Une péroraison pathétique n’est indigne de l’éloquence, que dans le cas où l’on s’en servirait pour faire triompher le crime ou le mensonge.
Accuserez-vous un coupable, exalterez-vous un grand homme, sans expliquer les raisons qui ont déterminé les crimes de l’un, les vertus de l’autre ?
Après lui avoir reproché sa mauvaise haleine, sa tête pelée, son visage pétri de boue et de sang, les monstres et les prodiges de ses débauches, en un mot les plus visibles défauts de sa personne et les crimes les plus connus de sa vie, cette grande lettre1, cette lettre injurieuse lui conseille, pour conclusion, de mettre fin par une mort volontaire à tant de maux qu’il souffre et qu’il fait souffrir, l’exhorte de donner par là à toute la terre la seule satisfaction qu’elle pouvait recevoir de lui.
C’est le récit des assises tenues à Clermont par le parlement qui jugeait au nom du roi les crimes commis dans les provinces.
Puis vinrent les malheurs publics et privés, l’anarchie, la violence et les crimes : ces épreuves attendrirent et tempérèrent son exaltation sans décourager son amour de la liberté.
Avertissement Le présent recueil de Morceaux choisis des poètes classiques français a été composé sur le même plan que le recueil de Morceaux choisis des prosateurs classiques français qui l’a précédé. Il serait inutile de reproduire en tête du second les explications préliminaires que contenait l’Avertissement du premier. Il nous suffira de rappeler que, si nous avons réduit le nombre des passages empruntés aux maîtres de la poésie française du xviie siècle, qui sembleraient devoir occuper de droit la plus grande place dans un recueil classique, c’est que les nouveaux programmes leur ont précisément fait dans renseignement des classes une place plus étendue que les programmes antérieurs. Molière n’est plus restreint au Misanthrope, Corneille à quatre, Racine à trois de ses tragédies ; le cadre étroit du théâtre dit classique a été élargi, ou plutôt supprimé ; plusieurs comédies de Molière sont mises entre les mains des élèves de troisième, de seconde et de rhétorique ; plusieurs des tragédies de Corneille et de Racine sont dans les deux premières classes, leur théâtre complet est ouvert aux élèves de la dernière. Les douze livres des Fables de La Fontaine sont sous leurs yeux en seconde et en rhétorique.
Plus tard, Ménénius Agrippa se servit de la fable des Membres et de l’Estomac pour apaiser le peuple romain qui s’était mutiné et retiré sur le mont Sacré ; et, dans le même temps, le prophète Nathan employa l’admirable parabole du Riche et du Pauvre pour convaincre David de son crime et le forcer à prononcer lui-même sa propre condamnation. […] On ne doit donc choisir que des sujets dans lesquels le changement de forme soit la punition du crime ou la récompense de la vertu, tels que Philémon et Baucis, et les Filles de Minée, sujets tirés d’Ovide, et que La Fontaine a si bien traduits et embellis.
Horace reste semblable à lui-même jusqu’à la fin ; après son crime, il ne semble pas se croire coupable, même du plus petit emportement. […] Comme son caractère sans scrupules et plein d’ambition jalouse se découvre bien dans cette scène où, passant ses crimes en revue, elle prétend s’en excuser par la tendresse qu’elle simule envers son fils ! […] Mais Burrhus conserve trop ses illusions ; âme candide, il ne suppose pas toute l’étendue du mal dont l’empereur est capable ; il croit encore possible un retour sinon à la vertu, du moins à une honnêteté relative et qui recule devant le crime. […] De plus, « il a les deux grandes qualités que demande Aristote aux tragédies parfaites, à savoir de fortifier et d’élever les âmes par la terreur et la pitié : une maîtresse que son devoir force à poursuivre la mort de son amant, qu’elle tremble d’obtenir, a les passions plus vives que toute autre personne dans un cas analogue, et la haute vertu, dans un naturel sensible à ces passions, qu’elle dompte sans les affaiblir, pour en triompher plus glorieusement, a quelque chose de plus touchant qu’une vertu moyenne, capable d’une faiblesse et même d’un crime. […] Si le Cid est coupable, c’est d’un crime qui a eu récompense ; s’il est puni, ce sera après avoir triomphé23 ».
