Le tissu léger qui tapisse ses lèvres et l’intérieur de sa bouche, lui fait goûter, par les premiers aliments qu’on lui présente, une saveur pareille à celle de ce nectar et de cette ambroisie dont les dieux, dit-on, se nourrissent. […] Citons cette belle période de Fléchier, chef-d’œuvre d’harmonie et d’éloquence ; elle est tirée de l’exorde de l’Oraison funèbre de Turenne : Cet homme, qui portait la gloire de sa nation jusqu’aux extrémités de la terre, | qui couvrait son camp du bouclier et forçait celui des ennemis avec l’épée ; || qui donnait à des rois ligués contre lui des déplaisirs mortels, | et réjouissait Jacob par ses vertus et par ses exploits, dont la mémoire doit être éternelle ; || cet homme qui défendait les villes de Juda, qui domptait l’orgueil des enfants d’Ammon et d’Ésaü, qui revenait chargé des dépouilles de Samarie, après avoir brûlé sur leurs propres autels les dieux des nations étrangères ; || cet homme que Dieu avait mis autour d’Israël, comme un mur d’airain où se brisèrent tant de fois toutes les forces de l’Asie, | et qui, après avoir défait de nombreuses armées, déconcerté les plus fiers et les plus habiles généraux des rois de Syrie, venait tous les ans, comme le moindre des Israélites, réparer avec ses mains triomphantes les ruines du sanctuaire, et ne voulait d’autre récompense des services qu’il rendait à sa patrie, que l’honneur de l’avoir servie ; || ce vaillant homme poussant enfin, avec un courage invincible, les ennemis qu’il avait réduits à une fuite honteuse, recul le coup mortel et demeura comme enseveli dans son triomphe.
ô dieux ! […] Après avoir aux dieux adressé les prières, Tous les ordres donnés, on donne le signal : Les ennemis, pensant nous tailler des croupières2, Firent trois pelotons de leurs gens à cheval ; Mais leur chaleur par nous fut bientôt réprimée, Et vous allez voir comme quoi3.
C’est peu d’aimer les vers, il les faut savoir lire ; Il faut avoir appris cet art mélodieux De parler dignement le langage des dieux ; Cet art qui, par les tons des phrases cadencées, Donne de l’harmonie et du nombre aux pensées ; Cet art de déclamer dont le charme vainqueur Assujettit l’oreille et subjugue le cœur.
Un poëte contemporain a exprimé la même pensée dans ce beau vers : L’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux.
Sur sa vertu par le sort traversée, Sur son voyage et ses longues erreurs, On aurait pu faire une autre Odyssée Et par vingt chants endormir les lecteurs ; On aurait pu des fables surannées Ressusciter les diables et les dieux ; Des faits d’un mois occuper des années, Et, sur ses tons d’un sublime ennuyeux, Psalmodier la cause infortunée D’un perroquet non moins brillant qu’Énée, Non moins dévot, plus malheureux que lui.
« Certes, s’il y a une occasion au monde où l’âme pleine d’elle-même soit en danger d’oublier son Dieu, c’est dans ces postes éclatants où un homme, par la sagesse de sa conduite, par la grandeur de son courage, par la force de son bras, et par le nombre de ses soldats, devient comme le dieu des autres hommes, et rempli de gloire en lui-même, remplit tout le reste du monde d’amour, d’admiration ou de frayeur.
Les moissons que vous aurez semées, les fruits que vos mains auront cultivés, deviendront la proie de nations que vous ne connaissiez pas même de nom ; et vous serez vous-mêmes, avec votre roi, conduits chez des barbares, qui vous forceront d’adorer leurs dieux, vains simulacres de pierre et de bois !
De là sur l’Hélicon deux partis opposés Règnent, et l’un par l’autre à l’envi déprisés, Tour à tour s’adressant des volumes d’injures, Pour le trône des arts combattent par brochures ; Mais plus forts par le nombre, et vantés en tous lieux, Les corrupteurs du goût en paraissent les dieux.
Grands Dieux !
