L’éloquence de la tribune varie autant que les circonstances qui la font naître et que les auditeurs auxquels elle s’adresse : au milieu d’un sénat, dans une-assemblée de sages politiques, elle sera grave, réfléchie, pleine de simplicité et de raison ; elle s’occupera plus de discuter, de convaincre les esprits, que d’émouvoir les cœurs ; elle pourra préparer à loisir ses moyens de persuader, sa diction et son style.
Il entre dans ce sentiment de l’horreur pour ce qui est divin, du dédain pour les hommes, et du mépris pour l’aimable simplicité. » Joubert.
Il a, dit-il, le fanatisme de la simplicité, et compare lui-même son style à ces glaces sans tain à travers lesquelles apparaissent tous les objets sans la moindre altération de couleur ou de contour.
Tout en rendant justice à l’instinct de simplicité que manifeste en mainte occasion l’idiome du bon vieux temps, par exemple dans la formation des verbes, nous ne serons pourtant pas tentés de retrancher les préfixes qui, aujourd’hui, déterminent les nuances particulières du sens, et contribuent à la clarté du discours. […] Mais ce qu’elle ne fit pas fut opéré peu à peu, sans secousse, par ce besoin de simplicité qui est une de nos aptitudes natives.
Ce qui est beau et grand le frappe ; il exprime ses sentiments avec simplicité, avec énergie ; il chante, et la poésie est créée.
Jamais écrivain ne se piqua toutefois moins que lui de prétentions ambitieuses : il ignora assez longtemps que la nature l’eût créé poête, et elle était sa simplicité, qu’il sembla dans la suite, en produisant ses plus grandes beautés, obéir à une sorte d’instinct supérieur.
Et ne t’afflige pas si les leurs sont si courts : Toute plante en naissant déjà renferme en elle D’enfants qui la suivront une race immortelle2 ; Chacun de ces enfants, dans ma fécondité, Trouve un gage nouveau de sa postérité. » Ainsi parle la terre ; et, charmé de l’entendre, Quand je vois par ces nœuds que je ne puis comprendre Tant d’êtres différents l’un à l’autre enchaînés, Vers une même fin constamment entraînés, A l’ordre général conspirer tous ensemble, Je reconnais partout la main qui les rassemble, Et d’un dessein si grand j’admire l’unité Non moins que la sagesse et la simplicité.
Dans la disposition des morceaux, nous n’avons apporté d’autre ordre que celui qui semblait indiqué par la nature des idées, selon que leur simplicité et leur clarté plus parfaites les rendaient plus faciles à saisir. […] La seule religion chrétienne a pu guérir ces deux vices, non pas en chassant l’un par l’autre, par la sagesse de la terre, mais en chassant l’un et l’autre par la simplicité de l’Évangile. […] Il le trouve logé sur le bord de la mer, chez un ouvrier de la lie du peuple ; sa parure, sa suite, tout répond à la pauvreté et à la simplicité de son logement : c’est la piété, c’est l’innocence, c’est je ne sais quoi de divin que la sainteté répand sur le visage de cet apôtre, qui fait sentir à Corneille la grandeur de cet homme et l’excellence de son ministère. […] L’homme de Dieu était à pied, portant, dans la simplicité de son maintien, la ressemblance d’un prophète ; et, à l’éclat céleste que la grâce répand sur son visage, cet officier le prend pour l’ange du Seigneur, envoyé pour l’instruire et lui montrer la voie du salut. […] Je ne vous dis pas : Regardez, et faites selon ce modèle : ces grands exemples ne sont plus de nos mœurs ; mais je vous dis : Voyez si l’Église perdait quelque chose de sa majesté dans la simplicité et la frugalité de ses pasteurs illustres, et si la dignité de l’épiscopat fut jamais regardée avec plus de vénération que lorsqu’elle ne brilla que par la sainteté, l’humilité et la pauvreté évangélique de ceux qui en étaient revêtus !
