Le maître intérieur qu’on nomme raison le reproche intérieurement avec un empire absolu. […] Où est-elle cette raison commune et supérieure tout ensemble à toutes les raisons bornées et imparfaites du genre humain ? […] Ainsi notre raison bornée, incertaine, fautive, n’est qu’une inspiration faible et momentanée d’une raison primitive, suprême et immuable, qui se communique avec mesure à tous les êtres intelligents. […] Où est-elle cette raison parfaite, qui est si près de moi, et si différente de moi ? […] Où est-elle, cette raison suprême ?
Son principal titre à la reconnaissance de l’avenir est le Discours de la Méthode, où il fonde les doctrines spiritualistes sur d’irréfutables arguments, et restitue ses droits à la raison, tout en lui marquant ses limites. […] Ainsi mon dessein n’est pas d’enseigner ici la méthode que chacun doit suivre pour bien conduire sa raison, mais seulement de faire voir en quelle sorte j’ai tâché de conduire la mienne2. […] Mais ne proposant cet écrit que comme une histoire, ou, si vous l’aimez mieux, que comme une fable, en laquelle, parmi quelques exemples qu’on peut imiter, on en trouvera peut-être aussi plusieurs autres qu’on aura raison de ne pas suivre, j’espère qu’il sera utile à quelques-uns sans être nuisible à personne, et que tous me sauront gré de ma franchise. […] Il est bon de savoir quelque chose des mœurs de divers peuples, afin de juger des nôtres plus sainement, et que nous ne pensions pas que tout ce qui est contre nos modes soit ridicule et contre raison, ainsi qu’ont coutume de faire ceux qui n’ont rien vu3. […] Enfin, monsieur, toutes nos afflictions, quelles qu’elles soient, ne dépendent que fort peu des raisons auxquelles nous les attribuons, mais seulement de l’émotion et du trouble intérieur que la nature excite en nous-mêmes ; car lorsque cette émotion est apaisée, encore que toutes les raisons que nous avions auparavant demeurent les mêmes, nous ne nous sentons plus affligés.
On y fait entrer surtout des conditions de régularité, de sagesse, de modération et de raison, qui dominent et contiennent toutes les autres. […] raison mise en pratique ; Talent ? raison produite avec éclat ; Esprit ? raison qui finement s’exprime ; Le goût n’est rien qu’un bon sens délicat, Et le génie est la raison sublime. […] Trouvons-nous la raison dans le ive livre de l’Enéide et dans les transports de Didons ?
Je conjure celui qui répond oui de considérer que son plan n’est pas connu, qu’il faut du temps pour le développer, l’examiner, le démontrer ; que, fut-il immédiatement soumis à notre délibération, son auteur a pu se tromper ; que, fût-il exempt de toute erreur, on peut croire qu’il s’est trompé ; que, quand tout le monde a tort, tout le monde a raison ; qu’il se pourrait donc que l’auteur de cet autre projet, même en ayant raison, eût tort contre tout le monde, puisque sans l’assentiment de l’opinion publique, le plus grand talent ne saurait triompher des circonstances. » — Le dilemme divise les moyens de l’adversaire en propositions contradictoires et le tient enfermé dans la conclusion, comme en une impasse. […] L’exemple est un enthymème, où la majeure s’appuie, non sur une raison abstraite, mais sur l’autorité d’un fait, comme l’opinion d’un grand homme ou d’un jurisconsulte ancien, les institutions, les monuments, les actes des ancêtres. […] J’ai dit que ce moyen est habile, j’ajoute qu’il est souvent perfide, parce qu’il peut se faire qu’un orateur ait eu raison autrefois de penser d’une manière et qu’il ait raison de penser aujourd’hui différemment. […] Exemple : — Il faut aimer l’humanité, à plus forte raison sa patrie, à plus forte raison sa famille.
Ce n’est pas que la justesse en soit inattaquable ; bien au contraire : on a dit avec raison que cet auteur calomniait souvent la nature humaine. […] Pour plaire aux autres, il faut parler de ce qu’ils aiment et de ce qui les touche, éviter les disputes sur les choses indifférentes, leur faire rarement des questions et ne leur laisser jamais croire qu’on prétend avoir plus de raison qu’eux. […] Mais il faut se rendre à la raison aussitôt qu’elle paraît, de quelque part qu’elle vienne : elle seule doit régner sur nos sentiments ; mais suivons-la sans heurter les sentiments des autres et sans faire paraître du mépris de ce qu’ils ont dit1. […] Nous n’avons pas assez de force pour suivre toute notre raison. […] A la place de : pour ce qu’ils ont dit. — Il faut rapprocher de là cette pensée de Fénelon : « Il ne suffit pas d’avoir raison : c’est gâter et déshonorer la raison que de la soutenir d’une manière brusque et hautaine. » 2.
