En second lieu, on pourrait faire appel aux sentiments propres de la personne qui reçoit la lettre, y prendre des textes pour en exalter le mérite, et l’on n’aurait plus qu’à en désirer la continuation. […] On fera bien de réduire à sa juste valeur le bienfait accordé, et de laisser croire que le mérite du protégé est encore au-dessus de ce qu’on a fait pour lui. […] Quand la personne recommandée nous est connue sous d’excellents rapports, on appuie près du tiers sur son mérite, on expose le service qui demande. […] C’est donc le style qui fait tout le mérite d’une recommandation. […] Racine ne se plaint pas, mais il va se plaindre ; bien plus il dira des injures ; bien plus encore son ami n’aura que ce qu’il mérite.
Examinons comment vous avez travaillé, non sur quoi et pourquoi. » Nous ne saurions admettre cette théorie ; nous ne songerions pas même à la réfuter, si nous ne pensions que, soutenue par l’autorité de quelques hommes d’un mérite réel, elle peut égarer les jeunes gens dont elle flatte les caprices et l’irréflexion. […] Et celui qui répond : « Il sera cuvette ou table, » a-t-il, tout mérite d’exécution à part, les mêmes droits à notre estime et à notre admiration que l’homme qui, sentant la haute mission de l’artiste, s’écrie : Il sera Dieu ! […] Le sujet d’une fable, d’un roman, d’un drame, d’une comédie, peut avoir ce mérite de moralité. […] C’est un mérite, si l’on veut, mais un mérite d’un ordre inférieur dans l’appréciation critique. […] Questions secondaires dans les œuvres de l’intelligence, pauvre mérite quand il est seul.
Ce qui les distinguait surtout, c’était l’art de parler, sur-le-champ, avec la plus grande facilité ; et ce genre de mérite convenait à l’imagination ardente et légère d’un peuple que le sentiment et la pensée frappaient rapidement, et dont la langue féconde et facile semblait courir au-devant des idées. […] Ses harangues n’ont d’autre mérite que celui de cette éloquence de diction, de cette pureté soutenue, mais trop étudiée, d’un style qui fatigue, parce qu’il est trop uniformément beau. […] De tout temps les opinions ont été partagées sur le mérite d’Isocrate comme orateur. […] Son plus grand mérite cependant est d’avoir été le maître ou l’instituteur de Démosthène, le premier des hommes dans l’éloquence judiciaire et délibérative. […] Ces beaux discours doivent, sans doute, une partie de leur mérite à l’importance du sujet et à l’intégrité de l’esprit public qui y respire d’un bout à l’autre.
Un écrivain du plus grand mérite, l’auteur du Génie du Christianisme, a rapproché plusieurs morceaux d’Homère et de la Bible, et cet endroit n’est pas le moins intéressant de son ouvrage. […] Voilà des traits qui ne varient point, et c’est du plus ou moins de fidélité à nous les reproduire, que dépendent le mérite de l’ouvrage, et le plaisir que nous en peut faire la lecture. […] beautés qui n appartiennent point exclusivement, comme l’Iliade ou l’Énéide, à telle ou telle contrée, mais qui sont le patrimoine universel du genre humain, parce qu’Abraham, Jacob, Joseph, sont des hommes : au lieu qu’Achille, Hector, Priam, Ulysse, Agamemnon, sont des Grecs : beautés qui ne tiennent point absolument à l’idiome primitif, puisqu’elles sont belles et attachantes dans tous les idiomes ; au lieu qu’une grande partie du charme des poètes anciens dépend de l’harmonie du vers et du choix heureux de l’expression, mérite qui disparaît presque entièrement dans une traduction, quelque bien faite qu’elle soit d’ailleurs. […] Mais on conçoit que ces sortes de beautés ne peuvent être bien jugées, que vues à leur place ; et qu’il faut se transporter au milieu même des objets décrits, pour apprécier le mérite ou les défauts de la description. […] Quelle sera donc la supériorité de son mérite, si le climat heureux de la Grèce, si le beau ciel de l’Italie n’ont rien inspiré qui surpasse, rien qui égale les accords des chantres de Sion, soit qu’ils soupirent ses revers, soit qu’ils célèbrent ses triomphes !
