On l’appelle imitative parce qu’elle établit une certaine ressemblance entre les mouvements de la langue et ceux de la nature. […] Fixez-vous bien sur l’idée dominante, sur le principe ou la vérité que vous voulez établir ; écartez tout ce qui ne convient pas au but que vous voulez atteindre : quand votre sujet sera ainsi préparé, même avant d’avoir écrit une seule ligne, le travail sera pour le moins à moitié fait. […] M. de Ségur commence ainsi le récit qu’il nous a laissé de l’incendie de Moscou : Deux officiers s’étaient établis dans un des bâtiments du Kremlin. […] Sous le nom de dissertation ou genre didactique, nous comprenons ici toutes les compositions où l’on discute une vérité religieuse ou littéraire, où l’on a pour but d’instruire, d’établir un principe ou d’en montrer l’application.
Quand le poète vent établir des principes de morale ou de physique, il doit, sans manquer en aucune manière à l’exactitude et à la précision, les orner de toutes les images, de toutes les comparaisons, de toutes les figures propres à donner de l’intérêt et de l’agrément à sa composition. […] Racine établit l’immortalité de l’âme dans son poème de la Religion.
Mais alors si Homère n’a pas donné naissance à la poésie épique, et si l’on ne peut établir que tous les poètes épiques postérieurs l’aient pris pour modèle, dans quel sens a-t-on pu dire qu’il est le père de l’épopée ? […] Cependant il n’a pas toujours donné la même importance à la complication savante et à la conduite ingénieuse de l’intrigue, et c’est à ce point de vue surtout qu’on peut établir une distinction assez tranchée entre les différentes tragédies de Corneille. […] En résumé, il n’est guère possible d’établir la moindre comparaison entre notre fabuliste et un autre quelconque, sans que la palme appartienne au premier. […] Ces réserves étant faites, et ces différences établies, il reste vrai, dans un sens général, que le précepte de Ronsard est juste. […] Corneille seul aurait assez de sa gloire, et se contenterait de pain ; il n’en a même pas pour sa famille, et pressé par le besoin, il a dû vendre sa charge d’Avocat du roi à la table de marbre de Rouen et celle de Premier Avocat à l’amirauté de Rouen, sinécures honorifiques que lui a léguées son père ; il n’a pu établir une de ses filles, et a dû la faire entrer en religion ; enfin il vient de vendre la maison où il est né.
Cicéron et Quintilien établissent cette même division des styles, mais avec une distinction de leurs qualités respectives, et ces distinctions ont été adoptées et suivies par tous les rhéteurs modernes.
Ailleurs, comme eu France, on fait des découvertes, on a des idées, on crée des systèmes, on établit des théories ; en France seulement on vulgarise tout cela.
Je ne prétends établir aucun système, mais il me semble que l’on pourrait en trouver un plus rationnel.
Mon âme les envoie, et, ministres dociles, Je les sens répandus dans mes membres agiles… Est-ce moi qui préside au maintien de ces lois, Et pour les établir ai-je donné ma voix ?
Entre les royalistes qui ne crurent pas à son dévouement, et les républicains qui se méfiaient de son désintéressement, la dictature de son éloquence ne put jamais s’établir assez souverainement pour durer au delà de ses discours.
Le dix-huitième siècle a certes vu naître de brillants écrivains, et le nôtre n’est point déshérité des talents qui ont établi, dans le passé, la gloire littéraire de la France. […] Aussi quelques-unes de ces règles, établies par Malherbe, furent-elles longtemps avant d’être adoptées universellement et définitivement. […] Enfin, pour donner au style une clarté plus grande, il établit la nécessité des articles et des pronoms. […] d’où vous vient cette audace, Et quel titre en ce rang a pu vous établir ? […] La tragédie pèche gravement contre la vraisemblance des caractères et des mœurs, et les rôles sont mal établis.
2° La conjonction et et les conjonctions suivantes : an, ne, vel, sive, autem, verò, se suppriment aussi, quand on veut établir un contraste entre certains mots ou certaines propositions. […] Au contraire, les antithèses qui sont l’effet de la contrainte et qui résultent du contraste forcé des idées et des mots, sont infiniment désagréables ; elles ressemblent, a dit Pascal, à ces fausses fenêtres que l’on dissimule sur les murs d’un appartement, pour y établir quelque symétrie. […] Le charme de ce style figuré est de nous associer à tout ce qui existe, de nous inspirer de l’intérêt même pour les choses inanimées, d’établir entre elles et nous une sorte de liaison, par la sensibilité qu’on leur attribue. […] Comitia (de cum ire), les comices, l’assemblée pour élire des magistrats, ou pour établir des lois. […] Il se prend pour coutumes établies.
