Mais s’il convient de soigner ses lettres, il n’y faut apporter ni recherche ni affectation ; la vérité, la simplicité, le naturel, voilà les qualités essentielles du style épistolaire, Point de grandes phrases, point de périodes arrondies, point de mouvements déclamatoires ; laissez-vous guider par la vivacité de l’esprit, et surtout par celle du cœur. […] Tendre et passionnée avec sa fille ; légère et piquante avec Bussy-Rabutin ou avec M. de Coulanges ; éloquente et profonde en peignant la douleur de madame de Longueville, la mort de Louvois et la mort de Turenne, elle prend tous les tons et toutes les formes, sans effort, sans contrainte, par l’instinct naturel de son âme ; et pourtant elle est partout elle-même ; on la reconnaît à une page, à une phrase, à un mot. […] Remarquons encore, en passant, le rythme adopté par le poète : les strophes sont composées de six vers, et divisées en deux tercets terminés chacun par un vers de huit syllabes ; chaque tercet forme une phrase harmonieuse, suivie d’un repos que la chute du petit vers amène naturellement : cette disposition est tout à fait propre à l’élégie.
Ainsi, dans l’ordre abstrait et rationnel, elle vient après l’invention et la disposition ; mais, dans la pratique et la réalité, elle les précède évidemment, puisque les jeunes élèves sont exercés à tourner leurs phrases d’une manière élégante ou animée, en y employant les diverses figures ou les ornements du style, longtemps avant de pouvoir imaginer des combinaisons nouvelles, ou de les arranger dans l’ordre où elles peuvent former des ouvrages. […] L’exorde est inutile dans les plaidoyers ordinaires, puisque les juges savent à peu près, d’après le rôle des affaires, de quoi il s’agit ; ce serait perdre le temps que de le consacrer à débiter des phrases harmonieuses, sans utilité. […] Les éloges de La Fontaine et de Molière, par Chamfort, dans lesquels on rencontre moins de phrases et plus de pensées ; ceux de Fontenelle et de Suger, par Garat ; celui de Boileau, par Auger ; ceux de Corneille et de La Bruyère, par Victorin Fabre ; ceux de Montaigne et de Montesquieu, par M.
La phrase semble un peu embarrassée par la répétition trop fréquente du pronom démonstratif.
Le premier, en effet, il trouva la forme définitive de la phrase française, qui n’a plus chez lui rien de gauche ni d’archaïque.
La cadence (de cadere, tomber) est une chute ou un repos qui se fait sentir après les différents pieds, et surtout après les différents membres qui composent le vers ou la phrase poétique. […] Tel est le mot juste dans cette phrase : L'homme juste est en paix avec lui-même et avec ses semblables.
Sa prose fortement travaillée procède par petites phrases brèves et incisives, qui ont un rhythme poétique.
Pas une phrase oiseuse dans le discours ; pas un mot oiseux dans la phrase. […] Les feuilles imprimées circulant chaque jour et en nombre infini font un enseignement mutuel et de tout âge ; car tout le monde presque écrit dans les journaux, mais sans légèreté ; point de phrases piquantes et de tours ingénieux ; l’expression claire et nette suffit à ces gens-là.
Nous appellerons à notre aide les comparaisons, les exemples, les citations, les témoignages ; un souvenir, une phrase, un mot bien appliqué peut faire un excellent effet.
Sa phrase a une régularité savante, une ingénieuse symétrie et un tour industrieux ; son style est accentué, il a de l’autorité, il laisse une empreinte sur tout ce qu’il touche.
Un mauvais mot, une expression bizarre m’en ont quelquefois plus appris que dix belles phrases.
On peut cependant lui reprocher parfois un tour paradoxal, trop d’irrévérence pour les opinions consacrées, du scepticisme, et une sécheresse qui se refuse l’éclat de la couleur, par scrupule de conscience érudite, par aversion pour la tirade, la phrase, et tout ce qui paraît artificiel ou convenu.