Il voulut régner selon son inclination, qui ne se prescrivait point de règles, même dans les choses où il ne lui eût rien coûté de s’en imposer ; et il fit si bien que, dans le cas où le destin lui eût donné un successeur de son mérite, je ne sais si la qualité de premier ministre qu’il a prise le premier n’aurait pas pu devenir, avec un peu de temps, aussi odieuse en France que le fut par l’événement celle de maire du palais et de comte de Paris1. […] Sa jeunesse jeta des étincelles de son mérite. […] Il aimait la gloire beaucoup plus que la morale ne le permet1 ; mais il faut avouer qu’il n’abusait qu’à proportion de son mérite de la dispense qu’avait prise sur ce point l’excès de son ambition ; il n’avait ni l’esprit ni le cœur au-dessus des périls, il n’avait ni l’un ni l’autre au-dessous, et l’on peut dire qu’il en prévint davantage par sa sagacité qu’il n’en surmonta par sa fermeté. […] Il n’a pu remplir son mérite, c’est un défaut ; mais il est rare, mais il est beau4. […] Il aimait l’intrigue pour intriguer : esprit hardi, délié, vaste et un peu romanesque, sachant tirer parti de l’autorité que son état lui donnait sur le peuple, et faisant servir la religion à sa politique ; cherchant quelquefois à se faire un mérite de ce qu’il ne devait qu’au hasard, et ajustant souvent après coup les moyens aux événements.
Tout ce qu’un si grand orateur nous a laissé sur l’éloquence mérite la plus grande attention. […] Du mérite comparé des anciens et des modernes. — Des historiens. […] Leur mérite consiste aussi beaucoup dans le choix et la fidélité des caractères qu’on y retrace. […] Thomson, ouvrage d’un très grand mérite. […] Le principal mérite de son style, considéré poétiquement, est d’être doux, agréable et tendre.
Mais s’agit-il de prononcer sur le mérite de l’exécution : ici commence la fonction du jugement, qui rapproche la copie de l’original. […] Le plaisir qui résulte des ouvrages conduits de la sorte, est reçu et senti par le goût, comme sens interne ; mais la découverte de cette conduite qui nous charme, est due a la raison ; et plus la raison nous rend capables de découvrir le mérite d’un semblable plan, plus nous trouvons de plaisir à la lecture de l’ouvrage. […] Celui dont le goût est sur, ne s’en laisse jamais imposer par des beautés factices ; il a sans cesse devant les yeux la règle invariable du bon sens, qui doit le guider dans tout ce qu’il veut juger ; il apprécie exactement le mérite relatif des diverses beautés que lui offrent les ouvrages du génie ; il les classe avec ordre, assigne, autant qu’il est possible de le faire, les sources d’où elles tirent le pouvoir de nous charmer, et n’en est lui-même touché que précisément autant qu’il le doit être. […] Ses réflexions, à ce sujet, ne sont peut-être pas très profondes, mais elles sont ingénieuses et intéressantes, et l’on ne peut lui refuser le mérite d’avoir ouvert un sentier inconnu avant lui.
Que de son cuisinier il s’est fait un mérite, Et que c’est à sa table à qui l’on rend visite2. […] Leur mérite à tes yeux y peut assez paraître. […] (Du mérite personnel.) […] Loué, exalté et porté jusqu’aux cieux par de certaines gens qui se sont promis de s’admirer réciproquement, il croit, avec quelque mérite qu’il a, posséder tout celui qu’on peut avoir, et qu’il n’aura jamais ; occupé et rempli de ses sublimes idées, il se donne à peine le loisir de prononcer quelques oracles : élevé par son caractère au-dessus des jugements humains, il abandonne aux âmes communes le mérite d’une vie suivie et uniforme ; et il n’est responsable de ses inconstances qu’à ce cercle d’amis qui les idolâtrent. […] Mérite.
Il y a du mérite dans leurs efforts ; ce mérite couvre leurs défauts. […] Enfin, je veux que la réputation de vos ouvrages ait forcé l’envie à dire quelquefois que vous n’êtes pas sans mérite ; voilà tout ce que vous pouvez attendre de votre vivant ; mais qu’elle s’en venge bien en vous persécutant ! […] Cependant, malgré votre mérite, vous vieillissez dans l’opprobre et dans la misère. […] Il n’est pas étonnant que les gens de lettres désirent entrer dans un corps où il y a toujours du mérite, et dont ils espèrent, quoique assez vainement, la protection. […] Cependant le bonheur des hommes mérite bien aussi quelque attention.
