A la Sorbonne, sa chaire est un fauteuil ; point d’apparat ; point de prétention, et cependant, sa familiarité judicieuse qu’anime le souffle de l’orateur a autant de prise sur les cœurs que d’autorité sur les esprits.
La jeunesse de 1825 O toi qu’on veut flétrir, jeunesse ardente et pure, De guerriers, d’orateurs, toi, généreux essaim, Qui sens fermenter dans ton sein Les germes dévorants de ta gloire future, Penché sur un cercueil que tes bras ont porté1, De ta reconnaissance offre l’exemple au monde : Honorer la vertu, c’est la rendre féconde, Et la vertu produit la liberté.
Admirons l’homme autant que l’orateur, le caractère comme le talent.
Il est orateur, même quand il se réduit à des questions d’érudition et de philologie.
Parmi les orateurs sacrés de notre temps, il se distingue par la hardiesse des vues, par l’essor d’une verve originale, par la nouveauté, l’ardeur, l’éclat, l’imagination, la poésie, les illuminations soudaines, le mouvement, l’accent pathétique. […] Cette lettre est adressée à madame Swetchine ; en voici l’occasion : Lacordaire voulait paraître dans la chaire de Notre-Dame en costume de dominicain ; mais l’archevêque de Paris, craignant des manifestations irrévérentes, pria l’orateur de dépouiller dans cette occasion son habit monastique. — Ces scrupules furent accueillis par un refus péremptoire que madame Swetchine eut la douleur de transmettre. — Cette lettre est l’ultimatum de l’éloquent dominicain.
L’orateur établira cette proposition sur quatre preuves : 1. […] Elle ne prétend pas former des poètes et des orateurs parfaits ; elle veut seulement, par l’étude de l’antiquité, jeter dans l’esprit des jeunes gens la semence des nobles connaissances, et les défendre contre les tentations séduisantes du mauvais goût qui semble croître de jour en jour. […] Par là, cet orateur mérita d’être admiré de Louis XIV, vieillissant, et qui avait entendu de si grands hommes. […] Un orateur peut convaincre, émouvoir même, sans élégance, sans pureté, sans nombre354. […] Nulle fiction en histoire naturelle, nulle fable chez les anciens, n’a été plus célébrée, plus répétée, plus accréditée ; elle s’était emparée de l’imagination vive et sensible des Grecs : poètes, orateurs, philosophes même, l’ont adoptée comme une vérité trop agréable pour vouloir en douter.
Dans les déserts même de l’Amérique, où la nature humaine s’offre dans toute sa nudité, les sauvages ont leurs parures, leurs ornements, leurs chants guerriers, leurs hymnes funèbres, leurs harangues enfin, et leurs orateurs.
On serait tenté de croire qu’Aristote parle des orateurs plutôt que des poëtes.
Les passions sont les seuls orateurs qui persuadent toujours : elles sont comme un art de la nature, dont les règles sont infaillibles ; et l’homme le plus simple, qui a de la passion, persuade mieux que le plus éloquent qui n’en a point.
Parmi les orateurs, Cicéron doit plus au beau que Démosthène, dont le génie se portait plus naturellement à la force et à la véhémence.
Cicéron, De l’Orateur, I, 44 : « Patria, cujus tanta est et tanta natura, » etc.
Il reconnaissait que Démosthène pouvait plus que lui, et avait coutume de dire que les harangues de cet orateur renversaient les entreprises des rois, et que sa rhétorique était l’arsenal et le magasin d’Athènes. […] Les passions sont les seuls orateurs qui persuadent toujours : elles sont comme un art de la nature, dont les règles sont infaillibles ; et l’homme le plus simple qui a de la passion persuade mieux que le plus éloquent qui n’en a point. […] Je fus hier à un service de M. le chancelier149 à l’Oratoire : ce sont les peintres, les sculpteurs, les musiciens et les orateurs qui en ont fait la dépense ; en un mot, les quatre arts libéraux. […] Je voudrais qu’un orateur se préparât longtemps en général pour acquérir un fonds de connaissances et pour se rendre capable de faire de bons ouvrages. […] Le sublime convient surtout au poète et à l’orateur.
L’historien avait préparé l’homme d’État et l’orateur. […] Semblable à ces orateurs d’une cause vaincue, mais non humiliée, dont Cicéron nous retrace dans le de Oratore les graves entretiens et les studieux loisirs, M. […] Si la mort du général Foy venait de priver la France d’un de ses plus patriotiques orateurs, la ferme et grave éloquence de M. […] Poète tragique et patriotique, au milieu de ce drame épouvantable d’une révolution, il devint orateur. […] Les Girondins lui paraissaient vouloir réaliser son rêve ; les Montagnards semblaient seuls y apporter des obstacles ; et, à la nouvelle du 31 mai, elle résolut de venger ses orateurs.
