Les anciens disaient optimæ litteræ, optimæ artes, parce qu’ils ne séparaient jamais le beau du bon et du vrai. […] Le beau est la forme du vrai. […] Le beau est la splendeur du vrai. […] Rien n’est beau que le vrai ; le vrai seul est aimable. […] Le beau littéraire a pour type le beau absolu ou la perfection absolue, qui n’existe qu’en Dieu, parce que Dieu seul est absolument beau, absolument bon et absolument vrai.
L’histoire n’est le récit que des choses vraies : l’historien s’annonce pour être l’organe de la vérité. […] Il peint d’ailleurs, sous des traits frappants et vrais, les grands hommes qu’il veut faire connaître. […] Cela est vrai : mais il est vrai aussi (et personne ne le conteste) que le P. […] On le voit toujours rejeter le faux, discuter le douteux et ne s’attacher qu’au vrai. […] C’est un chef-d’œuvre de style et de sagesse, où règne la vraie éloquence de l’histoire.
Ses études sont inspirées par la passion des livres, l’amour des lettres, l’enthousiasme du beau, et le culte du vrai. […] Il est vrai qu’il paraît ne pas même se douter de leur existence ; il a vécu dans une retraite inaccessible à toute contagion. […] Ce sont des moralistes païens, il est vrai. […] Cicéron n’a pas sauvé, il est vrai, les vieilles institutions, et je crois bien qu’aucune force humaine ne les aurait sauvées. […] Ils n’ont été d’admirables écrivains que parce qu’ils voulaient être quelque chose de mieux, je veux dire de vrais sages et de vrais chrétiens.
L’art de lire les bons livres serait son vrai nom. […] Quelques-unes naissent spontanément et tout exprimées ; c’est la facile conquête de ceux qui sont nés sous une constellation heureuse : mais combien d’autres qui sont le fruit d’une poursuite ingrate ; qu’il faut remanier sans cesse ; qui, après avoir contenté un moment l’écrivain, le rebutent2 ; qui ne paraissent jamais qu’une image imparfaite du vrai, mais non le vrai lui-même ! […] Que de tours languissants et embarrassés se présentent avant le vrai tour, le seul qui donne à la pensée sa physionomie et son mouvement ! […] Il est vrai qu’en attribuant toutes ces propriétés à la fable, nous avons involontairement en vue le genre tel que La Fontaine l’a traité. […] Voilà la vraie moralité qui sort de la comédie de George Dandin ; voilà la leçon que donne l’expérience. » (La Fontaine et les fabulistes.
On ne s’en étonnera pas, s’il est vrai, comme il faut le reconnaître avec Vauvenargues, « qu’il ait été l’homme de la terre qui sut mettre la vérité dans un plus beau jour et raisonner avec le plus de force ». […] Et depuis qu’il a perdu le vrai bien, tout également peut lui paraître tel, jusqu’à sa destruction propre, quoique si contraire à Dieu, à la raison et à la nature tout ensemble… C’est en vain, ô hommes, que vous cherchez dans vous-mêmes le remède à vos misères. […] Il est visiblement égaré, et tombé de son vrai lieu sans le pouvoir retrouver1. […] La vraie nature de l’homme, son vrai bien, et la vraie vertu, et la vraie religion, sont choses dont la connaissance est inséparable.
La narration en général est l’exposé d’un fait vrai ou supposé vrai. […] Du modeste apologue a fait un vrai poème : Il a son action, son nœud, son dénoument. […] Idée vraie, naïve, mais insuffisante, exprimée de manière à augmenter la faiblesse du roseau ; elle fait image. […] Mais il n’est pas moins vrai que ces ornements sont par eux-mêmes d’un tel effet qu’ils méritent des préceptes spéciaux. […] 1° Il faut que son récit soit tel qu’on puisse aisément le croire vrai.
Les actions vraies sont celles qui sont arrivées : l’histoire ou la tradition nous les donnent. […] Une action peut en même temps être vraie dans le fond, et feinte dans plusieurs de ses circonstances : elle peut aussi être feinte au fond, et vraie seulement dans les noms : c’est lorsqu’on attribue à des personnages qui ont existé une action qu’ils n’ont pas faite. […] Les Vêpres siciliennes, représentées en 1821, furent pour lui l’occasion d’un vrai triomphe. […] Tout y est décent, régulier ; les mœurs y sont peintes dans le vrai, avec une charge si légère, qu’elle ne s’aperçoit presque point. […] Longtemps même après l’époque de la renaissance, on n’aperçoit que par intervalle chez nos vieux poètes quelques lueurs de vrai comique.
