J’appelle le principe de ces grands exploits, cette ardeur martiale, qui, sans témérité ni emportement, lui faisait tout oser et tout entreprendre ; ce feu qui, dans l’exécution lui rendait tout possible et tout facile ; cette fermeté d’âme que jamais nul obstacle n’arrêta, que jamais nul péril n’épouvanta, que jamais nulle résistance ne lassa ni ne rebuta ; cette vigilance que rien ne surprenait ; cette prévoyance à laquelle rien n’échappait ; cette étendue de pénétration, avec laquelle dans les plus hasardeuses occasions, il envisageait d’abord tout ce qui pouvait ou troubler, ou favoriser l’événement des choses, semblable à un aigle, dont la vue perçante fait en un moment la découverte de tout un vaste pays ; cette promptitude à prendre son parti, qu’on n’accusa jamais en lui de précipitation, et qui, sans avoir les inconvénients de la lenteur des autres, en avait toute la maturité ; cette science qu’il pratiquait si bien, et qui le rendait habile à profiter des conjonctures, à prévenir les desseins des ennemis presque avant qu’ils fussent conçus, et à ne pas perdre en vaines délibérations, ces moments heureux qui décident du sort des armes ; cette activité que rien ne pouvait égarer, et qui, dans un jour de bataille, le partageant, pour ainsi dire, et le multipliant, faisait qu’il se trouvait partout, qu’il suppléait à tout, qu’il ralliait tout, qu’il maintenait tout, soldat et général tout à la fois, et par sa présence, inspirant à tout un corps d’armée, et jusqu’aux plus vils membres qui le composaient, son courage et sa valeur ; ce sang-froid qu’il savait si bien conserver dans la chaleur du combat ; cette tranquillisé dont il n’était jamais plus sûr, que quand on en venait aux mains et dans l’horreur de la mêlée ; cette modération et cette douceur pour les siens, qui redoublait à mesure que sa fierté contre l’ennemi était émue : cet inflexible oubli de sa personne, qui n’écouta jamais la remontrance, et auquel constamment déterminé, il se fit toujours un devoir de prodiguer sa vie, et un jeu de braver la mort : car tout cela est le vif portrait que chacun de vous se fait, au moment que je parle, du Prince que nous avons perdu ; et voilà ce qui fait les Héros. […] Henri IV 109 n’étant encore que roi de Navarre et combattant pour les protestants contre Henri III, assiégeait la ville de Cahors, capitale du Querci, lorsque le bruit se répandit dans l’armée qu’un secours attendu par les habitants qui se défendaient très vigoureusement, était sur le point d’arriver. […] Les historiens latins sont pleins de ces sortes de discours que les généraux d’armée adressaient aux troupes, et qui sont de vrais modèles en ce génie d’éloquence.
Ils ne sont pas masqués d’habits extraordinaires pour paraître tels ; mais ils se sont accompagnés de gardes, de hallebardes : ces trognes5 armées qui n’ont de mains et de force que pour eux, les trompettes et les tambours qui marchent au-devant, et les légions qui les environnent, font trembler les plus fermes6.
J’appelai de l’exil, je tirai de l’armée Et ce même Sénèque, et ce même Burrhus Qui depuis… Rome alors estimait leurs vertus. […] « Restait cette redoutable infanterie de l’armée d’Espagne, etc. » (Bossuet, Oraison funèbre de Condé.) […] de conjonction : Mais tout dort, et l’armée, et les vents, et Neptune. […] Tantôt c’est une armée à laquelle il adresse une proclamation, une harangue militaire, ou un bulletin de victoire (discours militaire), tantôt c’est un tribunal déjugés, un jury qu’il cherche à émouvoir sur le sort d’un criminel (discours judiciaire). […] Débris du Grand Empire et de la Grande Armée, Colonne, d’où si haut parle la renommée !