L’estimable et laborieux écrivain à qui nous devons la traduction de presque tous les orateurs anciens, l’abbé Auger, remarque avec raison qu’il y a, entre les harangues des historiens grecs et celles des historiens latins, une différence qui tourne tout entière à l’avantage des premiers. […] Il n’en est pas de même des historiens latins : leurs harangues sont des morceaux si achevés, dans leur genre, qu’il est impossible de s’y prêter à la moindre illusion, et de ne pas y reconnaître, à chaque mot, l’art étudié de l’orateur, et la correction élégante de l’écrivain qui a mûri toutes ses pensées par la réflexion, choisi et pesé chacune de ses expressions, et donné à ses phrases le tour et l’harmonie qui sont le fruit du travail, et ne se présentent guère à celui qui ne s’est pas fait une étude de les rechercher et de les placer à propos.
Sans manifester, comme l’orateur, des passions ardentes, sans sortir de la dignité, de la modération qui convient à l’histoire, il nous communiquera les émotions généreuses de son cœur, il flétrira le vice, et prendra hautement la défense de la vertu : c’est ainsi seulement que l’histoire peut devenir une école de morale.
Comme orateur et comme écrivain, il a joui, parmi ses contemporains, de la plus brillante réputation.
Eloge unique et difficile à croire Pour tout parleur qui dit publiquement, Nul ne dormait dans tout son auditoire : Quel orateur en pourrait dire autant ?
Alors, les langues se délient, et les vérités s’échappent, à l’insu des orateurs qui, venant faire chacun leur confession, disent tout le contraire de ce qu’ils veulent dire, écrasent leurs amis, relèvent leurs ennemis, et se blessent de leurs propres armes.
Parmi les orateurs sacrés de notre temps, il se distingue par l’essor, la nouveauté, l’ardeur, l’éclat, l’imagination, la poésie, la couleur, le mouvement, l’accent pathétique d’une verve originale.
Je suis ravi que vous ayez combattu la théorie funeste de l’art pour l’art, en traçant avec fermeté le but moral du poète et de l’orateur, aussi bien qu’en donnant l’idée la plus pure et la plus haute de la noble mission de l’écrivain Je ne trouve pas moins digne d’éloge votre sévérité ou plutôt votre justice à condamner certains livres, dont il ne faut à aucun prix se permettre la lecture, quand bien même on devrait se résoudre à ignorer quelque chose.
Platon, qui a répandu sur tout ce qu’il a traité les fleurs de sa brillante imagination, et qui ne concevait rien de beau que les formes intellectuelles, exige, entre autres choses, de l’orateur une diction presque poétique.
Cicéron, De l’Orateur II, 58 : « Quid sit ipse risus, etc., viderit Democritus….
Ils ont pris dans leurs filets les orateurs et les poëtes, les jurisconsultes et les mathématiciens.
Ainsi, les mots philosophe, orateur, poète, roi, ville, etc., sont des noms communs ; mais, par antonomase, on en fait des noms particuliers équivalant à des noms propres. Quand les auteurs anciens disent le Philosophe, ils entendent Aristote ; et quand les Latins disent l’Orateur, ils entendent Cicéron ; quand ils disent le Poète, ils veulent nommer Virgile. […] Loqui convient aux dialecticiens, et dicere aux orateurs. — Perhibere, dire avec assurance. […] D'où le mot orateur. […] Sermo convient à tout le monde ; oratio ne convient qu’à l’orateur.
L’orateur est occupé de son sujet, et le déclamateur de son rôle : l’un agit, l’autre feint ; le premier est un personnage exposant de grandes idées, le second un personnage débitant de grands mots. » 1.
C’est aux écrits de Rousseau que Voltaire dépité emprunte quelques exemples de mauvais langage, qui ont bien disparu pour nous dans la diction si savante de l’orateur genevois. […] L’honneur de passer pour un parfait orateur a des charmes pour moi. […] Je ne trouvai pas toutefois la différence qu’il y avait de celle-là aux autres assez sensible pour conclure que l’orateur commençait à baisser. […] Heureusement, l’orateur lui-même me tira de cet embarras en me demandant ce qu’on disait de lui dans le monde, et si l’on était [satisfait de son dernier discours. […] Lui-même il attend sa colère ; mais qu’un mot échappe du sein de la tumultueuse Assemblée, ou qu’il s’impatiente de sa propre lenteur, tout hors de lui, l’orateur s’élève.