(Du Vrai, du Beau et du Bien. […] S’il savait lire en lui-même, il reconnaîtrait que si rien ici-bas ne le satisfait, c’est parce que son objet est plus élevé, et que le vrai terme où il aspire est la perfection infinie. […] (Du Vrai, du Beau et du Bien. […] Mon cœur n’est-il pas son vrai tombeau ? […] Voyez notre ouvrage Du Vrai, du Beau et du Bien, leçon x, de l’Art français.
Mais nous entendons spécialement ici ces traits qui émeuvent puissamment la sensibilité, qui vont au cœur, parce qu’ils en sont partis, et qui nous affectent à proportion que nous y retrouvons plus ou moins l’expression vraie de nos propres sentiments. […] La Bible, au contraire, est tellement vraie, les sentiments en sont si naturels, que trop d’embellissement poétique les défigure, et tombe devant l’auguste simplicité de la version littérale. […] Nous n’avions cependant rien à opposer encore aux grands, aux vrais modèles que j’ai cités plus haut, lorsque M. […] Treneuil a bien conçu tout le parti qu’un écrivain pouvait retirer de l’étude et de la connaissance des livres saints, sources toujours fécondes, toujours ouvertes à quiconque y voudra puiser le vrai beau. […] Tout le monde, il est vrai, n’en eût peut-être pas fait l’usage de M.
Vous éprouverez qu’il adopte de lui-même, dans les combinaisons les plus nouvelles, tout ce qui est fort et vrai, et ne rejette que le faux, qui presque toujours est la ressource et le déguisement de la faiblesse. […] Il est comme la vraie grandeur, qui, sûre d’elle-même, s’abandonne sans se compromettre. […] C’est ainsi qu’en général les écrivains sages et froids, qui, dans leur marche compassée, affectent le goût, en manquent souvent ; ils évitent les écarts et les fautes ; mais, incapables d’un vrai sublime ou d’une noble simplicité, ils ont recours à des agréments froids et recherchés, qui ne valent pas mieux que des fautes, et sont plus contagieux, parce qu’ils sont moins choquants. […] Qui veut connaître le vrai génie de Bossuet doit lire avant tout ses sermons. […] que cela est vrai !
« Il y a plus d’une demeure dans la maison de mon père » ; que cela soit vrai du royaume du beau ici-bas non moins que du royaume des cieux. […] C’est alors que ce mot de classique prend son vrai sens, et qu’il se définit pour tout homme de goût par un choix de prédilection et irrésistible. […] Le vrai d’hier, déjà incomplet ce matin, sera demain tout à fait dépassé et laissé derrière. […] Cela ne nous a jamais semblé plus vrai que lorsqu’on y entre, non avec une curiosité vague ou un labeur trop empressé, mais guidé par une intention particulière d’honorer quelque nom choisi, et par un acte de piété studieuse à accomplir envers une mémoire. […] Il y a (il faut bien le dire) des esprits distingués, mais essentiellement modernes et présents, qui restent et resteront à jamais fermés à l’intelligence et au vrai sentiment de l’antiquité, et qu’il faut désespérer d’y convertir.
Ses études sont inpirées par la passion des livres, l’amour des lettres, l’enthousiasme du beau, et le culte du vrai. […] Qui ne s’est figuré, avec délices, une petite retraite bien sûre, bien modeste, où l’on n’aurait plus à s’occuper que du beau et du vrai en eux-mêmes, où l’on ne verrait plus les hommes et leurs passions, les affaires et leurs ennuis, l’histoire et ses terribles agitations, qu’à travers ce rayon de pure lumière que le génie des grands écrivains a répandu sur tout ce qu’il représente ? […] La nature, l’âme et dieu S’il est vrai que l’univers tout entier ne soit rien en comparaison d’une âme, parce qu’une âme se connaît et que l’univers ne se connaît pas2, l’étude de l’âme ne sera-t-elle pas toujours la première et la plus noble des études ? […] que la théorie de Pélisson s’applique bien à ces grands hommes, et qu’il est vrai que la solidité est, avant tout, le caractère de leur éloquence ! […] C’est du trésor de leur cœur que sortent tant de généreux mouvements, tant de pures et brillantes images où se peint leur amour du juste et du vrai. » 1.
Il y a, dans ces divers morceaux, de la force, de l’élévation, de la vraie philosophie ; et, ce qui distingue partout le style de Platon, une noblesse et une dignité soutenues dans la pensée et dans l’expression. […] « Voulez-vous savoir pourquoi le vrai philosophe voit l’approche de la mort de l’œil de l’espérance ? […] C’est que la vraie philosophie n’est autre chose que l’étude de la mort : c’est que le sage apprend sans cesse dans cette vie, non seulement à mourir, mais à être déjà mort. […] N’est-il pas clairement démontré pour nous, que le seul moyen d’avoir quelque faible notion du vrai, est de le considérer avec les yeux de l’esprit, et en fermant les yeux du corps et les portes des sens ? Ce n’est donc qu’après la mort seulement que nous pouvons parvenir à cette pure compréhension du vrai ; et vous avez reconnu avec moi qu’il n’y a qu’il ne peut y avoir de félicité réelle pour l’homme, que dans la connaissance de ce vrai : que Dieu seul en est le principe et la source, et que la connaissance n’en peut être parfaite qu’en lui.