En quoi il parait que Dieu a établi cet ordre surnaturel et tout contraire à l’ordre qui devait être naturel aux hommes dans les choses naturelles. […] Mais il y en a où les choses qu’on veut faire croire sont bien établies sur des vérités connues, mais qui sont en même temps contraires aux plaisirs qui nous touchent le plus. […] Il n’y a que le second livre des Machabées, le livre de la Sagesse, surtout à la fin, et celui de l’Ecclésiastique, surtout au commencement, qui se sentent de l’enflure du style que les Grecs, alors déjà déchus, avaient répandu dans l’Orient, où leur langue s’était établie avec leur domination. […] Il faut la capitale d’un grand royaume pour y établir la demeure du goût ; encore n’est-il le partage que du très-petit nombre ; toute la populace en est exclue. […] Il me semble que les langues s’établissent comme les lois.
Si je dis, par exemple, en parlant d’un ministre, qu’il soutient l’état comme une colonne, je fais une similitude, parce que j’établis un rapport sensible entre le ministre et la colonne. […] La meilleure des allégories est celle, sans contredit, qui, ramenant sans effort le lecteur du sens figuré et poétique au sens propre et naturel, lui permet de saisir d’un coup d’œil toute la justesse des rapports que l’on vient d’établir.
Il faut dire tout ce qu’il y a d’essentiel à la pensée pour la caractériser, pour en faire comprendre la justesse, bien établir ses raisons, prévoir et renverser les objections possibles. […] C’est ce qui caractérise une dissertation que nous donnons plus loin, et qui est intitulée : Préférence à établir entre la peinture et la musique.
« Charles se croyait le maître du monde dans les déserts de la Pologne, où il errait, et dans lesquels la Suède était comme répandue, pendant que son principal ennemi se fortifiait contre lui, le serrait, s’établissait sur la mer Baltique, détruisait ou prenait la Livonie. […] « Maupertuis, président de l’Académie de Berlin, indigné qu’un associé étranger lui prouvât ses bévues, persuada d’abord au roi que Kœnig, en qualité d’homme établi en Hollande, était son ennemi, et avait dit beaucoup de mal de la prose et de la poésie de Sa Majesté à la princesse d’Orange.
Par l’invention, la mémoire retrouve le fond des idées ; par la disposition, le jugement établit l’ordre dans les idées ; par l’élocution, l’imagination donne la forme aux idées.
Un mot ne peut rimer avec son composé, à moins que l’usage n’ait établi une différence de signification qui efface en partie l’origine commune.
Il est établi dans son presbytère comme une garde avancée aux frontières de la vie, pour ceux qui entrent et ceux qui sortent de ce royaume des douleurs1.
On analyse, on compare, on fait des classifications, on établit des genres et des règles.
Par conséquent, les habitants des villes, établis momentanément à la campagne, ne peuvent figurer, avec leurs aventures et leur langage, sur cette scène champêtre.
Bourdaloue l’avait senti, il excella dans ce genre ; mais ses portraits ne sont point des hors-d’œuvre, ils servent toujours de preuve ou de conséquence à quelque vérité préalablement établie.
Si je dis, à propos d’un soldat : C’est un lion dans les combats, je ne prétends établir qu’une simple ressemblance entre le courage impétueux du lion et celui de ce soldat ; c’est une métaphore.
En un mot, c’est elle qui règne souverainement sur les esprits et sur les cœurs ; qui tantôt brise tout ce qui ose lui résister, tantôt s’insinue dans l’âme des auditeurs par des charmes secrets, et tantôt y établit de nouvelles opinions, ou déracine celles qui paraissent les mieux affermies.
Mais sans nous occuper d’établir ici un terme général plus convenable, ou de chercher une division plus rationnelle, empruntons-lui son titre et tachons de faire bien connaître successivement les pièces dont il parle.
On me dit que, pendant ma retraite économique, il s’est établi dans Madrid un système de liberté sur la vente des productions, qui s’étend même à celle de la presse ; et que pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l’autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l’Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l’inspection de deux ou trois censeurs.
