La Boétie (1530-1563) Notice Né à Sarlat, où l’on montre encore sa maison ; traducteur précoce de différentes œuvres grecques de Xénophon, d’Aristote et de Plutarque ; conseiller, à vingt-trois ans, de ce Parlement de Bordeaux auquel appartinrent Montaigne et Montesquieu ; mort à trente-deux ans, Étienne de la Boétie doit l’immortalité à l’éloquent petit livre, le Contr’un, que lui inspira en 1548 l’horreur de la répression féroce d’une émeute des Bordelais par le connétable Anne de Montmorency, et à l’éloquent chapitre que son souvenir et son amitié ont inspiré à Montaigne (Essais, I, 27). […] Les harangues qu’il prononça, à différentes reprises, devant les Notables, les États-Généraux, les Parlements, son Mémoire au roi Charles IX sur la paix, son Traité (inachevé) de la réformation de la justice — je ne parle que pour mémoire de ses poésies latines, — appartiennent aux lettres du siècle. […] Il faut que celui seul naisse de lui-même pour avoir vie et valeur… Henri IV (1553-1610) Notice Henri IV, par ses Lettres missives (7 vol. in-4°, publiés dans la Collection des documents inédits de l’Histoire de France, 1843-1835, et complétés par différentes publications postérieures) prend sa place à côté de César, de Louis XIV, de Frédéric et de Napoléon. […] Et pour moi, j’aurois été sans doute du nombre de ces derniers, si je n’avois jamais eu qu’un seul maître ou que je n’eusse point su les différences qui ont été de tout temps entre les opinions des plus doctes ; mais, ayant appris, dès le collège, qu’on ne sauroit rien imaginer de si étrange et si peu croyable, qu’il n’ait été dit par quelqu’un des philosophes ; et depuis, en voyageant, ayant reconnu que tous ceux qui ont des sentimens fort contraires aux nôtres ne sont pas pour cela barbares ni sauvages, mais que plusieurs usent autant ou plus que nous de raison ; et ayant considéré combien un même homme, avec son même esprit, étant nourri dès son enfance entre des François ou des Allemands, devient différent de ce qu’il serait s’il avoit toujours vécu entre des Chinois ou des cannibales ; et comment, jusques aux modes de nos habits, la même chose qui nous a plu il y a dix ans, et qui nous plaira peut-être encore avant dix ans, nous semble maintenant extravagante et ridicule ; en sorte que c’est bien plus la coutume et l’exemple qui nous persuade qu’aucune connoissance certaine ; et que néanmoins la pluralité des voix n’est pas une preuve qui vaille rien pour les vérités un peu malaisées à découvrir, à cause qu’il est bien plus vraisemblable qu’un homme seul les ait rencontrées que tout On peuple, je ne pouvois choisir personne dont les opinions me semblassent devoir être préférées à celles des autres, et je me trouvois comme contraint d’entreprendre moi-même de me conduire. […] De la controverse sur le « pouvoir prochain, la grâce suffisante et la grâce efficace » Voulez-vous voir une peinture de l’Eglise dans ces différents avis ?
La vérité, à mon avis, c’est que l’écrivain qui veut communiquer ou exprimer la passion doit, non pas la ressentir, mais la comprendre ; ce qui est bien différent.
Après ce que nous venons de dire, on comprendra, sans qu’il soit besoin de les expliquer, les différents noms que l’on a donnés aux divers romans, selon leur forme ou leur objet.
La médisance, ce vice détestable, convertit en poison tout ce que l’innocence la plus pure lui oppose pour le combattre ; à l’imitation de ce peuple furieux et insensé, elle se venge de la lumière qui l’éblouit en décochant une grêle de pierres contre le soleil1 : c’est un monstre à cent visages différents, qui contrefait le langage de l’amitié, de la compassion, de la louange et de la piété même.
Un jeune étudiant délivre le diable Asmodée, qui avait été emprisonné dans un bocal par un magicien son ennemi ; et ce démon, par reconnaissance, lui apprend l’histoire et lui découvre le fond des cœurs de toutes les personnes qu’il lui fait voir dans les différentes maisons de Madrid.
Le retroussis de leur feuillage faisait paraître chaque espèce de deux verts différents.