La forme ici peut faire illusion, mais on comprend bien vite que ce ne sont pas de vraies lettres : c’est un auteur qui parle au public. […] Des escadrons entiers passent à la nage sans se déranger ; il est vrai qu’il passe le premier. […] Il est bien vrai, Monsieur, il faut une force plus qu’humaine pour soutenir une si cruelle séparation. […] Au vrai, c’est ici le paradis. […] 2° Vraie ou vraisemblable.
Les vraies beautés du style sublime, s’y montrent dans tout leur éclat. […] La gloire, il est vrai, les défend de quelques faiblesses : mais la gloire les défend-elle de la gloire même ? […] Le vrai sublime peut donc se passer du secours de l’expression. […] Mais le vrai sublime de sentiment ne se trouve que dans le second hémistiche du dernier. […] On trouve encore le vrai sublime des images dans les deux morceaux suivants.
M. de la Rochefoucauld crut faire le plus grand éloge de madame de la Fayette en créant pour elle cette expression : C’est une femme vraie. C’est aussi mettre un écrivain bien haut que de dire de son style : C’est un style vrai. Le style vrai est cette façon de dire tellement d’accord avec la nature de la personne qui parle, la position où elle se trouve, le milieu où elle agit, les circonstances qui l’affectent, que le lecteur ne se figure pas la possibilité de penser ou de s’exprimer autrement, que rien n’indique la recherche, l’embarras, le parti pris d’adopter telle forme, de produire tel effet, de faire un sort, selon l’expression de Rivarol, il chaque mot et à chaque phrase. L’écrivain naturel et vrai ne plaît pas seulement au lecteur, il s’en fait aimer ; et Pascal a finement expliqué cette sympathie qui nous entraîne vers lui. […] Etudiez ce langage si éminemment français, sachez vous l’approprier, et quand vous en serez bien pénétré, laissez-vous aller à votre spontanéité, et, quoi qu’en dise Buffon, ne craignez pas le premier mouvement ; vous serez alors original, sans y tâcher, et précisément parce que vous serez naturel et vrai.
C’est alors, en effet, que les hommes, blasés sur les plaisirs tumultueux et factices des cités, se reportent, par le souvenir, aux douces jouissances des temps primitifs ; ils éprouvent le besoin d’aller se retremper aux sources du beau et du vrai, c’est-à-dire dans la nature. ! […] La pastorale ne peut, il est vrai, entrer dans la réalité, trop souvent grossière et pénible, de la vie des gens de la campagne : rien n’est moins heureux ni moins poétique. […] Dans Théocrite, le Combat de Pollux et d’Amycus est un morceau épique ; dans Bion, le Chant funèbre d’Adonis appartient à l’élégie : mais la vraie pastorale doit toujours être champêtre. […] Aujourd’hui l’églogue est passée de mode : ce n’est pas que l’on sente moins vivement la nature ; au contraire, l’admiration pour la campagne et pour les œuvres du Créateur est plus vive et plus vraie que jamais, mais ce sentiment s’épanche en élans lyriques et passionnés ; ou bien l’imagination, enivrée d’admiration, se donne carrière dans la poésie descriptive.
Ce sens moral doit surtout être vrai. […] Cela est-il vrai ? […] Elle est, à mon avis, la plus propre à nous faire connaître le vrai génie de ce charmant fabuliste. […] Que les pensées toujours vraies, solides et lumineuses, y soient bien enchaînées, et d’y succèdent avec rapidité. […] Cette élégie est un vrai chef-d’œuvre.
C’est une de ses meilleures et une de celles où la morale est la plus profonde et la plus vraie. […] Il a su d’ailleurs réunir toutes les qualités, le piquant et le doux, la naïveté, les images choisies, des sentiments doux et tendres, des vers aisés, coulants, harmonieux, les expressions simples, quelquefois riches, toujours vraies. […] Là, en effet, le fond est aussi vrai que la forme est originale. […] Il est vrai que, dans l’épopée, on suppose aussi le poète inspiré ; mais son inspiration est plus tranquille. […] On le dit aussi des pièces faites en l’honneur du vrai Dieu : les hymnes de l’Église ; les hymnes de Santeuil.