Son acteur, qui apparemment raconta d’abord les actions qu’on attribuait à Bacchus, plut à tous les spectateurs ; mais bientôt le poète prit des sujets étrangers à ce dieu, et cette tentative fut approuvée du grand nombre. […] On ordonne un sacrifice aux faux dieux ; Polyeucte prend la résolution d’y aller, et y fait ce qu’il avait médité : c’est le second acte, ou la seconde action préparatoire. […] On peut voir aussi dans Iphigénie en Aulide (I. 2), comment s’exprime Achille brûlant d’aller se signaler sous les remparts de Troie, quoiqu’il sache que les dieux y ont marqué son tombeau. […] On y voit au nombre des acteurs les dieux du ciel, de la terre, des enfers ; des ombres, des démons, les furies, les habitants du Ténare, ainsi que tous ces êtres fantastiques dont l’imagination a peuplé la terre et les mers.
Os humerosque deo similis, ayant le visage et la taille d’un dieu. […] Il eût beaucoup mieux valu que les dieux immortels eussent inspiré à nos pères une telle pensée. […] Il faut rendre de grandes actions de grâces aux dieux immortels. […] Je vous en conjure au nom des dieux immortels.
De qui la grâce est tout, et le corps presque rien ; Vif, prompt, gai, de la vie aimable et frêle esquisse, Et des dieux, s’ils en ont, le plus charmant caprice. […] Rappelons ces beaux vers de M. de Lamartine sur le chant du cygne : Les poëtes ont dit qu’avant sa dernière heure En sons harmonieux le doux cygne se pleure ; Amis, n’en croyez rien ; l’oiseau mélodieux D’un plus sublime instinct fut doué par les dieux Du riant Eurotas près de quitter la rive, L’âme, de ce beau corps à demi fugitive.
Chaque fête, en rappelant les aventures des dieux, occupait les âmes curieuses par des récits qui ne laissaient point de place à d’autres étonnements.
Tandis que ces monstres barbares Poussaient d’insolentes clameurs, Le dieu, poursuivant sa carrière, Versait des torrents de lumière Sur ses obscurs blasphémateurs.
La tragédie est un bien long ouvrage ; L’ode1 au sujet, comme à moi, convient mieux ; Riche d’encens, elle en fait le partage Aux rois d’abord, et, s’il en reste2, aux dieux.
Arnobe, par exemple, définit ainsi le chrétien par des négations réitérées : Être chrétien n’est pas seulement ne pas sacrifier aux idoles, c’est ne point sacrifier aux passions, qui sont les faux dieux de notre cœur ; être chrétien n’est pas seulement se détacher des biens de la terre, c’est se dépouiller de ses cupidités ; être chrétien, ce n’est pas avoir un habit pauvre et modeste, c’est être revêtu de Jésus-Christ ; être chrétien, ce n’est pas seulement aimer ses amis, c’est aimer et combler de biens ses plus injustes et ses plus cruels ennemis. […] On n’y voit que les malheureux que les tempêtes y ont jetés, et on n’y peut espérer de société que par les naufrages ; encore même, ceux qui venaient en ce lieu n’osaient me prendre pour me ramener ; ils craignaient la colère des dieux et celle des Grecs. […] Cet homme, qui défendait les villes de Juda, qui domptait l’orgueil des enfants d’Ammon et d’Esaü, qui revenait chargé des dépouilles de Samarie, après avoir brûlé sur leurs propres autels les dieux des nations étrangères ; cet homme, que Dieu avait mis autour d’Israël comme un mur d’airain où se brisèrent tant de fois toutes les forces de l’Asie, et qui, après avoir défait de nombreuses armées, déconcerté les plus fiers elles plus habiles généraux des rois de Syrie, venait tous les ans, comme le moindre des Israélites, réparer avec ses mains triomphantes les ruines du sanctuaire, et ne voulait d’autre récompense des services qu’il rendait à sa patrie que l’honneur de l’avoir servie ; ce vaillant homme poussant enfin, avec un courage invincible, les ennemis qu’il avait réduits à une fuite honteuse, reçut le coup mortel, et demeura comme enseveli dans son triomphe.