Le fait est puisé dans les quatre mondes différents qui constituent ce qu’on appelle la nature. […] On compte, seize tropes, ou tournures différentes, qui sont : 1° la Métaphore, 2° la Métonymie, 3° la Synecdoque, 4° la Catachrèse, 5° l’Allégorie, 6° l’Antonomase, 7° la Métalepse, 8° l’Hyperbole, 9° la Litote, 10° l’Hypotypose, 11° l’Ironie, 12° l’Euphémisme, 13° la Périphrase, 14° l’Allusion, 15° la Communication, 16° l’Hypallage. […] Les vers se mesurent de dix manières différentes, c’est-à-dire qu’ils contiennent plus ou moins de syllabes, suivant le mètre adopté pour leur arrangement. […] Un mot ne rime avec lui-même que lorsqu’il est pris dans un sens tout à fait différent. […] Les vers sont libres quand on admet dans une composition des vers de différentes mesures, et que les rimes sont mêlées suivant le goût ou le caprice du poète.
La véritable éloquence suppose l’exercice et la culture de l’esprit ; elle est bien différente de cette facilité naturelle de parler, qui n’est qu’un talent, une qualité accordée à tous ceux dont les passions sont fortes, les organes souples et l’imagination prompte.
Buffon reconnaît en effet, conformément à ce que nous enseigne la sainte Ecriture, que l’homme était né dans un état et pour un sort bien différents de ceux où la faute d’Adam nous a fait tomber.
Je sais que les différents principes d’un art se communiquent réciproquement de la lumière, et que, pour en bien connaître toute la justesse et toute l’étendue, il faut les posséder tous.
Il est facile, du reste, de comprendre ce qui convient selon l’objet de la lettre et les différentes situations des correspondants.
Tout à coup se lèvent de différents côtés mille tant paysans que bandits, forçats déchaînés, déserteurs, commandés par un sous-diacre, bien armés, bons tireurs : ils font feu sur les nôtres avant d’être vus ; les officiers tombent les premiers ; les plus heureux meurent sur la place ; les autres, durant quelques jours, servent de jouet à leurs bourreaux.
La vie de l’âme est différente ; rien n’est plus varié, plus changeant, plus mobile1.
Appropriant le terme à l’idée, l’expression au sujet, votre diction suit dans toutes leurs nuances et toutes leurs inflexions les différents genres de littérature, et c’est dans un style simple, naturel, concis, élégant, que vous nous parlez de l’élégance, de la concision, du naturel et de la simplicité du style.
Incapable de se passionner dans les affaires, il conservait toujours une humeur libre, qui se prêtait, sans effort, aux différents devoirs de son ministère ; il avait toujours la possession de son esprit et de son jugement ; la modération et l’égalité de son caractère le rendaient constant dans ses résolutions.
Sans doute une forte éducation classique et d’immenses lectures, auxquelles on ne se résigne guère que lorsqu’on est doué de cette curiosité particulière aux érudits, peuvent mettre aux mains d’un littérateur les premiers matériaux, et, pour ainsi parler, les instruments indispensables à son œuvre ; ce ne sera rien encore tant qu’il n’aura pas compris ou plutôt deviné par une sorte d’intuition la vie antique, si différente de notre vie moderne. »
Ma gaieté durant toute la soirée témoignait que j’avais vécu seul tout le jour ; j’étais bien différent quand j’avais vu de la compagnie, j’étais rarement content des autres, et jamais de moi. […] S’ils repassent alors sur tout le cours de leurs années, ils ne trouvent souvent ni vertus ni actions louables qui les distinguent les unes des autres ; ils confondent leurs différents âges, ils n’y voient rien qui marque assez pour mesurer le temps qu’ils ont vécu.
Aussi bien, nous sommes-nous toujours efforcé, dans cette édition comme dans les précédentes, de choisir des morceaux de caractère différent et d’étendue variée, et qui parussent mieux faits les uns pour être appris par cœur, les autres pour être lus en classe ou dans la famille. […] La reine862 avait imaginé une mascarade863 où ceux qu’elle nomma pour danser devaient représenter différentes nations. […] Leurs caractères différents faisaient un assortiment complet et heureux : l’un966 par une certaine vigueur d’idées, par une vivacité féconde, par une fougue de raison ; l’autre par une analyse subtile, par une précision scrupuleuse, par une sage et ingénieuse lenteur à discuter tout. […] On confronte l’accusé avec un passant qui avait été témoin de l’assassinat. « Je ne le reconnais pas, dit le passant ; ce n’est pas là le meurtrier que j’ai vu ; l’habit est semblable, mais le visage est différent. […] Cette même idée fait encore le fond d’ouvrages d’ailleurs fort différents entre eux, le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755), la Lettre à d’Alembert sur les spectacles (1758), le Contrat social (1762), Emile ou de l’éducation (1762).
., tous figurés par les différentes impressions qu’ils recevaient de l’air diversement modifié par les organes de la parole.