Quand le peuple se fut placé, non sans bruit, les hommes d’un côté, les femmes d’un autre, et qu’on eut vu successivement les neuf archontes, les cours de justice, le sénat des cinq cents, les officiers généraux de l’armée, et les ministres des autels venir occuper les gradins inférieurs qui leur étaient réservés, alors le παραπέτασμα, sorte de rideau, s’abaissa et laissa voir la scène. […] Le jour suivant, il extermine l’armée troyenne et traîne le cadavre d’Hector autour de Troie, consternée. […] et quel est cet Arcas, qui dit : Mais tout dort, et l’armée, et les vents, et Neptune ! […] 5º Et puis, derrière le ministre, il y a la France ; que le Coadjuteur pense à la populace armée, menaçant la Reine régente et le roi enfant. […] Notre armée prit position à 7 kilom.
Je dis plus : égalez Vauban dans l’art de fortifier les places, Turenne ou Condé dans l’art de commander les armées ; gagnez des batailles, conquérez des provinces : toutes ces actions seront belles, sans doute, et votre nom passera à la postérité la plus reculée ; mais c’est à d’autres qualités que la gloire est réservée. […] Réduit à se contenter des superbes monuments qu’il laissa sur les bords de l’Araspe, il ramena son armée par une autre route que celle qu’il avait tenue, et dompta tous les pays qu’il trouva sur son passage.
Il y avait un corps d’Espagnols dans l’armée de Montluc.
Ce qu’entendans certains espions qui estoient dedans la ville, l’allerent rapporter à Sylla, lequel incontinent sur la minuict10 approcha son armée de ce costé là, par où il entra dedans, et peu s’en falut qu’il ne la rasast toute11 ; mais au moins l’emplit il de meurtre, et fut la rue que l’on appeloit Ceramique12 toute arrosée de sang, estant Sylla plus indigné1 contre ceux de la ville pour certaines paroles injurieuses, que pour autre offense qu’ils luy eussent faitte : car pour se mocquer de Sylla et de sa femme Metella2, ils venoient sur la muraille et disoient : « Sylla est une meure3 aspergée de farine », et un tas d’autres telles mocqueries ; et par ainsi4 pour la plus legere chose du monde, comme dit Platon5, c’est à sçavoir pour des paroles, ils payerent une très griefve6 et très cruelle amende.
Je vous représenterois ce fidèle sujet marchant sur les traces de son maître, qui étaient des pas de géant, et le surpassant par la nouvelle ardeur que lui inspirait l’exemple de ce monarque ; vous le verriez dans un corps usé de travaux, rallumant tout le feu de ses premières années, combattre à la tête de nos troupes, défaire les trois formidables armées de l’Empereur, de l’Espagne et de la Hollande ; partout s’immolant et se sacrifiant ; mais partout triomphant, et remplissant la mesure de cette glorieuse réputation qu’il faisait à la France Mais un objet plus intéressant m’oblige de me taire sur ses triomphes profanes, pour ne parler que de ses victoires sacrées ».
Les héros d’Homère sont des types imposants et majestueux ; ils dominent les armées et dépassent les autres guerriers de toute la tête ; leurs passions sont impétueuses, leurs actions surhumaines ; ils combattent même contre les dieux et balancent le destin.
Sire, Pénétré de servir, depuis neuf ans, sans espérance, dans les emplois subalternes de la guerre, avec une faible santé, je me mets aux pieds de Votre Majesté, et la supplie très-humblement de me faire passer du service des armées, où j’ai le malheur d’être inutile, à celui des affaires étrangères, où mon application peut me rendre plus propre.
Fléchier fait une belle accumulation en disant du vicomte de Turenne ; Conduites d’armée, sièges de places, prises de villes, massages de rivières, attaques hardies, retraites honorables, campements bien ordonnés, combats soutenus, batailles gagnées, ennemis vaincus par la force, dispersés par l’adresse, lassés par une sage et noble patience ; où peut-on trouver tant et de si puissants exemples que dans les actions d’un tel homme ? […] La comparaison prend le nom de contraste, quand pour fortifier une idée, on met en opposition une seconde idée, tout-à-fait différente, mais qui a des analogies frappantes avec la première, comme dans cette phrase de M. de Bonald : La vérité, dans les ouvrages de raisonnement, est un Roi à la tête de son armée un jour de combat. […] Darius, un peu auparavant maître d’une puissante armée, et qui s’était avancé au combat, élevé sur un char, dans l’appareil d’un triomphateur plutôt que d’un général, alors au travers des campagnes qu’il avait remplies de ses innombrables bataillons, et qui n’offraient plus qu’une vaste solitude, fuyait. […] On va en juger : Dans une vaste solitude fuyait alors Darius, maître, naguères d’une puissante armée, et qui s’était avancé, au combat, élevé sur un char, moins dans l’appareil d’un général que d’un triomphateur, couvrant les campagnes de ses innombrables bataillons. […] Il était maître d’une puissante armée et s’était avancé au combat sur un char de triomphe ; cette action est éloignée déjà et mise au deuxième plan ; enfin, en venant à la rencontre de l’ennemi il avait couvert les campagnes d’innombrables bataillons, et c’est une action plus éloignée encore que l’écrivain a su habilement placer dans l’ ombre en la rejetant à la fin de la phrase.