C’est là le principal mérite de l’accumulation. […] Un mérite non moins précieux c’est de savoir varier son style, pour empêcher l’ennui de s’emparer du lecteur. […] Plus cette forme est imposante, plus il faut la réserver pour ce qui mérite d’en être revêtu. […] C’est surtout quand on veut louer adroitement qu’il y a un mérite réel à bien exprimer une pensée fine. […] La figure, comme on le remarque, couvre la transition et celle-ci acquiert alors un mérite réel, c’est de rester cachée.
Ce n’est pas que des hommes d’un mérite distingué n’aient illustré le barreau français, par l’accord précieux des lumières de l’avocat et du talent de l’orateur. […] Son mérite distinctif était l’art de discuter avec autant de fermeté que de noblesse ; et le barreau devenait une arène vraiment intéressante, par le contraste des deux athlètes, lorsque Le Normant et Cochin y luttaient ensemble. […] Il suffisait d’avoir du mérite ou des besoins pour avoir des droits sur son cœur.
Non que le travail n’ait mûri les fruits spontanés du génie de La Fontaine ; mais le comble de l’art fut pour lui, comme pour tous les maîtres, d’en dissimuler la trace : au mérite de plaire il joignit essentiellement, d’après sa propre expression, celui de paraître n’y penser pas. […] Je le loue, et je sais qu’il n’est pas sans mérite ; Mais, près de ces grands noms, notre gloire est petite. […] C’est une excellente comédie, dont le dénoûment, remarque Chamfort, a le mérite d’être préparé sans être prévu. […] Outre le mérite de l’exécution, qui dans son genre est aussi parfaite que celle du Chêne et du Roseau, cette fable a l’avantage d’un fonds beaucoup plus riche et plus étendu ; et les applications morales en sont bien autrement importantes. […] Ce qui serait partout ailleurs une faute contre la règle de l’hiatus a ici le mérite de représenter le but atteint avec beaucoup de peine.
Ce sont des noms devenus classiques parmi nous, et que nos jeunes gens doivent s’accoutumer à ne prononcer qu’avec respect ; mais il faut, pour cela, qu’ils aient une idée juste de leur mérite respectif, et c’est l’objet spécial des notes suivantes. […] Voilà quant aux dispositions générales : le plus ou moins de succès dans l’exécution dépendra ensuite du plus ou moins de talent dans l’écrivain traducteur ; mais il faut observer que le mérite même d’une exécution parfaite ne compensera jamais que faiblement ce défaut d’harmonie première qui a dû exister entre l’original et son imitateur, et qui a déterminé le choix du dernier. […] C’est le grand mérite du Tasse, et l’une des causes qui en rendront toujours la traduction si difficile en vers français. […] Le mérite de l’ouvrage fut contesté ; le succès fut général. […] Ajoutez à cela le mérite d’un style plein de force et de véhémence dans les harangues des premiers chants ; de grâce, de mollesse et d’abandon, dans les amours d’Adam et d’Ève ; de vigueur et d’énergie, dans la description des combats, et vous aurez une idée juste d’une traduction évidemment supérieure à l’original.
La clarté, la justesse, la précision dans les pensées, la simplicité et en même temps la noblesse dans le style font le principal mérite de ce petit poème. […] Le sonnet suivant, quoique dans le genre simple, n’est pas sans mérite, parce qu’il fait connaître les règles du genre, et donne ainsi le précepte et l’exemple : Doris, qui sait qu’aux vers quelquefois je me plais, Me demande un sonnet, et je m’en désespère ; Quatorze vers, grand Dieu ! […] Quel est le mérite du triolet ? […] Son mérite consiste dans l’application heureuse que l’on fait des deux premiers vers, et dans leur liaison naturelle avec celui qui les précède. […] L’énigme, en effet, n’est pas une définition philosophique dont le mérite est la justesse, la précision et surtout la clarté ; elle se distingue, au contraire, par l’ambiguïté et l’équivoque.