Ces esprits étroits et rampants prennent toujours les choses une à une, et ne les voient jamais comme elles sont, parce qu’ils n’ont pas saisi l’ensemble qui montre clairement l’usage et l’harmonie des parties différentes : science confuse, amas de poussière, qui ne fait qu’aveugler la raison, et la charger d’un poids inutile.
La confirmation se propose deux objets différents, mais dont le but et le résultat sont absolument les mêmes.
La nature, premier et indispensable élément, inégalement distribué entre les divers individus ; l’art, élément secondaire, mais d’une utilité d’autant moins contestable, qu’il peut se modifier d’après les natures différentes.
Quelle harmonie différente de celle qui va suivre !
Plus loin, dans ses calculs gravement enfoncé, Un couple sérieux, qu’avec fureur possède L’amour du jeu rêveur qu’inventa Palamède, Sur des carrés égaux, différents de couleur, Combattant sans danger, mais non pas sans chaleur, Par cent détours savants conduit à la victoire Ses bataillons d’ébène et ses soldats d’ivoire… Longtemps des camps rivaux le succès est égal ; Enfin l’heureux vainqueur donne l’échec fatal, Se lève, et du vaincu proclame la défaite ; L’autre reste atterré dans sa douleur muette, Et du terrible mât à regret convaincu, Regarde encor longtemps le coup qui l’a vaincu1.
Disons donc que la vraie éloquence est bien différente de cette causeuse des places publiques, et son style bien éloigné du jargon ambitieux des sophistes grecs.
Voilà pourtant, jeunes Pisons, voilà l’image exacte et fidèle d’un livre où les idées confuses ressembleraient aux songes d’un malade, et dont les différentes parties manqueraient d’harmonie et d’ensemble. — Les poëtes, dira-t-on, n’ont-ils pas toujours eu, comme les peintres, le privilège de tout oser ? […] distinguez avec soin les mœurs des différents âges. […] 242 Mais, pourquoi moi 243suis-je (serais-je) salué poëte, 244si je-ne-puis et ne-sais-pas 245observer les caractères marqués 246et les tons distincts 247des ouvrages (des genres différents) ? […] 303La nature, en effet, 304forme nous intérieurement d’abord 305à toute manière-d’être-extérieure 306des différentes fortunes : 307elle nous réjouit, 308ou elle nous pousse à la colère, 309ou elle nous abaisse vers la terre 310par le chagrin pesant, 311et elle nous tourmente ; 312ensuite, elle exprime 313les mouvements de notre âme 314 avec la langue interprète.
Et ne t’afflige pas si les leurs sont si courts : Toute plante en naissant déjà renferme en elle D’enfants qui la suivront une race immortelle2 ; Chacun de ces enfants, dans ma fécondité, Trouve un gage nouveau de sa postérité. » Ainsi parle la terre ; et, charmé de l’entendre, Quand je vois par ces nœuds que je ne puis comprendre Tant d’êtres différents l’un à l’autre enchaînés, Vers une même fin constamment entraînés, A l’ordre général conspirer tous ensemble, Je reconnais partout la main qui les rassemble, Et d’un dessein si grand j’admire l’unité Non moins que la sagesse et la simplicité.
Le retroussis de leur feuillage faisait paraître chaque espèce de deux verts différents.
La seconde méthode consiste à présenter toutes les idées dans un style différent de celui qu’on veut faire acquérir à l’élève. […] quelles perfections ne réunissait-elle point pour être à mon égard, par différents caractères, plus chère et plus précieuse ! […] Il manque un dernier trait à ce magnifique parallèle ; il faudrait que la mort de ces deux grands hommes fût différente comme leurs caractères, et qu’elle se ressemblât comme leurs actions. […] J’ai enseigné fort exactement quelle est leur nature, quels sont leurs emplois, leurs inclinations, leurs différents ordres ; quel pouvoir ils ont dans l’univers. […] Un métier bien différent du vôtre : vous avez étudié les vertus du génie, et moi, j’ai étudié les sottises des hommes.
Après un règne de 24 ans, continuellement agité par différentes factions, rempli de révoltes, de trahisons et de guerres intestines, ce monarque infortuné fut condamné par le parlement à avoir la tête tranchée ; ce qui fut exécuté le 9 février 1649, dans la 49e année de son âge. […] Au reste, le mont Etna, dont la forme ressemble à un pain de sucre, offre sur sa surface le phénomène de trois régions différentes.
Après avoir passé l’hiver à Capoue, il eut à soutenir contre le consul Marcellus, trois différents combats, dont le succès ne fut pas décisif. […] Il paraît donc qu’on a attribué les grandes actions de ces différents héros à celui-ci.
