Apprends que la seule sagesse Peut faire les héros parfaits ; Qu’elle voit toute la bassesse De ceux que ta faveur a faits ; Qu’elle n’adopte point la gloire Qui naît d’une injuste victoire Que le sort remporte pour eux ; Et que, devant ses yeux stoïques, Leurs vertus les plus héroïques Ne sont que des crimes heureux.
Dès lors, affranchi par cette double victoire, notre pays put enfin s’appartenir, et rentrer en possession de sa langue aussi bien que de son territoire. […] Tel est l’emploi d’icel (ecce-ille), et d’icest, celui, celle, traités comme adjectifs démonstratifs dans ces locutions : « Icelle puissance…Celuy temps où…Celle tant renommée victoire… » 5° Tels sont les cas nombreux où figurent les pronoms relatifs qui ou que, usités alors pour ce qui et ce que dans les exemples suivants : « Nous nommons l’armet habillement de teste, qui est (quod est) une vraye sottie de dire par trois paroles ce qu’une seule nous donnoit. » — « Les bourgeois demandoient que (quid) c’estoit. » Nous trouvons encore un parfum de latinité dans ce tour si familier à Montaigne.
Aussitôt que le char chemine, Et qu’elle voit les gens marcher, Elle s’en attribue uniquement la gloire, Va, vient, fait l’empressée : il semble que ce soit Un sergent de bataille2, allant en chaque endroit Faire avancer ses gens et hâter la victoire.
« Non, l’on ne délibéra plus, dit la Harpe ; des cris d’enthousiasme attestèrent la victoire de l’orateur. » (Mercure de France.)
Voici une phrase du P. d’Orléans, qui donne une idée de ces constructions vicieuses : « Si cette princesse (Marguerite d’Anjou, femme d’Henri VI) n’eut pas la gloire de vaincre le malheur de son époux, elle eut celle de combattre avec une constance qui plus d’une fois semblait faire honte à la fortune des injustices qu’elle lui faisait, la fortune n’ayant pu s’empêcher d’accorder à cette amazone, lorsqu’elle combattait en personne, des victoires qui firent voir que c’était moins à elle qu’à son mari qu’elle avait déclaré la guerre. » 2° De la pureté. […] Pour bien sentir ce que c’est que la période, relisons, dans l’oraison funèbre du grand Condé, par Bossuet, ce fragment de la péroraison : « Pour moi, s’il m’est permis ; après tous les autres, de venir rendre les derniers devoirs à ce tombeau, ô prince, le digne objet de nos louanges et de nos regrets, vous vivrez éternellement dans ma mémoire ; votre image y sera tracée, non point avec cette audace qui promettait la victoire ; non, je ne veux rien voir en vous de ce que la mort y efface ; vous aurez dans cette image des traits immortels : je vous verrai tel que vous étiez à ce dernier jour, sous la main de Dieu, lorsque sa gloire sembla commencer à vous apparaître… » On voit qu’ici toutes les idées, quoique distinctes, s’enchaînent et forment un ensemble harmonieux : telle est la période.
Le chien, le bœuf, le cerf, sont vraiment ses amis, A leur grave conseil par lui je suis admis ; Louis qui n’écoutait, du sein de la victoire, Que des chants de triomphe et des hymnes de gloire, Dont peut-être l’orgueil goûtait peu la leçon Que reçoit dans ses vers l’orgueil du roi lion, Dédaigna Lafontaine et mit son art frivole : Chantre aimable ! […] Mérovée, rassasié de meurtres, contemplait immobile, du haut de son char de victoire, les cadavres dont il avait jonché la plaine.
Pendant la mêlée, Jephté fait vœu de sacrifier au Seigneur celui des siens qui paraîtra le premier à ses yeux après la victoire. […] La fille de Jephté s’offre la première à son père, qu’elle brûle de féliciter de sa victoire.
Au reste, si Démosthène avait triomphé avec éclat, il sut user de sa victoire avec générosité.
Mais les trois orateurs, par là même qu’ils étaient de grands capitaines, étaient de profonds rhétoriciens ; le génie, auquel ils devaient le secret du commandement et de la victoire, leur donnait aussi celui du langage qui convient et qui persuade.
L’orateur a pleinement décrit la bataille de Rocroy, il veut dire un mot de la victoire de Lens.