La parodie, en général, est une sorte d’allusion maligne aux expressions, aux phrases, aux discours d’un auteur168. […] La venue et l’entrée de chaque acteur important sont annoncées par quelques phrases de musique d’un caractère analogue à celui du personnage.
Son honnêteté, souvent déclamatoire, honora la vertu par des phrases que démentaient ses exemples. […] Voltaire devait sourire en lisant ces phrases solennelles.
Ce défaut est celui des esprit cultivés, mais stériles ; ils ont des mots en abondance1, point d’idées ; ils travaillent donc sur les mots, et s’imaginent avoir combiné des idées, parce qu’ils ont arrangé des phrases, et avoir épuré le langage quand ils l’ont corrompu en détourant les acceptions2.
Il y a déjà du Bossuet dans cette ampleur grandiose et solennelle de la phrase.
J’ai vécu dans les assemblées, et j’ai été frappé d’une chose : c’est que, dès qu’un orateur faisait ce qu’on appelle une phrase, l’auditoire souriait avec un indéfinissable dédain, et cessait d’écouter.
Ménage, dans son Dictionnaire étymologique, cite à ce terme, et pour l’expliquer, cette phrase de Jules Scaliger : « Equos defectos Galli recrus vocant, quasi recruduerint. » 2.
Après cette préparation générale, les préparations particulières coûtent peu ; au lieu que, quand on ne s’applique qu’à des actions détachées, on en est réduit à payer de phrases et d’antithèses ; on ne traite que des lieux communs ; on ne dit rien que de vague ; on coud des lambeaux qui ne sont point faits les uns pour les autres ; on ne montre point les vrais principes des choses ; on se borne à des raisons superficielles et souvent fausses ; on n’est pas capable de montrer l’étendue des vérités, parce que toutes les vérités générales ont un enchaînement nécessaire, et qu’il faut les connaître presque toutes pour en traiter solidement une en particulier. » Mais de toutes les études préliminaires de l’écrivain, la plus importante est celle de la philosophie et surtout de la logique, qui enseigne la nature, les lois et les formes du raisonnement.
Vous pouvez passagèrement les émouvoir, mais bientôt la crainte, l’intérêt privé parlent plus haut que vos belles phrases.
Vous suspendez brusquement le cours de votre phrase et vous la complétez par une autre qui n’a avec elle d’autre lien que celui de la pensée.
De quels tours de phrase se servent les bergers ?
N’a-t-il pas dit : « Il faut rire avant d’être heureux, de peur de mourir sans avoir ri. » Observateur profond, et peintre de caractères, il excelle dans l’art d’attirer l’attention par des remarques soudaines, des traits vifs et pénétrants, des métaphores passionnées, des hyperboles à outrance, des paradoxes simulés, des contrastes étudiés, des expressions originales, de petites phrases concises qui partent comme des flèches, des allégories ingénieuses, et des morceaux d’apparat où l’esprit étincelle dans les moindres détails. […] Une chose vous manque, c’est l’esprit : ce n’est pas tout ; il y a en vous une chose de trop, qui est l’opinion d’en avoir plus que les autres : voilà la source de votre pompeux galimatias, de vos phrases embrouillées, et de vos grands mots qui ne signifient rien778.
Il n’y a, pour louer de pareils morceaux, que le transport de l’admiration : nous ne le répéterons plus ; car il est clair que ceux que leur âme n’a point avertis avant nous du mérite d’une semblable composition, ne le sentiront pas davantage, quand nous nous récrierions sur la beauté de chaque phrase.
Que ne s’arrêtait-il à cette belle phrase : « La philosophie sur le trône a fait vingt ans le bonheur du monde ; c’est en essuyant les larmes des nations qu’elle a réfuté les calomnies des tyrans ».
Ce n’est pas avec des phrases toutes faites et des lieux communs qu’ils veulent être jugés : que de grands prêtres classiques ont tué la foi par la superstition !