Dans cette enfance, ou, pour mieux dire, dans ce chaos du poème dramatique parmi nous, votre illustre frère, après avoir quelque temps cherché le bon chemin, et lutté, si je l’ose ainsi dire,contre le mauvais goût de son siècle, enfin, inspiré d’un génie extraordinaire, et aidé de la lecture des anciens, fit voir sur la scène la raison ; mais la raison accompagnée de toute la pompe, de tous les ornements dont notre langue est capable, accordant heureusement la vraisemblance et le merveilleux, et laissant bien loin derrière lui tout ce qu’il avait de rivaux. […] Je vais tâcher d’en démêler la raison. […] » Un de leurs contemporains, incapable peut-être du sublime qui élève l’âme, et du sentiment qui l’attendrit, mais fait pour éclairer ceux à qui la nature accorda l’un et l’autre ; laborieux, sévère, pur, harmonieux, il devint le poète de la raison : — il égala et surpassa peut-être Horace dans la morale et dans l’art poétique. […] C’est alors que les autres peuples ont cherché avidement dans vos auteurs de quoi s’instruire, etc. » Rien de plus judicieux que les raisons qu’apporte l’orateur de la décadence, déjà sensible, des lettres et du goût. […] Son immensité les effraya avec raison ; et ils avaient trop de génie pour se supposer celui qu’elle exigeait.
La pureté consiste à n’employer que les termes et les constructions conformes aux lois de la raison et à celles de la langue. […] Plus souvent qu’on ne pense, les phénomènes du génie de la langue sont d’accord avec la raison universelle ; mais qu’ils se plient ou résistent à l’analyse, ne les admettez que quand l’usage ou l’autorité les justifie. […] S’il est des pertes à regretter, à réparer même, autant que possible, il me semble ridicule de galvaniser, en quelque sorte, des mots que la raison, le goût ou le sentiment de l’harmonie ont tués depuis longtemps. […] L’usage a défendu avec raison de confondre dans une seule et même signification deux mots dont le sens réel est tout à fait distinct. […] Je ne vois dans notre ancienne littérature que Villon qui s’en soit rendu coupable ; celui-là du moins avait ses raisons.
Mais s’il établit avec autant de soin que de candeur les raisons de son adversaire, avant d’en entreprendre la réfutation, il prévient heureusement l’audience en sa faveur. […] Mais, à l’exception de ces cas qui sont très rares, et de ces exemples, qu’il ne faudrait pas multiplier, les jeunes avocats doivent résister courageusement à cette dangereuse démangeaison de montrer de l’esprit où il ne faut que de la raison, et de jouer sur les mots, quand il ne faut combattre que par la solidité des raisonnements. […] Si les plaisanteries, si les railleries dures et offensantes sont et doivent être sévèrement interdites à l’orateur du barreau, à combien plus forte raison ne doit-il pas se défendre la grossièreté des injures et l’odieux des personnalités ? […] Sa réputation d’intégrité ajoutera nécessairement du poids à ses raisons ; tandis que l’homme décrié dans l’esprit des juges et dans l’opinion du public, est toujours pour la cause un préjugé très fâcheux. […] Que l’avocat se constitue donc le juge de la cause, avant d’en entreprendre la défense ; qu’il s’érige, dans son cabinet, comme un tribunal domestique, où il pèse, où il examine avec soin, et sans prévention, les raisons de ses parties, et où il prononce sévèrement contre elles, si la force de la vérité l’y contraint.
Il estime si grande la raison de l’homme, que, quelque avantage qu’il ait sur la terre, s’il n’est placé avantageusement aussi dans la raison de l’homme, il n’est pas content. […] Fouquet n’était plutôt trop malheureux, lui pour qui la raison même n’est pas raison, et ne se peut appeler qu’éloquence. […] partout votre raison demeure arrêtée ! […] quelle raison éminente ! […] Si l’on cherche quelque raison d’une destinée si cruelle, on aura, je crois, de la peine à en trouver.
Leurs sectes ont fait place à son Eglise et leurs dogmes à ses commandements : toute la raison, toute l’éloquence d’Athènes lui a cédé. […] Nous disons que l’âme de l’homme est un feu inextinguible et perpétuel ; qu’elle est originaire du ciel ; que c’est une partie de Dieu même1 : et par conséquent qu’il y a bien plus d’apparence qu’elle se ressente de la noblesse de sa race que de la contagion de sa demeure ; qu’il est bien plus à croire qu’elle dure, pour se réunir à son principe, pour acquérir la perfection de son être, pour devenir raison toute pure, qu’il n’est à croire qu’elle finisse, pour tenir compagnie à la matière, pour s’éloigner de sa véritable fin, pour courir la fortune de ce qui est son contraire plutôt que son associé. […] La raison concluait qu’il tombât d’abord par les maximes qu’il a tenues ; mais il est demeuré longtemps debout par une raison plus haute qui l’a soutenu3. […] Faute de raisons et d’autorité, elle use de charmes et de flatterie. […] « L’éloquence, a dit Nicole (Pensées diverses), ne doit pas seulement causer un sentiment de plaisir, mais elle doit laisser le dard dans le cœur. » Il ajoute avec raison qu’un discours dont on ne retient rien est un mauvais discours.