— Que n’en usiez-vous donc, répond le dieu, sans venir me chercher de si loin et abréger vos jours par un long voyage783 ? […] Les deux oiseaux, inspirés par les Muses, commencèrent aussitôt à chanter ainsi : « Quel est donc ce berger, ou ce dieu inconnu qui vient orner notre bocage ? […] Que les dieux le modèrent, et le rendent toujours fortuné ! […] L’enfant de Sémélé, pour étudier la langue des dieux, s’assit dans un coin au pied d’un vieux chêne, du tronc duquel plusieurs hommes de l’âge d’or étaient nés. […] Ils chantent les louanges des dieux ; ils ne font tous ensemble qu’une seule voix, une seule pensée, un seul cœur, une même félicité, qui fait comme un flux et reflux dans ces âmes unies.
Erre, d’iter, est dans La Fontaine : Le dieu qui s’enfuit à grand erre.
Je m’approchais pour la lire, écartant ces plantes, cherchant à poser le pied sans rien fouler, quand M. d’Agincourt, que je n’avais pas vu : « C’est ici, me dit-il, l’Arcadie du Poussin, hors qu’il n’y a ni danses ni bergers ; mais lisez, lisez l’inscription. » Je lus ; elle était en latin, et il y avait dans la première ligne : Aux dieux mânes ; un peu au-dessous, Fauna vécut quatorze ans trois mois et six jours ; et plus bas, en petites lettres : Que la terre te soit légère, fille pieuse et bien-aimée !
Étranger, au nom des dieux !
. — Vertus dieu, dist Panurge, i’ai eu du passetemps pour plus de cinquante mille francs. […] Et quant à ce, te fourniront de matiere les loüanges des Dieux et des hommes vertueux, le discours fatal des choses mondaines, la sollicitude des jeunes hommes, comme l’amour, les vins libres, et toute bonne chere182. […] Par quoy Numa pensant bien que ce n’estoit pas petite ne legere entreprise, que de vouloir addoulcir et renger à vie pacifique uu peuple si hault à la main189, si fier et si farouche, il se servit de l’aide des dieux, amollissant petit à petit, et attiedissant ceste fierté de couraige, et ceste ardeur de combatre, par sacrifices, testes, danses et processions ordinaires qu’il celebroit luy-mesme, esquelles avec la devotion y avoit du passe temps et de la delectation meslee parmy, et quelquefois leur mettoit des frayeurs et craintes des dieux devant les yeux, leur faisant à croire qu’il avoit veu quelques visions estranges, ou qu’il avoit ouy des voix, par lesquelles les dieux les menassoient de quelques grandes calamitez, pour tousiours humilier et abaisser leurs cueurs soubz la crainte des dieux. […] Lettre à monseigneur le cardinal de la Valette qui devoit se rendre à Rome … À Rome vous marcherez sur des pierres qui ont été les Dieux de César et de Pompée : vous considérerez les ruines de ces grands ouvrages dont la vieillesse est encore belle, et vous vous pourmènerez tous les jours parmi les histoires et les fables. […] Cela eût suffi au bon homme Plaute, qui n’y cherchoit point d’autre finesse : parcequ’il y a des dieux et des rois dans son Amphitryon, il veut que c’en soit une, et parcequ’il y a des valets qui bouffonnent, il veut que ce soit aussi une comédie, et lui donne l’un et l’autre nom, par un composé qu’il forme exprès de peur de ne lui donner pas tout ce qu’il croit lui appartenir.
Qui ne serait tenté de s’écrier, avec un commentateur d’Horace (Lambin), que de pareils vers ne sont pas d’un homme, mais d’un dieu !
Disciple de la lumière, au lieu d’interroger les morts et les dieux de l’école, il ne consulta que les idées claires et distinctes, la nature et l’évidence.
Rappelons ces beaux vers de M. de Lamartine sur le chant du cygne : Les poëtes ont dit qu’avant sa dernière heure En sons harmonieux le doux cygne se pleure ; Amis, n’en croyez rien ; l’oiseau mélodieux D’un plus sublime instinct fut doué par les dieux.
Le pays natal ……………Après vingt ans d’absence, De retour au hameau qu’habita mon enfance, Dieux !
Mais un homme possédera-t-il sans trouble la gloire d’être plus craint que les dieux ?