Les écrits saints ont un avantage bien marqué sur ce que nous offrent de mieux les philosophes profanes : c’est qu’on n’y trouve aucun précepte de conduite, aucune leçon utile, qui ne soient incontestablement vrais, et d’une application également facile et salutaire pour tous les peuples du monde, pour tous les états de la vie. […] vrais enfants que vous êtes ! […] L’auteur de ce dernier ouvrage ne s’est occupé que de la recherche et de la démonstration d’une seule vérité, qui, il est vrai, devient le principe de beaucoup d’autres. […] La vraie philosophie n’a pas plus besoin du prestige des mots, que les idées vraiment grandes, vraiment sublimes, n’ont besoin, en poésie, du luxe et de la pompe de l’expression, pour produire leur effet. […] Et cela est rigoureusement vrai.
On ne pourrait jamais faire entrer dans un vers ces mots, loi évangélique, Dieu immuable, vérité éternelle, vrai honneur, foi assurée, etc. […] J’accablais mon esprit de trop de nourriture ; À prévenir mon goût j’épuisai tous mes soins : Mais mon goût s’émoussait en fuyant la nature, Il n’est de vrais plaisirs qu’avec de vrais besoins. […] Plaisirs brillants, troublez les villes Plaisirs champêtres et tranquilles, Seuls vous êtes les vrais plaisirs. […] Molière voulant tracer le vrai caractère de l’avare, n’en chercha point un parfait modèle dans la société, c’est-à-dire, qu’il ne s’appliqua point à y découvrir un homme qui eût fait tout ce que fait on peut faire un avare. […] En un mot il sait donner à chaque objet le vrai coloris qui lui est propre, et dire chaque chose sur le ton qui lui convient.
Le premier trait que j’en vois sortir, c’est l’esprit de réflexion, le génie d’observation ; caractère plus grand et plus singulier qu’il ne semble d’abord, et qu’on doit regarder comme la racine même du talent de penser, comme le germe unique de la vraie philosophie ». […] Jetons hors de notre âme cette foule de petites idées, et voyons, s’il est possible, comme le vrai philosophe, par ces grandes vues qui embrassent les rapports éloignés, et décident à la fois une infinité de questions, en montrant l’endroit où mille objets viennent se toucher en secret par un côté, tandis que, par un autre, ils paraissent s’éloigner à l’infini, et ne pouvoir jamais se rapprocher. […] L’éloquent défenseur de la vraie philosophie va concentrer maintenant en un seul et même point tous les traits de lumière dispersés jusqu’ici dans la première partie de son discours. […] Libre des opinions vulgaires, et pensant d’une manière qui n’appartient qu’à lui seul, il parle un langage, vrai dans le fond, mais nouveau et singulier, qui blesserait l’oreille des autres hommes ; vaste et profond dans ses vues, et s’élevant toujours par ses notions abstraites et générales, qui sont pour lui comme des livres abrégés, il échappe à tout moment aux regards de la foule, et s’envole fièrement dans les régions supérieures. Profitez de ses idées originales et hardies, c’est la source du grand et du sublime ; mais donnez du corps à ces pensées trop subtiles ; adoucissez par le sentiment la fierté de ses traits ; abaissez tout cela jusqu’à la portée de nos sens : nous voulons que les objets viennent se mettre sous nos yeux ; nous voulons un vrai qui nous saisisse d’abord, et qui remplisse toute notre âme de lumière et de chaleur.
Si cette image le représente tout entier, dans toute son étendue, alors la pensée est vraie, de quelque côté qu’on la considère ; et c’est ce qui en fait la justesse. […] Voilà une pensée vraie : elle marque le rapport et la convenance qu’il y a entre l’idée de terre et l’idée de rondeur. […] Voilà encore une pensée vraie : elle marque la disconvenance et l’opposition qu’il y a entre l’idée de menteur et l’idée d’estime. […] Une autre pensée vraie, mais commune, et tout à fait dénuée d’agréments, est celle-ci : le chagrin ne dure pas toujours. […] Il fallait dire ; s’il est vrai que ce prince ait traité avec tant de hauteur, les Catalans attachés à son ennemi, etc.
Une pensée est vraie quand elle représente telle qu’elle est la chose dont elle est l’image. […] De même, une pensée n’est vraie que lorsque l’image qu’on se forme d’un objet le représente fidèlement avec ses propriétés. […] Une pensée est plus ou moins vraie, selon qu’elle est plus ou moins conforme à son objet. […] Tout sentiment doit être vrai, c’est-à-dire n’être ni contrefait, ni affecté, mais sortir du cœur. […] Il est donc essentiel de n’employer que des termes qui ne disent ni trop ni trop peu, et pour cela d’en connaître la vraie signification.