Les grands objets dont s’occupe cette espèce d’éloquence, sont encore une raison de plus pour n’en jamais perdre de vue l’utilité. […] Quant aux ornements, ils se présenteront d’eux-mêmes, si le sujet en est susceptible ; et quoique l’orateur public ne doive en aucun cas négliger ce moyen de faire triompher la raison, il doit toujours, et avant tout, s’occuper des choses : cura sit verborum, sollicitudo rerum . C’est le conseil de Quintilien, le précepte de la nature et de la raison, et nous ne saurions le rappeler trop souvent aux jeunes orateurs. […] Le ton modéré est celui qui convient le plus souvent : c’est celui de la raison, et c’est la raison qui persuade.
Le poète doit-il être soumis à la raison ? La véritable inspiration poétique n’est nullement incompatible avec la raison. […] La raison commence l’œuvre ; elle trace d’avance à l’enthousiasme l’espace où il devra se renfermer. Un poète dessine d’abord l’ordonnance de son tableau ; la raison alors tient le crayon. […] Les ruines sont, par la même raison, éminemment poétiques.
Vous ne pouvez vous tromper, parce qu’ici le principe étant en vous, vous en connaissez le résultat dans sa raison d’être, et qu’il ne peut vous paraître autre qu’il n’est. […] Vous pouvez vous tromper, parce qu’ici le fait étant hors de vous, bien qu’actuel et susceptible de se vérifier, vous ne le connaissez pas dans sa raison d’être, et qu’il peut vous paraître autre qu’il n’est. […] Vous pouvez vous tromper, parce qu’ici le fait étant non-seulement hors de vous, mais tel que le temps ou la distance ne vous permet pas de le vérifier personnellement, vous ne le connaissez pas dans sa raison d’être, et qu’on a pu vous le présenter autre qu’il n’est. […] Cette proposition : Tout être raisonnable et libre est responsable de ses actions, donc Clodius est responsable de ses actions, — suppose que l’on tient pour démontré que Clodius n’est privé ni de raison, ni de liberté. […] « La rhétorique, dit avec raison Quintilien, serait chose par trop facile, si on pouvait la renfermer tout entière dans quelques pages de règles… Ses préceptes ne sont pas des lois et des plébiscites dont on ne puisse s’écarter.
Il détourne de celui-ci, exhorte à celui-là, et montre les raisons qui doivent déterminer à l’embrasser. […] Elle consiste à détruire les objections ou difficultés proposées, ou qui peuvent l’être, contre les raisons que l’orateur fait valoir. […] L’important, c’est qu’on n’oublie rien de grave, et qu’on ne laisse pas subsister contre soi une de ces raisons auxquelles il n’y a rien à répondre. […] Il veut démontrer que si la dépravation de la raison nous fait sentir le besoin que nous avons d’un remède qui la guérisse, les inconstances et les variations éternelles de cette raison apprennent encore à l’homme qu’il ne peut se passer d’un frein et d’une règle qui la fixe. […] Or, à ces deux erreurs, j’oppose deux caractères de la loi évangélique : caractère de raison et caractère de douceur.
Les simples lumières de la raison ont convaincu dans tous les temps les hommes de l’immortalité de leur âme ; et s’il s’en est trouvé quelquefois d’assez malheureux pour en douter, d’assez imprudents pour afficher ce doute, le mépris de leurs propres contemporains les a dénoncés d’avance à la postérité qui en a fait justice. […] Voilà les raisons insurmontables que l’impie oppose à la foi de tout l’univers ; voilà cette évidence qui l’emporte, dans son esprit, sur tout ce qu’il y a de plus évident et de mieux établi sur la terre » ! Après avoir démontré la futilité de ces sortes de raisonnements, l’orateur en prouve le danger ; et c’est là qu’abandonnant, comme il le dit lui-même, les grandes raisons de doctrine, il ne s’adresse qu’à la conscience de l’incrédule, et s’en tient aux preuves de sentiment. […] La paix de l’impie n’est qu’un affreux désespoir : cherchez votre bonheur, non en secouant le joug de la foi, mais en goûtant combien il est doux : pratiquez les maximes qu’elle vous prescrit, et votre raison ne refusera plus de se soumettre aux mystères qu’elle vous ordonne de croire. […] Rapprochons un moment de Masillon un homme dont les philosophes récuseront peut-être l’autorité, par cela seul qu’il a raison ici, et qu’il a eu raison surtout de mépriser certains philosophes, qu’il connaissait bien, et qu’il a peints, comme il peignait tout ce qu’il sentait fortement.