Cicéron dit à l’avocat, dans le De Oratore : « Si vous poursuivez trop vivement une question, ayez l’air d’agir à regret et par devoir ; que tout annonce en vous une humeur facile et généreuse, de la piété, de la douleur, de la reconnaissance, jamais d’aigreur et d’acharnement. » Et Quintilien blâme l’orateur Cassius Severus d’avoir commencé son plaidoyer contre Asprenas par cette phrase odieuse : « Dii boni !
La phrase qui suit, mais voici bien… est une jolie transition.
Irai-je, dans une ode en phrases de Malherbe, Troubler dans ses roseaux le Danube superbe, Délivrer de Sion le peuple gémissant, Faire trembler Memphis ou pâlir le croissant, Et, passant du Jourdain les ondes alarmées, Cueillir mal à propos les palmes Idumées ?
Il ne pardonne point les endroits négligés ; Il renvoie en leur lieu les vers mal arrangés ; Il réprime des mots l’ambitieuse emphase : Ici le sens le choque, et plus loin c’est la phrase ; Votre construction semble un peu s’obscurcir ; Ce terme est équivoque, il le faut éclaircir.
Si elle l’était, on contracterait une façon de s’exprimer qui paraîtrait étrange non seulement à cause de certains mots qui sont tombés en désuétude, et que l’on emploierait mal à propos, mais aussi pour des tours de phrase qui ont vieilli et ne sauraient plus être de mise aujourd’hui. […] Et déjà, sous Henri IV, Antonio Perez avait importé en France le gongorisme, ou le cultisme, art singulier qui se distinguait par la nouveauté des mots ou de leur acception, par l’étrangeté de la dislocation de la phrase, par la hardiesse et la profusion des figures les plus incohérentes. […] Mais souvent aussi l’absence de travail se fait sentir, et l’on est fatigué par des phrases traînantes, obscures, confuses, coupées de parenthèses interminables. […] Ses vers sont coulants, ses phrases arrondies, cadencées, mélodieuses. […] Il n’a pas une forme de convention, il ne cherche pas à faire des phrases symétriques, il laisse couler son vers, selon le sujet, selon le moment.
Tout ceci n était pas un vain étalage de phrases étudiées ; c’était le véritable état de l’âme de Cicéron ; et Plutarque rapporte que Milon, qui connaissait la timidité naturelle de son ami, lui avait conseillé de se faire apporter en litière dans le Forum, et d’y rester tranquille jusqu’à ce que les juges fussent assemblés.
On doit dire dans une lettre les choses comme elles se présentent à l’esprit, sans se permettre jamais des mots impropres, des phrases triviales, des proverbes populaires.
C’est Buffon qui vient de nous tracer ces premiers préceptes que je résume en cette phrase : Dans l’invention on cherche un sujet, on en jette le plan, et on le développe par la méditation.
La deuxième espèce de liaison ou transition est visible, facile à saisir, et consiste dans certains mots, ou certaines parties de phrases, qui marquent le passage de ce qu’on a dit à ce qu’on va dire.
C’est l’artisan de belles phrases qui se montre et prémédite ses effets.
D’ailleurs, l’élève, qui, pendant deux heures au moins, s’occupe à faire des assemblages d’idées et de phrases péniblement trouvées, jetées sur le papier sans ordre, sans liaison, vient se heurter à une difficulté presque insurmontable, quand son esprit déjà fatigué par de laborieux efforts, se voit obligé de lutter, pour reproduire dans une langue étrangère, dont les tournures s’éloignent absolument de la forme française, des gallicismes qui souvent lui ont coûté bien des peines. […] Je ne me suis pas attaché, et c’est avec intention, en traduisant les textes grecs ou latins, à l’élégance des phrases, à l’éclat du style ; ce n’était pas mon but. […] Grâce à cette modération, nous sommes propres aux combats et aux mesures prudentes ; nous ne critiquons pas en phrases pompeuses les plans de nos ennemis, sans nous inquiéter si nos actions seront d’accord avec nos paroles. […] Marc-Antoine, devant le peuple assemblé, élève jusqu’au ciel la gloire militaire de Jules César. — « Les hauts faits de tous les généraux de Rome, ceux des souverains les plus célèbres, ne peuvent être comparés aux exploits de César, si l’on considère la grandeur des intérêts, le nombre des combats, la variété des pays, la rapidité de l’exécution. » [Phrase traduite du Pro-Marcello.]