La modestie et la simplicité manquent à ces femmes qui n’ont de féminin que le nom. […] Les caractères dans l’Iphigénie française sont plus profondément étudiés que dans l’Iphigénie grecque : grandeur passionnée, sans enflure, sans déclamation, dans la personne d’Achille ; politique parfaite, uniquement fondée sur l’amour du bien public, adroite, noble, et augmentant la terreur, dans tout le rôle d’Ulysse ; grandeur pathétique chez Clytemnestre ; simplicité noble et intéressante chez Iphigénie : voilà ce qu’offre l’Iphigénie en Aulide.
On remarque encore en eux la crédulité, qui naît du défaut d’expérience ; la franchise et la simplicité, parce qu’ils connaissent peu les hommes, et qu’ils s’en défient encore moins. […] Le Sage a raison de dire que leurs seules actions peuvent les louer : toute autre louange languit auprès des grands noms ; et la seule simplicité d’un récit fidèle, pourrait soutenir la gloire du Prince de Condé » ! […] La simplicité n’admet que les ornements naturels, et rejette les figures hardies, les périodes travaillées avec beaucoup de soin, en un mot, le style pompeux et magnifique.
Préface Ce choix de morceaux destinés à être lus, médités et appris par cœur vient après mille autres excellents recueils qui l’ont préparé ; s’il se recommande à l’attention, c’est par l’exactitude avec laquelle a été réalisé le programme suivant. Tous ces extraits ont été gradués d’après l’ordre de difficulté croissante, avec un tel soin, que par degrés l’esprit peut passer de l’anecdote intime et familière à l’expression la plus noble du sentiment moral et religieux. Pour mettre ces études littéraires d’accord avec les autres études de nos élèves, les sujets contenus dans chaque volume se rattachent autant que possible aux questions d’histoire, aux programmes de sciences, aux ouvrages des auteurs classiques grecs, latins et français qui sont imposés à chaque classe. Ces rapports concourent à l’unité de l’instruction, facilitent le travail de la mémoire et donnent le goût et l’habitude de l’ordre et de la méthode ; par là toutes les parties de l’enseignement peuvent se soutenir et se compléter. En adoptant l’ordre logique des sujets, de préférence à l’ordre chronologique des auteurs, il a été possible de rapprocher un poète d’un orateur, un ancien d’un moderne ; rapprochement fécond qui contient plus d’une leçon de goût et provoque la curiosité critique du lecteur.
Aristophanes le grammairien n’y entendoit rien, de reprendre en Epicurus la simplicité de ses mots, et la fin de son art oratoire, qui estoit perspicuité de langage seulement.
2º Quand nous sommes vivement frappés de quelque pensée, rarement nous nous exprimons avec simplicité. […] Ajoutez à ce mérite du fonds des choses, celui d’un langage toujours noble dans sa belle simplicité, et riche encore, après avoir passé à travers deux ou trois traductions différentes, qui ont nécessairement affaibli le caractère de l’expression originale.
Nos vieux auteurs français sont empreints d’une naïve simplicité qui paraît avoir été le caractère propre de l’esprit gaulois. […] Quelle splendeur funeste a succédé à la simplicité romaine ?
On y parviendra par la simplicité du récit, par le soin qu’on prendra de ne rien faire entrer de contraire au sens commun, et par un enchaînement des circonstances tel qu’elles expliquent naturellement le fait qui peut paraître extraordinaire. […] La simplicité et le naturel doivent encore en faire le principal mérite.
Cet exorde est sublime dans sa simplicité ; c’est le langage de la vérité et de l’innocence ; l’invocation aux Dieux, qui le commence et le termine, devait produire le plus grand effet auprès d’un peuple qui comptait pour quelque chose le respect des choses respectables, et qui ne pensait pas que l’on pût se jouer impunément de la majesté des Dieux.
Quand l’auteur de ces sortes d’ouvrages a épuisé une pensée, il passe à l’autre avec simplicité et bonne foi ; et cela vaut bien mieux que ces transitions subtiles presque toujours uniquement fondées sur des rapports entre les mots, sur une liaison apparente entre le dernier du paragraphe qui finit et le premier de celui qui commence.