Ce mouvement eut donc sa raison d’être, et l’on ne s’étonnera pas que la Péninsule ait séduit les imaginations par le prestige de ses lettres ou de ses arts. […] Si les anathèmes sont excessifs, pardonnons ce défaut de mesure aux entrainements d’une raison passionnée. […] Aussi est-ce la raison pure qui admire ces types d’un art souverain, où s’entrevoit l’autorité des lois éternelles. […] Sa raison, comme son humeur, alla donc par une sorte d’irrésistible entraînement vers les maîtres de toute poésie, de toute éloquence, de toute spéculation indépendante. […] Pour s’en abstenir, elle eut bien ses raisons ; car, si elle l’avait essayé, elle aurait pu y perdre son latin.
Les poëtes comme les orateurs subissent cette loi de la raison. […] N’est-ce pas aller contre ses propres lumières et contre sa raison ? […] Quand on atout examiné, tout vu, tout prévu, les raisons se présentent d’elles-mêmes. […] — A la raison il convient d’opposer de sérieuses raisons. […] Aux arguments les plus forts, opposer la vérité et la raison.
La raison et le bon sens ont, sur les opérations et sur les décisions du goût, une influence si directe, qu’un goût complètement pur peut et doit être regardé comme une faculté résultante de l’amour naturel de l’homme pour tout ce qui est beau, et de son entendement perfectionné. […] Le plaisir qui résulte des ouvrages conduits de la sorte, est reçu et senti par le goût, comme sens interne ; mais la découverte de cette conduite qui nous charme, est due a la raison ; et plus la raison nous rend capables de découvrir le mérite d’un semblable plan, plus nous trouvons de plaisir à la lecture de l’ouvrage. […] Lorsque ces sentiments ont été pervertis par l’ignorance, ou dénaturés par le préjugé, la raison peut les rectifier ; et c’est en le comparant avec le goût général, que l’on peut juger s’ils sont ou ne sont pas dans leur état de pureté naturelle. […] toutes les raisons que nous en pouvons donner sont toujours très imparfaites : la nature semble nous avoir fait de ces premiers principes du sens interne un mystère impénétrable.
Voyez-le entrer dans un sermon1 où il apporte un zèle tout dévot, renforçant la solidité de la raison par l’ardeur de la charité. […] Le plus grand philosophe du monde, sur une planche plus large qu’il ne faut, s’il y a au-dessous un précipice, quoique sa raison le convainque de sa sûreté2, son imagination prévaudra. […] Il faudrait avoir une raison bien épurée pour regarder comme un autre homme le Grand Seigneur environné, dans son superbe sérail, de quarante mille janissaires7. […] Si vous voulez qu’il puisse trouver la vérité, chassez cet animal qui tient sa raison en échec, et trouble cette puissante intelligence qui gouverne les villes et les royaumes. […] La raison et la justice, dénuées de tous leurs ornements, ni ne persuadent, ni n’intimident.
Il y a une raison qui fait que le plus grand poids emporte le moindre ; qu’une pierre enfonce dans l’eau plutôt que du bois ; qu’un arbre croît en un lieu plutôt qu’en un autre ; et que chaque arbre tire de la terre, parmi une infinité de sucs, celui qui est propre pour le nourrir. Mais cette raison n’est pas dans toutes ces choses : elle est en celui qui les a faites et qui les a ordonnées. Si les arbres poussent leurs racines autant qu’il est convenable pour les soutenir ; s’ils étendent leurs branches à proportion, et se couvrent d’une écorce si propre à les défendre contre les injures de l’air ; si la vigne, le lierre et les autres plantes qui sont faites pour s’attacher aux grands arbres ou aux rochers en choisissent si bien les petits creux, et s’entortillent si proprement aux endroits qui sont capables de les appuyer ; si les feuilles et les fruits de toutes les plantes se réduisent à des figures si régulières, et s’ils prennent au juste, avec la figure, le goût et les autres qualités qui suivent de la nature de la plante, tout cela se fait par raison : mais, certes, cette raison n’est pas dans les arbres. […] Il ne sert de rien de prouver que leurs mouvements ont de la suite, de la convenance et de la raison ; mais s’ils connaissent cette convenance et cette suite, si cette raison est en eux ou dans celui qui les a faits, c’est ce qu’il fallait examiner. […] On a remarqué avec raison que, dans les traits par lesquels est caractérisée l’éloquence de ce grand apôtre, il y en a plus d’un que l’on pourrait appliquer justement à celle de Bossuet.