Une grande simplicité en fait le mérite. […] Ces discours sont d’un Orateur éloquent, qui d’ailleurs a le grand mérite de ne perdre jamais de vue le Saint dont il célèbre les vertus. […] La précision et la brièveté doivent alors en faire le principal mérite. […] Son exemple a été déjà suivi, et mérite bien de l’être constamment dans la suite. […] La vérité doit donc en faire le principal mérite, quoiqu’il soit permis quelquefois de l’adoucir et même de la taire.
Le discours est la proposition développée ; la proposition est le discours en abrégé. » Mais là est la difficulté aussi bien que le mérite. […] Pour la parfaite symétrie du diseours, il eût fallu, sans doute, que l’opposition entre la condition des grands et celle des autres hommes eût été nettement dessinée des deux parts ; mais on peut dire, pour justifier l’écrivain, d’abord qu’il est aisé de conclure l’une de l’autre, et qu’en laissant ee soin à l’auditeur, l’orateur a acquis le mérite de la précision ; ensuite que l’antithèse prêtant à des développements plus brillants et plus complets dans les deux articles qui suivent, il pouvait se dispenser de la formuler ici, et que, en la supprimant ainsi d’un côté pour la conserver de l’autre, il a obtenu la variété. […] Démosthène porte au plus haut degré le mérite de l’enchainement des idées, et je doute qu’aucun écrivain l’égale sous ce rapport. […] ce qui vous console, c’est que votre nom sera immortel, l’avenir connaîtra vos mérites et vos hauts faits, strophes 25-28. […] Il est bien certain qu’aux yeux de la postérité, la santé du comte du Luc ne mérite pas un tel enthousiasme, qui ne semblerait convenir qu’à propos d’une maladie de Louis XIV ou de Napoléon.
Sa mine est d’une amazone plutôt que d’une coquette, et la négligence même a du mérite sur elle, et ne fait point de tort à sa dignité. […] Un homme de ce mérite n’était pas le bouffon et le bateleur de ceux d’Athènes, comme notre Apulée2 de ceux de Carthage, quand il leur récitait ses Florides. […] Je juge de leur mérite, comme vous faites de celui des poëtes au lieu où vous êtes. […] Il eut en passant le sentiment de la nature : mérite rare au dix-septième siècle.
On doit essayer de faire en sorte qu’ils puissent s’en apercevoir eux-mêmes, pour leur laisser le mérite de s’en corriger. […] Bien loin de les contredire et de les interrompre, on doit au contraire entrer dans leur esprit et dans leur goût, montrer qu’on les entend, louer ce qu’ils disent autant qu’il2 mérite d’être loué, et faire voir que c’est plutôt par choix3 qu’on les loue que par complaisance. […] La marque d’un mérite extraordinaire est de voir que ceux qui l’envient le plus sont contraints de le louer.
Quand il me prie, ou plutôt quand il m’oblige de vous le recommander comme un homme digne d’entrer dans la maison et dans la confidence d’un Prince, qui ne choisit que des gens de mérite ; quand il se persuade que vous voulez bien m’honorer d’une amitié intime, il s’imagine certainement que je peux plus que je ne le crois moi-même. […] Pour moi je ne songerai toute ma vie qu’à marquer au Roi et à vous la reconnaissance de ce que je dois à l’un et à l’autre : trop heureux, Madame, si vous êtes aussi persuadée de mes sentiments que je le mérite. » Une lettre de félicitation ou de condoléance à un ami, est facile à faire, parce qu’on se réjouit ou l’on s’afflige réellement avec lui. […] Il faut alors dans une lettre de félicitation employer ces lieux communs déjà épuisés, qui sont le mérite de la personne, la justice qui lui a été rendue, les espérances qu’elle peut concevoir pour l’avenir, et l’intérêt qu’on prend à tout ce qui la regarde. […] Toute la différence que j’y vois, c’est qu’il ne m’est pas permis de croire que je sois digne d’un grand Évêché, et que mon cœur me dit que je mérite un peu de part dans votre amitié par les sentiments avec lesquels, etc. » On ne me pardonnerait point de passer sous silence la lettre que le Duc de Montausier, cet homme d’une vertu si pure, si droite, si ferme et si courageuse, écrivit au grand Dauphin, son ancien élève, après la prise de Philipsbourg. […] J’aimerais mieux être un homme estimé qu’un homme aimable ; un Officier de nom, qu’un joli cavalier ; et je prendrais, si je pouvais, en talents, la part de mérite que les Français cherchent trop souvent en agréments et en amabilité.