Que dirai-je de ce personnage4 qui a fait parler si longtemps une envieuse critique et qui l’a fait taire ; qu’on admire malgré soi, qui accable par le grand nombre et par l’éminence de ses talents : orateur, historien, théologien, philosophe, d’une rare érudition, d’une plus rare éloquence, soit dans ses entretiens, soit dans ses écrits, soit dans la chaire ; un défenseur de la religion, une lumière de l’Église, parlons d’avance le langage de la postérité, un Père de l’Église ! […] Se faire valoir par des choses qui ne dépendent point des autres ; mais de soi seul, ou renoncer à se faire valoir : maxime inestimable et d’une ressource infinie dans la pratique, utile aux faibles, aux vertueux, à ceux qui ont de l’esprit, qu’elle rend maîtres de leur fortune ou de leur repos ; pernicieuse pour les grands et qui diminuerait leur cour, ou plutôt le nombre de leurs esclaves ; qui ferait tomber leur morgue avec une partie de leur autorité, et les réduirait presque à leurs entremets et à leurs équipages ; qui les priverait du plaisir qu’ils sentent à se faire prier, presser, solliciter, à faire attendre ou à refuser, à promettre et à ne pas donner ; qui les traverserait dans le goût qu’ils ont quelquefois à mettre les sots en vue, et à anéantir le mérite quand il leur arrive de le discerner ; qui bannirait des cours les brigues, les cabales, les mauvais offices, la bassesse, la flatterie, la fourberie ; qui ferait d’une cour orageuse, pleine de mouvements et d’intrigues, comme une pièce comique ou même tragique, dont les sages ne seraient que les spectateurs ; qui remettrait de la dignité dans les différentes conditions des hommes, de la sérénité sur leurs visages ; qui étendrait leur liberté ; qui réveillerait en eux, avec les talents naturels, l’habitude du travail et de l’exercice ; qui les exciterait à l’émulation, au désir de la gloire, à l’amour de la vertu ; qui, au lieu de courtisans vils, inquiets, inutiles, souvent onéreux à la république, en ferait ou de sages économes ou d’excellents pères de famille, ou des juges intègres, ou de bons officiers, ou de grands capitaines, ou des orateurs, ou des philosophes ; et qui ne leur attirerait à tous nul autre inconvénient que celui peut-être de laisser à leurs héritiers moins de trésors que de bons exemples1.
Après ce début imposant, l’orateur, au moyen de trois antithèses serrées l’une contre l’autre, et sous forme admirative, esquisse à grands traits les caractères de ses héros, puis, par une simple interrogation, il nous prouve que l’existence de ces deux hommes qui, avec des procédés opposés, ont eu les mêmes vertus, est un prodige inouï dans les annales de l’histoire. L’orateur qui produit en nous cette conviction, par des moyens qui nous paraissent si faciles, ne peut être trop admiré.
Ils ont pris dans leurs filets les orateurs et les poëtes, les jurisconsultes et les mathématiciens. […] Théologien, philosophe, historien, polémiste, orateur, il est supérieur à toutes les louanges, et plus on étudie ses œuvres, plus on y découvre de profondeur. […] On ne poursuit, on n’attend, on ne fait rien que par lui seul ; on regarde ses bonnes grâces comme la source de tous les biens ; on ne croit s’élever qu’à mesure qu’on s’approche de sa personne ou de son estime 714. » Henri IV 1853-1610 Il nous paraît intéressant d’ajouter à ces pages où parle Louis XIV quelques extraits empruntés au roi Henri IV : Discours à l’assemblée des notables (1596) Si je voulois acquérir le titre d’orateur, j’aurois appris quelque belle et longue harangue, et vous la prononcerois avec assez de gravité. […] Me voilà à la porte déjà arrivé, et les consuls commencent leur harangue par la bouche de l’orateur royal.
À la Sorbonne, sa chaire est un fauteuil ; point d’apparat, point de prétention, et cependant, sa familiarité judicieuse, qu’anime le souffle de l’orateur, a autant de prise sur les cœurs que d’autorité sur les esprits.
Persuader par la parole, telle était l’ambition de chacun, et, comme chacun espérait persuader un jour, il obéissait au vœu d’un orateur aujourd’hui bien inspiré, assuré qu’on lui obéirait à lui-même une autre fois.
Après un court exposé du sujet, l’orateur l’aborde franchement, et définit ainsi ce que l’on doit entendre par esprit philosophique.
Rien de plus fréquent dans les orateurs et les poëtes que l’usage des contraires et des semblables.