Les affaires l’ennuient, la lecture sérieuse le fatigue, le service d’armée trouble ses plaisirs, l’assiduité même de la cour le gêne. […] À la date de cette lettre, il avait le commandement de l’armée de Flandre, sous la direction du maréchal de Boufflers.
Il était mort en 1639 (on peut voir la 173e Lettre de Voiture), et le roi Louis XIII avait acheté de ses principaux officiers son armée et ses conquêtes.
Il était fait pour être Romain, et pour passer du sénat à la tête d’une armée.
Il estimait un homme plus que vingt mille hommes, parce qu’il savait qu’un homme est quelquefois l’esprit et la force d’un État, et que celui-ci, selon la relation que lui en avait faite Antipater, tout nu et désarmé qu’il était, sans vaisseaux, sans soldats et sans argent, combattant seulement avec des lois, des ordonnances et des paroles, attaquait la Macédoine de tous côtés, investissait les meilleures places, et rendait inutiles les plus puissantes armées.
Nous indiquerons comme modèles l’énumération des tourments endurés par la mère des Machabées, dans le discours de saint Grégoire de Nazianze sur ces illustres martyrs ; l’énumération des malheurs de la reine d’Angleterre, dans l’exorde de son oraison funèbre ; celle des conséquences du péché originel, dans le magnifique sermon de Bourdaloue sur l’Immaculée Conception ; celle des difficultés qui pressent de toutes parts un général d’armée, par M.
Judas Machabée dit à des guerriers qui lui conseillaient de fuir devant une armée sept fois plus nombreuse que la sienne : Moriamur in virtute propter fratres nostros, et non inferamus crimen gloriæ nostræ. […] C’est l’arrangement des parties, dit Le Batteux, qui fait la beauté d’un tableau, la solidité d’un édifice, la force d’une armée rangée en bataille ; c’est aussi de l’arrangement des mots que dépendent toute la grâce et la force du discours. […] Ainsi, utiliser une découverte, démoraliser une armée, s’élever à la hauteur des principes, être fort de ses intentions, sont des locutions définitivement acceptées. […] Racine a souvent employé cette figure avec succès : J’appelai de l’exil, je tirai de l’armée Et ce même Sénèque et ce même Burrhus, Qui depuis… Rome alors estimait leurs vertus. […] La vérité, dans les ouvrages de raisonnement, est un roi à la tête de son armée un jour de combat ; dans les ouvrages d’imagination, elle est comme une reine, au jour de son couronnement, au milieu de la pompe et de la splendeur.
Il se suffisait à lui-même ; il jouait le rôle de sujet et de complément, avec le sens de cela ; d’où ces tournures lestes : « Pour se faire… Surce, partit l’ost (armée)… Ce non obstant (hoc non obstante), il advint… » Qui donc oserait préférer à cette dernière façon de dire notre lourd quoi qu’il en soit ? […] L’usage a préféré par consequent à par conséquence, et en conséquence à en conséquent, travailler à ouvrer, conduire à duire, faire du bruit à bruire, injurier à vilainer, piquer à poindre ; et dans les noms, pensées à pensers, un si beau mot et dont le vers se trouvait si bien, grandes actions à prouesses, louanges à loz, méchanceté à mauvaistié, porte à huis, navire à nef, armée à ost, monastère à moutier, prairies à prées, … tous mots qui pouvaient durer ensemble d’une égale beauté, et rendre une langue plus abondante… Si nos ancêtres ont mieux écrit que nous, ou si nous l’emportons sur eux par le choix des mots, par le tour et l’expression, par la clarté et la brièveté du discours, c’est une question souvent agitée, toujours indécise. » Ce plaidoyer n’est point une boutade, et l’usage lui a même donné raison, puisqu’il a repris plusieurs des mots cités par Labruyère comme ayant alors disparu.