Dans une si prodigieuse multitude de citoyens, il en est beaucoup, ou, qui se sentant coupables de crimes et appréhendant la peine qui les suit, ne soupirent qu’après les troubles et les révolutions ; ou qui, par un certain esprit naturellement fougueux, se repaissent de séditions et de discordes ; ou qui, dans le désastre de leur fortune, aiment mieux être ensevelis sous les ruines de l’état, que sous les leurs propres.
Vous savez que pour lors vous pourrez contenter votre ambition, acquérir des richesses et languir dans une lâche volupté, et que, pourvu que vous évitiez de tomber dans les grands crimes, vous n’aurez pas besoin de la vertu. » Il s’arrêta un moment, et ses larmes coulèrent plus que jamais. « Et que prétendez-vous que je fasse ?
Le hasard nous forma, le hasard nous détruit ; Et nous disparaissons comme l’ombre qui fuit… Plongeons-nous sans effroi dans ce muet abîme Où la vertu périt aussi bien que le crime ; Et, suivant du plaisir l’aimable mouvement, Laissons-nous au tombeau conduire mollement. » A ces mots insensés, le maître de Lucrèce, Usurpant le grand nom d’ami de la sagesse, Joint la subtilité de ses faux arguments.
Quand Platon peint son juste imaginaire couvert de tout l’opprobre du crime et digne de tous les prix de la vertu, il peint trait pour trait Jésus-Christ ; la ressemblance en est si frappante, que tous les Pères l’ont senti, et qu’il n’est pas possible de s’y tromper2.
Croyez-vous que les milliers, les millions d’hommes, qui perdront en un instant, par l’explosion terrible, ou par ses contre-coups, tout ce qui faisait la consolation de leur vie et peut-être l’unique moyen de la sustenter, vous laisseront paisiblement jouir de votre crime ?
Un orateur qui voudra, par exemple, faire sentir toute l’énormité d’un crime, en viendra aisément à bout, s’il en rapporte toutes les circonstances. […] Cette même Phèdre s’exprime ainsi dans Racine : Je sais mes perfidies, Œnone, et ne suis point de ces femmes hardies Qui goûtant dans le crime une tranquille paix, Ont su se faire un front qui ne rougit jamais. […] C’est un vice, et souvent même un crime.
Il y a ellipse dans les exemples suivants : Le crime fait la honte, et non pas l’échafaud. […] Ce vers de La Fontaine : Et c’est être innocent que d’être malheureux, est juste au point de vue du sentiment ; car nous sentons que le malheur doit expier le crime ; mais pour l’esprit, ce n’est pas d’une justesse absolue.
Il souilla le trône de tous les crimes, même de crimes jusqu’alors inouïs : c’était une bête féroce altérée de sang.
Porcius Caton, vers l’an de Rome 554, environ 200 ans avant Jésus-Christ, défendait d’enchaîner, de lier, de garrotter, de frapper ou de mettre à mort un citoyen romain : elle permettait seulement de condamner à l’exil un citoyen convaincu d’un crime capital. […] -C., défendait de juger un citoyen, pour crime capital, sans l’aveu du peuple.
j’ai secouru l’état de tout mon pouvoir ; et si mon accusation a répondu aux crimes qu’elle attaque, j’ai rempli mon objet : si je suis resté au-dessous de ma cause, j’ai tâché du moins de la remplir.
Mais c’est par cela même que l’orateur et l’écrivain doivent se mettre en garde contre l’abus, et ne jamais perdre de vue ces excellents préceptes de Cicéron, auxquels il est difficile de rien ajouter : « Nous avertirons l’orateur, dit Cicéron59, de n’employer la raillerie ni trop souvent, car il deviendrait un bouffon ; ni au préjudice des mœurs, il dégénérerait en acteur de mimes ; ni sans mesure, il paraîtrait méchant ; ni contre le malheur, il serait cruel ; ni contre le crime, il s’exposerait à exciter le rire au lieu de la haine ; ni enfin sans consulter ce qu’il se doit à lui-même, ce qu’il doit aux juges, ou ce que les circonstances demandent, il manquerait aux convenances.