Et puis, nous devions avoir à cœur, sans lui rien faire perdre de ses mérites, de lui donner, avec plus de précision, plus de correction. […] Vous manquez de chef, chacun de vous mérite de l’être. […] Ce que le peintre fait par les couleurs, l’écrivain le fera par le mérite du style. […] L’exacte appréciation des mérites de la première fera mieux juger des mérites de la seconde. […] Embellir des ornements du style une pensée naïve, une pensée vive, ce serait leur ravir leur mérite.
Le mérite d’une composition est en grande partie renfermé dans les idées, les images et les sentiments. […] Cependant les descriptions gaies et riantes peuvent être détaillées, parce ce n’est pas la force qui en fait le principal mérite. […] Le portrait de La Fontaine, par La Harpe, mérite d’être cité ; les couleurs y sont parfaitement assorties au sujet. […] En quoi consiste le mérite de la narration badine ? […] Un proverbe bien connu dit que toute lettre mérite une réponse.
C’était la coutume des anciens ; mais quand on pense que les discours qu’ils prêtent à leurs personnages n’ont jamais été tenus, que ce sont des pièces d’éloquence qu’ils ont composées eux-mêmes à l’occasion des faits qu’ils rapportent, il est difficile de croire que ces discours, malgré le mérite de la composition, ne sont pas dans l’ouvrage des défauts réels. Quelquefois, on cite les paroles des personnages, soit textuellement, soit en les résumant, et alors, loin d’être un vice dans une histoire, c’est, au contraire, un vrai mérite, puisqu’on a ainsi les pensées mêmes des hommes influents ; mais, pour les insérer de la sorte, il faut qu’elles le méritent par leur importance. […] Éclairé par l’expérience, à la vérité un peu tard, M. de Marivaux eut du moins le mérite de se condamner de bonne grâce. « J’ai eu tort, dit-il, de donner cette pièce au théâtre, et le public en a fait justice ; ces petits hommes n’ont point pris et ne devaient pas prendre. […] Les Romains ont un certain nombre d’historiens abréviateurs qui ne manquent pas de mérite : Velléius Paterculus, qui florissait vers l’an 50 de Jésus-Christ ; Florus, qui vivait sous Trajan ; Aurélius Victor et Eutrope, qui vivaient dans la seconde moitié du ive siècle. […] On conçoit que le mérite de l’ouvrage vient alors de la perfection de ces petites notices, dans lesquelles on doit indiquer tout ce qu’il y a d’important dans la vie ou les ouvrages du personnage nommé.
Voilà l’image et le devoir de la précision : ne rien dire de superflu, ne rien omettre de nécessaire ; voilà son secret et son mérite. […] Brébeuf paraît-il s’être douté du mérite d’une pareille concision, quand il la noie dans le fatras suivant ? […] C’est dans son admirable Essai sur l’Homme, que le mérite du poète anglais se fait principalement sentir : c’est là que la précision morale était aussi indispensable que celle du style, et que l’une et l’autre se devaient fortifier et éclairer mutuellement. […] Indépendamment de la plus heureuse clarté, il se fait une loi sévère de la propriété, de la pureté et de la précision, et c’est un genre de beauté qui a son mérite.
Quoique moins heureux dans son premier ouvrage sur la Grâce, il s’y était déjà annoncé comme un écrivain d’autant de mérite que de piété. […] De regrettables intrigues lui fermèrent la porte de l’Académie française, où sa place était marquée, à double titre, par son mérite et par son nom. […] Celui de la Religion, dont le succès a été attesté par de nombreuses réimpressions, offre çà et là des morceaux dignes du grand Racine ; mais l’ensemble est trop peu animé par le souffle créateur de l’imagination : il n’en mérite pas moins de grands éloges. […] Il y a là plus que le mérite d’un bon versificateur, comme Voltaire appelait le fils du grand poëte Racine : il y a de l’émotion, cette âme de la véritable poésie.