Ces flambeaux, ce bûcher, cette nuit enflammée, Ces aigles, ces faisceaux, ce peuple, cette armée, Cette foule de rois, ces consuls, ce sénat, Qui tous de mon amant empruntaient leur éclat ; Cette pourpre, cet or, que rehaussait sa gloire, Et ces lauriers encor témoins de sa victoire : Tous ces yeux qu’on voyait venir de toutes parts Confondre sur lui seul leurs avides regards… Dans le sac de Troie, Andromaque ne voit que Pyrrhus, le suit partout des yeux, et à mesure qu’elle le suit, les objets se lèvent en quelque sorte, mais vagues et confus, autour du meurtrier d’Hector, dont les traits seuls sont fermes et bien accusés : Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle ; Figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants, Entrant à la lueur de nos palais brûlants, Sur tous mes frères morts se faisant un passage, Et de sang tout couvert, échauffant le carnage.
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 La plus belle victoire est de vaincre son cœur.
Comparez le début de la méditation de Lamartine intitulée la Prière Le roi brillant du jour, se couchant dans sa gloire, Descend avec lenteur de son char de victoire ; Le nuage éclatant qui le cache à nos yeux Conserve en sillons d’or sa trace dans les cieux, Et d’un reflet de pourpre inonde l’étendue Comme une lampe d’or dans l’azur suspendue.
Rappelez seulement les victoires, les prises de places, les traités glorieux, les magnificences, les événements pompeux des premières années de ce règne.
De pareils soldats, après la victoire, ne laissèrent rien aux vaincus ; car la prospérité ébranle même les plus sages. […] ) Les cavaliers romains ayant atteint en rase campagne les Volsques qui fuyaient, jouissent déjà d’une partie de la victoire. […] Vos généraux ont, à la vérité, remporté des victoires ; mais Mithridate vaincu et chassé n’a pas moins continué de régner.
Laissez alors vos adversaires soutenir eux-mêmes leur cause ; mais comme c’est vous qui les faites parler, n’allez pas tronquer l’attaque ; ni la défense donnez à leurs développements toute l’étendue qu’ils leur donneraient eux-mêmes ; gardez-vous surtout de leur prêter ces arguments évidemment faux ou vides qui ne sembleraient placés là que pour faciliter votre victoire ; on ne voit que trop de ces discussions où l’interlocuteur joue le rôle de compère, et donne complaisamment la replique à l’auteur.
Par exemple, Voltaire, dans le Poëme de Fontenoy : Maison du roi, marchez, assurez la victoire !
Louis XIV, ce monarque, la gloire de son peuple et de son siècle, la gloire de la religion et de l’État, plus héros dans le déclin des années et dans l’adversité, que dans le brillant de la jeunesse et de ses victoires, et dont la vertu éprouvée par la disgrâce, força enfin la fortune à rougir de son inconstance, lui fit sentir sa faiblesse, lui apprit qu’il ne lui appartient ni de donner, ni d’ôter la véritable grandeur ; Louis XIV avait vu passer comme l’ombre sa nombreuse postérité.
Bientôt après, le front élevé dans les airs, L’enfant, tout fier de sa victoire, D’une voix triomphante en célébrait la gloire, Et semblait pour témoin vouloir tout l’univers.
Peut-être les limites matérielles de la France sont-elles momentanément restreintes, non, certes, sur la mappemonde éternelle dont Dieu a marqué les compartiments avec des fleuves, des océans et des montagnes, mais sur cette carte éphémère, bariolée de rouge et de bleu, que la victoire et la diplomatie refont tous les vingt ans.
Son sang du moins a laissé une tache ineffaçable sur la victoire des oppresseurs de Rome.
De la hauteur de sa joie, son auguste regard pénètre comme dans l’infini et s’étend bien au-delà de la victoire. […] c.,) a dit d’Annibal : « Quùm victoriâ posset uti, frui maluit », pouvant mettre à profit la victoire, il aima mieux en jouir , révélant du même trait « la faute que commit le grand capitaine en ne marchant pas sur Rome, et les suites déplorables des délices de Capoue. » C’est là une pensée riche à la fois par sa signification et par l’expression qui la traduit. […] Tel est cet endroit de l’oraison funèbre de Turenne par le père Mascaron : « Les dehors même de la guerre, le son des instruments, l’éclat des armes, l’ordre des troupes, le silence des soldats, le commencement, les progrès, la consommation de la victoire, les cris différents des vaincus et des vainqueurs attaquent l’âme par tant d’endroits qu’enlevée à tout ce qu’elle a de sagesse et de modération, elle ne connaît plus Dieu ni elle-même. » Complexion. […] Servius a raison de voir une autre hypallage dans le vers suivant du livre XIIe de l’Énéide : « Sin nostrum annuerit nobis victoria Martem », « Mais si la faveur de Mars nous concède la victoire. » La traduction française elle-même, qui ne saurait se prêter à l’hypallage admise en latin, nous apprend que, d’après l’ordre grammatical, il eût fallu dire : sin noster annuerit nobis victoriam Mars, car c’est Mars qui peut donner la victoire et non la victoire Mars.