Nul n’a plus que lui réconcilié la rime et la raison. […] Au joug de la raison sans peine elle fléchit, Et, loin de la gêner, la sert et l’enrichit. […] La raison, pour marcher, n’a souvent qu’une voie. […] La raison est la Muse de Boileau. […] Rousseau, dans une lettre à Brossette, dit avec raison que ce sont les plus beaux vers que M.
Non moins habile à nouer une intrigue, à exciter la surprise, à combiner des situations, qu’à représenter toutes les variétés de la vie, il possède dans une proportion parfaite l’imagination, la sensibilité et la raison ; car si le comique est la forme de son génie, le bon sens en est le fonds et la substance. […] Cette censure a eu ses raisons, qui ne subsistent point ici ; elle s’est enfermée dans ce qu’elle a pu voir, et nous ne devons point la tirer des bornes qu’elle s’est données, l’étendre plus loin qu’il ne faut, et lui faire embrasser l’innocent avec le coupable. […] En effet, je trouve qu’il a raison ; car pourquoi vouloir, je vous prie, appliquer tous ses gestes et toutes ses paroles, et chercher à lui susciter des affaires, en disant hautement : Il joue un tel, lorsque ce sont des choses qui peuvent convenir à cent personnes ? […] Mais, marquis, par quelle raison, de grâce, cette comédie est-elle ce que tu dis ? […] Enfin, monsieur, toute votre raison, c’est que l’École des Femmes a plu ; et vous ne vous souciez point qu’elle ne soit pas dans les règles, pourvu… Dorante.
La troisième consiste à prouver ; elle s’adresse à la partie la plus noble de la nature humaine, à la raison. […] Alors il y a harmonie parfaite dans tout notre être : est-ce la raison qui nous parle ? […] C’est la raison énergique et brûlante comme la passion ; c’est la passion calme et pure comme la raison : nos devoirs les plus saints deviennent nos voluptés les plus douces, et tout l’homme est d’accord. Heureux l’orateur ou l’écrivain qui s’empare de ces mouvements du cœur fondés sur la raison ! […] Comment prévoir toutes les manières dont la raison, la passion et l’imagination peuvent combiner les idées ?
Chrétien sincère, et ambitieux de donner aux vérités de la foi la rigueur de la certitude scientifique, il conçut l’idée d’appliquer à l’apologie des dogmes révélés une méthode et des raisons qui devaient forcer l’incrédule dans ses derniers retranchements. […] N’est-ce pas là traiter indignement la raison de l’homme, et la mettre en parallèle avec l’instinct des animaux, puisqu’on en ôte la principale différence, qui consiste en ce que les effets du raisonnement augmentent sans cesse, au lieu que l’instinct demeure toujours dans un état égal ? […] Il estime si grande la raison de l’homme, que, quelque avantage qu’il ait sur la terre, s’il n’est placé avantageusement aussi dans la raison de l’homme, il n’est pas content. […] Au lieu qu’il ne devoit lui être offert que par la considération de son excellence, on jugera qu’il est excellent par cette seule raison qu’il lui est offert. […] Oui, c’est par l’âme que Pascal est grand et comme homme et comme écrivain : le style qui réfléchit cette âme en a toutes les qualités, la finesse, l’amère ironie, l’ardente imagination, la raison austère, le trouble à la fois et la chaste discrétion.
Il est plein de goût et de raison. […] Le suffrage de la saine raison qui l’admire, en atteste l’immuable vérité. […] Mais parmi toutes les religions qui ont été et qui sont encore connues des divers peuples, la raison n’admet que la meilleure. […] Chacune de ces pensées, caractérisée par une raison lumineuse, par un sentiment vif et profond, est un trait de flamme qui éclaire, qui échauffe : c’est, pour ainsi dire, un tableau de toute la religion. […] Les quatre fins dernières de l’homme y sont traitées avec cette raison saine et religieuse, qui porte la conviction dans l’âme, et avec cette éloquence de sentiment qui la pénètre et la maîtrise.