Les mêmes règles qui guident les autres dans la composition, aideront celles-ci à en sentir et à en juger le mérite. […] On reconnaît la délicatesse au jugement que l’on porte sur le véritable mérite d’un ouvrage. La pureté consiste à écarter toutes les fausses prétentions au mérite. […] La clarté dans le style ne peut pas être considérée comme une espèce de mérite négatif, c’est-à-dire comme l’absence d’un défaut ; c’est, au contraire, un très grand mérite, c’est une véritable beauté. […] Cicéron, en ce genre de mérite, surpasse tous les écrivains anciens et modernes.
Cette science, en effet, bien qu’elle n’ait pas chez nous la même importance que dans les républiques anciennes, mérite d’être connue, et comme exercice d’esprit, et à cause de ses analogies avec les autres parties de la littérature, et par les applications qui lui restent encore. […] Les hommes n’écoutent volontiers que ce qui les amuse et les intéresse ; il ne suffit pas que ce que l’on dit mérite l’attention ; il faut encore l’exprimer d’une manière agréable. […] Si la réputation et la vertu pouvaient dispenser d’une loi commune, l’illustre et la vertueuse Julie vivrait encore avec son époux : ce peu de terre que nous voyons dans cette chapelle couvre ces grands noms et ces grands mérites. […] Toutefois, dans les grandes causes, il peut être bon de s’écarter de cette règle ; alors, la précision et la brièveté doivent faire le principal mérite de l’exorde qu’on donne à son discours ; il faut surtout prendre garde à ne rien mettre qui ne se rattache précisément au sujet. […] De 1671 à 1758, l’Académie française n’avait presque proposé que des sujets de dévotion et de morale, comme la Science du salut, le Mérite et la dignité du martyre, la Pureté de l’esprit et du corps, et jusqu’à la Paraphrase de l’Ave Maria.
Sur deux ou trois cents orateurs qui, en divers temps, parlèrent à Rome, à peine y en eut-il un ou deux, par siècle, qui pût passer pour éloquent : peu même eurent le mérite de parler avec pureté leur langue. […] Les critiques de tous les temps ont beaucoup parlé, beaucoup écrit sur le mérite respectif de Démosthène et de Cicéron ; et le parallèle de ces deux grands orateurs est devenu l’un de ces lieux communs où le contraste puéril des mots et la manie des oppositions remplacent souvent la justesse des idées. […] « J’ai toujours cru, dit-il, que ce qui importait le plus n’était pas de décider une prééminence qui sera toujours un problème, attendu la valeur à peu près égale des motifs pour et contre, et la diversité des esprits ; mais de bien saisir, de bien apprécier les caractères distinctifs et les mérites particuliers de chacun.
L’art des parallèles consiste à rapprocher deux portraits et à les comparer pour se prononcer sur le mérite de chaque personnage. […] Pour charmer l’esprit, il convient donc de ne point déchirer le voile de l’allégorie, le lecteur a au moins le plaisir de découvrir la pensée cachée ; c’est un mérite que notre art lui laisse en entier. […] Cette brillante description mérite le nom de tableau ; car on y reconnaît la touche d’un peintre habile. […] Si la narration historique est une, vraie et impartiale, si les narrations badine et épistolaire sont rehaussées par ces détails attrayants, ces circonstances bien saisies qui font leur mérite principal. […] Jeune brave, tu mérites d’emporter la marque du fer au palais de Teutatès.
Aussi les affaiblit-on nécessairement, quand on s’efforce de les embellir ; et c’est un caractère de mérite qui les distingue bien particulièrement de tous les autres écrivains. […] Mais en l’examinant de plus près, en le rapprochant surtout du texte d’lsaïe, on voit que le cantique français doit une partie de son mérite au choix de l’expression, à l’harmonie des vers, à l’heureuse symétrie des rimes, etc. […] Loin de nous la pensée de chercher à affaiblir aux yeux de nos lecteurs le mérite du plus grand lyrique de la France163. […] Indépendamment du génie qui présidait aux compositions hébraïques, il faudrait le concours des mêmes circonstances, la supposition du même degré de talent, pour qu’il y eût une espèce d’égalité de mérite entre le texte et la traduction. […] Il y a dans toutes ses pièces des traits qui décèlent le grand poète ; des strophes entières qui sont sublimes de pensée ou d’expression ; mais ces beautés mêmes ne font qu’ajouter aux regrets de retrouver dans ses meilleures odes, plus ou moins de traces de ce néologisme poétique, dont il avait contracté l’habitude, et qu’il avait le malheur de regarder comme le premier caractère de son talent, et le mérite principal de ses productions.