Imiter n’est pas se laisser aller par une pente insensible de la qualité qu’on veut atteindre dans le vice voisin, de l’abondance dans la diffusion, de la concision dans la sécheresse, de l’audace dans la témérité, de la simplicité dans la négligence.
L’antithèse est alors aussi bien placée dans la pompe d’une tragédie que dans la simplicité d’une lettre.
L’orateur nous y fait connaître son héros par les qualités du cœur considérées sous un autre point de vue : son humanité, sa bonté, sa simplicité et sa grandeur morale.
Tantôt ce sont des modulations languissantes, quoique variées ; tantôt c’est un air un peu monotone comme celui de ces vieilles romances françaises, chefs-d’œuvre de simplicité et de mélancolie2.
N’ayant pu le faire connaître ici que par échappée, nous conseillons de lire l’avant-propos écrit avec une simplicité touchante par son parent M. de Raynal.
Dans Athalie, on voit, au contraire, une action de la plus grande simplicité : il n’y a presque point d’incidents ; mais, indépendamment de la beauté de l’élocution, cette action est si bien distribuée qu’elle marche toujours sans qu’il y ait aucune scène vide. […] Le style de la tragédie doit avoir de la dignité, de la force et de la noblesse, mais sans enflure et sans affectation, avec une simplicité sans bassesse. […] Tout est grand dans ce morceau ; tout y est d’une simplicité sublime : il n’y a pas un seul mot à retrancher.
Au lieu de cette logiqne vigoureuse, de cette dialectique pressante de Bourdaloue, et de la foudroyante énergie de Bossuet, Massillon va nous présenter la raison dans sa grave et touchante simplicité, triomphant avec modestie des sophismes de l’impiété et du libertinage ; plaignant ses ennemis, et cherchant à les éclairer, à les encourager dans la recherche de la vérité, bien plutôt qu’à les accabler par la masse des preuves qui font sa force.
C’est, ce me semble, confondre la naïveté, d’un côté avec le comique, de l’autre avec la simplicité et le naturel.
La simplicité est le vrai caractère de la beauté.
La vertu seule nous sied bien ; nous l’exerçons avec grâce, et presque en nous jouant ; nous faisons les plus nobles actions et les plus hauts sacrifices avec aisance, simplicité, grandeur.
Si vous prenez cette correspondance par son côté domestique et familier, madame de Sévigné n’est pas plus naturelle et plus aimable ; elle ne fait pas partager avec plus de simplicité à ceux qui la lisent les émotions de son cœur, les bons ou mauvais événements de sa vie, ses petits triomphes et ses grandes douleurs.
Sur la même colline que Virgile, et un peu plus bas, on verrait Xénophon, d’un air simple qui ne sent en rien le capitaine, et qui le fait plutôt ressembler à un prêtre des Muses, réunir autour de lui les attiques de toute langue et de tout pays : les Addison, les Pellisson, les Vauvenargues, tous ceux qui sentent le prix d’une persuasion aisée, d’une simplicité exquise, et d’une douce négligence mêlée d’ornement.
Quelle force et quelle simplicité dans cette gradation où il flétrit la cruauté de Verrès : « Facinus est vinciri civem Romanum, scelus verberari : quid dicam in crucem tolli ? […] soit qu’il parle politique et porte sur les triumvirs des jugements mérités, soit qu’il s’entretienne de philosophie ou d’éloquence avec un intime interlocuteur, soit enfin qu’il badine sur des sujets familiers avec Atticus, ses lettres portent toujours ce cachet d’élégance, de simplicité, qui en fait presque des conversations écrites. […] comme il est guindé et solennel, et combien celui d’Euripide est plus vrai dans sa simplicité ! […] Il faut reconnaître que Camille, dans l’expression de ses sentiments à l’égard de Curiace, nous touche souvent par la grâce et la simplicité de ses aveux : Tout ce que je voyais me semblait Curiace. […] Mais si elle doit refouler au fond de son cœur tous les dehors de son amour, elle n’en est que plus passionnée, plus dévouée ; elle est prête à tout sacrifier ; elle refuse le trône avec simplicité, mais avec des accents fermes et sublimes.