En voici des exemples : = c’est un de nos meilleurs grammairiens, qui a fait cette faute : = c’est un de nos plus grands généraux, qui a remporté cette victoire mémorable : = c’est un de nos plus habiles politiques, qui a établi la balance de l’Europe. Il est bien clair qu’on ne veut pas dire dans ces phrases que nos meilleurs grammairiens ont fait cette faute ; que nos plus grands généraux ont remporté cette victoire ; que nos plus habiles politiques ont établi la balance de l’Europe. […] Non plus que La Fontaine, dans sa fable du taon et du moucheron, en disant : Comme il sonna la charge, il sonne la victoire.
Elle égorgeait Thouret, Barnave, Chapelier, L’ingénieux Bailly, le savant Lavoisier, Vergniaud, dont la tribune a gardé la mémoire, Et Custine, qu’en vain protégeait la victoire. […] Vous qui êtes témoins de ma victoire, répondez :) Où sont-ils ?
Le voyez-vous comme il vole ou à la victoire ou à la mort ?
J’appellerai également riches ou fécondes ces phrases de Florus que loue Montesquieu : Florus nous représente en peu de paroles toutes les fautes d’Annibal : « Lorsqu’il pouvait, dit-il, se servir de la victoire, il aima mieux en jouir ; quum victoria posset uti, frui maluit. » Il nous donne une idée de toute la guerre de Macédoine, quand il dit : « Ce fut vaincre que d’y entrer ; introisse victoria fuit. » Il nous donne tout le spectacle de la vie de Scipion, quand il dit de sa jeunesse : « C’est le Scipion qui croît pour la destruction de l’Afrique ; hic crit Scipio qui in exitium Africæ crescit. » Vous croyez voir un enfant qui croit et s’élève comme un géant.
Par exemple, les amateurs de victoires, s’il y a une victoire au terme de l’entreprise ; les amateurs d’honneurs, s’il y a des honneurs à recueillir ; les amateurs de richesses, s’il y a des richesses à acquérir, et ainsi de suite. […] La victoire et les honneurs font partie des choses belles ; car on les recherche lors même qu’ils ne doivent pas nous profiter, et ils font paraître une vertu supérieure. […] Il est encore agréable de remporter une victoire, et c’est agréable non seulement pour ceux qui ont ce goût, mais pour tout le monde ; car la victoire donne l’idée d’une supériorité, ce qui est, plus ou moins, le désir de tout le monde. […] En effet, partout où il y a lutte, il y a aussi victoire ; et c’est pour cela que la plaidoirie et la discussion sont des choses agréables pour ceux qui en ont l’habitude et la faculté. […] Ils ont le goût des honneurs, ou, plutôt, de la victoire ; car la jeunesse est avide de supériorité, et la victoire en est une.
Les opposants à la nouvelle école poétique qui venait introduire une réforme radicale furent nombreux, bruyants, et parurent un moment se croire sûrs de la victoire. […] À la fin du siècle se ralluma une nouvelle querelle inquiétante pour la cause qui avait remporté une si glorieuse victoire. […] Qui ne sait que l’artiste hollandais qui a dessiné les planches de Dumont, le peintre des batailles et victoires du prince Eugène de Savoie, a dérobé, en grande partie, ses figures à Van der Meulen, le peintre des victoires de Louis XIV ? […] Par sa fatale main qui vengera nos pertes, L’Espagne pleurera ses provinces désertes, Ses châteaux abattus et ses camps déconfits ; Et si de nos discords l’infâme vitupère A pu la dérober aux victoires du père, Nous la verrons captive aux triomphes du fils. […] Certes, ou je me trompe, ou déjà la victoire, Qui son plus grand honneur de tes palmes attend, Est aux bords de Charente en son habit de gloire Pour te rendre content.
Après avoir prédit aux Juifs la fin de leur captivité et leur retour dans leur patrie, le poète les introduit eux-mêmes, célébrant par des chants de victoire la ruine du barbare qui les avait opprimés si longtemps160.
La grandeur Que t’importe, mon cœur, ces naissances des rois, Ces victoires qui font éclater à la fois Cloches et canons en volées, Et louer le Seigneur en pompeux appareil, Et la nuit, dans le ciel des villes en éveil, Monter des gerbes étoilées ?
Comparer à un très-beau passage de Balzac : Les victoires du Christianisme.
Le trouble extérieur de son visage rend hommage à la supériorité de l’éloquence ; il absout celui qu’il avait déjà condamné, et Cicéron mérite l’éloge qu’il avait donné à César, d’avoir su vaincre le vainqueur et triompher de la victoire. » § 7. […] Rappelez seulement les victoires, les prises de place, les traités glorieux, les magnificences, les événements pompeux des premières années de ce règne ; vous y touchez encore.