Ils viennent chercher non des phrases, mais des preuves ; non des antithèses, mais des conclusions. […] Je suppose que, les actionnaires d’une société industrielle étant réunis en assemblée générale pour entendre l’exposé de la situation de leur entreprise, le gérant responsable, au lieu de leur parler doit et avoir, recettes et dépenses, leur fasse de grandes phrases sur le progrès, sur les chemins de fer, sur le développement toujours croissant des transactions commerciales entre les peuples de l’Europe, que penseraient-ils de sa harangue ?
Il ira, cet ignorant dans l’art de bien dire, avec cette locution1 rude, avec cette phrase qui sent l’étranger, il ira en cette Grèce polie, la mère des philosophes et des orateurs, et, malgré la résistance du monde, il y établira plus d’églises que Platon n’y a gagné de disciples par cette éloquence qu’on a crue divine.
Un bel ouvrage tombe entre leurs mains : c’est un premier ouvrage, l’auteur ne s’est pas encore fait un grand nom, il n’a rien qui prévienne en sa faveur ; il ne s’agit point de faire sa cour ou de flatter les grands en applaudissant à ses écrits : on ne vous demande pas, Zélotes, de vous récrier : « C’est un chef-d’œuvre de l’esprit ; l’humanité ne va pas plus loin : c’est jusqu’où la parole humaine peut s’élever ; on ne jugera à l’avenir du goût de quelqu’un qu’à proportion qu’il en aura pour cette pièce » : phrases outrées, dégoûtantes, qui sentent la pension ou l’abbaye192 ; nuisibles à cela même qui est louable et qu’on veut louer. […] Les synonymes sont plusieurs dictions210 ou plusieurs phrases différentes qui signifient une même chose. […] Les grâces de la diction, soit en éloquence, soit en poésie, dépendent du choix des mots, de l’harmonie des phrases, et encore plus de la délicatesse des idées et des descriptions riantes. […] Voyez avec quel naturel madame de Sévigné et d’autres dames écrivent ; comparez ce style avec les phrases entortillées de nos petits romans ; je vous cite les héroïnes de votre sexe, parce que vous me paraissez faite pour leur ressembler. […] Les beautés que les philosophes et les orateurs admirent dans ses écrits sont des défauts réels aux yeux de ses censeurs : ils soutiennent que tant de phrases de rhétorique, tant de maximes accumulées, de digressions savantes et de disputes oiseuses refroidissent l’intérêt ; et ils mettent à cet égard Euripide fort au-dessous de Sophocle, qui ne dit rien d’inutile.
Que l’on mette ici, à la place de l’écrivain sensible, un de nos enjoliveurs modernes, ou l’un de ces graves et lourds prédicateurs de perfection morale, qui se croient bonnement appelés à convertir le genre humain, dont ils ont, et à qui ils inspirent une égale pitié, et l’on aura des mots harmonieusement cadencés, des vers étincelants d’antithèses et d’esprit, ou des phrases prodiguées sans mesure, et des sentences, des maximes étalées avec prétention.
Voyez avec quel naturel madame de Sévigné et d’autres dames écrivent ; comparez ce style avec les phrases entortillées de nos petits romans ; je vous cite les héroïnes de votre sexe, parce que vous me paraissez faite pour leur ressembler.
Il y a quelque abandon dans le mouvement de la phrase poétique.