Il ne suffit pas de voir, de connaître la beauté d’un ouvrage ; il faut la sentir, en être touché ; il ne suffit pas de sentir, d’être touché d’une manière confuse : il faut démêler les différentes nuances. […] Il y a toujours trois ou quatre gazettes3 littéraires en France, et autant en Hollande ; ce sont des factions différentes.
Enfin, à ces deux grands caractères généraux, éthique et pathétique, encore une fois qu’on me passe ces mots, viendra se joindre la prodigieuse diversité des climats et des produits, qui donnera à chaque coin de terre, à chaque subdivision des eaux, aux animaux, aux plantes, selon les lieux et les saisons différentes, aux métaux même et aux minéraux façonnés par la main de la nature ou de l’homme, une physionomie sui generis, une couleur locale, féconde en idées neuves pour celui qui observe longtemps avant de prendre la plume.
En conservant à sa statue des bras et des jambes de dimensions pareilles et également proportionnés au reste du corps, le sculpteur a soin de donner à chacun de ces membres une attitude différente et d’arriver ainsi au contraste sans blesser la symétrie.
Cependant, parmi les diverses méthodes, il en est une qui me parait, ainsi qu’à la majorité des rhéteurs, plus généralement applicable, et la voici : Qu’immédiatement après l’exorde, s’il y a exorde, l’écrivain expose le fait ou les faits dont il veut tirer une leçon ou un argument, les éléments de la science qu’il se propose de traiter, l’ensemble de vérités qu’il prétend établir ; que de là il passe aux preuves de ces faits, aux développements de ces données premières, à la démonstration de sa doctrine ; qu’enfin il s’attache à combattre les arguments et les moyens de ceux qui, sur les choses ou les personnes, les faits ou les idées, adoptent et soutiennent une opinion contraire à la sienne, ou tirent de la même opinion des conséquences différentes.
Passant ensuite aux diverses parties, elle trace les règles du début, montre comment il dépend de l’ensemble, quelles dispositions il doit faire naître dans l’esprit du lecteur ou de l’auditeur ; elle en indique les différentes espèces, les sources, les mérites et les défauts.
En descendant vous retrouvez les mêmes beautés dans un ordre différent.
Cette multiplicité d’explications ; cette rapidité, soit à se défendre tout haut, soit à attaquer sourdement ; ces ruses innocentes ; cette vigilante attention pour répondre, pour prévenir, et pour saisir les occasions, me rappellent, malgré moi, la simplicité du serpent, tel qu’il était dans le premier âge du monde, lorsqu’il avait de la candeur, du bonheur et de l’innocence : simplicité insinuante, non insidieuse cependant ; sans perfidie, mais non sans tortuosité. » Voltaire dit, en parlant de Fénelon : « On a de lui cinquante-cinq ouvrages différents.
Vous verrez comment les mêmes idées prennent la couleur des caractères différents, et changent de ton, suivant les écrivains.
La guerre civile, celle d’Afrique, celle au-delà des Alpes, celle d’Espagne, où des villes révoltées étaient unies à des nations belliqueuses ; celle des esclaves, celle des pirates ; toutes ces guerres différentes, contre tant d’ennemis divers, je ne dis pas conduites, mais terminées par le seul Pompée, prouvent qu’il n’est pas une partie de l’art militaire qui ait pu échapper à ses connaissances ».
Vous remarquerez que, tout en conservant la ressemblance, il faut varier le dessin et le coloris, non-seulement des portraits des différents personnages dans le même livre52, mais des portraits du même individu, selon qu’ils sont destinés à une histoire, à des Mémoires ou à quelque œuvre d’éloquence.
En vous y appliquant, vous remarquerez que, comme presque toutes les qualités du style, l’enjouement prend différents caractères suivant les temps et les lieux.
Je ne sache pas qu’on ait rendu nettement raison de ce fait, qui tient à la nature même des différentes figures que je viens de nommer.
Voilà le second ministre3 que vous voyez mourir, depuis que vous êtes à Rome ; rien n’est plus différent que leur mort ; mais rien n’est plus égal que leur fortune, et les cent millions de chaînes qui les attachaient tous deux à la terre.
Qu’il y a, messieurs, malice, erreur ou distraction dans la manière dont on a lu la pièce ; car il n’est pas dit dans l’écrit : « laquelle somme je lui rendrai, ET je l’épouserai » ; mais « laquelle somme je lui rendrai, OU je l’épouserai » ; ce qui est bien différent.