Disciple et ami (deux titres alors inséparables) du plus grand philosophe de la Grèce, Platon a fait de la doctrine de Socrate, son maître, l’âme, le fonds et le mérite de ses ouvrages. […] Ils diront que vous avez condamné le sage Socrate ; car ils me donneront ce nom, quoique je ne le mérite pas, pour avoir le droit de vous reprocher ma mort. […] L’éloge de ce roi de l’île de Chypre est pourtant, de tous les ouvrages d’Isocrate, celui qui annonce le plus de mérite.
[Notice] Né en 1632, à Pernes, dans le comtat d’Avignon, d’une famille d’artisans, Fléchier fut l’un de ceux qui, sous un roi habile à juger les hommes et à les placer à leur rang, se créèrent leur noblesse par leur supériorité personnelle et montrèrent que le mérite allait devenir en France le premier des titres. […] Je viens vous faire admirer un homme qui ne se détourna jamais de ses devoirs, qui, pour maintenir la raison, se roidit contre la coutume, qui n’eut jamais d’autre intérêt que celui de la vérité et de la justice, et qui, ayant eu part à toutes les prospérités du siècle3, n’en a point eu à ses corruptions ; un homme d’une vertu antique et nouvelle, qui a su joindre la politesse du temps à la bonne foi de nos pères, en qui la fortune n’a fait que donner du crédit au mérite, qui a sanctifié l’honneur et la probité par les règles et les principes du christianisme, qui s’est élevé par une austère sagesse au-dessus des craintes et des complaisances humaines, et qui, toujours prêt à donner à la vertu les louanges qui lui sont dues, a fait craindre à l’iniquité le jugement et la censure ; vaillant dans la guerre, savant dans la paix ; respecté, parce qu’il était juste ; aimé, parce qu’il était bienfaisant ; et quelquefois craint, parce qu’il était sincère et irréprochable… Ne craignez point que l’amitié ou la reconnaissance me préviennent. […] Ne me rends pas un honneur que je n’ai pas mérité, à moi qui n’en voulus jamais rendre qu’au vrai mérite.
En quoi consiste le mérite de la gradation ? […] On ferait bien de rapporter à Dieu, le maître de toutes grâces, le mérite de la faveur qu’on a obtenue. […] Le style ne fait-il pas le principal mérite de ce genre de lettre ? […] On fait un parallèle quand on rapproche deux portraits pour les comparer et se prononcer sur le mérite de chaque sujet dépeint. […] Ici, la brièveté, l’énergie et l’à-propos font tout le mérite du style.
Sans doute l’éloge est prodigué à César dans cette harangue : mais il fallait préparer le chemin aux vérités qui la terminent ; et peut-être y eut-il autant de mérite et de hardiesse à adresser de pareilles vérités à un maître (et César l’était), qu’il y avait eu de courage autrefois à dénoncer, à convaincre Catilina, et à faire punir ses complices. […] Il n’y a, pour louer de pareils morceaux, que le transport de l’admiration : nous ne le répéterons plus ; car il est clair que ceux que leur âme n’a point avertis avant nous du mérite d’une semblable composition, ne le sentiront pas davantage, quand nous nous récrierions sur la beauté de chaque phrase. De pareils chefs-d’œuvre sont rares, il en faut convenir ; et ceux qui, après les jours de la décadence et le triomphe du faux goût, ont le mérite du moins de sentir celui des autres, et de s’apercevoir que ce sont là les modèles qu’il faut se proposer, forment une nouvelle classe, une espèce de second ordre en littérature, qu’on n’étudie pas sans fruit, après avoir admiré le premier. […] Quant à la sagesse de ses conseils, à la force et à la fécondité de son éloquence, qualités qui relèvent si avantageusement le mérite d’un général, vous les connaissez, Romains, vous qui l’avez si souvent admiré à cette tribune, etc. » 94.