. — A quoy dist ung de ses gens : Seigneur, sans nul doubte, ce gallant veult contrefaire la langue des Parisiens ; mais il ne fait que escorher le latin, et cuide ainsi pindariser ; et luy semble bien qu’il est quelque grand orateur en françois, parce qu’il desdaigne l’usance commun de parler. » Cette excellente leçon ne va-t-elle pas à l’adresse des énergumènes qui se préparaient, comme l’étudiant limousin, « à excorier la cuticule de cette vernacule gallique » ? […] Ce qui plus tard sera réputé audace d’orateur ou de poète était alors non pas licence tolérée, mais droit reconnu de tous, ou plutôt essor spontané d’imaginations toutes jeunes que n’avait point intimidées la férule des régents. « S’enveilloit Gargantua entre… Possible est de… Hasardé n’est point que (ce que) Dieu garde… Si cesse la charrue… — Qui l’arbre transforme, greffe en nouvelle sorte… Pour mieux son œuvre commencer. » Ou je me trompe fort, ou nous avons moins gagné que perdu à nous interdire cette indépendance de tours, qui communiquait à la pensée la grâce d’un premier mouvement.
Tout cela dépend principalement de l’impression plus ou moins forte qu’aura faite sur le poète ou sur l’orateur l’objet qu’il décrit.
C’est le sincère aveu que me fait Épicure : L’orateur du plaisir m’en apprend la nature.
Formé tout seul, sans maître, à l’école de la souffrance, son génie se compose d’imagination et de sensibilité, de logique et de véhémence ; il a de l’orateur le mouvement, la force, la dialectique pressante, l’abondance et la flamme.
Le même rhéteur indique avec détailles occasions où l’écrivain et l’orateur qui se respectent doivent s’abstenir de toute plaisanterie.
Si vous lisez de sang-froid les discours des Danton, des Isnard, des Saint-Just et de tant d’autres orateurs de la Législative et de la Convention, l’emphase vous paraît portée au delà de toutes les bornes ; mais transportez-vous par la pensée dans cette atmosphère de sang, assistez à ces terribles parties où chacun avait sa tête, pour enjeu, mettez-vous à la place de ces gladiateurs désespérés luttant à mort avec le glaive de la parole, et l’hyperbole ne sera plus pour vous que le langage naturel.
Il n’y a pas d’historien ni d’orateur sacré qui ait rien dit de plus beau.
Il fixe donc les bornes, au delà desquelles la voix, pour toute oreille anglaise, n’est plus que du bruit ; mais, dit-il encore : « Un orateur français se ferait entendre de plus loin, sa prononciation étant plus distincte et plus ferme. » Ce que Wren a dit de la parole orale me semble encore bien plus vrai de cette parole bien autrement pénétrante qui retentit dans les livres.
Où et au moyen de quelles figures l’orateur esquisse-t-il, à grands traits, les caractères de ses héros ? […] La pensée dominante de l’orateur, qui a été de prouver que Turenne et Condé, avec deux caractères opposés ont eu les mêmes vertus, n’est-elle pas suivie jusqu’à sa plus grande élévation ? […] Quant à l’orateur, s’il réussit dans sa demande, il reverra son peuple avec joie ; s’il échoue, il ira pleurer dans la retraite le malheur de sa ville. […] — L’orateur finit en souhaitant la mort, s’il doit voir une telle cruauté. […] Attachez-vous, dans votre travail, à peindre les sentiments d’effroi et de terreur, par lesquels 1 orateur fait passer l’auditeur, jusqu’à la dernière apostrophe.
En voici des exemples : = À la lecture de ce discours, on reconnaît le plus éloquent de nos orateurs. Voilà l’adjectif éloquent, régime du verbe reconnaît, et en même temps régissant du substantif orateurs. […] Elle a bien plus de vivacité, d’énergie et de grâce, qu’elle n’en aurait eu, si l’orateur, faisant usage de l’article, avait dit : les citoyens, les étrangers, les ennemis, les peuples, les rois, les empereurs le plaignent et le révèrent.
L’orateur est ici barbare dans l’attitude, dans l’accent, dans le style, dans la composition, dans l’invention. […] Les grands poëtes et les grands orateurs ne font pas autre chose que de donner, par la force de leur expression, un accent particulier au lieu commun ils font ce que fait l’émotion personnelle.
» Est-ce le même orateur qui s’était écrié quelques moments plus tôt, et sans périphrase cette fois : « Madame se meurt, Madame est morte ?
.), né à Côme ou plutôt à Vérone, soldat, orateur, gouverneur de l’Espagne, préfet de la flotte de Misène, composa une histoire naturelle et d’autres ouvrages, aujourd’hui perdus.
Il n’y a pas d’historien ni d’orateur sacré qui ait dit rien de plus beau.