Déjà la nécessité reconnue, depuis longtemps, de réformer des abus fortifiés par des siècles d’oubli du devoir des uns et des droits des autres ; déjà ce besoin inquiet d’un changement quelconque, avaient fait éclore une foule d’ouvrages où l’on était surpris de trouver autant d’esprit que de raison, et qui annonçaient d’avance les beaux jours de l’éloquence française. […] Que penseront nos neveux de cet homme qui soutint presque seul les assauts multipliés d’un si puissant adversaire ; et qui, vaincu même, et accablé malgré lui de toutes les forces réunies de l’éloquence et de la raison, trouvait encore, dans son inépuisable génie, les ressources nécessaires pour pallier sa défaite, ou la tourner au profit de la cause qu’il défendait ? […] À l’époque mémorable que nous venons de parcourir, l’on eut plus d’une fois, sans doute, à gémir sur cet abus des talents ; le règne du sophisme, et l’esprit de chicane et de subtilité avaient déjà, plus d’une fois, dénaturé les meilleures causes, et obscurci, dès leur aurore, les beaux jours de notre éloquence politique : mais la raison, du moins, élevait encore la voix de temps en temps, pour la défense et le maintien de la vérité ; mais l’ascendant victorieux des vrais talents reprenait encore ses droits sur l’insolente médiocrité. Le succès, il est vrai, n’a pas toujours égalé le courage des orateurs ; il n’a pas toujours suffi d’avoir raison, pour obtenir gain de cause ; c’est que le nombre des sophistes l’emportait déjà sur celui des sages, et que le génie du mal, à qui le choix des armes est indifférent, triomphe trop aisément du génie du bien, qui n’est que franchement courageux. […] Il ne nous serait que trop facile de le prouver par des citations ; mais nous en avons dit assez pour indiquer ce qu’étaient devenus alors le langage de la tribune, et l’éloquence des Mirabeau et des Maury ; nous nous hâtons d’arriver à une époque où l’importance de la cause et le talent de l’orateur ramenèrent, pour un moment, le langage de la raison et la véritable éloquence, dans une assemblée qui comptait encore quelques hommes capables d’entendre l’un et d’apprécier l’autre.
Cette raison et mon admiration pour Blair m’ont déterminé à entreprendre ce travail. […] Sans cette faculté, notre raison isolée serait, en quelque sorte, un principe inutile. […] L’application de la raison et du jugement porte à son tour le goût à son plus haut degré de perfection. […] Lorsque ces sentiments sont égarés par l’ignorance et les préjugés, la raison peut encore les ramener. […] Mais c’est dans le génie même de ces langues qu’il faut en chercher la raison.
Mais c’est là une distinction tout à fait arbitraire, qui n’est fondée sur aucune raison, et à laquelle il ne faut pas s’attacher. […] ………………………………………………… La raison te conduit : avance à sa lumière ; Marche encor quelques pas, mais borne ta carrière. […] C’est de lui que La Harpe a dit, avec raison, que « Boileau l’avait surpassé, mais ne l’avait pas fait oublier. » Que peut-on dire de plus à sa louange ? […] On peut dire qu’il réunit la finesse et la légèreté d’Horace, la sagesse et la raison de Perse, la force et la vivacité de Juvénal, sans en avoir la fougue et les excès. […] La raison ne guide pas le poète, il faut au moins qu’elle puisse le suivre ; sans cela l’enthousiasme n’est qu’un délire et les égarements ne sont qu’une folie.
Mais un morceau généralement admiré, un morceau qui paraissait avec raison à La Harpe de la plus grande beauté, c’est celui où Marc-Aurèle est représenté comme prêt à abdiquer l’Empire, dont le fardeau l’épouvante. […] » De l’examen de mes sens, je passai à celui de ma raison, et je la comparai encore à mes devoirs. […] Est-ce donc là la raison d’un homme ? […] Je repris courage ; et ne pouvant agrandir mes sens, je résolus de chercher les moyens d’agrandir mon âme, c’est-à-dire, de perfectionner ma raison et d’affermir ma volonté. […] Quel effet, dit avec raison La Harpe, produirait sur la toile le tableau qui termine l’ouvrage, si le pinceau d’un grand artiste l’y transportait.
Quel siècle d’ignorance, en beaux faits plus stérile, Que cet âge nommé siècle de la raison ? […] Chacun veut de la vie embellir le passage : L’homme le plus heureux est aussi le plus sage… Jadis la poésie, en ses pompeux accords, Osant même au néant prêter une âme, un corps, Egayait la raison de riantes images ; Cachait de la vertu les préceptes sauvages Sous le voile enchanteur d’aimables fictions ; Audacieuse et sage en ses expressions, Pour cadencer un vers qui dans l’âme s’imprime, Sans appauvrir l’idée enrichissait la rime ; S’ouvrait par notre oreille un chemin vers nos cœurs, Et nous divertissait pour nous rendre meilleurs. Maudit soit à jamais le pointilleux sophiste2 Qui le premier nous dit en prose d’algébriste : Vains rimeurs, écoutez mes ordres absolus ; Pour plaire à ma raison, pensez, ne peignez plus ! […] Honneurs, richesse, emplois, ils ont tout en partage, Hors la saine raison, que leur bonheur outrage : Distribuant la gloire et pesant les écrits, Ces fiers inquisiteurs jugent les beaux esprits. […] Mais trois fois plus heureux le jeune homme prudent Qui, de ces novateurs enthousiaste ardent, Abjure la raison, pour eux la sacrifie, Soldat sous les drapeaux de la philosophie !