Il y a, par exemple, dans les poèmes dramatiques de Shakespeare, des morceaux d’une vraie éloquence, que déparent d’autres morceaux pleins de défauts monstrueux. […] Il est vrai, encore une fois, que l’étude de ces règles ne donne point cette éloquence qui, par intervalles, excite en nous les plus grands mouvements, le plus vif enthousiasme. […] Assez ordinairement l’Orateur ne persuade, qu’en peignant avec force et avec vérité : bien souvent aussi le Poète, en présentant des tableaux énergiques et vrais, parvient jusqu’à émouvoir et à persuader. […] Au reste, peu importe que les faits dont il s’agit ici, soient imaginés ou réellement vrais. […] Quoiqu’ils ne doivent pas être confondus avec les trois styles auxquels on donne le même nom, il est cependant vrai de dire que de justes notions de ceux-ci aident beaucoup à se former une idée nette de ces trois genres d’éloquence.
Mais Dieu t’entend gémir, Dieu vers qui te ramène Un vrai remords né des douleurs ; Dieu qui pardonne enfin à la nature humaine D’être faible dans les malheurs. […] Il est vrai ; mais aussi qu’à la mort condamné, Lally soit en spectacle à l’échafaud traîné1, Elle ira la première à cette horrible fête Acheter le plaisir de voir tomber sa tête1 Dira-t-on qu’en des vers à mordre disposés, Ma muse prête aux grands des vices supposés ? […] Sans doute le respect des antiques modèles Eût au vrai ramené les muses infidèles : Eux seuls, de la nature imitateurs constants, Toujours lus avec fruit, sont beaux dans tous les temps. […] Il est vrai de dire que, si Lally avait commis des fautes, il ne méritait cependant pas la mort. […] Voilà un de ces vers trouvés, une de ces pensées vraies, relevées par la vivacité piquante de l’expression, qui, dès leur naissance, s’établissent un droit sur toutes les mémoires et reviennent dans toutes les conversations : plus d’un trait de Gilbert a eu cet heureux privilège.
La vraie et la fausse gloire Nous appelons vaine la gloire qu’on se donne ou pour ce qui n’est pas en nous, ou pour ce qui est en nous, mais non pas à nous, ou pour ce qui est en nous et à nous, mais qui ne mérite pas qu’on s’en glorifie. […] On connaît le vrai bien comme le vrai baume : on fait l’essai du baume en le distillant dedans l’eau ; car s’il va au fond et qu’il prenne le dessous, il est jugé pour être du plus fin et précieux : ainsi, pour connaître si un homme est vraiment sage, savant, généreux, noble, il faut voir si ses biens tendent à l’humilité, modestie et soumission ; car alors ce seront de vrais biens ; mais s’ils surnagent, et qu’ils veuillent paraître, ce seront des biens d’autant moins véritables qu’ils seront plus apparents2.
Le vrai est l’objet de la science ; la morale s’attache à montrer le bon ; la littérature s’applique spécialement à rechercher le beau, sans pourtant le séparer du vrai et du bon. […] Pour agir fortement sur les hommes, pour les faire penser et vouloir comme nous, il faut sans doute leur montrer le vrai et le bien : le vrai pour obtenir l’adhésion de leur intelligence, le bien pour déterminer leur volonté. […] Le beau, a dit Platon, est la splendeur du vrai. En effet, le vrai montré dans tous ses rapports et sous toutes ses faces, le vrai montré à toutes les facultés de l’homme et manifesté avec toutes ses perfections, c’est le vrai dans tout son éclat, c’est la splendeur du vrai. […] La pensée est vraie quand elle représente son objet tel qu’il est.
Le juste, l’utile et le beau ne sont que trois formes du vrai. […] Or, les vertus sont les vraies prospérités. […] Elle doit être vraie, fidèle et complète. […] Le vrai Misanthrope est un monstre. […] Il faut que l’éducation y ramène les jeunes gens par l’étude des vrais modèles.
Cependant son ouvrage ne serait point un vrai poème, si cette instruction n’était animée, embellie de l’éclat et du coloris poétique. […] Le cardinal de Bernis, dans son Épître sur les mœurs, après avoir fait un parallèle ingénieux du siècle des Bayard et de celui où il vivait, peint d’une manière très vraie et très intéressante l’inconstance des Français, asservis aux caprices de la mode. Le poète peut aussi, appréciant les choses en vrai philosophe, prendre on ton grave et sérieux, lancer des traite vifs et piquants contre les défauts et les vices des hommes, et les tracer avec des couleurs mâles et vigoureuses. […] L’action dans la fable doit être vrai semblable et naturelle, c’est-à-dire qu’il faut que les personnages parlent et agissent Selon leur caractère vrai ou supposé, qu’ils soient toujours peints d’après les instincts divers et les inclinations que nous leur connaissons. […] Lamotte a observé que le succès constant et universel de la fable venait de ce que l’allégorie y ménageait et flattait l’amour-propre : rien n’est plus vrai.