Mais César n’était coupable d’aucun crime qui pût forcer des Romains à ce coup détestable.
Le crime fait la honte, et non pas l’échafaud.
Est-ce donc bien raisonner de dire que vous avez droit de retenir votre superflu, parce que les temps sont mauvais, puisque c’est justement pour cela même que vous ne pouvez le retenir sans crime, et que vous êtes dans une obligation particulière de le donner.
Nous nous sommes réveillé de notre assoupissement, et, ouvrant les yeux, nous avons vu cent années, avec leurs crimes et leurs générations, s’enfoncer dans l’abîme : elles emportaient dans leurs bras tous nos amis !
Les mœurs de bergers doivent être simples, pures et exemptes crimes.
Ce fut pour la même raison que notre préteur ordonna d’arrêter les deux questeurs de Férenlinum : l’une se jeta du haut d’un mur, l’autre fut pris et battu de verges. » Où sont, dans ce discours qui avait pour objet un crime si atroce, qui faisait au peuple la triste et douloureuse révélation d’un attentat public, où sont ces traits brillants d’éloquence qu’on était en droit d’espérer ? […] « Verrès vient lui-même sur la place, ivre de fureur et respirant le crime. […] On connaît les paroles de Pilate aux princes les prêtres qui accusaient Jésus : « Vous m’avez présenté cet homme comme portant le peuple à la révolte ; et néanmoins, l’ayant interrogé en votre présence, je ne l’ai trouvé coupable d’aucun des crimes dont vous l’accusez : ni Hérode non plus, car je vous ai renvoyés a lui, et il ne l’a pas plus que moi jugé digne de mort. […] On ramena prisonnier peu de temps après ; elle lui pardonna son crime, le livrant pour tout supplice à sa conscience et à la honte d’avoir entrepris sur la vie d’une princesse si bonne et si généreuse : tant elle était au-dessus de la vengeance aussi bien que de la crainte ! […] Si elle vous oblige à vous retrancher sur vos dépenses, retranchez d’abord tout ce que la religion condamne dans l’usage de vos biens ; réglez vos tables, vos parures, vos jeux, vos trains, vos édifices, sur le pied de l’Évangile ; que les retranchements de la charité ne viennent du moins qu’après tous les autres ; retranchez vos crimes avant de retrancher vos devoirs… Mais il y a trop de malheureux à secourir !
L’iniquité, le crime, est « un vêtement souillé de taches ; » chercher en vain, c’est « se nourrir de cendres ; » une vie coupable est « un sentier tortueux ; » la prospérité est « la lumière du Seigneur qui brille sur notre tête. » On pourrait citer une foule d’autres exemples semblables. […] Un patriote avoue son opposition à un mauvais ministre, et on l’applaudit ; un homme reconnaît sa méprise, et on n’y pense plus ; un prisonnier confesse le crime dont il est accusé, et on le punit.
Elle a commis tous les crimes pour qu’il régnât, mais elle entend gouverner sous son nom. […] Il lui importerait assez peu que Néron se souillât d’un crime dont elle n’aurait pas à subir les conséquences. […] Il a commis un crime afin d’épouser Hermione et il est repoussé par elle. Hermione, qui a armé la main d’Oreste contre Pyrrhus, se repent de son crime et se tue. […] Nous n’entendons rien au premier acte que le récit des crimes par lesquels ce prince a fondé son pouvoir.
Nous le demanderons maintenant à ceux qui ont fait à Cicéron un crime des louanges données à César : n’est-ce pas là le langage d’un homme également sensible aux vertus de César et aux intérêts de la patrie, et qui rend justice à l’un, mais qui aime l’autre ; qui, en louant l’usurpateur de l’usage qu’il fait de sa puissance, l’avertit que son premier devoir est de la soumettre aux lois ?