Dans la description de la mort de César, véritable modèle d’épisode, le poète, au moment où il semble avoir tout à fait abandonné ses cultivateurs, revient à eux par une tournure naturelle, en profitant, pour terminer sa digression, de quelque circonstance liée aux travaux des champs : Scilicet et tempus… Nous citerons seulement, comme exemple de description : l’Orage, par Saint-Lambert ; et comme modèle d’épisode, la destruction de l’armée de Cambyse dans les sables de la Libye, par Delille. […] L’épître philosophique ou didactique, est celle qui roule sur la morale, la religion, la politique, la littérature, les arts, les sciences, sur quelque grande passion, ou sur quelque fait important, comme le passage du Rhin par l’armée française, dans la iv e Épître de Boileau.
Bornons-nous, pour le moment, à cette belle description de Satan, qui se montre, après sa chute, à la tête de son armée infernale.
C’est pourquoi, sitôt que l’âge me permit de sortir de la sujétion de mes précepteurs, je quittai entièrement l’étude des lettres ; et, me résolvant de ne chercher plus d’autre science que celle qui se pourrait trouver en moi-même, ou bien dans le grand livre du monde, j’employai le reste de ma jeunesse à voyager, à voir des cours et des armées, à fréquenter des gens des diverses humeurs et conditions, à recueillir diverses expériences, à m’éprouver moi-même dans les rencontres que la fortune me proposait, et partout à faire telle réflexion sur les choses qui se présentaient que j’en pusse tirer quelque profit.
Quel autre pays où l’on puisse jouir d’une liberté aussi entière, où l’on puisse dormir avec moins d’inquiétude, où il y ait toujours des armées sur pied, exprès pour nous garder, où les empoisonnements, les trahisons, les calomnies, soient moins connus, et où il soit demeuré plus de restes de l’innocence de nos aïeux31 ? […] Euripide, dans les Suppliantes, fait partir Thésée d’Athènes avec une armée, donner une bataille devant les murs de Thèbes, qui en étaient éloignés de douze ou quinze lieues, et revenir victorieux en l’acte suivant ; et depuis qu’il est parti jusqu’à l’arrivée du messager qui vient faire le récit de sa victoire, Éthra et le chœur n’ont que trente-six vers à dire. […] Pour le duc d’Enghien, le cardinal satisfaisait à son ambition par le gouvernement de Champagne et de Stenay, et par le commandement des armées qu’il lui procurait : joint que Mazarin étant étranger, sans parents, sans établissement, d’une nature assez douce, il était moins appréhendé ; et les princes moins appliqués aux affaires s’en déchargeaient sans envie sur lui. […] En ce temps-là, M. le prince commandait l’armée du roi en Flandre : il avait pris Ypres ; mais, durant ce siège, les Espagnols avaient repris Courtray et remporté d’autres petits avantages : or, comme son génie est puissant et heureux à la guerre, il trouva l’armée d’Espagne le vingt-unième jour d’août dans les plaines d’Arras et de Lens, la combattit, et obtint une victoire célèbre. […] Ils s’embarquèrent dans un bateau de pêcheur : ils arrivent dans cet asile ; mais à peine sont-ils sur le rivage qu’ils apprennent qu’un détachement de l’armée du due de Cumberland356 est dans l’île.
Toute l’armée s’arrête pour regarder le combat des deux chefs. […] Figurons-nous une vaste toile dont une armée entière occupe le fond et les côtés.
Que pourront vos ligues formées Contre le bonheur de nos jours, Quand le bras du Dieu des armées S’armera pour notre secours ? […] Et celles qui présentent le rapprochement de deux substantifs : Après avoir vaincu de Ferdinand l’armée… Écoutons du rossignol le chant.