Cette étude sérieuse et habile, où des vertus fières parlaient un langage parfois cornélien, servit de drapeau à tous ceux qu’attristaient les victoires de l’école romantique.
Gérard, qui désira, en mourant, qu’elle fût mise au concours, et destinait aux pauvres les fruits de sa victoire, dans le cas où l’académie aurait couronné son ouvrage.
J’attends avec impatience la paix ou quelque victoire, et je vous avoue que j’aimerais encore mieux pour notre nation des lauriers que des olives.
Un autre écrivain a dit, en parlant du même Pompée : La terre, qui lui manqua pour ses victoires, lui manqua aussi pour sa sépulture. […] Citons quelques phrases de ce dernier sur la mort de Turenne : Je me trouble, messieurs : Turenne meurt, tout se confond, la fortune chancelle, la victoire se lasse, la paix s’éloigne, les bonnes intentions des alliés se ralentissent, le courage des troupes est abattu par la douleur et ranimé par la vengeance, tout le camp demeure immobile. […] Ainsi, dans l’Andromaque de Racine, Hermione admire dans Pyrrhus un héros : Intrépide et partout suivi de la victoire, Charmant, fidèle enfin… (Act. […] Si l’on voulait mettre la liaison intermédiaire, il faudrait dire : « J’ai parlé à mes ennemis dans ma colère : une seule parole les a fait disparaître ; vous qui êtes témoins de ma victoire, répondez : où sont-ils ? […] Une bataille est une, dit Marmontel, quoique cent mille hommes d’un côté et cent mille hommes de l’autre en balancent l’événement et se disputent la victoire.
Tu ne saurais cacher sa peine à sa victoire : etc. […] rois, confondez-vous dans votre grandeur ; conquérants, ne vantez pas vos victoires ! […] Tantôt c’est une armée à laquelle il adresse une proclamation, une harangue militaire, ou un bulletin de victoire (discours militaire), tantôt c’est un tribunal déjugés, un jury qu’il cherche à émouvoir sur le sort d’un criminel (discours judiciaire). […] Pleine de patriotisme avec Tyrtée et Pindare, la poésie lyrique célèbre les héros et les victoires des jeux olympiques : avec Sapho et Alcée, elle chante l’amour et les Grâces.
Rien ne les réjouit plus que l’humiliation de l’ennemi, comparée à l’exaltation de leur victoire. […] Nouveau motif pour elle de s’applaudir de sa victoire.
Le roi brillant du jour, se couchant dans sa gloire, Descend avec lenteur de son char de victoire ; Le nuage éclatant qui le cache à nos yeux Conserve en sillons d’or sa trace dans les cieux, Et d’un reflet de pourpre inonde l’étendue.
qu’ils ne s’effrayent ni de l’injustice, ni de l’ingratitude ; qu’ils gardent un cœur ferme et pur, une foi inébranlable à la science, et j’ose leur prédire la seule victoire digne d’eux : celle du droit et de la vérité. » 1.
Il est plus moral, parce que la victoire dépend de notre volonté, de nos efforts, et qu’il nous enseigne à nous craindre nous-mêmes, à ne pas nous laisser décourager ni abattre dans la lutte ; il est plus fécond et plus varié, en ce sens qu’il peut mettre en œuvre toutes les passions, et tirer de leurs développements et de leurs contrastes des situations pleines d’intérêt, des mouvements toujours nouveaux.
Il dit que ces hommes célèbres n’ont songé qu’à persuader aux Athéniens de faire des ports, des murailles et de remporter des victoires. […] Junon, dit-il, lui promettait l’empire de l’Asie ; Minerve, la victoire dans les combats ; Vénus, la belle Hélène ; comme Paris ne put (poursuit-il), dans ce jugement, regarder les visages de ces déesses, à cause de leur éclat, il ne put juger que du prix des trois choses qui lui étaient offertes : il préféra Hélène à l’empire et à la victoire. […] Je l’ai vaincu, princesse, et le dieu des combats M’y favoriserait moins que vos divins appas ; Us conduisaient ma main, ils enflaient mon courage ; Cette pleine victoire est leur dernier ouvrage. […] Les siècles les plus reculés sauront que l’Anglais, cet ennemi fier et audacieux, cet ennemi jaloux de votre gloire, a été forcé de tourner autour de votre victoire ; que leurs alliés ont été témoins de leur honte, et qu’ils n’ont tous accouru au combat que pour immortaliser le triomphe du vainqueur. […] La gloire et la victoire, à la fin d’une tirade, font presque toujours la gloire-eu, la victoire-eu.