Cet homme qui défendait les villes de Juda, qui domptait l’orgueil des enfants d’Ammon et d’Esaü, qui revenait chargé des dépouilles de Samarie, après avoir brûlé sur leurs propres autels les dieux des nations étrangères ; cet homme que Dieu avait mis autour d’Israël comme un mur d’airain où se brisèrent tant de fois toutes les forces de l’Asie, et qui, après avoir défait de nombreuses armées, déconcerté les plus fiers et les plus habiles généraux des rois de Syrie, venait tous les ans, comme le moindre des Israélites, réparer avec ses mains triomphantes les ruines du sanctuaire, et ne voulait d’autre récompense des services qu’il rendait à sa patrie que l’honneur de l’avoir servie : ce vaillant homme poussant enfin, avec un courage invincible, les ennemis qu’il avait réduits à une fuite honteuse, reçut le coup mortel, et demeura comme enseveli dans son triomphe1.
En contemplant le regard de Niobé4, de cette douleur calme et terrible qui semble accuser les dieux d’avoir été jaloux du bonheur d’une mère, quel sentiment s’élève dans notre sein !
Romains, s’écrie-t-il, à pareil jour je vainquis Annibal et je soumis Carthage ; allons au Capitole en rendre grâces aux dieux. […] Racine fait dire à Hippolyte : Dieux ! […] Ces sénateurs aimaient le faste, le luxe, l’oisiveté, les plaisirs ; et c’est par-là que l’orateur les attaque : « C’est à vous, leur dit-il, que je m’adresse, à vous qui faites tant de cas de vos palais, de vos jardins, de vos tableaux, de vos statues, bien plus que de la république : si vous êtes jaloux de conserver ces dignes objets de vos tendres attachemens, si vous êtes si occupés de maintenir la tranquillité de vos plaisirs, réveillez-vous donc enfin, de par les dieux immortels, et prenez en main la chose publique. […] Cicéron relève et condamne la dureté de cette expression ; et, après avoir rapporté les différens noms qu’on donnait à la démarche de ceux qui s’étaient déclarés pour Pompée, erreur, cruauté, cupidité, passion, prévention, entêtement, témérité : « Pour moi, dit-il, si l’on me demande quel est le propre et véritable nom que l’on doit donner à notre malheur, il me semble que c’est une fatale influence qui a aveuglé les hommes, et les a entraînés comme malgré eux ; en sorte qu’on ne doit pas s’étonner que la volonté insurmontable des dieux l’ait emporté sur les conseils des hommes ».
La Théogonie, ou généalogie des dieux, et un poème épique et didactique à la fois où l’auteur a rassemblé et coordonné les croyances religieuses de son temps ; c’est une des principales sources de la mythologie grecque, où Ovide a beaucoup puisé pour faire ses Métamorphoses ; mais c’est d’une poésie assez froide. […] Il médita longtemps un poème épique en l’honneur de sa patrie ; l’Iliade et l’Odyssée furent ses modèles de prédilection ; il y choisit, pour son sujet, la légende d’Énée transportant en Italie les dieux et les destinées de Troie. […] Ce qui, aujourd’hui encore, nous charme, dans Homère, c’est l’intervention de ses dieux parmi les hommes, c’est la peinture surhumaine qu’il fait de ses héros dont les vertus guerrières et les forces physiques sont prodigieuses. […] Je médite encore un ouvrage, toujours historique, le dernier peut-être, à moins que les dieux ne me prêtent une longue vie et avec elle la force et le goût de poursuivre ces travaux ; vous vous demandez sans doute quelle période de notre histoire je vais essayer de raconter, où d’autres ne m’aient pas précédé déjà. […] Grâce aux dieux, je n’ai plus à parler de notre misérable époque ; tandis qu’au-dehors la domination romaine est universelle, au-dedans l’esclavage, cette plaie de notre société, nous ronge lentement.
De ces faibles Romains les premières alarmes Font parler seulement les soupirs et les larmes ; Et n’ont, pour accuser la vengeance des dieux, Que ce muet discours et du cœur et des yeux.
» Quant à l’autre (Pison), bons Dieux !
La poésie est la langue des enfants et des dieux, la prose est celle des hommes.
Térence est dans mes mains ; je m’instruis dans Horace ; Homère et son rival sont mes dieux du Parnasse.