Le coup de hache fait sans doute jaillir Minerve, grande, adulte, armée de toutes pièces ; mais avant ce coup décisif, c’est la méditation qui avait conçu, nourri, équipé, en quelque sorte, ce mythe puissant de la pensée dans la tête endolorie du Dieu.
Ces flambeaux, ce bûcher, cette nuit enflammée, Ces aigles, ces faisceaux, ce peuple, cette armée, Cette foule de rois, ces consuls, ce sénat, Qui tous de mon amant empruntaient leur éclat ; Cette pourpre, cet or, que rehaussait sa gloire, Et ces lauriers encor témoins de sa victoire : Tous ces yeux qu’on voyait venir de toutes parts Confondre sur lui seul leurs avides regards… Dans le sac de Troie, Andromaque ne voit que Pyrrhus, le suit partout des yeux, et à mesure qu’elle le suit, les objets se lèvent en quelque sorte, mais vagues et confus, autour du meurtrier d’Hector, dont les traits seuls sont fermes et bien accusés : Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle ; Figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants, Entrant à la lueur de nos palais brûlants, Sur tous mes frères morts se faisant un passage, Et de sang tout couvert, échauffant le carnage.
Le bataillon sacré, seul devant une armée, S’arrête pour mourir.
Saint-Simon 1675-1755 [Notice] Fils d’un ancien favori de Louis XIII, qui prétendait descendre de Charlemagne, il fut tourmenté de bonne heure par le démon de l’histoire, et commença ses Mémoires en juillet 1694, à l’armée, à l’âge de dix-neuf ans.
L’épopée est morte ; la tragédie antique, hôtesse des palais et des cours, est descendue dans la rue, elle a échangé sa pourpre pour les haillons du drame populaire ; la chanson a pris les ailes de l’ode ; la fable, cessant d’être une simple leçon de morale, s’est armée de l’aiguillon de l’abeille et s’est transformée en drame satirique ; le roman, fleur obscure chez les anciens et presque inaperçue, est devenu chez nous un arbre immense qui couvre tout de son ombre, mœurs, histoire, politique, sciences, arts, et qui menace d’absorber tous les autres genres ; l’éloquence a quitté l’ample toge, la vaste tribune, les horizons de la place publique, les grands mouvements des grandes multitudes ; elle s’est enfermée dans d’étroites enceintes, elle a pris le frac noir, les gestes sobres et mesurés, la convenance digne et froide des .
Au commencement du neuvième livre (ch. 5), son récit de la fameuse défaite de l’armée romaine par les Samnites, aux Fourches Caudines, est un des plus brillants morceaux de peinture historique que l’on puisse citer. […] L’inquiétude dans laquelle ils passent la nuit, les conseils tenus chez les Samnites, les différentes mesures que l’on y propose, les messages que s’envoient les deux armées, tout augmente l’effet du tableau. Le matin, les consuls rentrent dans le camp et annoncent aux Romains qu’on ne leur laisse de parti à prendre que celui de rendre les armes et de passer sous le joug, dernier degré d’ignominie auquel une armée vaincue puisse être réduite. […] Agamemnon, furieux contre l’augure, déclare qu’il préfère l’esclave à Clytemnestre, son épouse ; mais que, puisqu’il faut la rendre pour sauver l’armée, il en exige une autre, et demande Briséis, l’esclave d’Achille. […] Comme l’admiration que lui témoignent, au troisième livre, les plus anciens chefs de l’armée la relève à nos yeux !
C’est alors que Mirabeau, déterminé à emporter le vote, — je crois voir Condé en face des gros bataillons de l’armée d’Espagne !
… Venez, vaillante élite, honneur de nos armées ; Parlez, flèches de feu, grenades enflammées…, etc.
On reproche à Cicéron de n’avoir pas compris son temps, de n’avoir pas vu que le moment était arrivé où l’ancien gouvernement ne pouvait plus subsister et où il était nécessaire que le pouvoir d’un seul mit un terme aux compétitions armées des grands.
Il passa comme vous les monts à main armée ; Il sut ainsi que vous, convertir en fumée L’orgueil des ennemis, et rabattre leurs coups.
