Sur le soir la pluie cessa, le vent alizé du sud-est reprit son cours ordinaire ; les nuages orageux furent jetés vers le nord-ouest, et le soleil couchant parut à l’horizon1.
Oui, messieurs, c’est la prudence la plus ordinaire, la sagesse la plus triviale, c’est l’intérêt le plus grossier que j’invoque.
Ce malheur est sans doute plus grand et plus ordinaire dans les plus grandes fortunes ; mais les moindres n’en sont pas exemptes, parce qu’il y a toujours quelque intérêt à se faire aimer des hommes. […] Termes, louant le Seigneur de ce que des sentiments humains l’emportaient cette fois sur l’inhumanité de son impatience880 ordinaire, le confirma tant qu’il put dans des sentiments si raisonnables. […] Il ne se croyait dispensé ni par son mérite, ni par sa réputation, d’aucun des devoirs du commerce ordinaire de la vie ; nulle singularité, ni naturelle, ni affectée ; il savait n’être, dès qu’il le fallait, qu’un homme du commun. […] Sa mémoire, qui était admirable, ne se déchargeait point, comme à l’ordinaire, des choses qui étaient écrites ; mais seulement l’écriture avait été nécessaire pour les y graver à jamais. […] Le lait des chameaux fait leur nourriture ordinaire ; ils en mangent aussi la chair, surtout celle des jeunes, qui est très bonne à leur goût ; le poil de ces animaux, qui est fin et moelleux et qui se renouvelle tous les ans par une mue complète, leur sert à faire les étoffes dont ils se vêtissent1151 et se meublent.
On fait un néologisme, lorsqu’on se sert de termes nouveaux, ou lorsqu’on détourne un mot de sa signification ordinaire. […] Les sources du sublime sont les grandes images, les grandes passions, les grands sentiments, en un mot tout ce qui est grand et au-dessus des actions ordinaires de l’homme. […] Elles sont de trois sortes : la première est la transition ordinaire, qui s’exprime en termes découverts, comme : passons à tel objet, il nous reste à parler de… — La seconde est la transition figurée, qui se cache sous une figure, par exemple, sous la correction, que dis-je ? […] La licence poétique est une incorrection, soit de langage, soit d’orthographe, permise en faveur de l’harmonie, de l’élégance et de la rime ; c’est toute liberté que le poète se donne contre la règle et l’usage ordinaire.
La comédie emploie ce style avec succès, pour reproduire la vérité des mœurs et du langage de la vie ordinaire. […] Le sublime dans le style est une élévation de pensée, de sentiment ou d’expression qui dépasse les limites ordinaires du beau humain, et nous donne comme une révélation du beau infini.
Le roi de Prusse y fait sa résidence ordinaire, Berri (Charles duc de), troisième fils du grand dauphin et de Marie-Anne de Bavière, et oncle de Louis XV. […] Elle était, selon la fable, consacrée à Apollon et aux neuf muses, qui y faisaient leur séjour ordinaire.
La poésie a un langage qui lui est propre, et qui est très différent du langage ordinaire. […] On l’emploie d’ordinaire dans les ballades, les rondeaux, les contes, les poèmes badins, et rarement dans les odes, les élégies, les sonnets, les épigrammes.
Ensuite, l’étude du passé, non-seulement historique, dans l’ordinaire acception du mot, mais philosophique, c’est-à-dire partant de l’étymologie des vocables et les suivant dans toutes leurs phases et leurs transformations, ne se contentant pas de constater et d’enregistrer les faits accomplis, mais les expliquant, distinguant l’immuable du muable, et pouvant aider, s’il en est besoin, à conclure l’avenir même de la langue.
Mais il y a presque toujours entre nous et nos prédécesseurs cette différence qui n’est pas à notre avantage : c’est qu’ils ne s’occupaient que des généralités, tandis que nous avons le tort de ne peindre d’ordinaire que les exceptions, exceptions le plus souvent monstrueuses, sans but moral, sans utilité pour l’exemple, sans profit pour la littérature.
Ensuite il revint chez lui ; il y changea de vêtement et de chaussure ; il attendit quelque temps, comme il arrive d’ordinaire, que sa femme fût prête ; enfin il partit. » Que de longueurs !
Non pas qu’il y ait un style austère, un fleuri et un mitoyen ; mais bien que la diction, de Thucydide, s’éloigne du langage ordinaire et est semée d’ornements, tandis que celle de Lysias est simple, et celle d’Isocrate moyenne, pour ainsi dire, et composée des deux autres.
Cette ligure de Talma, d’ordinaire si sombre et si tragique, prenait ici un singulier caractère d’audacieuse jovialité.