Et dans une autre fable où figurent encore les Grenouilles, La Fontaine, voulant peindre la vivacité de leurs plaintes-et la vivacité de la réponse que leur fait le dieu Jupin, s’est exprimé ainsi : Le monarque des dieux leur envoie une grue, Qui les croque, qui les tue, Qui les gobe à son plaisir : Et grenouilles de se plaindre : Et Jupin de leur dire…………..
La poésie la peint et l’embellit, elle peint aussi les hommes ; elle les agrandit, elle les exagère, elle crée les héros et les dieux.
Non-seulement l’ironie parait louer ce qu’on blâme en effet, mais elle conseille le contraire de ce qu’on veut ; pour mieux faire sentir toute l’horreur du mal, elle demande qu’on l’exagère jusqu’au délire : … Poursuis, Néron : avec de tels ministres, Par des faits glorieux tu vas te signaler ; Poursuis ; tu n’as pas fait ce pas pour reculer ; et à la fin d’Andromaque : Grâce aux dieux, mon malheur passe mon espérance108, Et je te loue, ô ciel !
Tandis que ces monstres barbares Poussaient d’insolentes clameurs, Le dieu, poursuivant sa carrière, Versait des torrents de lumière Sur ses obscurs blasphémateurs.
« Il n’y a qu’un pécheur larmoyant qui ait pu appeler la mort un squelette, dit, dans l’Intrigue et l’amour de Schiller, l’héroïne de la pièce, Louise, se préparant au suicide et l’excusant d’avance ; c’est un doux et aimable enfant, au visage rose comme le dieu de l’amour, mais moins trompeur ; un génie silencieux et secourable, qui offre son bras à l’âme fatiguée du pèlerin, qui la fait monter sur les degrés du temps, lui ouvre le magique palais, lui fait un signe amical et disparaît. » Cette définition de la mort ressemble, trait pour trait, à celle qu’en fait le P.
Le torrent de la puissance créatrice n’est pas encore desséché, mais il change de direction et passe des sanctuaires des dieux dans les écoles des philosophes.
Enfin, il y a l’ironie amère, dernière expression de la rage ou du désespoir, qui tour à tour est un blasphème, une injure ou imprécation : — Grâce aux dieux, mon malheur passe mon espérance.
L’intervention des dieux ajoute beaucoup de noblesse à ces scènes gracieuses ; aussi Longin recommande surtout ce passage du quinzième livre, où Neptune, sur le point de se jeter dans la mêlée, fait trembler les montagnes sous ses pas et pousse son char sur les flots de l’Océan. […] Dans le vingtième livre, où les dieux, partagés entre les Grecs et les Troyens, combattent pour les deux armées, le poète semble avoir rassemblé tous ses efforts pour donner à sa description une magnificence imposante. […] Ainsi les dieux, abandonnant leur fortuné séjour, excitent les deux partis, et se confondent dans la mêlée. Cependant le père des dieux et des hommes fait entendre le bruit formidable de son tonnerre, Neptune frappe la terre ; le mont Ida, et Troie, et les vaisseaux des Grecs ont tremblé. […] Le dieu D’un bras étincelant, dardant un trait de feu, De ces monts si souvent mutilés par la foudre, De Rhodope et d’Athos met les rochers en poudre.
Tu n’as plus même des Dieux, que tu puisses invoquer dans le besoin. […] C’est en ce sens qu’en parlant des Dieux du paganisme, on prend Vulcain, pour le feu : Mars, pour la guerre ; Neptune, pour la mer ; Apollon, pour la poésie, etc.
Ce caractère se trouve dans la touchante prière que fait Hector, lorsque, sur le point de se rendre au combat, il tient entre ses bras son fils bien-aimé : Dieux immortels, faites que cet enfant soit courageux dans les combats et puissant sur son peuple ; faites qu’en le voyant revenir chargé de dépouilles sanglantes, après avoir tué quelque ennemi célèbre, chacun s’écrie : Il est encore plus vaillant que son père ! […] Dans le même poète, Jupiter, après avoir parlé, fait un signe de ses noirs sourcils ; les cheveux sacrés du Roi des dieux s’agitent sur sa tête immortelle, et le vaste Olympe en est ébranlé .