Le roi, parti de Paris le 20 juin pour aller rejoindre son armée qui assiégeait la Rochelle, tomba malade en route, et n’arriva au camp que le 12 octobre. […] Mais tout dort, et l’armée, et les vents, et Neptune69. […] Je voulais sur-le-champ congédier l’armée. […] Achille va combattre, et triomphe en courant ; Et ce vainqueur, suivant de près sa renommée, Hier avec la nuit arriva dans l’armée. […] Ulysse, qui veut, dans l’intérêt de l’armée, qu’Iphigénie soit immolée, tâche de faire honte à Achille de son impatience.
N’est-il pas ridicule de voir l’abbé Desfontaines, qui n’avait aucune connaissance en physique, prendre parti dans les querelles des newtoniens et des cartésiens, et écrire ces phrases singulières ou plutôt insensées : Quoique le newtonianisme soit une doctrine qui renverse toute la physique et éteint toutes les lumières que Dieu nous a données sur les propriétés de la matière, sur l’ordre et le mécanisme de la nature, et qu’il soit presque inconcevable qu’il puisse y avoir un homme qui soit newtonien de bonne foi, il faut avouer, cependant, que cette philosophie, hérissée de calculs géométriques et armée de fines observations, ne laisse pas, en plusieurs points, de donner de l’embarras aux cartésiens, et de les mettre souvent sur la défensive.
Dites à un enfant que Crassus, allant contre les Parthes, s’engagea dans leur pays sans considérer comment il en sortirait ; que cela le fit périr lui et son armée, quelque effort qu’il fit pour se retirer.
Il revenait de la campagne avec une suite d’environ trente personnes ; il était à cheval ; et Milon, qui allait à Lanuvium, était dans un chariot avec sa femme ; mais sa suite était plus nombreuse et mieux armée.
Voltaire pousse plus loin encore la hardiesse de la comparaison, en assimilant deux armées qui en viennent aux mains, à l’effort de deux vents opposés qui se disputent l’empire des airs.
Je pourrais multiplier les exemples ; je me contenterai de citer une phrase de Fléchier : « Déjà prenait l’essor, pour se sauver vers les montagnes, cet aigle dont le vol hardi avait d’abord effrayé nos provinces122 ; » et cette belle construction de Bossuet déjà citée, qui reproduit si bien, par la hardie transposition du verbe et par le poids de toute la phrase la formidable pesanteur de l’objet à peindre : « Restait cette redoutable infanterie de l’armée d’Espagne… etc. » Souvent, sans inversion précise, la construction de Bossuet donne à sa parole un charme extrême.
Aussi, voit-on le guerrier, dont la conscience est tranquille, affronter avec bien plus d’audace et d’intrépidité, les périls et la mort : Nous avons parlé souvent ensemble du prince Eugène, qui, dans toutes ses expéditions militaires, portoit sur lui l’Imitation de Jésus-Christ ; de l’immortel et vertueux Turenne, qui étoit de l’exactitude la plus scrupuleuse à remplir tous ses devoirs de religion ; de ce grand Condé, qui, vainqueur dans les plaines de Rocroi, se prosterna au milieu du champ de bataille, pour rendre ses hommages et ses actions de grâces au Dieu des armées, qui seul tient en ses mains la balance des combats et la destinée des empires ; de ce grand Condé, qui, dans ses derniers momens, pour détruire les injustes soupçons que la calomnie avoit voulu jeter sur sa foi, crut devoir déclarer qu’il n’avoit jamais douté des mystères de la religion, quoi qu’on eût dit, et dont la mort fut tout à la fois, et celle du héros, et celle du parfait chrétien.
Il écrit à son fils qui lui proposait de quitter l’armée de Condé pour pactiser avec la révolution : « Monsieur mon fils, si les coups de bâton pouvaient s’écrire, vous tiriez ma lettre sur votre dos.
Il lui sembla, dans l’ombre, entendre un faible bruit : C’était un Espagnol de l’armée en déroute Qui se traînait sanglant sur le bord de la route, Râlant, brisé, livide, et mort plus qu’à moitié, Et qui disait : « A boire, à boire par pitié !