Ce roman est une vraie création originale, que nous trouvons chez tous les peuples d’origine germanique ; il remonte, sans nom d’auteur, au onzième siècle, et circule partout, dans toutes les classes de la société, tant il est profondément national : c’est l’œuvre de tout le monde, c’est la peinture de la vie humaine, analyse fine et narquoise, tableau grossier, naïf, plein de naturel et de vérité. […] Ce fut une vraie découverte ; on ne connaissait pas jusque-là ces peintures piquantes de mœurs, ce développement profond des caractères, cette habile ordonnance de l’intrigue, ce ton naturel et vrai de la narration, cette satire de bon goût qui devait chasser de la littérature toutes les fades et extravagantes aventures de la chevalerie. […] Madame de La Fayette le ramena dans des voies plus délicates et plus vraies par la Princesse de Clèves ; Scarron, par son Roman comique, mérite aussi d’être mentionné pour avoir esquissé quelques scènes amusantes et naturelles. […] Walter Scott, qui a créé ce genre, n’a guère trouvé de rivaux parmi ses imitateurs, et l’on a pu dire de ses romans, sans se tromper, qu’ils sont plus vrais que l’histoire.
Il se souvient évidemment d’Aristote, quoiqu’il ne le nomme pas mais l’avait-il bien compris lorsqu’il ajoute, plus bas (p. 16, éd. 1604) : « Or imitant ces deux lumières de poésie (Homère et Virgile), fondé et appuyé sur nos vieilles Annales, j’ay basti ma Franciade sans me soucier si cela est vrai ou non, ou si nos roys sont Troyens ou Germains, Scythes ou Arabes : si Francus est venu en France ou non : car il y pouvoit venir : me servant du possible et non de la vérité. […] Or, s’il est vrai que la satisfaction des spectateurs soit la fin que se proposent les spectacles, et que les maîtres mêmes du métier aient quelquefois appelé de César au peuple, le Cid du poëte français ayant plu aussi bien que la Fleur du poëte grec, ne seroit-il point vrai qu’il a obtenu la fin de la représentation, et qu’il est arrivé à son but, encore que ce ne soit pas par le chemin, ni par les adresses de la Poétique ? […] Le Venceslas de Rotrou est entièrement dans ce goût, et toute cette histoire est fabuleuse… Un sujet de pure invention, et un sujet vrai, mais ignoré, sont absolument la même chose pour les spectateurs et comme notre scène embrasse des sujets de tous les temps et de tous les pays, il faudrait qu’un spectateur allât consulter tous les livres avant qu’il sût si ce qu’on lui représente est fabuleux ou historique.
Le goût du vrai fut sa passion bienfaisante et éloquente. […] Rien n’est beau que le vrai Un cœur noble est content de ce qu’il trouve en lui, Et ne s’applaudit point des qualités d’autrui1. […] Rien n’est beau que le vrai : le vrai seul est aimable3; Il doit régner partout, et même dans la fable : De toute fiction l’adroite fausseté Ne tend qu’à faire aux yeux briller la vérité. […] Ce n’est pas que leurs sons, agréables, nombreux, Soient toujours à l’oreille également heureux ; Qu’en plus d’un lieu le sens n’y gêne la mesure, Et qu’un mot quelquefois n’y brave la césure4 : Mais c’est qu’en eux le vrai, du mensonge vainqueur, Partout se montre aux yeux et va saisir le cœur ; Que le bien et le mal y sont prisés au juste ; Que jamais un faquin n’y tint un rang auguste, Et que mon cœur, toujours conduisant mon esprit, Ne dit rien aux lecteurs qu’à soi-même il n’ait dit. […] On dit de nos jours : Rien n’est beau que le laid, rien n’est vrai que le faux.
Ulysse seul est un vrai prince, ou, pour parler comme Homère, un vrai pasteur des peuples. […] Car, je vous le demande, n’est-il pas vrai que, quand vous joindriez à tous les dons de l’intelligence la plus vive le charme de la parole la plus séduisante, si vos auditeurs n’avaient pas confiance en vous, s’ils ne vous regardaient pas comme un homme convaincu et capable, au besoin, de donner sa vie pour ce qu’il croit juste et vrai, vos beaux discours glisseraient sur eux comme l’eau sur le marbre ? […] La sympathie vraie a un accent inimitable qui va droit au cœur parce qu’il sort du cœur. […] Ne l’enferme-t-elle pas dans les vraies limites du genre ? […] Il était si convaincu du rôle sérieux d’un vrai conseiller du peuple, il règne dans ses discours un ton de sincérité si naturel, il s’oublie lui-même avec tant d’abnégation pour ne laisser paraître que ce qu’il croit être le juste et le vrai, que s’il eût parlé devant une assemblée de gens plus sages que les Athéniens, il est hors de doute qu’il se fût borné, pour les convaincre, au langage de la raison pure.