Tu emprunteras des secours ; mais ces secours ne seront qu’un remède imparfait à ta faiblesse : l’action confiée à des bras étrangers, ou se ralentit, ou se précipite, ou change d’objet ; rien ne s’exécute comme le prince l’a conçu ; rien ne lui est dit comme il l’aurait vu lui-même, on exagère le bien ; on diminue le mal : on justifie le crime ; et le prince, toujours faible ou trompé, exposé à l’infidélité ou à l’erreur de tous ceux qu’il a chargés de voir et d’entendre, se trouve continuellement placé entre l’impuissance de connaître et la nécessité d’agir.
Avocat, ne riez ni du malheur, ni du crime ; l’un est sacré, l’autre exécrable ; si vous êtes homme, le premier doit vous attendrir, le second vous indigner, et le rire s’allie mal à l’horreur et à la pitié.
« Fais qu’aveuglé par la haine, il s’égare assez pour me supposer tous les crimes ; et que, m’accusant faussement, au tribunal du public, d’avoir osé compromettre les noms les plus sacrés, il sorte enfin couvert de honte, quand la nécessité de me justifier m’arrachera au silence le plus respectueux.
C’est lorsque, en dépit de la conscience de son crime et de l’indignation générale soulevée contre son infamie, Catilina a l’impudeur de se présenter au sénat et d’y prendre sa place ordinaire, que Cicéron fulmine contre lui son ex abrupte classique : Quousque tandem abutere patientia nostra… Il n’est que l’expression du sentiment éveillé dans tous les cœurs par l’audace du coupable.
son seul crime, oh !
On voit aisément qu’il craint moins de mourir que de mal faire, et qu’il redoute le crime et non le péril. […] Il en a trop goûté l’amertume ; il a été mêlé à la tourmente révolutionnaire, il a lutté contre le crime audacieux, il a défendu Louis XVI ; puis il a vu les sanglants triomphes de la démagogie, et il a presque désespéré de la France et de l’avenir.
Non, ils sont des Paunies et des blancs ; voilà leur crime. […] Thierry, son fils, dit aux Francs : « — Rappelez-vous, je vous prie, que les Thuringiens sont venus attaquer vos pères, qu’ils leur ont enlevé tout ce qu’ils possédaient, qu’ils ont suspendu les enfants aux arbres par le nerf de la cuisse, fait périr d’une mort cruelle deux cents jeunes filles, etc., etc. » — Ayant entendu ces paroles, les Francs, indignés de tant de crimes, demandèrent d’une voix unanime à marcher contre les Thuringiens.
. — Si le peuple a commis sciemment un attentat à la justice, le devoir de son chef sera donc de l’abandonner aux conséquences de son crime, afin de le purifier par l’expiation ! […] La monotonie dans le débit est un crime dont le sommeil de l’auditoire est l’inévitable expiation.
Troublez, dogmes vengeurs, le crime pâlissant !
Je lisais les crimes de Rome, Et l’empire à l’encan1 vendu, Et, pour élever un seul homme, L’univers si bas descendu.
Alors le talent même, dans ceux qui parleraient, serait le plus souvent asservi et dépravé par ceux qui écouteraient, ou n’en serait pas écouté ; alors les caractères dominants des orateurs de cette multitude insensée, seraient ou la complaisance servile qui flatte les passions et les vices, ou la grossière effronterie de l’ignorance, ivre du plaisir d’avoir tant d’auditeurs dignes d’elle ; ou l’horrible imprudence du crime déchaîné, parlant en maître devant des complices et des esclaves. […] J'ai horreur d’un succès qu’il faut qu’un crime achète.
C'est dans les chaînes que je veux mourir, puisqu’on m’a ravi la liberté par un crime si abominable. […] Ce crime ne devait pas être puni.
Si vous m’avez, sous ces différents rapports, accordé quelque supériorité sur les autres, et si je dois à cette opinion flatteuse votre déférence à mes avis, pourquoi donc me faire un crime aujourd’hui d’une guerre que vous avez jugée indispensable ?
Si je savais quelque chose utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l’Europe et au genre humain, je le regarderais comme un crime.