« Le style grave, dit Voltaire, évite les saillies, les plaisanteries : s’il s’élève quelquefois au sublime, si dans l’occasion il est touchant, il rentre bientôt dans cette sagesse, dans cette simplicité noble qui fait son caractère ; il a de la force, mais peu de hardiesse.
Je vis que vous vous étiez moqué et de madame de Montglas et de moi, que j’avois été votre dupe, que vous aviez abusé de ma simplicité, et que vous aviez eu sujet de me trouver bien innocente, en voyant le retour de mon cœur pour vous, et sachant que le vôtre me trahissoit.
On ne nous reprochera sans doute pas de chercher à faire illusion à nos lecteurs sur le fonds des idées ou sur les expressions originales ; nous traduisons littéralement, et laissant de côté toute espèce d’embellissement poétique, nous nous bornons à la simplicité éloquente du texte.
Une simplicité noble est le principal caractère du style grave.
Elles se distinguent par leur simplicité, leur grâce ou leur grandeur.
Les orateurs viendront, et on leur verra préférer la simplicité de l’Évangile à l’ostentation, à la magnificence de leurs discours vainement pompeux.
Tout chez lui était splendeur et faste, tandis que chez le roi tout était simplicité et négligence ; ses gardes entraient jusqu’à la porte de la chambre, quand il allait chez son maître ; il précédait partout les princes du sang. […] que de trésors d’abondance dans ta riche simplicité ! […] Je remarquerai seulement que le bon sens et la simplicité sont les caractères dominants de ses écrits. […] La simplicité de La Fontaine donne de la grâce à son bon sens, et son bon sens rend sa simplicité piquante : de sorte que le brillant de ses ouvrages naît peut-être essentiellement de ces deux sources réunies. […] Un bon sens naturel est presque inséparable d’une grande simplicité ; et une simplicité éclairée est un charme que rien n’égale269.
Mais s’il convient de soigner ses lettres, il n’y faut apporter ni recherche ni affectation ; la vérité, la simplicité, le naturel, voilà les qualités essentielles du style épistolaire, Point de grandes phrases, point de périodes arrondies, point de mouvements déclamatoires ; laissez-vous guider par la vivacité de l’esprit, et surtout par celle du cœur. […] La mère de Chénier était Grecque ; il goûta dès l’enfance l’harmonie de cette belle langue des Hellènes, et, devenu poète, il transporta dans ses compositions quelque chose de la douceur, de la grâce, de la riche simplicité du génie antique.
Autran, dans son discours à l’Académie, parle ainsi de cette scène : « Le théâtre a vu rarement une exposition plus belle et plus grande dans sa simplicité.
De là ce style incomparable qui se colore, s’échauffe, rayonne, allie l’audace à la simplicité, le raisonnement, la logique la plus pressante à l’imagination et à la sensibilité.
Ce ton de simplicité noble, qui ne dissimule, mais n’exagère rien, et se borne à exposer la vérité sans feinte et sans détours, a quelque chose de bien plus éloquent que les figures les plus hardies et les tours les plus recherchés.
Ne sachant pas écrire, ils empruntèrent un secours mnémotechnique à la simplicité du mètre et de l’assonance, qui servit de moule à leurs fictions.
L’intérêt de cette scène est dans cette lutte victorieuse de la simplicité et de l’innocence contre la perfidie et la ruse des questions insidieuses que déjone de cet enfant.
quelle simplicité de bon sens !
La droiture y passe pour simplicité.
« On compte, en le voyant, les ennemis qu’il a vaincus, non pas les serviteurs qui le suivent : tout seul qu’il est on se figure autour de lui ses vertus et ses victoires qui l’accompagnent : il y a je ne sais quoi de noble dans cette simplicité ; et moins il est superbe, plus il devient vénérable ».