Il est bien vrai que la vie est triste, pleine de soucis, de mécomptes, d’inquiétudes, de douleurs ; mais tout cela dure peu. […] Il sait que les apparences trompent, qu’il n’est rien de stable sous le soleil ; au lieu donc de s’aventurer à penser encore ce qu’il avait toujours pensé jusque-là, ce qui était certain pour lui comme pour tout le monde, il s’approche modestement du régulateur de sa raison législative7, se penche à son oreille, puis dresse les siennes pour recueillir sans en rien perdre la réponse à cette question profonde et délicate : Monseigneur, qu’est-ce qui est vrai aujourd’hui ? […] Nous nous en allons vers notre vraie patrie, vers la maison de notre père. […] Il y a du vrai dans ces épigrammes, mais avec un parti pris de satire.
Ses Pensées sont inspirées par une âme chrétienne, éprise du vrai, et dévouée au bien de l’humanité. […] S’ils avaient la véritable justice, si les médecins avaient le vrai art de guérir, ils n’auraient que faire de bonnets carrés : la majesté de ces sciences serait assez vénérable d’elle-même. […] La vraie éloquence se moque de l’éloquence ; la vraie morale se moque de la morale3. […] Juge de toutes choses, imbécile ver de terre, dépositaire du vrai, cloaque d’incertitude et d’erreur, gloire et rebut de l’univers ; s’il se vante, je l’abaisse ; s’il s’abaisse, je le vante, et le contredis toujours jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il est un monstre incompréhensible. » 1.
S’il ne s’agissait, d’ailleurs, que de lutter d’autorités, il ne serait pas difficile de trouver nombre d’auteurs, surtout parmi les poètes et les vrais critiques, qui ont été d’un avis tout contraire, n’admettant jamais parmi les poèmes les ouvrages en prose, quelque poétiques qu’ils fussent. […] On peut avoir l’un sans l’autre, je le sais ; mais les vrais favoris de la nature les réunissent. » Il faut donc revenir à la définition de l’Académie, qui est en même temps celle de la raison et de l’opinion générale, et dire que la poésie est l’art de composer des ouvrages en vers, et que ces ouvrages en vers sont les seuls qu’on doive appeler des poèmes. […] Ainsi, un ouvrage est bon lorsque les choses dont il est composé sont vraies ou vraisemblables ; lorsqu’elles sont bien disposées et bien arrangées ; lorsqu’elles sont bien assorties et qu’elles se conviennent réciproquement. […] Mais il est bien essentiel d’observer qu’un ouvrage où cette vertu ne serait pas respectée, réunît-il, d’ailleurs, toutes les autres qualités requises, serait à juste titre regardé comme mauvais, parce que, si l’on a eu raison de dire : rien n’est beau que le vrai, on doit dire avec plus de raison encore : rien n’est beau que l’honnête.
Il est vrai que dans l’épopée, on suppose aussi le poète inspiré ; mais son inspiration est tranquille, la Muse raconte et le poète écrit. […] Dans les chants consacrés à la gloire du vrai Dieu, on sent au fond même du sujet la vraie grandeur puisée dans sa source : ce sont de vraies beautés, de vraies vertus qu’on admire, et des sentiments solides qu’on exprime. […] Les compositions modernes en ce genre n’approchent pas généralement de nos vieux cantiques de Montfort et de Brydaine, pour la piété vraie, l’onction inimitable, la vraie poésie d’idées, de sentiments et d’images, et la beauté naïve et touchante. […] Il doit éclairer notre âme par la splendeur du vrai, et en même temps nous échauffer, nous transporter par les élans d’un enthousiasme réel. […] Par conséquent, pour bien réussir dans ce genre, il faut bien sentir et bien peindre le sentiment avec des couleurs vraies et naturelles.
Mais serait-il vrai que toutes les actions, tous les événements, dussent indistinctement passer sous la plume de l’historien ? […] Le premier devoir de l’historien est de distinguer avec la plus exacte précision le faux du vrai, de rejeter tout ce qui est incertain ou d’une autorité suspecte, et de n’admettre que ce qui ne peut pas être révoqué en doute. L’histoire n’est le récit que des choses vraies ; l’historien s’annonce pour être l’organe de la vérité. […] Après avoir recueilli les faits intéressants et vrais dont l’historien doit composer son ouvrage, il les arrangera dans l’ordre le plus convenable pour son dessein. […] Il a exprimé d’une manière bien vraie et bien naïve sa soumission pour le public, à l’occasion d’une de ses pièces qui avait pour titre : l’Île de la raison ou les Petits hommes, et qui fut traitée par le parterre avec la rigueur la plus inexorable.