Sa forme la plus ordinaire et la plus symétrique consiste à mettre un repos marqué au quatrième vers, un autre plus faible au septième ; à commencer par une rime féminine, en faisant rimer le premier vers avec le troisième, le second avec le quatrième, le cinquième avec le sixième, le septième avec le dixième, et le huitième avec le neuvième.
Telle est la marche ordinaire des compositions dramatiques.
« Suivez, dit-il, les enfants apprenant leurs fables et vous verrez que, quand ils sont en état d’en faire l’application, ils en font presque toujours une contraire à l’intention de l’auteur, et qu’au lieu de s’observer sur le défaut dont on veut les guérir ou préserver, ils penchent à aimer le vice avec lequel on tire parti des défauts des autres… Dans toutes les fables où le Lion est un personnage, comme c’est d’ordinaire le plus brillant, l’enfant ne manque point de se faire lion ; et quand il préside à quelque partage, bien instruit par son modèle, il a grand soin de s’emparer de tout ; mais quand le moucheron terrasse le lion, c’est une autre affaire ; alors l’enfant n’est plus lion, il est moucheron. […] Une fable simple, des situations ordinaires, un langage choisi mais naturel, des caractères vrais, voilà, sans doute, ce que la haute comédie doit surtout nous offrir. […] Corneille, selon la remarque célèbre de La Bruyère, avait peint les hommes tels qu’ils devraient être ; il s’était fait du devoir et de l’héroïsme la plus haute idée et il avait créé des personnages qui semblent des demi-dieux, tant ils dépassent la mesure ordinaire de l’homme. […] L’avidité, la bassesse, l’hypocrisie sont leurs vices ordinaires.
Elle admet le récit des faits les plus ordinaires, les plus petits détails, la description des objets les plus communs, pourvu que tout y soit exprimé avec grâce. […] Elle est quelquefois mêlée de prose ; et alors elle doit avoir entièrement le caractère d’une lettre ordinaire. […] Dans le premier cas, il doit employer un style ferme, plein et nerveux ; dans le second, un style fin, agréable et enjoué ; mais toujours simple, naturel et facile, parce que le style de la satire est le plus conformé au style ordinaire.
Ce qui la distingue de la pensée sublime, c’est qu’elle est l’expression d’une grandeur ordinaire, tandis que c’est l’expression d’une grandeur extraordinaire qui fait le sublime. […] Des sentiments élevés et sublimes, comme de grandes pensées, s’accorderaient mal avec un sujet ordinaire ou badin ; de même qu’un sujet élevé et terrible ne s’accommoderait pas plus de sentiments naïfs et délicats que de pensées fines et gracieuses.
Les vertus d’un grand général ne se bornent pas à celles qu’on leur attribue pour l’ordinaire : application aux affaires, courage dans les périls, ardeur dans l’action, sagesse dans les mesures, promptitude dans l’exécution ; vertus que Pompée réunit seul dans un plus haut degré qu’aucun des généraux que nous ayons vus, ou dont nous ayons entendu parler.
Sans reproduire le bourgeois de la conversation ordinaire, qu’il évite toute forme antipathique au langage commun, toute emphase, toute fleur de diction, principalement tout ce qui peut sembler préparé, convenu, uniquement destiné à amener la replique.
Le rire naît surtout à l’aspect des défauts physiques ou moraux, quand ils ne vont pas jusqu’à la terreur ou la pitié : la laideur réelle ou simulée, les chutes, l’embarras, les désappointements, la sottise, certains vices même qui ne nuisent le plus souvent qu’à celui qu’ils possèdent, la gourmandise, la poltronnerie, la forfanterie, l’avarice, voilà les causes ordinaires du rire.
Il dépasse les forces de la puissance humaine ordinaire, et semble entrer en communication avec le ciel : c’est pour cela que ses productions atteignent l’idéal, et nous transportent d’admiration.
Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus ; du reste, homme assez ordinaire ; tandis que moi, morbleu1 !
Les cartons de Raphaël à Hampton-Court, les fresques du même grand peintre dans les galeries du Vatican, les fameuses statues du Laocoon et de l’Apollon du Belvédère, et l’église de Saint-Pierre à Rome, le plus magnifique édifice qui soit peut-être au monde, produisent également cet effet le plus ordinaire de désappointer le spectateur à première vue.
Les passions religieuses ou civiles, que nourrit la politique intérieure, n’ont rien de révolutionnaire ; les crises du Parlement ne sont que les accès ordinaires d’une maladie chronique dont le traitement est connu. […] « Une force d’inertie peu ordinaire, dit Thiers, s’était emparée du génie national. […] Le goût peut se gâter chez une nation ; ce malheur arrive d’ordinaire après les siècles de perfection. […] Il y a quelques années que j’étais à Dieppe, vers l’équinoxe de septembre ; et un coup de vent s’étant élevé, comme c’est l’ordinaire dans ce temps-là, j’en fus voir l’effet sur le bord de la mer. […] Oui, messieurs, c’est la prudence la plus ordinaire, la sagesse triviale, c’est votre intérêt le plus grossier que j’invoque.