Pour plaire aux autres, il faut parler de ce qu’ils aiment et de ce qui les touche, éviter les disputes sur des choses indifférentes, leur faire rarement des questions, et ne leur laisser jamais croire qu’on prétend avoir plus de raison qu’eux. […] Alors on doit faire valoir toutes les raisons qu’il a dites, ajoutant modestement nos propres pensées aux siennes, et lui faisant croire, autant qu’il est possible, que c’est de lui qu’on les prend. […] Mais il faut se rendre à la raison aussitôt qu’elle paraît, de quelque part qu’elle vienne : elle seule doit régner sur nos sentiments ; mais suivons-la sans heurter les sentiments des autres et sans faire paraître du mépris de ce qu’ils ont dit. Il est dangereux de vouloir être toujours le maître de la conversation et de pousser trop loin une bonne raison quand on l’a trouvée. […] On y raisonne sans argumenter, on y plaisante sans jeux de mots, on y associe avec art l’esprit et la raison, les maximes et les saillies, l’ingénieuse raillerie et la morale austère. » Il faut comparer à ces pages le chapitre de La Bruyère sur la Société et la Conversation.
Pour disposer l’auditoire à accepter ses raisons. […] Chaque raison nouvelle est comme un flot qui vient grossir le raisonnement et ajouter à l’évidence, jusqu’à ce que la démonstration soit complète. […] La raison, le cœur, l’oreille, les yeux, tout y est satisfait. […] Et ils avaient raison, car s’il y a un moment où il importe de troubler les âmes, c’est quand elles sont déjà ébranlées par le raisonnement. […] Le cœur a sa logique comme la raison.
Faudrait-il, dans une langue vivante, écouter la seule raison, qui prévient les équivoques, suit la racine des mots, et le rapport qu’ils ont avec les langues originaires dont ils sont sortis, si la raison d’ailleurs veut qu’on suive l’usage ? […] Il me semble que vous avez raison, et je vois déjà votre pensée. […] Vous avez raison de dire qu’il ne s’attache point à ces règles ; je crois qu’il n’en a pas même senti le besoin. […] Vous en compreniez bientôt la raison. […] Quelle en est la raison ?
S’il a poussé parfois ses principes jusqu’à l’absurde, si le raisonnement n’est pas toujours chez lui la raison, on admire l’écrivain, même quand on résiste au penseur. […] Je n’ai pas de rêve plus charmant, et quoique je ne sépare point ta sœur de toi dans les châteaux en Espagne que je bâtis sans cesse, cependant il y a toujours quelque chose de particulier pour toi, par la raison que tu dis : parce que je ne te connais pas. […] Je traite rarement ce triste sujet avec vous ; mais ne t’y trompe pas, ma chère Constance, non plus que tes compagnes, c’est la suite d’un système que je me suis fait sur ce sujet ; à quoi bon vous attrister sans raison ? […] Citons comme curiosité quatre vers du comte de Maistre sur Descartes ; ils figuraient sur l’album de Mme Swetchine : « Esclave dans les murs du cloître et de l’école, La raison n’osait rien ; je vins briser ses fers.
Il y a ordinairement chez les anciens plus de profondeur, de raison et de goût. […] Comment trouver alors des preuves solides et des raisons convaincantes ? […] Périclès avait raison : un seul mot peut faire échouer tout un discours. […] Par les mêmes raisons, il ne tire pas non plus les conclusions. […] Après tout la question n’est pas de savoir s’il a tort ou s’il a raison.
La France a donné raison à Descartes contre Gassendi, à Rousseau contre Diderot. […] Mais au lieu de disputer, discutons ; après avoir dit des raisons, donnons des faits. […] Qui orna jamais la raison d’une si touchante parure ? […] Il est bon d’opposer un tel exemple à ceux qui cherchent la grâce et le brillant hors de la raison et de la nature. […] A plus forte raison, si j’eusse écrit l’histoire de mon fraisier, il eût fallu en tenir compte.
Quoi qu’il en soit, il garda toute sa vie la haine du régime scolastique, et sa première éducation lui laissa l’heureuse habitude de la franchise, du naturel, et d’une raison ennemie de toute contrainte. […] Sans doute, il est vrai que Montaigne risque parfois de nous conduire à l’indifférence, qu’il étourdit la raison, qu’il l’humilie et la décourage. […] Il y a je ne sçay quoy de servile en la rigueur et en la contraincte ; et tiens2 que ce qui se peult faire par la raison, et par prudence et addresse, ne se faict jamais par la force. […] A certaine mesure basse2, on la peult juger par les preceptes et par art ; mais la bonne, la supreme, la divine, est au dessus des regles et de la raison. […] Ce fut aussi la raison pour laquelle.