Vous dites bien vrai, tout s’en va ; mais ce qui s’en va est-il donc tant à regretter ? […] croyez-moi, la vraie, la solide, la tendre affection est la seule chose réelle, la seule qui ne passe point ; lorsque tout le reste change, caritas manet. […] Je dis un peu, car le vrai repos, la paix parfaite est ailleurs, et n’est point ici. […] Sachez donc, vous qui vous croyez investis de l’apostolat, à quelles conditions il porte son fruit ; et vous, peuples, sachez comment on discerne les vrais apôtres de ceux qui en usurpent le nom. […] Nous nous en allons vers notre vraie patrie, vers la maison de notre père.
Si vous mettez toute votre confiance en Dieu, mes très-chères filles, sans vous appuyer sur vous-mêmes, ni sur aucun talent naturel et sur aucune perfection mondaine, vous deviendrez par votre docilité, par votre humilité et par votre abandon dans la main de Dieu, les vrais instruments de la grâce pour sanctifier les familles séculières et les couvents ; vous formerez d’excellentes vierges pour les cloîtres et de pieuses mères de famille pour le monde. En sanctifiant ainsi les deux principaux états de votre sexe, vous contribuerez à établir le vrai règne de Dieu dans les deux sexes, pour tous les états et pour toutes les conditions ; car on sait combien une mère de famille a de part à la bonne éducation de ses enfants, même des garçons ; combien une femme prudente et vertueuse peut insinuer la religion dans le cœur de son mari ; combien une bonne maîtresse de pensionnaires dans un couvent peut faire de bien sur2 les jeunes filles qu’elle gouverne. Il y a donc dans l’œuvre de Saint-Louis, si elle est bien faite et avec l’esprit d’une vraie foi et d’un véritable amour de Dieu, de quoi renouveler dans tout le royaume la perfection du christianisme. […] Quand une fille aura du bon sens avec une grande piété, elle sera bonne pour tout ; elle sera fidèle à tous ses devoirs, et elle mettra en œuvre tout ce qu’elle aura de talents naturels pour se façonner ; elle vaudra mieux qu’un bel esprit plein de ses pensées et de ses idées en l’air : ce bon sens simple, quand il serait grossier et mal poli, plaira plus aux gens même du monde qu’un caractère plus délicat, mais moins vrai et moins désabusé de soi-même. […] J’avoue que je compte infiniment plus sur le recueillement, sur la présence de Dieu, sur l’oraison du cœur, sur l’adoration en esprit et en vérité, sur l’amour de Dieu, que sur toutes les règles les plus importantes de l’extérieur ; mais si l’intérieur est vrai et solide, il inspirera cet attachement inviolable aux règles extérieures.
Nul n’a plus contribué à raviver sans superstition la foi classique, et à convertir les indifférents à la religion du beau ou du vrai par une admiration réfléchie dont le plaisir sévère se communique aux indifférents ou aux rebelles. […] Ce temps d’ivresse passé1, quand chacun a trouvé enfin la mesure de sa taille en s’approchant d’un plus grand ; de ses forces, en luttant avec un plus fort ; de son intelligence, en voyant le prix remporté par un plus habile ; quand la maladie et la fatigue lui ont appris qu’il n’y a qu’une mesure de vie ; quand il en est arrivé à se défier même de ses espérances, alors revient le fabuliste qui savait tout cela, qui le lui dit et qui le console, non par d’autres illusions, mais en lui montrant son mal au vrai, et tout ce qu’on en peut ôter de pointes par la comparaison avec le mal d’autrui. […] Ces biens, on ne vous le dira jamais trop, sont les seuls vrais biens. […] On le dit par erreur des gens heureux dans leurs affaires : le mot n’est vrai que de ceux d’entre vous qui vont être couronnés, ou qui ont mérité de l’être.
C’est un caractère naturel et vrai. […] Il faut aller jusqu’à André Chénier pour trouver un vrai poète. […] Quand il se contente de chercher le vrai, il trouve le beau par surcroît. […] Le vrai Romain ce n’est pas Horace, c’est Corneille. […] Un vrai novateur, quel qu’il soit, ne sera donc jamais médiocre.
L’âme ne va-t-elle pas jusqu’au vrai dans l’un et l’autre genre avant que de s’émouvoir ? […] Cela est vrai : qu’en concluez-vous ? […] Cela est vrai ; mais l’action y ajoute encore une plus grande vivacité. […] N’est-ce pas là un vrai orateur ? […] N’est-ce pas un mélange de finesse et de grossièreté, de vrai et de faux ?
La peinture qu’il fait des mœurs, est si sensible et si vraie, que chacun s’y voit lui-même et s’y reconnaît. […] C’est le vrai moyen de prêcher avec fruit. […] Dédaignant l’art de polir ses discours, il ne s’attache qu’à présenter à ses auditeurs le vrai sous toutes les faces. […] C’est ce que n’a jamais manqué de faire Cicéron, le vrai modèle des orateurs du barreau. […] Il y règne d’un bout à l’autre une éloquence noble, sublime, et en même temps naturelle : c’est un vrai chef-d’œuvre.