La clarté est tellement essentielle dans tous les genres de compositions, qu’aucun autre mérite ne peut en compenser l’absence. Dans la langue parlée et dans la langue écrite La clarté du discours est le premier mérite. […] Buffon regarde comme très opposé au mérite du style l’emploi de ces pensées fines et la recherche de ces idées légères, déliées, sans consistance, et qui, comme la feuille du métal battu, ne prennent de l’éclat qu’en perdant de la solidité. […] Le mérite de La Fontaine vient en grande partie de l’emploi intelligent et du mélange convenable de la finesse et de la délicatesse. […] L’élégance est, d’après Voltaire, le premier mérite du style poétique.
Le mérite de ces sortes d’ouvrages consiste donc principalement dans la méthode, et dans la convenance et la clarté du style. […] Il serait facile de montrer tous les mérites littéraires de ce petit morceau : la suite, l’enchaînement des idées, la clarté, la simplicité et l’agrément du style, et la netteté des conséquences que l’on tire de là. […] C’est surtout quand il s’agit des traités que l’art de disposer les matières paraît dans tout son lustre, et mérite l’attention des lecteurs intelligents. […] Ce passage est curieux et mérite d’être cité.
La conversation s’engage sur le mérite poétique et littéraire de ces deux grands hommes ; c’est à qui élèvera plus haut la gloire de son héros. […] Thersagoras sent et peint en poète le mérite de Démosthène, et la difficulté de le louer d’une manière digne de lui.
Cette dissertation couronnée par l’Académie des Inscriptions en 1822 révélait déjà des mérites éminents ; la fermeté d’un esprit philosophique, des vues élevées, une éloquence nerveuse et substantielle, un style net et vigoureux. […] Il mérite d’être pris pour guide par ces privilégiés de la Providence, par ces nobles serviteurs de l’humanité, qu’on appelle les grands hommes. […] L’esprit de société est le partage naturel des Français : c’est un mérite et un plaisir dont les autres peuples ont senti le besoin.
Car une action aura un grand mérite dans un homme, et n’en aura qu’un très-petit dans un autre. […] Un grand mérite de l’auteur est de présenter les vérités les plus profondes dans un jour si lumineux, qu’elles deviennent à la portée des esprits les plus ordinaires. […] Or, il est incontestable que la nôtre mérite une entière préférence. « Chose admirable ! […] Ce prince, dont les vertus sublimes et le mérite rare ne furent connus qu’après sa mort, et qui, dans tout le cours de sa vie, fut constamment attaché aux pratiques d’une dévotion vraie, solide et non moins aimable, voulut avoir un livre particulier, pour se préparer à recevoir dignement le sacrement de l’Eucharistie ; et le jésuite remplit les vues du dauphin, par la composition d’un petit ouvrage, intitulé : Exercices de piété pour la communion : c’est un chef-d’œuvre.
La délicatesse se manifeste principalement par le juste discernement du vrai mérite d’un ouvrage ; la correction consiste à savoir rejeter les prétentions trompeuses d’un faux mérite. […] Souvent la simplicité de l’expression relève le mérite de la situation. […] On peut être exempt d’affectation, et n’avoir pas de mérite. […] ) Ce genre important mérite donc toute notre attention. […] Elles sont d’autant plus nécessaires que l’introduction mérite une grande attention.
Cette manière d’argumenter a son mérite, mais n’est pas celle de tous les orateurs. […] Il s’agit de la princesse qui est l’objet de l’oraison funèbre que nous analysons : « Affable à tous avec dignité, elle savait estimer les uns sans fâcher les autres ; et quoique le mérite fût distingué, la faiblesse ne se sentait point dédaignée. […] « Applaudie de tous (la dauphine), mais à son tour affable et civile à tous, elle prévenait ceux-ci, répondait honnêtement à ceux-là, donnant au rang et au mérite des préférences d’inclination et de justice, sans faire des mécontents ni des envieux ; conservant de sa dignité ce que lui en faisait garder la bienséance, et ne comptant pour rien ce que sa bonté lui en faisait perdre. — Vous dirai-je avec quel discernement elle jugeait des ouvrages d’esprit ?