Il est raisonnable que je mortifie ma chair, puisqu’autrement elle se révoltera contre ma raison et contre Dieu même. […] On l’a placé avec juste raison parmi les prédicateurs du premier ordre. […] On doit y recueillir les raisons de l’une et de l’autre partie, les comparer, les balancer, et se déterminer sa faveur des meilleures. […] Ce grand orateur, ennemi de tout ornement recherché, ne parle jamais que le langage de la nature et de la raison. Mais c’est la nature dans toute sa noble simplicité, dans tous ses grands mouvements ; c’est la raison avec tout son empire et toute sa dignité.
C’est moins sur la raison que sur l’âme qu’il faut agir. […] à pari, c’est-à-dire par la même raison ; 2°. à contrario, par la raison contraire ; 3°. à fortiori, à plus forte raison. […] L’homme fort met toute sa confiance dans ses raisons.
On peut avoir l’un sans l’autre, je le sais ; mais les vrais favoris de la nature les réunissent. » Il faut donc revenir à la définition de l’Académie, qui est en même temps celle de la raison et de l’opinion générale, et dire que la poésie est l’art de composer des ouvrages en vers, et que ces ouvrages en vers sont les seuls qu’on doive appeler des poèmes. […] Cette étude fait bientôt juger qu’il y a des règles pour leur composition, règles qui, émanées de la saine raison et fondées sur la nature du cœur humain, sont peu variables, presque indépendantes du caprice des hommes, et, par conséquent, ont été et seront à peu près les mêmes dans tous les temps et chez toutes les nations. […] Mais il est bien essentiel d’observer qu’un ouvrage où cette vertu ne serait pas respectée, réunît-il, d’ailleurs, toutes les autres qualités requises, serait à juste titre regardé comme mauvais, parce que, si l’on a eu raison de dire : rien n’est beau que le vrai, on doit dire avec plus de raison encore : rien n’est beau que l’honnête.
Son humeur, sa passion ne l’a pas moins inspiré que sa raison, et il y a dans sa vie des taches qui ne s’effaceront pas, comme dans ses écrits des torts que ses séductions ne sauraient faire oublier. […] Il a mis la raison en vers harmonieux ; il est clair, conséquent, facile, heureux dans ses transitions ; il ne s’élève pas, mais il ne tombe guère. […] Il faut avoir raison, dire la vérité, et s’immoler. […] y a-t-il une plus exécrable tyrannie que celle de verser le sang à son gré, sans en rendre la moindre raison ? […] Son humeur lui a plus servi pour écrire que sa raison ou son savoir.
Ce précepte est fondé sur la raison. […] Raisons de votre préférence. […] Quelles sont les raisons de ce changement ? […] Expliquer la raison de cette différence. […] Expliquer la raison de cette différence.
Le beau prend le nom de beau idéal, lorsqu’il atteint le plus haut degré de splendeur que la raison puisse concevoir et que l’imagination puisse se figurer. […] Si le génie est une illumination soudaine qui brille et disparaît tour à tour, comme dit Bossuet, si son attribut spécial est d’inventer et de créer, si ce don immédiat de la nature se distingue par des pensées sublimes et profondes, par des plans d’une ordonnance surprenante, par des caractères d’une nouveauté frappante, par des raisons d’une force à laquelle rien ne résiste, le talent est une disposition habituelle à réussir dans une chose, une qualité qui se distingue par l’ordre, la clarté, l’élégance, le naturel, la justesse, la grâce, un don acquis ou au moins accru par l’étude, qui se montre principalement dans les détails et qui brille par l’habileté de l’exécution. […] Il n’y a rien de plus estimable que l’exactitude du jugement et la justesse de l’esprit dans le discernement du vrai et du faux, parce que cette rectitude de la raison est utile dans toutes les parties et dans tous les emplois de la vie. […] La pureté ou la justesse du goût se fait surtout remarquer lorsque la raison et l’entendement dominent. […] C’est de là qu’on a formé le corps des préceptes de l’art d’écrire, préceptes fondés par conséquent sur la saine raison et sur l’expérience, invariables et indépendants du caprice des hommes, et qui, à cause de cela, ont été et seront les mêmes dans tous les temps et chez toutes les nations.
En voici les raisons. […] Autrement, l’action en justice (δίκη) n’aurait pas de raison d’être. […] La volonté est le désir d’un bien, accompagné de raison. […] Parmi ces désirs, les uns sont dépourvus de raison, les autres sont accompagnés de raison. […] Ceux qui redoutent des gens plus puissants que nous sont à craindre, pour la même raison.