La vanité s’allie d’ordinaire à la présomption. […] Suppression ordinaire dans le style familier : Êtes-vous pas venu quérir pour votre maître ?
La fortune La fortune, trompeuse en toute autre chose, est du moins sincère en ceci, qu’elle ne nous cache pas ses tromperies ; au contraire, elle les étale dans le plus grand jour, et outre ses légèretés ordinaires, elle se plaît de temps en temps d’étonner le monde par des coups d’une surprise terrible, comme pour rappeler toute sa force en la mémoire des hommes, et de peur qu’ils n’oublient jamais ses inconstances, sa malignité, ses bizarreries. […] « Platon et Bossuet, à nos yeux, voilà les deux plus grands maîtres du langage humain qui aient paru parmi les hommes, avec des différences manifestes, comme aussi avec plus d’un trait de ressemblance : tous deux parlant d’ordinaire comme le peuple, avec la dernière naïveté, et par moments montant sans effort à une poésie aussi magnifique que celle d’Homère, ingénieux et polis jusqu’à la plus charmante délicatesse, et par instinct majestueux et sublimes.
Alors aussi vous tombez dans le lieu commun, pris ici dans la pire acception du mot, le lieu commun trop ordinaire à nos jeunes écrivains, qui croient faire du neuf, parce qu’ils n’ont rien vu de ce qui a été fait ; plagiaires innocents, dont la risible assurance donne pour des créations ce qui, à leur insu, traîne, depuis des siècles, dans tous les carrefours de l’intelligence.
On s’est récrié de tout temps contre les caprices et la dédaigneuse délicatesse de l’oreille, superbissimum aurium judicium ; et pourtant ses sympathies et ses antipathies sont plus logiques qu’on ne le suppose d’ordinaire.
J’aime mieux, avec La Harpe, louer ici le poëte « de n’oublier rien en se servant des mots les plus ordinaires, et de les combiner sans effort, de manière à leur donner de l’élégance et du nombre. » 3.
La politesse ne doit pas moins régner dans ces ouvrages que dans la critique ordinaire.
Voilà comme les gens de lettres devraient se combattre ; voilà comme ils en useraient, s’ils avaient été à votre école ; mais ils sont d’ordinaire plus mordants que des avocats, et plus emportés que des jansénistes.
M. le comte ; elle l’appelait d’ordinaire : mon cher cousin.
« Dans toutes les fables où le lion est un des personnages, comme c’est d’ordinaire, le plus brillant, l’enfant ne manque point de se faire lion, et, quand il préside à quelque partage, bien instruit par son modèle, il a grand soin de s’emparer de tout.
C’est sans efforts et sans étude qu’ils embellissent tout ce qu’ils touchent ; les circonstances les plus simples, les choses les plus ordinaires empruntent de leur plume une grâce qui nous enchante, ou une audace d’expression qui nous transporte.
Je ne vous dissimulerai pourtant pas que votre tâche me paraît un peu difficile : vos secours passés augmentent vos engagements ; et des succès ordinaires ne vous acquitteraient peut-être pas.
Un grand mérite de l’auteur est de présenter les vérités les plus profondes dans un jour si lumineux, qu’elles deviennent à la portée des esprits les plus ordinaires.
Elles regardent : 1° l’orateur lui-même : un prince ne s’exprime point comme un simple particulier, un prédicateur comme un avocat ; 2° l’auditeur : on ne parlera point à des académiciens comme à des hommes peu instruits ; 3° les tiers : s’il s’agit d’un homme respectable, on le traite avec égard ; ou répand de l’intérêt sur la position de ceux que l’on défend ; 4° le temps ; si l’on n’a qu’une heure pour parler, il ne faut pas étendre son discours de manière à le aire durer plus longtemps ; 5° les circonstances : elles peuvent être affligeantes ou joyeuses, solennelles ou ordinaires, il faut y conformer le ton du discours ; 6° enfin le lieu : dans un camp, dans une assemblée politique, à la cour, au barreau, à l’église, etc., le langage ne sera pas le même.
Les figures grammaticales sont des manières de parler qui s’écartent des règles ordinaires, et que l’on emploie pour donner à la pensée plus de clarté, plus d’étendue ou de précision, plus de force, plus d’agrément. […] Une légère personnification, où l’on représente quelque objet inanimé comme agissant, peut plaire au milieu d’une description paisible, quand l’esprit ne sort point de son état habituel ; mais il faut avoir perdu de vue le cours ordinaire de ses idées, il faut éprouver de violentes émotions, pour faire parler et entendre des objets insensibles. […] Lapis est le mot générique ; il se dit de toutes sortes de pierres. — Saxum se dit en général des pierres dures et d’une grosseur plus qu’ordinaire. […] C'était un grand manteau qui se mettait sur la tunique. — Stola était l’habit ordinaire des femmes mariées, des femmes de condition. — Peplum (de πεπλος, voile d’une fine étoffe), espèce de robe à l’usage des dames.