« C’est à eux sans doute qu’il appartient de juger le ouvrages anciens et modernes ; mais il serait bon, ce me semble, d’établir là-dessus une différence entre les auteurs des siècles passés et les auteurs vivants.
Enfin un ouvrage unique dans son genre, et dont l’antiquité ne nous offre pas un autre modèle, ce sont ces lettres si précieuses pour l’histoire, plus précieuses encore, selon moi, par les rapports qu’elles établissent entre l’âme de celui qui les lit et la belle et excellente âme de Cicéron.
Prémunis par là contre bien des agitations insensées, sachons nous tenir à un calme grave, à une habitude réfléchie et naturelle, qui nous fasse tout goûter selon la mesure, nous permette une justice clairvoyante, dégagée des préoccupations superbes, et, en sauvant nos productions sincères des changeantes saillies du jour et des jargons bigarrés qui passent, nous établisse dans la situation intime la meilleure pour y épancher le plus de ces vérités réelles, de ces beautés simples, de ces sentiments humains bien ménagés, dont, sous des formes plus ou moins neuves et durables, les âges futurs verront se confirmer à chaque épreuve l’éternelle jeunesse.
Ce n’est qu’après la quatrième définition que le parallèle s’établit au moyen des contrastes et de l’antithèse. […] On suppose qu’un dialogue s’établit entre eux. […] Un rossignol, s’étant établi clans un jardin délicieux, choisit le plus beau rosier pour chanter ses airs harmonieux ; au pied de ce rosier, une fourmi avait établi sa petite demeure — … La fourmi travaillait, le rossignol chantait malgré les murmures de sa voisine — … Ainsi se passa la belle saison. […] Enfin, on arrive à la solitude, ou saint Bruno vint s’établir il y a plus de 700 ans. […] Dans le nœud vous inventerez le dialogue qui a dû s’établir à l’Abbaye entre Mlle de Sombreuil et les septembriseurs ; d’une part la prière d’abord, les reproches ensuite, et même la menace, de l’autre des paroles brèves et rudes.
Par mon exil honteux la Trappe est ennoblie ; J’ai vu dans Saint-Denis la réforme établie : Le Carme, le Feuillant, s’endurcir aux travaux ; Et la règle déjà se remet dans Clairvaux ; Cîteaux dormait encore, et la Sainte-Chapelle Conservait du vieux temps l’oisiveté fidèle : Et voici qu’un lutrin, prêt à tout renverser, D’un séjour si chéri vient encor me chasser !
Ta gloire est assez bien établie par tant de belles actions. […] La conviction de cette vérité est tellement établie dans les esprits, qu’à une petite exception près, les hôtes les moins favorisés, en se retirant du palais, n’en franchissent la porte extérieure qu’avec des regrets et des larmes. […] Il est établi dans son presbytère comme une garde avancée aux frontières de la vie, pour recevoir ceux qui entrent et ceux qui sortent de ce royaume des douleurs. […] Ce chemin étroit, ces hauteurs, ces ténèbres religieuses, ces cascades admirables qui tombent en bondissant, pour grossir les eaux et la fureur du torrent, tout cela conduit naturellement à la solitude terrible où saint Bruno vint s‘établir avec ses compagnons, il y a plus de sept cents ans. […] Ces figures sont trop hardies : la première n’amène point dans l’esprit la comparaison d’une fleur jaune avec la voile d’un vaisseau ; la seconde est inconvenante quoique la comparaison puisse s’établir ; car il est odieux de faire abus de ce mot cadavres ; ici l’expression figurée vaut moins que troncs, qui était l’expression propre.
Il y peint et ce que Dieu avait daigné faire pour le maintenir sur son trône, en dépit de ses nombreux ennemis, et ce que ce même Dieu se proposait de faire, pour établir un jour l’empire du Christ, et pour assurer son église sur des bases inébranlables.
C’est du moins l’avis de ce dernier dans l’Essai sur l’origine des connaissances humaines, part. 2 ; mais il se réfute lui-même au 2e et au 14e chapitre de l’Art d’écrire où il établit beaucoup mieux, mon gré, la théorie de la construction.
« Dans ces huit vers, selon La Harpe, les plus beaux du rôle d’Oreste, l’ironie est sublime à force d’être amère ; et c’est cette ironie, déjà établie par les mots grâce aux dieux, qui amène et justifie le mot d’espérance.
