour parler hardiment : ce conseil suivi promptement, et le rideau ouvert, voici les propos que ce Prince entendit : « Sire, il est donc vrai que l’esprit de Dieu travaille et habite encore en vous ?

123. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — La Bruyère. (1646-1696.) » pp. 91-100

Il connaît les marches de ces armées, il sait ce qu’elles feront et ce qu’elles ne feront pas ; vous diriez qu’il ait l’oreille du prince ou le secret du ministre.

124. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 185-195

Il a l’œil du peintre, et l’oreille du musicien.

125. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bernardin de Saint-Pierre, 737-1814 » pp. 357-367

Le vent était si violent qu’on ne pouvait entendre les paroles même qu’on se disait en criant à l’oreille à tue-tête.

126. (1867) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de rhétorique

L’âme voit la couleur par l’organe de l’œil, et entend les sons par l’organe de l’oreille ; mais elle peut cesser de voir ou d’entendre, quand ces sons ou ces objets lui manquent, sans que pour cela elle cesse d’être, parce que l’âme n’est point précisément ce qui voit la couleur ou ce qui entend les sons : elle n’est que ce qui pense. […] L’harmonie qui ne va qu’à flatter l’oreille n’est qu’un amusement de gens faibles et oisifs, elle est indigne d’une république bien policée : elle n’est bonne qu’autant que les sons y conviennent au sens des paroles, et que les paroles y inspirent des sentiments vertueux. […] Il nous dit qu’il fallait qu’il y eût de mauvaises nouvelles de Meudon, que monseigneur le duc de Bourgogne venait d’envoyer parler à l’oreille de M. le duc de Berry, à qui les yeux avaient rougi à l’instant ; qu’aussitôt il était sorti de table ; que, sur un second message fort prompt, la table où la compagnie était restée s’était levée avec précipitation, et que tout le monde était passé dans le cabinet. […] Mais pour le petit nombre de ceux dont la tête est ferme, le goût délicat et le sens exquis, et qui comptent pour peu le ton, les gestes et le vain son des mots, il faut des choses, des pensées, des raisons ; il faut savoir les présenter, les nuancer, les ordonner : il ne suffit pas de frapper l’oreille et d’occuper les yeux ; il faut agir sur l’âme, et toucher le cœur en parlant à l’esprit. […] Les idées seules forment le fond du style ; l’harmonie des paroles n’en est que l’accessoire377, et ne dépend que de la sensibilité des organes ; il suffit d’avoir un peu d’oreille pour éviter les dissonances, et de l’avoir exercée, perfectionnée par la lecture des poètes et des orateurs, pour que mécaniquement on soit porté à l’imitation de la cadence poétique et des tours oratoires.

127. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

Pleins d’estime, pénétrés d’une vénération affectueuse pour ce grand homme, tous prêtent, à son discours, une oreille attentive. […] L’éloquence, dit Cicéron71, veut qu’on s’accommode au goût et à l’oreille au peuple : elle songe à gagner et à toucher les esprits ; et dans ce but qu’elle se propose, les raisons doivent être pesées, non dans la balance des savants, mais dans celle du sens commun et de la multitude. […] La beauté du style ne sert qu’à les faire valoir davantage ; et l’auditeur, dont l’oreille et l’imagination sont agréablement flattées, n’en est que mieux disposé à suivre et à goûter les raisonnements de l’orateur.

128. (1862) Cours complet et gradué de versions latines adaptées à la méthode de M. Burnouf… à l’usage des classes de grammaire (sixième, cinquième, quatrième) pp. -368

Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.

129. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE IV. Des Figures. » pp. 144-262

J'ai entendu cela de mes propres oreilles. […] Le rocher à pic revêt des formes plus gracieuses, le désert se réjouit dans ses tristes solitudes, etc. » Le degré le plus élevé de la personnification consiste à représenter les objets inanimés non seulement comme pensant et agissant, mais comme nous adressant la parole et prêtant l’oreille à nos discours. […] Mulcere aures, flatter les oreilles. […] Prêter l’oreille à des outrages. — Suggerere (gerere sub), suggérer, fournir. […] Par extension, grommeler, marmotter entre ses dents, murmurer. — Mutire, se plaindre en murmurant. — Mussare (fréquentatif de mutire), parler tout bas. — Mussitare (fréquentatif de mussare), marmotter tout bas. — Susurrare, dire en secret, dire à l’oreille, chuchoter.

130. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VIII. Des Figures en général. »

La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles :                On a beau la prier, La cruelle qu’elle est se bouche les oreilles,                Et nous laisse crier. […] Il en est de l’antithèse, comme des figures dont nous avons parlé jusqu’ici : l’à-propos en fait souvent tout le mérite, avec cette différence cependant, que plus elle est brillante, plus elle fatigue en peu de temps ; et rien de moins soutenable que ce cliquetis de mots opposés entre eux, et dont il résulte un tintement monotone et assommant pour l’oreille, quand l’antithèse n’est que dans les mots, et une contrainte pénible pour l’esprit ; quand c’est dans les pensées que se trouve l’opposition.

131. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Voltaire, 1694-1778 » pp. 253-281

Un jeune homme sensible, mais sans aucune connaissance, ne distingue point d’abord les parties d’un grand chœur de musique ; ses yeux ne distinguent point d’abord dans un tableau les gradations, le clair-obscur, la perspective, l’accord des couleurs, la correction du dessin ; mais peu à peu ses oreilles apprennent à entendre, et ses yeux à voir. […] On s’accoutume à voir des tableaux avec les yeux de Le Brun, du Poussin, de Le Sueur ; on entend la déclamation notée des scènes de Quinault avec l’oreille de Lulli ; on lit les livres avec l’esprit des bons auteurs.

132. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIV. de la fin  » pp. 189-202

A leur dernière ligne, vous êtes tenté de tourner la page pour chercher la suite ; l’esprit est dérouté, désappointé, comme le serait l’oreille, si un compositeur s’avisait de s’arrêter sur un accord dissonant dont il n’aurait pas fait entendre la résolution.

133. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XV. de l’élocution  » pp. 203-216

La rangerez-vous sous le titre style sublime à côté des premiers vers d’Iphigénie : Oui, c’est Agamemnon, c’est ton roi qui t’éveille, Viens, reconnais la voix qui frappe ton oreille… Il est cependant manifeste que ces deux styles, également sublimes, si vous voulez, ne se ressemblent d’ailleurs en aucune façon.

134. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Saint-Simon, 1675-1755 » pp. 223-233

Il nous dit qu’il fallait qu’il y eût de mauvaises nouvelles de Meudon ; que monseigneur le duc de Bourgogne venait d’envoyer parler à l’oreille à M. le duc de Berry, à qui les yeux avaient rougi à l’instant ; qu’aussitôt il était sorti de table ; que, sur un second message fort prompt, la table où la compagnie était restée s’était levée avec précipitation, et que tout le monde était passé dans le cabinet.

135. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — Chapitre II. Du genre pastoral » pp. 96-112

Doux zéphyrs, qui régniez alors en ces beaux lieux, N’en portâtes-vous rien à l’oreille des Dieux ?

136. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

Si quelquefois l'emuet final se brise sur une voyelle, si la période est terminée avec grâce, l'oreille éprouve un charme qui laisse une impression durable. […] Si ton oreille entend l'aveu sincère, L'aveu d'un cœur qui flatte ton espoir, Que ton secret, dans le sein de ta mère, Soit déposé, ma chère enfant, le soir. […] Il emprunte, pour charmer l'oreille et les yeux, les secours de la musique, les changements de décorations et, quelquefois, la danse.

137. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre I. Du style. » pp. 181-236

Il faut en bannir avec soin les mots qui riment ensemble, éviter de même la rencontre des voyelles qui, en se heurtant, peuvent former un son désagréable : car, comme le dit Boileau, La plus noble pensée Ne plaît point à l’esprit, si l’oreille est blessée1. […] Il est riche, lorsqu’il abonde en idées et en expressions ; brillant et fleuri, lorsqu’il éclate en images ; nombreux, quand il a un mouvement agréable qui flatte l’oreille ; pittoresque, lorsqu’il représente vivement les objets.

138. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre V. Analyse de l’éloge de Marc-Aurèle, par Thomas. »

Il faudrait que son oreille pût être frappée à la fois de tous les gémissements, de toutes les plaintes, de tous les cris de ses sujets.

139. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XII. du corps de l’ouvrage. — portrait, dialogue, amplification  » pp. 161-174

Il s’agit d’une dame dont on veut faire apprecier le caractère par sa manière de prononcer : « Le souffle de son âme se déployait dans les replis des syllabes, comme le son se divise dans les clefs d’une flûte ; il expirait onduleusement à l’oreille, d’où il précipitait l’action du sang.

140. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XX. des qualités accidentelles du style. — élégance, finesse, naiveté, enjouement  » pp. 274-288

Je réponds que quand le cœur, l’esprit, l’imagination, l’oreille sont charmés par cette harmonieuse élégance, quand elle fait naître l’intérêt qui se refuserait à la chose elle-même91, il est impossible que toutes nos facultés prennent ainsi le change et s’abusent sur ce qui les charme ; que ce n’est réellement pas la peine de construire un théâtre, d’y réunir tous les prestiges des arts, d’y convoquer l’élite de la société, pour y faire entendre les conversations du coin de la rue, Depuis que je vous vois, j’abandonne la chasse, ou encore : Demain, vingt-cinq juin mil six cent cinquante-sept, Quelqu’un que lord Broghill autrefois chérissait Attend de grand matin ledit lord aux Trois Grues, Près de la halle au vin, à l’angle des deux rues92.

141. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXIII. des figures. — tropes d’invention et tropes d’usage  » pp. 323-338

Métonymies du signe pour la chose signifiée : La robe, pour les professions civiles ; l’épée, pour la profession militaire ; le sceptre, la couronne, pour la dignité royale ; le chapeau, pour le cardinalat ; les bonnets rouges et les talons rouges, pour les démagogues et les aristocrates ; les parties du corps, pour le sens ou le sentiment dont elles sont ou dont on les suppose l’organe : l’œil, l’oreille, pour la vue et l’ouïe ; le cœur, la cervelle, les entrailles, pour le courage, l’esprit, la sensibilité, Mes entrailles pour lui se troublent par avance.

142. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre II. De l’Éloquence. » pp. 318-338

Ce qui le caractérise principalement, ce sont les pensées brillantes, les belles images, l’éclat des figures, l’agrément des digressions, la variété des tours, cette cadence nombreuse et périodique, cette harmonie de style qui charme l’oreille, et jette l’esprit dans une espèce d’enchantement.

143. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — De Maistre, 1753-1821 » pp. 377-387

Il fixe donc les bornes, au delà desquelles la voix, pour toute oreille anglaise, n’est plus que du bruit ; mais, dit-il encore : « Un orateur français se ferait entendre de plus loin, sa prononciation étant plus distincte et plus ferme. » Ce que Wren a dit de la parole orale me semble encore bien plus vrai de cette parole bien autrement pénétrante qui retentit dans les livres.

144. (1912) Morceaux choisis des auteurs français XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles

Puis, en majesté présidentale184, tenant sa marote185 au poing, comme si fût186 un sceptre, et affublant187 en tête188 son chaperon de martres singesses à oreilles de papier, fraisé à points d’orgues189, toussant préalablement deux ou trois bonnes fois, dit à haute voix : « La cour190 vous dit que le faquin qui a son pain mangé à la fumée du rôt, civilement191 a payé le rôtisseur au son de son argent. […] Toutes ces nouvelles venaient à mes oreilles quand je passais par la rue : toutefois il me resta encore quelque espérance, qui m’accourageait309 et soutenait, d’autant que les dernières épreuves310 s’étaient assez bien portées311 et dès lors en pensais savoir assez pour pouvoir gagner ma vie, combien que j’en fusse fort éloigné (comme tu entendras ci-après), et ne dois trouver mauvais si j’en fais un peu long discours312, afin de te rendre plus attentif à ce qui te pourra servir. […] Le voilà entré : il rit, il crie, il éclate ; on bouche ses oreilles, c’est un tonnerre. […] Auprès de ce chêne sacré et antique se cachait un jeune faune917, qui prêtait l’oreille aux vers que chantait l’enfant, et qui marquait à Silène, par un ris moqueur, toutes les fautes que faisait son disciple. […] Je voudrais que le récit de toutes les injustices retentît sans cesse à toutes les oreilles.

145. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre X. du commencement  » pp. 131-145

Tout plein du Dieu qui parle par sa bouche, il peut, dès l’abord, entonner le chant du prophète : Cieux, écoutez ma voix ; terre, prête l’oreille.

146. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IV. Genre didactique. »

Mais avez-vous des oreilles pour m’entendre ?

147. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Michel de Montaigne, 1533-1592 » pp. -

A l’appel des cités fermez bien vos oreilles ; Elles ne donnent pas ce qu’elles ont promis.

148. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Résumé. » pp. 388-408

Mais la construction usuelle s’éloigne parfois de cet ordre, Soit pour flatter l’oreille, et alors elle est euphonique ; Soit pour obéir à l’ordre chronologique des faits, et alors elle est historique ; Soit pour rendre plus vivement la passion, et alors elle est pathétique ou figurée.

149. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre II. — Choix des Pensées »

Je vois fuir aussitôt toute la nation     Des lapins, qui, sur la bruyère,     L’œil éveillé, l’oreille au guet, S’égayaient, et de thym parfumaient leur banquet     Le bruit du coup fait que la bande     S’en va chercher sa sûreté !

150. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Victor Hugo Né à Besançon en 1802 » pp. 540-556

Le dos courbé, le front touchant presque au Gradus, Je croyais (car toujours l’esprit de l’enfant veille) Ouïr confusément, tout près de mon oreille, Les mots grecs et latins, bavards et familiers, Barbouillés d’encre, et gais comme des écoliers, Chuchoter, comme font les oiseaux dans une aire8, Entre les noirs feuillets du lourd dictionnaire9.

151. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VII. Des différents exercices de composition. »

Monsieur, On me dit que vous prêtez l’oreille à la voix qui m’accuse et qui sollicite ma perte. […] La conscience de notre petitesse à la vue de l’infini, nos chants s’étendant au loin sur les vagues, la nuit s’approchant avec ses embûches, la merveille de notre vaisseau au milieu de tant de merveilles, un équipage religieux saisi d’admiration et de crainte, un prêtre auguste en prières, Dieu penché sur l’abîme, d’une main retenant le soleil aux portes de l’occident, de l’autre élevant la lune dans l’Orient, et prêtant, à travers l’immensité, une oreille attentive à la voix de sa créature : voilà ce qu’on ne saurait peindre et ce que tout le cœur de l’homme suffit à peine pour sentir. » Passons à la scène terrestre.

152. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre II. Les Oraisons ou discours prononcés. »

Ces trois ouvrages devant être entendus et jugés par les auditoires choisis que les académies admettent à leurs séances, sont écrits, en général, dans ce style élégant et délicat qui doit leur plaire, et que l’on appelle le style académique 31 ; c’est ce qui les fait réunir quelquefois ; mais ces deux dernières sortes de discours appartiennent seules ou peuvent du moins être considérés comme appartenant à l’éloquence oratoire ; la forme en est bien réellement celle des discours destinés à une nombreuse assemblée dont on veut flatter le goût ou l’oreille. […] Il faut savoir les présenter, les nuancer, les ordonner : il ne suffit pas de frapper l’oreille et d’occuper les yeux ; il faut agir sur l’âme et toucher le cœur en parlant à l’esprit.

153. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre III. — Ornements du Style, qui consistent dans les Mots ou Figures »

Et dans cet exorde du discours d’un bon père capucin : J’embarque ce discours sur le galion de mes lèvres, pour passer la mer orageuse de vos attentions, et arriver au port fortuné de vos oreilles. […] Vous êtes là comme rats en paille, dans les papiers jusqu’aux oreilles, toujours lisant, écrivant, corrigeant, proposant, conférant, haranguant, consultant dix ou douze heures par jour, dans de bonnes chaises à bras, bien à votre aise, pendant que nous autres, pauvres diables, sommes ici, marchant, jouant, causant, veillant et tourmentant notre misérable vie. » 3° L’ironie devient sanglante, quand elle est inspirée par la fureur ou le désespoir.

154. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Voltaire 1694-1778 » pp. 445-463

Il méprise Racine, il insulte à Corneille1 ; Lulli n’a point de sons pour sa pesante oreille, Et Rubens vainement sous ses pinceaux flatteurs De la belle nature assortit les couleurs.

155. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

Les convolvulus, les mousses, les capillaires d’eau, suspendent devant son nid des draperies de verdure ; le cresson et la lentille lui fournissent une nourriture délicate ; l’eau murmure doucement à son oreille ; de beaux insectes occupent ses regards, et les naïades du ruisseau, pour mieux cacher cette jeune mère, plantent autour d’elle leurs quenouilles de roseaux, chargées d’une laine empourprée. […] Les oiseaux qui paraissent dans les mois des tempêtes ont des voix tristes et des mœurs sauvages, comme la saison qui les amène ; ils ne viennent point pour se faire entendre, mais pour écouter : il y a dans le sourd mugissement des bois quelque chose qui charme les oreilles. […] On croit entendre de toutes parts les blés germer dans la terre et les plantes croître et se développer : des voix inconnues s’élèvent dans le silence des bois, comme le chœur des anges champêtres dont on a imploré le secours, et les soupirs du rossignol parviennent à l’oreille des vieillards assis non loin des tombeaux. […] Tandis que je contemplais les feux réguliers des lignes romaines et les feux épars des hordes des Francs ; tandis que, l’arc à demi tendu, je prêtais l’oreille au murmure de l’armée ennemie, au bruit de la mer et au cri des oiseaux sauvages qui volaient dans l’obscurité, je réfléchissais sur ma bizarre destinée. […] aucun son ne frappait notre oreille.

156. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre III. Beautés de sentiment. »

Je crois, par exemple, que l’esprit seul des livres saints pouvait inspirer le morceau suivant : Digne prix de ma foi, quelle auguste merveille Vint charmer tout à coup ma vue et mon oreille !

157. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

Ils ne savent pas ce qui les choque, mais ils sentent que leurs oreilles sont blessées. […] Va, mon ami, tu n’as pas, je t’assure, l’oreille béotienne. » En un mot, il fut si content de moi qu’il me dit avec vivacité : « Sois, Gil Blas, sois désormais sans inquiétude sur ton sort : je me charge de t’en faire un des plus agréables. […] « J’examinais, moi, tous les personnages des yeux et des oreilles, » nous avoue-t-il à chaque instant. […] Il boit aussi sobrement qu’il mange, et n’enfonce point du tout son nez dans l’eau par la peur que lui fait, dit-on, l’ombre de ses oreilles. […] Mon homme prête l’oreille ; l’instant d’après : A boire au Roi, d’un ton plus grave, puis un peu plus fort, puis les mots traînés.

158. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre IV. Beautés morales et philosophiques. »

Mon oreille bientôt sera sourde aux concerts : La chaleur de mon sang va se tourner en glace : D’un nuage épaissi mes yeux seront couverts.

159. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « Introduction » pp. -

Tels sont les principes qui, à première vue, nous permettent de reconnaître sans la moindre hésitation les termes populaires, ceux qui furent improvisés par l’oreille, suivant l’expression de M.

160. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Montesquieu, 1689-1755 » pp. 235-252

Il a beau me crier aux oreilles, pour me ranimer, qu’ils sont dorés sur tranche, ornés de filets d’or, et de la bonne édition ; me nommer les meilleurs l’un après l’autre, dire que sa galerie est remplie, à quelques endroits près qui sont peints de manière qu’on les prend pour de vrais livres arrangés sur des tablettes, et que l’œil s’y trompe ; ajouter qu’il ne lit jamais, qu’il ne met pas le pied dans cette galerie, qu’il y viendra pour me faire plaisir : je le remercie de sa complaisance, et ne veux, non plus que lui, voir sa tannerie qu’il appelle sa bibliothèque. » 2.

161. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Chateaubriand, 1768-1848 » pp. 409-427

Sa langue musicale et pittoresque produit, par l’arrangement des sons et le choix des mots, des effets d’harmonie et de couleur qui enchantent l’oreille et les yeux.

162. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

De même une prononciation distincte charme toujours l’oreille et gagne le cœur de l’auditoire. […] L’œil du lecteur, toujours plus subtil que l’oreille de l’auditeur, lui permet de saisir les plus légers défauts et les moindres négligences. […] Libre des opinions vulgaires, et pensant d’une manière qui n’appartient qu’à lui seul, il parle un langage vrai dans le fond, mais nouveau et singulier, qui blesserait l’oreille des autres hommes. […] Les oreilles des auditeurs en tintent ; on plaint le prédicateur que l’on suppose très fatigué, mais on ne pense seulement pas à profiter de ce qu’il dit. […] La question est de le sauver, par conséquent de se faire écouter, de faire arriver la vérité évangélique à son oreille, à son esprit, à son cœur.

163. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Canevas

Claudius, oncle d’Hamlet, règne sur le Danemark, il doit cette couronne à un fratricide ; car, pour en jouir, il a assassiné son frère, en lui versant du suc de ciguë dans l’oreille, ce forfait est resté profondément caché. […] (Il fait le geste de donner un soufflet) Je te baillerai de ce raisonnement-ci par les oreilles. […] Sa propre misère et son délaissement l’occupent bien moins que les malheurs dont ils sont menacés ; elle voudrait détourner les funestes effets de la malédiction paternelle. « Mon père, s’écriait-elle, avant que de mourir, pardonnez à mes frères, les dieux, n’en doutez pas, ferment l’oreille aux vœux de la bonté et de l’amour, lorsque ces vœux n’embrassent pas tous les enfants. […] Aucun bruit n’a frappé mon oreille, avançons.

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