On distingue deux sortes de vraisemblable ; l’ordinaire et l’extraordinaire. Une action dans le vraisemblable ordinaire, est celle qui arrive plus souvent que l’action contraire ; comme il arrive plus souvent (pour me servir des deux exemples donnés par le même Aristote) qu’un homme foible est vaincu par un homme fort ; qu’un homme simple est trompé par un homme subtil et adroit. […] On comprend assez que le vraisemblable ordinaire convient mieux à l’action dramatique que le vraisemblable extraordinaire. […] Le style de la comédie, quel que soit le ton qu’on prenne, sera donc vraiment simple et naturel, si l’on fait parler un personnage, comme on doit supposer qu’il parle (lorsqu’il parle bien) dans la société ordinaire. […] Ainsi les actions qui se passent dans des conditions communes, entre des hommes ordinaires, ne peuvent pas être héroïques, et par conséquent sont indignes de la tragédie.
Ils fuient d’ordinaire, s’ils ne font fuir, et se rendent, s’ils ne prennent. […] Allez chercher le mérite jusqu’au bout du monde ; d’ordinaire, il demeure modeste et reculé. […] Dans les écrits des anciens qu’on leur fait lire, ils peuvent aisément, pourvu qu’ils aient un bon guide, choisissant parmi tant de choses excellentes qui se présentent de toute part, cueillir comme une fleur exquise d’agrément naturel et délicat ; ou plutôt faire une ample récolte de fruits admirables pour leur bonté, dont ils feront leur nourriture ordinaire, et par là s’accoutumeront à ne goûter que ce qu’il y a de plus parfait. […] Le ton de légèreté et d’ironie, qui lui est trop ordinaire, se concilie peu d’ailleurs avec les grands mouvements de l’âme. […] Eschyle avait conservé dans son style les hardiesses du dithyrambe, et Sophocle, la magnificence de l’épopée : Euripide fixa la langue de la tragédie ; il ne retint presque aucune des expressions spécialement consacrées à la poésie ; mais il sut tellement choisir et employer celles du langage ordinaire, que sous leur heureuse combinaison la faiblesse de la pensée semble disparaître et le mot le plus commun s’ennoblir.
J’aimerais mieux recevoir un soufflet, ou un coup de poing de vous, comme cela m’était assez ordinaire, qu’un grand merci qui viendrait de si loin. […] Faites-moi une grâce, donnez-toi temps jusqu’au premier ordinaire pour y songer, et je vous promets de faire merveille ; j’y travaillerai plutôt jour et nuit. […] Vers le soir, l’homme-billet se changeait en un homme ordinaire, ses métaux se métamorphosaient en cœur humain. […] Quand aux deux derniers vers, c’est moins une allusion à un fait rare, qu’un exemple très ordinaire de tout temps. […] le vent alizé du sud-est se ralentit, comme il arrive d’ordinaire vers ce temps.
Qui s’applique d’ordinaire aux personnes.
Car c’était l’heure sainte où, libre et solitaire, Aux rayons du couchant, il lisait son bréviaire ; Et plus6 surpris encor de ne pas voir monter, Du toit où si souvent je la voyais flotter, De son foyer du soir l’ordinaire fumée.
La Fontaine, qu’on ne récusera pas davantage, avec sa bonhomie ordinaire, met le public de moitié dans ses torts : Il gâte des anciens les grâces infinies ; Nos aïeux, bonnes gens, lui laissoient tout passer, Et d’érudition ne se pouvoient lasser. […] Lui-même, outrant l’orgueil ordinaire aux poètes, écrivit en tête de la seule œuvre qui pouvait faire hésiter l’admiration, la Franciade : Il est aisé de me reprendre, Mais malaisé de faire mieux. […] Pourquoy suis-je tout seul rechargé de travaux, Or, que l’humide nuict guide ses noirs chevaux, Et que chacun jouyst de ta grâce ordinaire ? […] Bertaut (1552-1611) Notice Jean Bertaut, de Caen, entra dans les ordres, fut précepteur du duc d’Angoulême, secrétaire et lecteur ordinaire de Henri III, passa les mauvais temps de la Ligue à l’abbaye de Bourgueil, en Anjou, auprès du cardinal de Bourbon, contribua à la conversion de Henri IV et reçut de lui (1594) l’abbaye d’Aulnay, en Normandie, qu’eut plus tard son compatriote Daniel Huet, puis (1606) l’évêché de Séez.