L’esprit humain qui puise les germes de ses productions dans les connaissances acquises par l’éducation, peut les féconder par la méditation, s’il imite la nature dans sa marche lente et son travail continu sur un plan bien conçu et graduellement développé ; ce n’est qu’à cette condition qu’il établira, sur des fondements inébranlables, des monuments immortels.
Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.
Il devra, avant de déclarer la guerre, établir aux yeux des autres puissances la légitimité de ses griefs contre la nation ennemie, et prouver qu’il a épuisé, par voie diplomatique, tous les moyens de liation. […] Il ne vous dit pas : Je vais prouver, je vais établir, voici mes prémisses, suivez mes conclusions.
Vous, Brindavoine, et vous, la Merluche, je vous établis dans la charge5 de rincer les verres et de donner à boire, mais seulement lorsque l’on aura soif, et non pas suivant la coutume de certains impertinents de laquais qui viennent provoquer les gens et les faire aviser de6 boire, lorsqu’on n’y songe pas.
Voulez-vous établir un gouvernement ferme ?
Partout on reconnaît l’homme vraiment formé à la bonne école, mais jaloux aussi d’établir la sienne et de prendre sur notre Parnasse un rang particulier : la postérité le lui assignera.
Un accusé à poursuivre ou à défendre devant un tribunal, une mesure politique à soutenir ou à combattre dans les conseils, une vente morale et religieuse à établir, une erreur à déraciner, un vice à proscrire dans une assemblée ou dans une église, sont des sujets qui appellent les mouvements de la passion. […] Les Preuves s’adressent à l’intelligence : elles établissent la certitude et produisent la conviction. […] 5° La Comparaison, qu’il ne faut pas confondre avec la figure de pensée qui porte le même nom, établit, comme cette figure, un rapport entre deux idées : mais ce rapport ne sert pas seulement à éclairer la pensée et à en augmenter l’effet ; il amène encore une conclusion, et, par là, il est le lieu d’un argument, et rentre dans la preuve. […] Mais cette autorité, qui avait censuré Corneille et jugé les premiers essais de Bossuet, avait établi dans la langue et dans la prose une correction sévère, une pureté scrupuleuse et une précision délicate.
C’est sans doute une grande et belle institution que d’avoir réuni les hommes dans un temple pour les instruire de leurs devoirs ; d’avoir établi des cours publics d’entretiens approfondis entre la religion et la conscience, d’avoir contrebalancé l’impunité du présent par la justice de l’avenir, d’avoir armé les orateurs sacrés de toute la puissance de la parole pour combattre les vices, éveiller la loi, remuer le cœur, ébranler l’imagination, subjuguer la volonté et enchaîner toutes les passions sous le joug de la loi par les liens les plus intimes des intérêts éternels ; d’avoir appelé chaque héros de l’Evangile à une si haute mission, en lui disant : viens occuper dans le sanctuaire la place de Dieu lui-même : toutes les vérités morales t’appartiennent ; tous les hommes ne sont plus devant toi que des pécheurs et des mortels ; et les dépositaires du pouvoir ne se distinguent à ta vue que par de plus grandes obligations, de plus redoutables dangers et la perspective d’un plus sévère jugement. […] Il en apporte plusieurs exemples tirés de la peinture, de la musique, des odeurs, des liqueurs, des viandes ; et après avoir établi ce principe, que le dégoût et le rassasiement suivent de près les grands plaisirs, et que c’est ce qu’il y a de plus doux qui devient le plus tôt fade et insipide, il en conclut qu’il n’est pas étonnant que, soit en prose, soit en vers, un ouvrage, quelque grâce et quelque élégance qu’il ait d’ailleurs, s’il est trop uniforme et toujours sur le même ton, ne se fasse pas longtemps goûter.
Il y a deux ordres à suivre dans la disposition des mots : l’un grammatical 14, l’autre oratoire 15 L'ordre grammatical consiste à disposer chaque terme d’une proposition, chaque partie d’une phrase, selon les règles établies au début de la syntaxe. […] Bien que cette enquête ne soit point injuste, jamais néanmoins le sénat n’a jugé qu’on dût l’établir.
Dès 1360, Boccace fit établir à Florence une chaire de langue grecque, en faveur de Léonce Pilate, qui rendit Homère à ses contemporains.